Archives par mot-clé : mariage homo

L’enfant-paravent

Allô la Terre, ici Tintin ! On se réveille ou quoi? Dans les débats actuels sur le « mariage pour tous ceux qui le désirent », les grands oubliés sont les personnes homosexuelles. Plus encore que les enfants sur lesquels se centrent tous les argumentaires d’opposition au projet de loi ! À bien y réfléchir, c’est une connerie monumentale que nous faisons parce que, contrairement aux marmots qui sont les témoins muets de l’histoire et les objets des multiples projections des adultes, les personnes homosexuelles, quant à elles, ont de la voix et parfois une cervelle pour parler d’elles. Nous a-t-on vraiment écoutées (mis à part les rares parmi nous qui ont répété par coeur comme des perroquets leur rôle de militants pour faire plaisir à leurs bienfaiteurs législateurs) ? Tant que les opposants au « mariage pour tous » se centreront uniquement sur l’enfant, ils pisseront dans un violon. Leur discours tombera à côté. La problématique du nouveau projet de loi sur le mariage, bien avant d’être celle de la conjugalité et de la filiation, est celle de l’homosexualité. Nous n’osons pas nous l’avouer, par peur de nous frotter à ce sujet épineux, mais pourtant c’est le passage obligé. Alors nous nous réfugions dans un argumentaire scolaire qui ne parle plus du tout à notre société méprisant le mariage et la famille (mais qui, paradoxalement les idéalise au moment d’en faire autre chose, de les dénaturer). Mais nous n’avons rien compris! Les personnes homosexuelles, leur désir et ce qu’elles vivent, devraient être la pierre d’angle de nos « jolis » discours sur la beauté de la sexualité, du mariage, de la famille, sur le « bien-être supérieur de l’enfant »! Sans elles, nous ne pourrons rien faire. Si nous nous obstinons à tenir les personnes homosexuelles à l’écart (parce qu’au fond, nous ne leur faisons pas confiance et que nous en avons une frousse terrible), l’enfant ne constituera qu’un piètre bouclier en carton, qui s’envolera au premier coup de vent. N’oublions pas qu’elles sont les bénéficiaires officiels du projet de loi sur le mariage ! Dans notre argumentaire, nous ne pouvons pas faire l’économie d’une réflexion profonde sur le désir homosexuel, sur les couples homosexuels. Et ça, les lobby familialistes ne l’ont toujours pas compris. Ma main à couper que ces derniers ne pèseront pas lourd avec leurs manifs urbaines et leurs banderoles de carnaval « à la CIVITAS ». Quand va-t-on nous considérer NOUS, personnes homosexuelles???

 

Mariage homo, l’ouverture à l’inceste ?

Si la parenté et la filiation sont réduites à une question de volonté, de sincérité, de capacités éducatives individuelles, en effet, n’importe qui peut se déclarer le père ou la mère d’une personne qu’il prétend aimer : cela ouvre la porte à l’incestuel et à l’inceste. Si le mariage est réduit à une question de consentement mutuel et de sentiments, n’importe qui peut se déclarer amant, mari, femme, époux, épouse d’autrui : cela ouvre la porte au multipartenariat, au « poly-amour » et à une forme nouvelle de polygamie. Ce sont des risques concrètement soulevés par la loi sur le mariage et l’adoption. Qu’on le veuille ou non. Même si les liens entre polygamie, inceste et homosexualité ne sont pas causaux, et qu’ils ne deviennent réels que pour le cas où l’homosexualité est pratiquée. Pas pour l’homosexualité en elle-même, à l’état de désir ressenti mais non-actualisé sous forme de couple.

 

Mariage pour tous : un mariage religieux sécularisé

Ce n’est pas le mariage civil que les militants pour le « mariage pour tous », qui n’ont que le mot « reconnaissance de l’amour » en bouche, demandent : c’est un mariage religieux athée, en réalité. Car dans le mariage civil ne figure pas une seule fois le mot « amour » ; il n’y a que l’Église qui pose la liberté, la différence des sexes, la filiation biologique et aimante, comme conditions du mariage. Si les couples homosexuels sont vraiment logiques avec leur demande, ce n’est ni vers la Justice ni l’État qu’ils doivent se diriger, mais uniquement vers l’Église. Et comme ils La rejettent et ne remplissent pas ses clauses, leur demande du mariage n’a plus lieu d’être.

 

Argumentaire de la conséquence

Dans les débats actuels sur l’ouverture du mariage ou sur l’adoption pour les unions homosexuelles, tous les beaux discours (alarmistes, en fait!) sur l’importance du mariage femme-homme, de l’altérité des sexes, de la procréation naturelle, de la pérennité de la famille, de l’authenticité de l’Amour, sur le bien supérieur de l’enfant, seront à mon sens vains, constitueront une fuite en avant, un « argumentaire de la conséquence » fragile et inopérant, tant qu’on ne reviendra pas à la source de ce qu’est l’homosexualité, à savoir un désir (et parfois des actes) qui s’analyse et qui dit des souffrances et des violences sociales réelles. Si on fait l’économie de la réflexion sur le désir et les actes homosexuels, nos dissertations sur le mariage et la filiation arriveront trop tard, au moment de sauver les meubles, ou bien resteront inaudibles (car qu’est-ce qui peut nous prouver, à part la nature violente du désir homosexuel, qu’il n’est pas souhaitable que le mariage ou la filiation soient dénaturés et modernisés? Absolument rien… à part la paranoïa et l’idolâtrie!). On ne sera crédibles et réalistes que si nous parlons du désir homosexuel non-acté en lui-même plutôt que des conséquences (supposées) que ce désir pratiqué impliquent/impliqueraient dans notre société.

 

« Ça sert à rien de riposter. On te le donnera. De gré ou de force! »

« À quoi ça sert de donner ton avis sur le mariage ?, me dit cyniquement une amie non-homosexuelle et gay friendly, vous allez finir par l’avoir de toute façon ! ». Je lui réponds : « Ah ? Parce qu’on est obligés d’accepter un ‘cadeau’ de force, maintenant ? Première nouvelle ! ». Elle me rétorque : « Ah non, t’inquiète, on t’obligera pas à te marier, par contre ! ». J’ajoute alors : « Le ‘cadeau forcé’ dont je parlais, ce n’était pas le ‘mariage’ mais ‘le droit (de tous) de l’avoir’. C’est encore pire. »

Pas de « mariage homo » mais un « mariage pour tous ceux qui le désirent »

Les militants homosexuels ne veulent pas du « mariage gay », ni du « mariage homo » (pour eux, ces deux mariages n’existent que dans l’esprit de leurs opposants), ni du « mariage » tout court (et ça, ça les surprend davantage !) : ils ne veulent que L’ACCÈS DU MARIAGE POUR TOUS CEUX QUI LE DÉSIRENT. La nuance est de taille ! Ils réclament le DROIT AU MARIAGE et non LE MARIAGE en lui-même. Moi, si j’étais un ministre logique, je les prendrais au mot, et je ne leur donnerais donc pas le mariage : juste le droit de le réclamer. Et ça s’arrêterait là ! Si on veut vraiment accomplir leur exacte volonté, et si on est logique jusqu’au bout, ce ne serait pas les léser que de ne pas leur donner le mariage.

L’étrange banalité de la loi du mariage gay

Si la France approuve la loi du mariage gay en 2012 – et législativement/médiatiquement, tout semble y concourir -, ne croyez pas que ça va être un drame. Au contraire ! Le pire, c’est justement que ça risque d’être hyper banal, un vrai coup d’épée dans l’eau. On n’aura même pas de quoi se gendarmer, s’offusquer, ou hurler au scandale tellement ça va être une fausse révolution, un pauvre « fait divers » qui va faire la Une de Têtu et des grands journaux nationaux pendant tout au plus quelques semaines, une mascarade supplémentaire dans la course effrénée aux droits et à l' »Égalité » qu’on impose démagogiquement aux personnes homosexuelles pour mieux les enfermer dans le silence et qu’elles ne puissent plus se plaindre la bouche pleine. Sur le coup, il y a fort à parier pour que le « mariage gay » soit présenté comme une révolution extraordinaire, une occasion de déboucher le champagne. Les membres de la communauté homosexuelle, tels des moutons qui ne comprennent pas le sens du cadeau qui va leur être imposé, se feront une obligation d’être reconnaissants et d’applaudir à la fausse surprise de leur goûter d’anniversaire. Mais dans les faits et en désir, une loi pareille ne changera rien à leur réalité, à leur quotidien (l’Humanité et l’Amour ne changent pas sur décision légale ; une fois votée, un couple homosexuel restera non-procréatif et incapable de former une famille de sang) ; et l’autorisation à « se marier » n’apportera pas plus d’amour dans les couples homosexuels qu’avant. C’était déjà le cas du PaCS. Ce sera pareil avec le « mariage gay ». En revanche, les vrais drames et les blessures, nous les verront socialement sur la durée ; au niveau du désir beaucoup plus que des corps, d’ailleurs ; car une société humaine qui déforme certaines réalités humaines (comme la famille, le couple, l’arrivée au monde) à travers des lois sociales universelles inutiles et non-conformes au Réel s’apprête à accueillir les yeux fermés des formes inédites de névroses et de violences. Seul le Réel apaise et pacifie. Le fantasme génère des viols et des retours de bâtons inattendus, incontrôlables. Non, je ne hurle pas à l’Apocalypse, à l’extinction de l’Humanité par l’arrivée du « mariage gay », je ne sortirai pas ma Bible. Cependant, laissez-moi au moins dire ma crainte tout haut. Car elle n’est pas gratuite, elle!

Déni de Réel

Déni de Réel

 

Nous le constatons tous les jours, à tout instant. Quand les êtres humains s’éloignent du Réel, ils s’éloignent aussi au bout du compte de l’humain, de ce que sont vraiment les personnes, de l’amour durable et heureux. C’est ce qui est précisément en train de se passer à l’heure actuelle en France avec le projet de loi sur « la proposition du mariage pour tous ceux qui le désirent ». Nos législateurs et gouvernants ont quitté intellectuellement le Réel et s’avancent pour Le gommer sous des prétextes paradoxalement humanistes et corporels. On les entend nous soutenir, avec une franchise confondante, que « L’amour n’a pas de sexe, n’a pas d’âge, n’a pas de frontière, n’a pas de règles, n’a pas d’autre maître que notre subjectivité humaine, nos sentiments, nos intentions individuelles, notre sensibilité, notre sincérité, notre tendresse, le désir de notre partenaire amoureux, etc. ». Mine de rien, ils nient l’existence des quatre « rocs » du Réel sur lesquels notre Humanité se fonde et peut rester concrètement aimante : la différence des sexes, la différence des générations, la différence des espaces, et la différence entre Créateur et créature(s). Dans l’idée, ils aiment tout le monde… mais pas leur prochain, là, présent, en chair et en os, nécessairement inégal à nous. Ils défendent la « vie » et la « liberté » sans en reconnaître les limites et le prix. Ils donnent corps à leurs fantasmes bien-intentionnés et à leurs pulsions sous couvert d’un humanisme athée, certes libertaire, sensitif et chargé d’émotions mais peu incarné et peu libre.

 

C’est cette fuite du Réel qui explique, à mon sens, la violence inouïe du projet de loi du « mariage pour tous ceux qui le désirent » que la France s’apprête à voter les yeux fermés. Une fois passé le joli discours sur les discriminations et la sincérité des couples homosexuels, nous réalisons et devinons tous que le couple homosexuel, aussi possible soit-il, n’est pas, par nature, ancré dans le Réel puisqu’il en éjecte purement et simplement le roc principal : la différence des sexes qui, je le rappelle, est le socle fondamental du Réel humain/humanisant, sans lequel nous ne serions même pas là pour en parler ! Notre société mesure également que la filiation que certains couples homosexuels souhaitant se marier défendent est conjugalement irréelle : l’union homosexuelle, par nature, n’est pas procréative. Par la légalisation du « mariage pour tous », l’adoption, la présomption de paternité, la PMA (Procréation Médicalement Assistée) et la GPA (Gestation Pour Autrui), ce sont maintenant les trois autres rocs du Réel qui secondaient la différence des sexes – à savoir la différence des générations, des espaces, et Créateur/créature – que nos idéologues-apprentis-sorciers veulent faire sauter. C’est très grave, leur éloignement du Réel, car il nous pousse collectivement vers l’inhumain, l’irraisonné, le désincarné, le manque d’amour, la négation des personnes. Et le rappeler n’est pas alarmiste ni religieux : c’est réaliste ! Il en va de la sauvegarde de l’Amour ! Cet Amour que socialement nous n’aimons plus assez et que nous ne voulons plus reconnaître !

 

Il est urgent (et il n’est pas trop tard) que nous sortions de nos spéculations sentimentalistes, victimisantes et législatives, pour revenir au Réel et aux personnes qui vont le plus pâtir de ce projet de loi sur le mariage – les enfants, certes, mais avant tout et surtout les personnes homosexuelles, qui sont les « dindons aux plumes roses » de cette farce sérieuse.

Le Kissing lesbien contre le Happening marseillais de VITA ou l’imposture bobo bisexuelle

Non non, vous ne vous trompez pas : on nage en pleine gaminerie. Sauf que maintenant, c’est sincère et agressif, ça se veut drôle, décomplexé, révolutionnaire, et que les gamins sont joués par des « adultes ».

 
 

 

 

Depuis hier (23 octobre 2012), une photo circule à fond de train sur les réseaux sociaux. Celle du « Baiser lesbien lors du Happening marseillais anti-mariage-pour-tous » organisé par l’Alliance VITA. Alors qu’elle est pourtant tout autant scénarisée et fabriquée que le « Baiser de l’Hôtel de Ville » de Robert Doisneau (désolé pour ceux qui croyaient encore au romantisme, à l’authenticité et à la spontanéité du fameux cliché…), elle sert d’étendard

 

soi-disant victorieux, touchant, sans parole, instantané, qui vaudrait tous les discours face à la « Bête homophobe » anti-égalité-des-droits et anti-mariage. Elle imposerait le silence et le respect par sa provocation « mignonne », son impact médiatique « simple » et néanmoins percutant, sa fraicheur juvénile. Belle illustration inconsciente de l’idolâtrie médiatique qui a capturé depuis bien longtemps le cœur et le cerveau lobotomisé des militants pro-mariage et de leurs suiveurs sociaux bisexuels/gay friendly

 

Je dis « lobotomisé » car ceux qui défendent la beauté et le caractère « ultra-subversif » de cette photo ne veulent pas l’analyser, parce qu’elle montrerait au grand jour leur naïveté, leur arrivisme adolescent, leur orgueil mal placé de militants-moutons (si politiquement corrects dans leur démarche anti-politiquement correcte !). À bien y regarder, cette image encensée par un certain nombre d’adolescents attardés homosexuels – et il est vrai que ça compose le gros des troupes LGBT ! – donne pourtant toutes les preuves qu’elle est une mascarade, une image mensongère de l’Amour. D’ailleurs, les deux filles qui ont posé pour ce kissing « improvisé » ne sont pas réellement en couple. Elles l’ont avoué elles-mêmes à la revue « Têtu » aujourd’hui. C’était une union de circonstance, un défi entre potes (Chiche, on le fait ! « Allez, on se met en plein milieu et on s’embrasse devant tout le monde! » a dit Auriane, 19 ans, à sa camarade Julia, 17 ans, juste avant de se lancer devant les photographes), un couple de l’instant (dans le sens du paraître, de l’artifice, d’« instantané photographique »), fabriqué de toutes pièces par un exhibitionnisme opportuniste et par une rébellion bon marché (deux étudiantes, très féminines, pas du tout marquées lesbiennes, se revendiquant « hétérosexuelles », venues à l’improviste perturber l’happening pour « rire tout en s’engageant », ça ne mange pas de pain !). Il n’en fallait pas moins pour flatter le militantisme pro-mariage en manque d’arguments dans les débats sur le projet de loi, et pour satisfaire les provocations adolescentes dont la plupart des mass media raffolent, tout soucieux qu’ils sont de choquer-pour-choquer plus que de défendre un Amour réel (étant donné que l’Amour vrai, même entre un homme et une femme, ne s’afficherait surtout pas comme ça pour défendre une cause, aussi juste soit-elle).

 

Le plus fascinant, c’est que la « photo-événement » porte en elle les marques objectives de sa propre vanité, superficialité, prétention et violence (eh bien oui : les pastiches d’amour, même rigolos, peuvent être violents !) :

 

1 – Concrètement, ce n’est pas l’homosexualité qui y est défendue (quelle naïveté des communautaires homosexuels que de croire le contraire !) mais une bisexualité adolescente, une immaturité sexuelle, un goût du scandale facile. Pussy Riot le Retour. Ou un peu comme les deux chanteuses russes du groupe Tatu, qui simulaient l’amour lesbien sulfureux dans leurs clips, et qui finalement se sont révélées lesbiennes juste le temps de la photo et pour vendre des disques. Bref, le couple lesbien trafiqué, mais dans sa version bobo complètement fade et indéterminée (cf. Clotilde, le personnage d’étudiante décervelée joué par l’humoriste Florence Floresti).

 

 

2 – Ce n’est pas l’amour homosexuel qui est défendu, mais une pulsion du moment, certes enveloppées de bonnes intentions (sensuelles, ultra-politisées, voire même humoristiques puisqu’une des deux Lolita bobos esquisse un sourire de complaisance en provoquant ceux qu’elles définissent intérieurement comme des «vieux cons homophobes»). En aucun cas nous avons affaire à une démarche libre et aimante. Paradoxal, surtout venant de ceux qui chantent « l’amour » à tue-tête…

 

3 – Ce n’est pas la liberté humaine qui est défendue ni un amour concret des différences qui est montré, étant donné que les deux filles ressemblent à des jumelles (même look, même sac à main, même coiffure, même visage à l’écran), qu’elles illustrent un rejet de la différence (non seulement des sexes, mais aussi de la différence des générations – le conflit générationnel est criant sur ce cliché – et des espaces – pudeur et interdits, out !), qu’elles rejouent en actes la violence de l’excès de similitudes, qu’elles sont le reflet de la société de consommation la plus banalisée et asservissante qui soit (cf. la cannette de Schweppes à la main).

 

4 – Enfin, ce geste du baiser est plus violent qu’il n’y paraît car il n’est pas un appel au dialogue avec les personnes auxquelles il s’oppose. Les filles, en s’embrassant à pleine bouche, se clouent le bec pour mieux clouer le bec aux autres, et mimer sur elles-mêmes la douce tyrannie de censure qu’elles leur imposent. C’est le baiser = scotch sur la bouche. Et si vous regardez bien, dans les articles de Têtu ou d’autres blogs exposant avec fierté leurs nouvelles égéries hétéros-friendly, il y a très peu de lignes de commentaires ou d’analyse.

 

Ceux qui la récupèrent affichent leur propre absence de pensée, de compréhension, ainsi que leur refus du dialogue.

 

Ça fait beaucoup de pièces à conviction à la décharge de cette photo, je trouve ! Incroyable retour du refoulé. Suprême contradiction des intentions. Ce baiser, en apparence beau, victorieux, et anodin (« Arrête ! Ça n’est rien, un p’tit kissou ! C’est mimi ! C’est culoté ! » me dira-t-on) ne fait que symboliser la superficialité, la prétention et l’homophobie de l’acte homosexuel en lui-même. Celui-ci, de par son éloignement du Réel et son expulsion de Son roc principal qu’est la différence des sexes (une différence qui concerne l’existence de toute l’Humanité), fait violence, et ce, universellement, car elle contredit la présence de n’importe quel être humain. Il est donc juste, non qu’il suscite l’offuscation et les réactions d’indignation excessives, mais qu’il fasse universellement violence, qu’il gêne. Depuis quelques années, j’ai vu bien des enfants, purs et sans préjugés homophobes dans la tête, très mal réagir à la vue d’un couple homosexuel qui s’embrassait – même sobrement – devant eux.

 

C’est bien que l’expulsion de la différence des sexes, expulsion que le couple homosexuel actualise dès qu’il se forme, n’est pas anodine et dénuée de brutalité. Là, je me place au-delà du débat manichéen sur le permis et le défendu, et pas sur le terrain de la simple accusation d’« exhibitionnisme » et des questions d’affichage « impudique » des gestes d’amour. Je parle au contraire de l’impossible forcé artificiellement à devenir concret par le possible de l’instant. J’évoque d’une part la violence des actes homosexuels, la violence des intentions sincérisées de ces mêmes actes, et d’autre part l’importance vitale de la différence des sexes pour l’incarnation de tout amour humain. Pour le coup, l’indignation que ce baiser lesbien marseillais a suscité hier me semble justifiée par la déshumanisation et le manque de liberté que le désir homosexuel crée et nourrit quand il s’actualise sous forme de gestes amoureux et sous forme de couple. Publics ou pas, visibles ou pas, là n’est pas d’abord la question. Le problème n’est pas dans l’existence du désir homosexuel, mais dans sa pratique, bien avant d’être aussi dans la visibilité de cette pratique.

 

C’est pour cette raison que j’aime et comprends l’offuscation des quelques mamies (pardon… « femmes d’un âge avancé ») que l’on voit en arrière-plan… même si je lui préfère de loin la réaction amusée et indifférente de la jeune femme qui se trouve devant et qui ferme les yeux tout en considérant la scène avec l’importance et la retenue qu’elle mérite. Oui, au final, je crois que l’acte « subversif » posé par ces deux femmes-enfants irréfléchies et pleines de bonnes/mauvaises intentions scandalisent plus les personnes pro-mariage que les personnes anti-mariage. Ce qui choque les secondes, c’est certainement la « prétention à offusquer » des premières. Alors que franchement, elles en ont certainement vu d’autres, et des bien pires !

 

L’instrumentalisation instantanée et fiévreuse de cette photo par la communauté homosexuelle est finalement le triomphe de la connerie conquérante de la société bisexuelle, gay friendly, et pas d’abord homosexuelle. Que ceux qui, parmi les personnes homos, ont encore échappé au lavage de cerveau social dont elles sont les joujoux, à la bien-pensance anti-conformiste, et qui ont encore des oreilles à l’écoute, entendent. Les autres, restez bien confortablement dans votre frétillante « indignation face à l’indignation » : c’est une attitude narcissique, donc logiquement, ça devrait vous plaire !