Archives par mot-clé : Philippe Ariño

Liste des 186 codes par ordre alphabétique


 

Capture d’écran 2013-08-26 à 01.00.50Liste des 186 codes homosexuels : De l’Actrice-Traîtresse… à Wagner !

 
 
 
 
 
 
 
DICO 15

A

 

1 – Actrice-Traîtresse (Star vieillissante et cruelle / Photo chiffonnée dans une main fermée et crispée)

2 – Adeptes des pratiques SM (Saint Sébastien)

3 – Aigle noir (Oiseau)

4 – Amant diabolique (Faust / Regards / Langue au chat / L’Autre)

5 – Amant modèle photographique (Amant miniature / Amant de dos / Amant-nain)

6 – Amant narcissique

7 Amant triste

8 – Amour ambigu du pauvre

9 – Amoureux (L’important c’est d’aimer / Désir d’aimer / Tu ne sais pas aimer)

10 – Androgynie bouffon/tyran

11 – Animaux empaillés (Taxidermiste homosexuel / Bestiaire / Homme-animal / Zoophilie)

12 – Appel déguisé

13 – Araignée

14 – Artiste raté

15 – Attraction pour la « foi » (Bouddhisme / Faux croyants / Religiosité de bazar / Églises « protestantes »)

16 – Aube (Samedi / Minuit / Refus des fins)

 

 

DICO 9

B

 

17 – Bergère (Peau d’âne / Femme-objet / Joconde)

18 – Blasphème

19 – Bobo (Bourgeois-bohème homosexuel)

20 – Bonbons (Chocolat)

21 – Bourgeoise (Bourgeoise-prostituée pénétrant dans une église)

22 – Bovarysme (Prof de lettres homo)

23 – Boxe

 

 

DICO 20

C

 

24 – Cannibalisme (Nécrophagie / Goûts / Plante carnivore / Amant-bouffe)

25 – Carmen (Femme diabolique / Femme en rouge / Sorcières)

26 – Cercueil en cristal

27 – Chat (Chatte / Tigre)

28 – Cheval (Jockey gay / Cavalière / Zèbre)

29 – Chevauchement de la fiction sur la Réalité (Fuite ou haine de la Réalité / Crâne en cristal / Ralenti-accéléré / 4 rocs du Réel)

30 – Chiens

31 – Cirque (Fêtes foraines)

32 – Clonage (Fixette sur un amant perdu et déifié)

33 – Clown blanc et Masques (Carnaval / Bal masqué / Expressionnisme allemand)

34 – Coït homosexuel = viol (Strangulation)

35 – Collectionneur homo (Matérialiste / Consommateur gay / Objets vivants)

36 – Conteur homo (Dessins animés / Bandes dessinées)

37 – Corrida amoureuse (Taureau / Rouge et noir / Minotaure)

38 – Couple criminel

39 – Couple homosexuel enfermé dans un cinéma

40 – Cour des miracles homosexuelle (Chœurs de tragédie grecque)

41 – Curé gay

 

 

DICO 14

D

 

42 – Défense du tyran (Grands Hommes / Fantasme pour les uniformes et les militaires)

43 – Déni (« Circulez, y’a rien à voir ! » / Silence / Paradoxe / Censure)

44 – Désert (Sable / Cendres)

45 – Désir désordonné (Blessure / Sauvage / Albator / Fragile)

46 – Destruction des femmes (Misogynie homosexuelle / Femme-singe / Femme-pute)

47 – Différences culturelles

48 – Différences physiques

49 – Dilettante homo (Roue de voiture / Paresse)

50 – Don Juan homo (Macho / Cow-boy / Footballeur)

51 – Doubles schizophréniques (Dialogue contradictoire / Ventriloque / Schizophrénie)

52 – Douceur-poignard

53 – Drogues (Tendresse / Lesbienne alcoolique / Obsédés sexuels)

54 – Duo totalitaire lesbienne/gay

 

 

DICO 13

E

 

55 – Eau (Marin gay / Piscine / Fleuve / Poissons / Enfants noyés)

56 – Élève/Prof

57 – Emma Bovary « J’ai un amant ! » (Théâtre / Drama Queen / Mélodrame / « C’est atrrroce ! » / « Tout m’énerve » / «Oh mon Dieu ! »)

58 – Ennemi de la Nature (Corps morcelé / Diable au corps)

59 – Entre-deux-guerres (Armée / Prison / Homosexualité de circonstance)

60 – Espion homo (Voyeur / Enfant spectateur du coït)

61 – Éternelle jeunesse (Peur de vieillir)

62 – Extase (Frontière)

 

 

 

Coluche-Le-Luron

F

63 – Fan de feuilletons (Kitsch)

64 – Fantasmagorie de l’épouvante (Fan homo des films d’horreur / Peur / Gothique / « Psychose »)

65 – FAP la « fille à pédé(s) »

66 – Faux intellectuels

67 – Faux révolutionnaires (Révolution trahie / Rebelle / L’homo combatif face à l’homo lâche / Anti)

68 – Femme allongée (Ophélie / Femme qui tombe / Femme faussement endormie)

69 – Femme au balcon (Fenêtre / Tour / Ascenseur / Escaliers)

70 – Femme-Araignée (Catwoman)

71 – Femme et homme en statues de cire (Couple hétérosexuel / Ombres chinoises / Scène de répudiation / Où sont les femmes ?)

72 – Femme étrangère (Princesse orientale)

73 – Femme fellinienne géante et Pantin (Cruelle marionnettiste)

74 – Femme vierge se faisant violer un soir de carnaval ou d’été à l’orée des bois

75 – Fleurs (Fleuriste gay)

76 – Focalisation sur le péché (Péché originel)

77 – Folie (Sacralisation du fou)

78 – Frankenstein (Homme nouveau)

79 – Frère, fils, père, amant, maître, Dieu

80 – Fresques historiques (Antiquaire homo / Scarlett O’Hara / Temps / Instant / Futurisme)

81 – Funambulisme et Somnambulisme (Trapéziste homo)

82 – Fusion (Polysémie de l’adverbe « contre » / Feu)

 

 

Kelly_Garrett

G

 

83 – Grand-mère

 

 

DICO 7

H

 

84 – Haine de la beauté (Beauté du diable)

85 – Haine de la famille (Idéalisation jalouse des couples femme-homme / Hétérophobie / Mariage cata)

86 – Hitler gay (Nazis homosexuels)

87 – Homme invisible (Voile / Momie / Diamants / Caméléon)

88 – Homosexualité noire et glorieuse (Victimisation / Traître / Criminel homo / Tatouage)

89 – Homosexualité, vérité télévisuelle ? (Miroir d’homosexualité / Porno)

90 – Homosexuel homophobe (Frère homophobe)

91 – Homosexuels psychorigides (Père tyrannique / Militaire / Femme-paon / Architecte / Maniaque de la propreté / Dictateur gay / Mappemonde)

92 – Humour-poignard (Blague virant au drame)

 

 

Invisible

I

 

93 – Icare (Chute)

94 – Île

95 – Inceste (Père et fils homos tous les deux)

96 – Inceste entre frères (Frères homos tous les deux / Cousin / Oncle)

97 – Infirmière

98 – Innocence

99 – Inversion (Carte / Couteau / Trottoir d’en face)

 

 

green-lantern-B.D

J

100 – Jardins synthétiques (Femme végétale)

101 – « Je suis différent »

102 – « Je suis un Blanc-Noir »

103 – Jeu (Jeux vidéo / Internet / Jeu virant au drame / Jouet)

104 – Jumeaux

 

 

Caro

L

 

105 – L’homosexuel = L’hétérosexuel

106 – L’homosexuel riche / L’homosexuel pauvre

107 – Liaisons dangereuses (Amour sorcier / Paradoxe du libertin / Désir d’aimer / Maladie d’amour / Valmont et Merteuil)

108 – Lune

109 – Lunettes d’or (Feux d’artifice)

 

 

DICO 4

M

 

110 – Magicien

111 – Main coupée (Gants / Sang invisible)

112 – Manège (Fatigue d’aimer / Ennui / Infidélité)

113 Maquillage (Décorateur homo / Paravent)

114 – Mariée (Robe blanche tachée de rouge / Règles / Sang / Laverie)

115 – Matricide (Politique maternelle du non-dit / Maman-putain)

116 – Méchant Pauvre

117 – Médecin tué (Attaque contre les scientifiques)

118– Médecines parallèles (Psy de bazar / Hypnotiseur / Amoureux du médecin / Faux scientifiques / Apprenti sorcier / Maladie d’amour)

119 – Mère gay friendly (Homoparents exemplaires / Homophobes repentants / Intuition féminine)

120 – Mère possessive (Maman mon tout mon roi / Maman-gâteau)

121 – Mère Teresa (Bon samaritain homosexuel)

122 – Milieu homosexuel infernal (Noir derrière l’arc-en-ciel / Descente aux Enfers)

123 – Milieu homosexuel paradisiaque (Bande de copains / Applaudissements / Cuculand)

124 – Milieu psychiatrique (Mère folle)

125 – Miroir (Miroir brisé ou kaléidoscopique / Traversée du miroir / Alice aux pays des merveilles)

126 – Moitié (Visage divisé / Rideau déchiré / Orange coupée / Siamois / Animal à deux têtes)

127 – Mort (Mise en scène de son enterrement / Cimetière / « Je suis mort » / Suicide)

128 – Mort = Épouse (Veuve)

129 – Morts-vivants (Monstres / Zombies)

130  – Musique comme instrument de torture (Opéra / Mélomane / Danse)

 

 

Knit

N

 

131 – Noir (Pantin noir / Dix Petits Nègres / Joséphine Baker / Prostituée noire / Racisme / Afrique)

 

 

Huit femmes

O

 

132 – Obèses anorexiques (Faim / Vomi / Festins non-débarrassés/ Nourriture comme métaphore du viol / Poison)

133 – Ombre (Enfant dans la galerie des ancêtres / Fils d’une célébrité / Amant-ombre / Obscure clarté)

134 – Orphelins (Bâtards / Enfants adoptés / Parents divorcés)

135 –  Oubli et Amnésie (Trou noir)

 

 

justeunequestiondamour3

P

 

136 – Parodies de Mômes (Peter Pan / Bilboquet / Immaturité / Refus de grandir / Sales gosses)

137 – Parricide la bonne soupe (Destruction des hommes / Père absent ou indifférent / Hamlet / Recherche du père avortée)

138 – Passion pour les catastrophes (Accident / Télé voyeuriste)

139 – Patrons de l’audiovisuel

140 – Pédophilie

141 – Peinture (Décorateur)

142 – Personnage homosexuel empêchant l’union femme-homme

143 – Petits Morveux (Haine des enfants / Enfants maltraités)

144 – Photographe (Caméraman / Filmer sa vie)

145 – Planeur (Rêveur / Science-fiction / Steward gay / Papillon)

146 – « Plus que naturel » (Extra-terrestre)

147 – Poids des mots et des regards

148 – Poupées (Marionnettes / Automates / Bodybuilding)

149 – Première fois

150 – Promotion « canapédé » (Ascension sociale / Dandy / Riches / Bourgeois / Goût de l’argent / Député)

151 – Prostitution (Défense de la prostitution / Interdit d’aimer / Prostituée tueuse / Prostituée tuée)

152 – Putain béatifiée (Prostituée lesbienne / Pute de luxe)

153 – Pygmalion (Divin artiste / « Je suis mon œuvre » / Amant-objet / Statues / Musée Grévin / Coiffeur homo / Couturier homo / Destruction iconoclaste)

 

 

Q

Q

 

154 – Quatuor

 

 

roland-barthes

R

 

155 – Regard féminin (Cyclope / Pute borgne)

156 – Reine (Cruella)

 

 

Pasolini

S

 

157 – S’homosexualiser par le matriarcat

158 – Scatologie (Pipi / Caca)

159 – Se prendre pour Dieu (Transsexuel divin / Pied cassé / Divine)

160 – Se prendre pour le diable (Je suis maudit / Manichéisme nihiliste / Le Bien par le mal)

161 Sirène (« Je suis le fils de la femme-poisson »)

162 – Solitude (Amitié / Misanthropie / Haine du foot / Vieux Gars / Célibat / Continence / Solitude à deux)

163 – Sommeil (Dormeur du Val)

164 – Substitut d’identité (Play-back / Imitateur / Travestissement)

165 – Super-héros (Aventurier / « Personne n’est parfait »)

166 – Symboles phalliques (Fétichisme du pénis / Sodomie / Fellation / Masturbation / Castration / Peur de la sexualité / Pont)

 

 

Dalida

T

 

167 – Talons aiguilles (Talons aiguilles rouges)

168 – Tante-objet ou Maman-objet

169 – Télévore et Cinévore

170 – Témoin silencieux d’un crime

171 – Tomber amoureux d’un personnage de fiction ou du leader de la classe

172 – Tout (Extrêmes / Je suis toutes les femmes)

173 – Train

174 – Trio

 

 

Princesse

U

 

175 – « Un Petit Poisson, Un Petit Oiseau » (Bas-haut / Horizontalité-verticalité / Adieux / Amour impossible)

 

 

Madame-Irma

V

 

176 – Vampirisme

177 – Vent

178 – Vierge (Vénus / Fée / Ève / Marie)

179 – Ville

180 – Viol

181 – Violeur homosexuel (Psychopathe homosexuel / Victime du grand viol reproduisant un autre viol)

182 – Voleurs

183 – Voyage (Nomadisme dans l’immobilité / Route)

184 – Voyante extralucide (Cartomancienne)

185 – Voyeur vu

 

 

Arbre-et-la-foret-grand

W

 

186 – Wagner

Code n°13 – Araignée

Araignée

Araignée

 

 

NOTICE EXPLICATIVE :

 

Cela ne vous aura pas échappé, notamment avec le nom de ce site : j’entretiens avec l’araignée une relation très privilégiée. Pourtant, rien ne nous prédestinait à faire bon ménage. Je n’aime pas plus que ça cette bébête. Je crois que c’est elle qui est montée, montée, montée vers moi, plus que moi vers elle ; et avec le temps, nous nous sommes habitués l’un à l’autre, comme je me suis fait à la compagnie de mon désir homosexuel. L’araignée occupe une place importante dans ma vie, et vous m’avez peut-être déjà entendu poser parfois la question « Est-ce que vous aimez les araignées ? » à certains invités de l’émission radiophonique Homo Micro sur Fréquence Paris Plurielle quand j’y étais chroniqueur, ou bien vu photographié avec mon animal-fétiche (l’un des 4 animaux du Quatuor homosexuel) par le photographe Franck Levey.

 

ARAIGNÉE 3 Violet moi

Photo Franck Levey, Rennes


 

Pour moi, l’araignée est la métaphore de la conscience humaine qui revient quand on la refoule. C’est pour ça que elle a tendance à être la symbolisation de la mauvaise conscience. Vous voyez la représentation qu’on fait parfois des amnésiques, des insomniaques, ou des sorcières avec l’araignée qui pend de leur chapeau ? Et bien l’araignée a quelque chose de la conscience humaine au repos, de la connaissance voilée d’un viol. C’est la voix qui crie dans le désert. Elle crie quoi ? Que le désir homo est un désir à la fois d’amour et de viol. Elle crie que les personnes homos ont pu subir un viol ou qu’elles l’ont en tout cas fantasmé pour s’identifier à la femme violée cinématographique. Et j’en viens justement à parler de la figure de la femme-araignée dans les œuvres homosexuelles, qui est un code récurrent, et qui symbolise presque toujours le personnage homosexuel. Je pense en particulier au personnage gay de Molina dans le roman de Manuel Puig El Beso De La Mujer-Araña (Le Baiser de la Femmes-Araignée, 1976), qui dit précisément de lui-même : « Je suis la femme-araignée ». Et cette femme-araignée cinématographique auquel l’homosexuel s’identifie, c’est en général une femme qui a jadis été pure, qui a perdu sa virginité dans une forêt (= la forêt de la sexualité), et qui, en vraie Catwoman ou Mante religieuse, vient se venger des hommes qui l’auraient violée. C’est une figure maléfique qui montre qu’une victime n’est jamais éternellement victime, du simple fait qu’elle est libre.

 

Les personnes homosexuelles sont les mauvaises consciences de la société, de magnifiques araignées. Par leur désir et ce qu’elles sont, elles ont le pouvoir de dévoiler des conflits enfouis dans les familles, la communauté humaine, et le monde.

 
 

N.B. : Je vous renvoie également aux codes « Femme-Araignée », « Femme vierge se faisant violer un soir de carnaval ou d’été à l’orée des bois », « Ombre », « Extase », « Chat », « Aigle noir », « Quatuor » et à la partie « Taureau » du code « Corrida amoureuse », dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.

 
 

Pour accéder au menu de tous les codes, cliquer ici.

 

 

FICTION

 

L’araignée apparaît souvent au fil des fictions homo-érotiques : on la voit notamment dans le roman Le Pire des mondes (2004) d’Ann Scott, le film « Nosferatu » (1922) de Friedrich Wilhelm Murnau, le film « Les Araignées » (1919) de Fritz Lang, le film « La Toile d’Araignée » (1975) de Stuart Rosenberg, le film « La Veuve noire » (1986) de Bob Rafelson, le film « Les Corps ouverts » (1997) de Sébastien Lifshitz, le film « Araignée de Satin » (1985) de Jacques Baratier, le roman Une Saison en enfer (1873) d’Arthur Rimbaud, la pièce Cannibales (2008) de Ronan Chéneau (avec Spiderman), la pièce Arthur Rimbaud ne s’était pas trompée (2008) de Bruno Bisaro, la chanson « Magie noire » de Philippe Russo, la pièce La Mort vous remercie d’avoir choisi sa compagnie (2010) de Philippe Cassand (il est question de toile d’araignée), la B.D. Kang (1984) de Copi, la pièce Lacenaire (2014) d’Yvon Bregeon et Franck Desmedt (avec Lacenaire tissant autour du décor de sa grande toile d’araignée sur scène), la B.D.Journal 1 (1996) de Fabrice Neaud, le roman La Tarántula (1988) d’Hugo Argüelles, le film « Spider Lilie » (2007) de Zero Chou, la chanson « En miettes » d’Oshen, le film « Tchernobyl » (2009) de Pascal Alex-Vincent, le vidéo-clip de la chanson « Ghosttown » de Madonna, etc.

 

En général, la présence de l’Araignée n’est pas bon signe. « Fais attention aux toiles d’araignée. » (Stef, l’un des héros homo, à Vivi dans la pièce Copains navrants (2011) de Patrick Hernandez) ; « J’ai tissé la toile de mon propre piège. » (Lacenaire dans la pièce éponyme (2014) d’Yvon Bregeon et Franck Desmedt) ; « Une fois, Serge et moi, on avait essayé avec une araignée de mer. » (Rodolphe Sand imitant une femme hétéro mère porteuse, par rapport au coït avec son mari, dans le one-man-show Tout en finesse , 2014) ; etc. Par exemple, dans le film « Bug Chaser » (2012) de Ian Wolfley, Nathan, le beau héros homosexuel, a un problème à l’anus qui s’aggrave de plus en plus et dont on ignore l’origine. On nous fait croire que c’est un furoncle ; ou que ça ressemble à une piqûre d’araignée. Dans le one-woman-show Wonderfolle Show (2012) de Nathalie Rhéa, Suze, l’héroïne lesbienne, se dit arachnophobe : elle prend son Chanel n°5 pour asperger et tuer une grosse araignée.

 

Film "Spider Lilies" de Zero Chou

Film « Spider Lilies » de Zero Chou


 

Il est curieux de constater que le personnage homosexuel se définit lui-même comme l’homme-araignée ou la femme-araignée : ceci est visible par exemple dans le film « Une Affaire de goût » (1999) de Bernard Rapp, les chansons « La Veuve Noire » et « Alice » de Mylène Farmer, le film « Sherlock Holmes II : Jeu d’ombres » (2011) de Guy Ritchie, etc. Cette identification de l’homosexuel à l’araignée transparaît dans beaucoup d’ouvrages : « Toi, tu es la femme-araignée, qui attrape les hommes dans sa toile. » (Valentín s’adressant à son amant Molina, dans le roman Le Baiser de la femme-araignée (1976) de Manuel Puig, p. 245) ; « Comme tu me manques, l’araignée… » (cf. la chanson « Alice » de Mylène Farmer) ; « C’est vous, l’araignée. » (la voix narrative homosexuelle du roman N’oubliez pas de vivre (2004) de Thibaut de Saint Pol, p. 101) ; « Ne quittez jamais ce ventre de toile. » (la voix narrative dans la pièce Le Funambule (1958) de Jean Genet) ; « Avec Cyril, la toile dissimule toujours l’araignée. » (la voix narrative du roman Pavillon noir (2007) de Thibaut de Saint Pol, p. 30) ; « J’ai cru un temps que j’étais une mygale. » (Cyril, idem, p. 208) ; « Roger pense que vous avez plutôt une araignée au cerveau. » (Violet par rapport à l’homosexualité de Stephen, dans le roman Le Puits de solitude (1928) de Marguerite Radclyffe Hall, p. 228) ; « Je suis comme une araignée qui arpente votre toile. Faites de moi ce qu’il vous plaira ! » (cf. le poème en espagnol « Polvareda » de Copi) ; « Je ne suis pas Spider-man ! » (Schmidt dans le film « 22 Jump Street » (2014) de Phil Lord et Christopher Miller) ; etc.

 

B.D. "Kang" de Copi

B.D. « Kang » de Copi


 

Dans les fictions, l’araignée se marie très bien avec les thématiques de l’androgynie et de l’homosexualité, même si son sens reste parfois difficile à décrypter. « Trente ans dans la police contre un mec en combinaison de danse. » (le chef de la police parlant ironiquement de Spider-Man, dans le film « The Amazing Spider-Man » (2012) de Marc Webb) ; « Je me demande pourquoi tous les surfeurs sont de beaux garçons aux visages ravageurs. Leur corps, n’en parlons pas. Lorsqu’ils montent sur leurs planches, les muscles de leurs cuisses bandent et tendent la toile élastique de leur combinaison dessinant chaque muscle, quant à leur torse et leurs bras ils sont fins et secs comme un coup de trique. Pas une molécule de graisse. Ils me font penser à des spiders man. » (cf. la nouvelle « Surf à Oléron » (2014) sur le site La Passion des garçons) ; etc. Par exemple, dans la série nord-américaine Modern Family (saison 5, épisode 22) de Christopher Lloyd II et Steven Levitan, l’un des personnages du couple gay, Mitchell, doit vendre un objet auquel il tient beaucoup, un album de BD très rare dont il a du mal à se défaire : Spiderman ! : « Je m’identifiais à lui. […] Ça parle d’un ado bizarre, qui a une facette secrète dont il ne peut parler à personne. Un peu comme moi. […] Spiderman m’a donné le sentiment qu’on avait le droit de se démarquer. […] Il m’a donné la force de surmonter des moment difficiles. » En tout cas, la seule chose dont on peut être sûr, c’est que l’araignée est là, et que sa présence est souhaitée par les artistes homosensibles ! Par exemple, dans la nouvelle « La Carapace » (2010) d’Essobal Lenoir, le protagoniste homo rêve d’un vieillard qui le fixe du regard comme s’il faisait partie d’une collection d’animaux mise sous verre, aux côtés d’araignées : « La nuit, je m’imaginais hypnotisé, épinglé dans ses collections, entre un papillon et une mygale. » (p. 14) Dans le film « Black Swan » (2011) de Darren Aronofsky, quand les héroïnes lesbiennes se trouvent à l’intérieur du taxi, la main de Veronika vient comme une araignée (genre « la petite bête qui monte, qui monte… ») toucher Nina pour la faire jouir. En 1969, David Bowie invente le Major Tom, un cosmonaute qui ne veut pas revenir sur Terre, mais qui préfère s’incarner en Ziggy Stardust, un androgyne accompagné de ses araignées de Mars (ce délire psychédélique donnera d’ailleurs naissance au célèbre album The Rise And Fall Of Ziggy Stardust And The Spiders From Mars). Dans la pièce Ça s’en va et ça revient (2011) de Pierre Cabanis, Hugo, le héros homo refoulé, rêve qu’il se fait draguer par « Vincent Cassel qui prend la tête d’une armée d’araignées géantes à l’assaut de New-York ». Dans le film « À travers le miroir » (1961) d’Ingmar Bergman, Karin a des visions d’un mystérieux dieu-araignée. Dans le film « Saisir sa chance » (2006) de Russell P. Marleau, Chance a accroché dans sa chambre trois posters : un de la Joconde, un d’un regard d’actrice, et un d’une araignée. Dans le film « Mauvaises fréquentations » (2000) d’Antonio Hens, une énorme araignée noire en plastique est posée sur la pile de revues homosexuelles de Guillermo pour en interdire l’accès. Dans le film « A Single Man » (2009) de Tom Ford, le scorpion enfermé dans le bocal de la petite Jennifer « n’a jamais mangé une araignée ».

 

David Bowie en Ziggy Stardust

David Bowie en Ziggy Stardust


 

L’araignée peut parfois symboliser la conscience humaine endormie, un élan cannibale, ou bien le désir homosexuel : « Elle [Marilyn] allume la télé. Il y a un feuilleton où une araignée dévore un petit Tarzan. » (la voix narrative du roman Le Bal des folles (1977) de Copi, p. 54) ; « J’ai senti une araignée dans mes cheveux. Je la sentais. Mais je ne la voyais pas. » (le héros du roman Portrait de Julien devant la fenêtre (1979) d’Yves Navarre, p. 101) ; « Le cœur de l’homme est touché par la beauté, si infime soit-elle, de la taille d’une fourmi ou d’une araignée. » (Naomi Alderman, La Désobéissance (2006), p. 259) ; « Je savais pas c’qu’y avait dans ta caboche : une araignée cruelle. Mais ta toile s’effiloche. » (cf. la chanson « Va t’en » d’Étienne Daho) ; « Un petit baiser, comme une folle araignée, te courra par le cou… Et tu me diras : ‘Cherche !’ en inclinant la tête, et nous prendrons du temps à trouver cette bête qui voyage beaucoup… » (cf. le poème « Rêve pour l’hiver » d’Arthur Rimbaud, écrit en wagon le 7 octobre 1870)

 

Baiser homo dans la B.D. "Spiderman"

Baiser homo dans la B.D. « Spiderman »


 

Dans la pièce Eva Perón (1969) de Copi, les migraines de Perón sont décrites comme « des toiles d’araignée à l’intérieur du crâne » par sa femme Evita. Dans le roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, le héros homosexuel Bryan est chargé par sa mère de tuer l’araignée de la cuisine pendant qu’elle s’absente faire des courses : « À peine était-elle descendue que ma mère m’appelait au secours dans l’escalier, il y avait un monstre noir dans la cuisine : une araignée ! Elle en avait horreur. Je n’ai jamais compris ce genre de panique devant des bestioles aussi fragiles, qu’un simple coup de pantoufle suffit à estourbire ! […] Je mis mon ordinateur en marche. J’avais le temps : l’araignée n’allait pas se sauver. […] Je changeai de priorité : d’abord tuer l’araignée. Elle était au plafond au-dessus des meubles de cuisine. Il me fallait un escabeau. J’allais le chercher dans le garage. En le prenant, je fis tomber d’une étagère un bocal en verre vide qui se brisa au sol… Je verrai plus tard, d’abord l’araignée. Ma mère avait tout prévu, la bombe paralysante était déjà sur la table. Elle avait raison car ces grosses araignées sont d’une nervosité surprenante. Je lui réglai son compte et l’inhumai dans la poubelle. […] Lorsque ma mère revint, je n’avais qu’ […] éclaté une araignée ! […] Bon, à part l’araignée, je n’avais pas eu le temps de tout ranger ! » (pp. 148-150) Le roman Le Garçon sur la colline (1980) de Claude Brami s’ouvre sur une très longue description d’une araignée (une vingtaine de pages… quand même !) : « L’araignée était là. […] Pascal la détesta immédiatement. » (p. 15) ; « Les araignées n’avaient plus de secret pour lui. Combien de fois, fasciné, avait-il assisté à leur charge foudroyante, d’avance victorieuse ?… » (p. 27) Cette araignée est, à mon sens, la métaphore du désir homosexuel qui naît à l’intérieur du jeune héros.

 

Dans le film « Die Mitter der Welt » (« Moi et mon monde », 2016) de Jakob M Erwa, le père inconnu de Phil, le héros homo, a tout de l’homme-araignée luciférien dont la fragilité sexuelle fait peur et paraît monstrueuse (d’ailleurs, ce dernier attire magiquement les animaux à lui). Glass, la maman de Phil, parle à son fils de son géniteur qui l’a mise enceinte à 16 ans, et qu’elle a fui, en des termes bien mystérieux qui donneraient presque à croire qu’il était lui-même homosexuel à l’instar de son fils : « Il était si bon enfant, si sensible. Quand il touchait une fleur, elle se mettait à fleurir peu après, je te le jure ! Je l’ai vu. Les papillons de jour et de nuit, tous les insectes… [On voit à l’écran une image d’araignée sur sa toile], il les attirait comme la lumière. La question, ce n’est pas ces bestioles à quatre pattes, mais cette sensibilité excessive. Cette vulnérabilité. Tu ne vois pas ce qui arrive à ces êtres-là ? J’avais constamment peur pour lui. Après, je suis tombée enceinte. Et j’ai eu peur pour vous [Elle parle de Phil et de sa sœur jumelle Dianne]. Et là, j’ai compris que je n’y arriverais pas avec lui. J’ai filé. »
 
 

FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION

 

PARFOIS RÉALITÉ

 

La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :

 
 

l'acteur Bryan Singer

l’acteur Bryan Singer


 

Certaines personnalités du monde homosexuel ont une histoire avec l’arachnide aux pattes velues. Dans son Journal, Paul Bowles nous parle beaucoup de son araignée (le 24 avril 1988, et le 5 mai 1988) : « Si je dévoile à quelqu’un son existence, c’est sûr qu’ils la tueront. » Le compositeur et auteur nord-américain a d’ailleurs écrit un roman qui s’intitule La Maison de l’Araignée en 1955. Certains auteurs homosexuels comparent l’écriture à un travail de tisserand arachnéen : « J’ai écrit le premier acte de cette pièce il y a 3 ans. À sa fin, la situation était tellement ouverte, j’avais tissé une telle toile d’araignée, que j’ai pu écrire 10 versions différentes du second acte. » (Copi, en parlant de sa pièce Les Escaliers du Sacré-Cœur, 1990) En 1918, Federico García Lorca publie son premier livre Impresiones Y Paisajes, et choisit une couverture bien particulière : une toile d’araignée avec sa fileuse au travail (on peut voir cette illustration dans l’essai Enfances et mort de García Lorca (1968) de Marcelle Auclair, p. 63). Dans son ouvrage Les homosexuels font-ils encore peur ? (2010), Xavier Rinaldi met d’emblée l’arachnophobie sur le même plan que l’homophobie : « Comme l’agoraphobie (la peur de la foule), comme l’arachnophobie (la peur des araignées), existe l’homophobie : la peur des homosexuels. » (p. 13) Dans son autobiographie Folies-Fantômes (1997), Alfredo Arias mentionne l’araignée comme un facteur psychique déterminant : « Miguel, le cinéaste, s’enferma dans sa chambre avec Angelito […] Il lui proposa un rôle dans le film qu’il préparait. Angelito lui demanda par gestes ce que racontait le film. Miguel lui expliqua que c’était l’histoire d’une araignée qui se logeait dans la tête d’un homme normal et qui, peu à peu, le transformait en archéologue qui finissait par découvrir une bibliothèque au fond de la mer […]. » (p. 99) Dans son autobiographie Roland Barthes par Roland Barthes (1975), Roland Barthes associe à juste titre l’araignée à la fameuse peur de la castration chez les personnes homosexuelles : « L’Araignée, c’est la castration. Elle me sidère. » (p. 112) Dans son livre La Maison de Claudine (1922), la romancière Colette écrit qu’elle guette avec impatience dans son lit le retour de l’araignée qui loge dans la chambre de sa mère, Sido : « S’il fallait privilégier un animal dans le bestiaire de Colette, je délaisserais un instant les chats pour retenir une araignée. Son fil conduit tout droit à Sido qui en hébergeait une dans sa chambre à coucher. » (cf. la revue Magazine littéraire, n°266, juin 1989, p. 17) En juillet 2013, Julius Carter, l’acteur homosexuel nord-américain, est l’un des sept comédiens qui incarnent Spiderman dans la comédie musicale Spiderman : Turn Off The Dark sur Broadway (États-Unis). L’orientation sexuelle de Spiderman n’a pas fini de faire débat et d’être peu à peu forcée à l’homosexualité.

 

Sur la Radio France Inter, la chroniqueuse Nicole Ferroni, en mai 2013, fait un parallélisme inconscient entre arachnophobie et homophobie, en définissant « les homos » (comme elle dit) comme des araignées (« J’ai appris à connaître les araignées. Les araignées c’est comme les homosexuels, tolérons les ! »), sans comprendre toute la signifiance de sa comparaison (car son boboïsme abyssal et méprisant l’aveugle totalement). Mais bon, voilà, même les abrutis font cette corrélation entre araignée et homosexualité.
 

 

Dans le documentaire « Louise Bourgeois : l’araignée, la maîtresse, la mandarine » (2009) de Marion Cajori et Amei Wallach, la sculptrice Louise Bourgeois se fait surnommer l’Araignée. Elle a d’ailleurs réalisé la série d’Araignées géantes en 1997. « L’araignée est ma mère. […] L’araignée est une ode à ma mère. Elle représente une réconciliation. » déclare-t-elle. Pour l’artiste, c’est une manière d’être au monde que de se choisir l’araignée comme totem : « L’araignée est une forme de tempérament ; les araignées sont partout. » Les araignées sont en effet des puissants pêcheurs d’Hommes. Je le crois volontiers !

 

Michael Jackson

Michael Jackson


 

L’araignée est une voix intérieure qui dénonce une agression, un amour possessif : « Inconsciemment, voilà ce que tu me fais dans tes pattes. » (Dr Geneviève Loison, psychanalyste, prenant une araignée géante en plastique dans un coffre à peluches, dans le documentaire « Le Mur : La Psychanalyse à l’épreuve de l’autisme » (2011) de Sophie Robert) Nicolaus Sombart rencontre Carl Schmitt (beaucoup plus âgé que lui) qui tombe sous son charme : « Comme un papillon, je volai, irrésistiblement attiré dans la toile qu’il avait tissée. » (Nicolaus Sombart, cité dans l’essai Le Rose et le Brun (2015) de Philippe Simonnot, p. 272) L’araignée peut aussi protéger du viol, comme ce fut le cas avec le Roi David – celui du fameux duo homophile avec Jonathan – dans l’Ancien Testament ! (le commentaire du Talmud signale ceci : « La signification du bouclier de David veut que lorsque David était recherché par Saül, il s’est caché dans une grotte où, lorsque les soldats entrèrent, une araignée aurait tissé une toile prenant la forme d’une étoile à six branches cachant David. »)

 

B.D. "Journal 1" de Fabrice Neaud

B.D. « Journal 1 » de Fabrice Neaud

 
 

Pour accéder au menu de tous les codes, cliquer ici.