Archives par mot-clé : angélisme

Code n°9 – Amoureux (sous-codes : L’important c’est d’aimer / Désir d’aimer / Tu ne sais pas aimer)

Amoureux

Amoureux

 

 

NOTICE EXPLICATIVE

 

La tyrannie homophobe et bisexuelle du discours imposé de l’« Amour »

 

« L’Important, c’est d’aimer et d’être heureux ». Voilà le gentil discours que nous tient la télégénique Miss France homosexuelle pour expliquer combien l’amour entre deux hommes, ou entre deux femmes, est merveilleux, incontestable, et qu’il vaut le coup d’être vécu (Elle oublie de dire qu’elle est « contre la guerre et pour la Paix dans le monde », mais bon, tant pis… on lui pardonne pour cette fois). Et dans les fictions homosexuelles comme dans les échanges sociaux actuels, les personnages homosexuels/les personnes homosexuelles se qualifient régulièrement de personnes « amoureuses » plutôt que de personnes « homosexuelles », d’ailleurs. L’argument de « l’Amour » arrive au hit parade des justifications de l’homosexualité (même avant celui du plaisir sexuel, c’est dire !). Est-ce efficace et convaincant ? Pas si sûr. Surtout quand il y a si peu d’amour concret derrière la jolie étiquette en forme de cœur ou d’arc-en-ciel que nous collent violemment sur le front les promoteurs de l’« Amour gay irréfutable ».

 

La différence entre l’amour « adulescent » et l’Amour vrai est exactement à l’image de la différence qui existe entre « sincérité » et « Vérité », ou entre « être amoureux » ( = ressentir des sentiments, une attirance physique, vibrer pour quelqu’un, vivre des instants d’émoi intenses qu’on appelle couramment « coups de foudre », suivre la courbe en dents de scie de son ressenti, …) et « aimer » ( = donner toute sa personne à un être unique et éternel, s’engager le plus totalement possible en faveur de la vie, dire à l’autre « Je te choisis », canaliser ses sentiments vers une seule direction, respecter le Réel et la Nature…). Le binôme « être amoureux/aimer » n’est pas antinomique, même si les deux sont bien distincts : le premier est plus simple que le second (tomber amoureux est à la portée de tout le monde, alors qu’aimer, ce n’est pas donné à tout le monde : cela implique le renoncement, un choix, une liberté posée fermement) ; le second prime toujours sur le premier, même s’il ne se suffit pas à lui-même ; le second canalise et utilise le premier pour transformer la pulsion en énergie vitale (comme l’ellipse de notre ADN). Cette différence entre « être amoureux » et « aimer », le désir homosexuel ne l’a pas faite. C’est pourquoi les personnes homosexuelles confondent très souvent intentions/goûts et Amour, ou bien tiennent un discours complètement cucul pour justifier n’importe quel type de relation dite « amoureuse », y compris les relations qui ne sont pas « d’amour ». En d’autres termes, il est plus juste de les définir comme des personnes amoureuses que comme des personnes aimantes.

 

Bon, maintenant, nous allons passer aux choses sérieuses. Je vais dans un premier temps vous servir la quantité astronomique de guimauve qu’on nous donne habituellement à la Cantine Rainbow. Et après quelques bouchées, vous en serez tellement écœurés que vous allez mieux comprendre d’une part ce que j’ai essayé de vous expliquer rapidement sur l’Amour un peu plus haut, et d’autre part aussi mesurer combien stupide et militaire est la dégoulinade de bien-pensance que s’/nous impose la communauté homo pour ne pas avoir à aimer en actes et en Vérité.

 
 

N.B. : Je vous renvoie également aux codes « Mère gay friendly », « Planeur », à la partie « Films cuculs » du code « Milieu homosexuel paradisiaque », et à la partie « le silence béat » du code « Déni », dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.

 
 

Pour accéder au menu de tous les codes, cliquer ici.

 

 

FICTION

Le personnage homosexuel se qualifie de personne « amoureuse » plutôt que de « personne aimante/aimée » ou de « personne homosexuelle », afin d’éviter de se définir, de regarder ses propres actes, et d’aimer sur la durée :

 

Dans la série des créations artistiques chantant l’amour homosexuel avec des p’tits cœurs partout (et pas mal de cœurs brisés, du coup), il y a le roman La Tentative amoureuse (1893) d’André Gide, le roman Médianoche amoureux (1985) de Michel Tournier, le film « Deux filles amoureuses » (1995) de Maria Maggenti, le film « Les Amoureux » (1993) de Catherine Corsini, la chanson « Amoureuse » de Véronique Sanson, le film « I’m In Love » (« Je suis amoureux », 2013) de Raphaël de Casabianca, le poème « Amoureux dans la vie » (2008) d’Aude Legrand-Berriot, la pièce Rêveries d’une jeune fille amoureuse (2013) d’Arthur Vernon, la chanson « Nous les amoureux » de Jean-Claude Pascal, la chanson « Les Romantiques » de Catherine Lara, l’album Romantiques pas morts de Patrick Juvet, le film « Beautiful Thing » (1996) d’Hettie Macdonald, le téléfilm « Juste une question d’amour » (2000) de Christian Faure, le film « A Question Of Love » (1978) de Jerry Thorpe, la chanson « L’Innamoramento » de Mylène Farmer, Le Dictionnaire amoureux de l’Espagne (2005) de Michel del Castillo, le poème « Todo Es Por Amor » de Luis Cernuda, le roman Une Soif d’amour (1950) de Yukio Mishima, le film « Les Amoureux » (1964) de Mai Zetterling, le film « L’Important c’est d’aimer » (1974) d’Andrzej Zulawski, le film « L’Incroyable histoire vraie de deux filles amoureuses » (1995) de Maria Maggenti, le film « La Carte du cœur » (1998) de Willard Carroll, le film « Bocage, O Triunfo Do Amor » (1998) de Djalma Limongi Batista, le film « Celui qui aime a raison » (2006) d’Arnold Pasquier, le film « C’est la vie » (2001) de Jean-Daniel Cadinot, la photo Les Amoureux (1998) de Pierre et Gilles, la pièce Un Cœur en herbe (2010) de Christophe Botti, l’album Être amoureux (2005) d’Élisabeth Brami, la chanson « L’amour à l’envers » de Shy’m, etc.

 

« Je suis amoureux de Julien. Mais ça veut rien dire. J’suis amoureux de tout le monde ! » (Yoann, le héros homosexuel, de la pièce Ma belle-mère, mon ex et moi (2015) de Bruno Druart et Erwin Zirmi) ; « Il y avait des jeunes gens comme moi, amoureux fous de l’opéra, conscients ou non de leur différence, qui scrutaient chaque nouveau visage, beau ou laid, se présentant aux doubles portes d’entrée, à la recherche d’un signe de reconnaissance, d’un regard un tant soit peu insistant, peut-être même d’un sourire. Je tombais moi-même amoureux aux trente secondes, convaincu que tel ou tel spectateur regardait dans ma direction, plantait son regard dans le mien, hésitait à m’aborder. » (le narrateur homo dans le roman La Nuit des princes charmants (1995) de Michel Tremblay, p. 43) ; « Je suis amoureux. » (Chris, le héros homo dans la pièce Happy Birthgay Papa ! (2014) de James Cochise et Gloria Heinz) ; « Il faut être amoureuse. […] Je crois que je suis amoureuse de toi, Clara. » (Zoé s’adressant à Clara, dans le téléfilm « Clara cet été-là » (2003) de Patrick Grandperret) ; « C’est l’amour qui compte. » (le jeune Michael parlant de son émoi pour un de ses camarades, dans le film « Boys Like Us » (2014) de Patric Chiha) ; « Tomber amoureux, c’est l’Âge d’Or ! » (Pierre l’hétéro dans la pièce Sugar (2014) de Joëlle Fossier) ; « Chacun fait c’qu’il veut. » (Pierre n’osant toujours pas se positionner sur l’homosexualité, idem) ; « La vérité, c’est que je suis tombée amoureuse d’Aysla. » (Marie, l’héroïne lesbienne du téléfilm « Ich Will Dich », « Deux femmes amoureuses » (2014) de Rainer Kaufmann) ; « Je ne suis même pas homo. Il y a deux ans, j’ai juste aimé follement l’homme de la vie de l’ancienne femme de la mienne. Depuis, tout est rentré dans l’ordre. » (Rémi évoquant son histoire avec l’hétéro Damien, le copain de son ex Marie, dans la pièce Soixante degrés (2016) de Jean Franco et Jérôme Paza) ; « Dans les bras d’Arthur, je n’étais pas un pédé. » (Jimmy, l’amant d’Arthur, dans le roman Harlem Quartet (1978) de James Baldwin, mis en scène par Élise Vigier en 2018) ; « Ces deux hommes qui s’aimaient, c’est beau, non ? » (Eva parlant de Verlaine et Rimbaud, dans le film « Pédale douce » (1996) de Gabriel Aghion) ; etc.

 

Par exemple, dans le film « Hoje Eu Quero Voltar Sozinho » (« Au premier regard », 2014) de Daniel Ribeiro, l’obsession de tous les personnages principaux, affichée dès le départ, c’est de « tomber amoureux » et d’embrasser quelqu’un un jour. Dans le film « I Love You Phillip Morris » (2009) de Glenne Ficarra et John Requa, le héros homosexuel Phillip, en s’adressant à son amant, et finalement à tous les membres de la communauté homosexuelle, sort une phrase culte (la seule du film… faut pas la rater) : « On est des cœurs d’artichaut. » Naaaan… tu crois ? Dans son one-man-show Les Bijoux de famille (2015), Laurent Spielvogel reprend en play-back au moment du salut final la chanson « Falling In Love Again ». Dans la pièce L’un dans l’autre (2015) de François Bondu et Thomas Angelvy, Thomas et François concluent leur histoire avec cette phrase creuse : « Tu sais, François, cette histoire n’est pas une question d’orientation sexuelle. Cette histoire, c’est l’histoire d’une personne qui est tombé amoureux d’une personne. » Dans la pièce Les Favoris (2016) d’Éric Delcourt, Camille, l’héroïne invisible que tout le monde croyait hétérosexuelle, sort avec Ninon, elle aussi bisexuelle : « C’est arrivé comme ça. Camille n’est pas plus bisexuelle que lesbienne. On a été dépassées par les événements. »

 

AMOUREUX 1 question

Téléfilm « Juste une question d’amour » de Christian Faure


 

Généralement, on entend toujours de la part des personnages homosexuels des fictions la même rengaine sur l’amour – une rengaine particulièrement homophobe d’ailleurs puisqu’elle encourage à nier la spécificité du désir homosexuel (en mettant toutes les orientations sexuelles sur le même plan) et à taire l’énonciation et la pratique d’une bisexualité qui paradoxalement est censée s’appliquer à tout le monde universellement. Elle tient en peu de mots : « Je fais ce que je veux en matière de sexe à partir du moment où j’aime, puisque l’important c’est d’aimer. » On préfère baptiser ce poncif contemporain sur la sexualité de « queer » ou d’« amour » pour ne pas voir qu’il exprime une simplification désastreuse de l’Amour vrai (certes, l’Amour est une force sexuée, mais pas nécessairement un acte génital/sensuel), ainsi que notre propre homophobie intériorisée.

 

Pour être plus clair, je vous laisse lire maintenant la sempiternelle Litanie de la Nullité – et de l’Homophobie homosexuelle, par la même occasion ! – de la Nation gay friendly : « Non. On n’est pas lesbiennes. C’est juste qu’on s’aime. » (Élisa à son amante Mahaut, dans le film « Le Sable » (2005) de Mario Feroce) ; « J’aime un mec. J’aime Cédric. C’est pas une question d’être pédé. C’est juste une question d’amour. » (Laurent à son père, dans le téléfilm « Juste une question d’amour » (2000) de Christian Faure) ; « C’est pas les filles que j’aime. C’est toi, et depuis toujours. » (Zoé s’adressant amoureusement à sa meilleure amie Clara après l’avoir embrassée, dans le téléfilm « Clara cet été-là » (2003) de Patrick Grandperret) ; « Je suis amoureuse ! » (Alba découvrant subitement son amour lesbien face à son amante Yolanda, dans la comédie musicale Se Dice De Mí En Buenos Aires (2010) de Stéphan Druet) ; « Ils s’aimaient, sachez-le. » (cf. le poème « Ils s’aimaient » de Vicente Aleixandre) ; « C’est beau l’amour. » (cf. la chanson « Maman a tort » de Mylène Farmer) ; « Arrête de vouloir comprendre. J’aime Loïc. Un point c’est tout. » (Guillaume dans la pièce Les Amazones, 3 ans après… (2007) de Jean-Marie Chevret) ; « Il faut aimer n’importe qui, n’importe quoi, n’importe comment, pourvu qu’on aime. » (Sébastien dans la pièce Un Mariage follement gai ! (2008) de Thierry Dgim) ; « Tout bien réfléchi, n’importe qui ferait l’affaire. » (Ninette découvrant peu à peu son homosexualité face à Rachel, dans la pièce Three Little Affairs (2010) d’Adeline Piketty) ; « Je suis encore complètement amoureux. » (Hugo le héros homo du film « Como Esquecer » (« Comment t’oublier ?, 2010) de Malu de Martino) ; « On a le droit d’aimer qui on veut, comme on veut. » (cf. la chanson « Entre Elle et Moi » des Valentins) ; « T’aimer parce que c’est aujourd’hui, c’est ce qui compte vraiment. » (cf. la chanson « J’attends » de Mylène Farmer) ; « Aimer les filles ou les garçons, c’est aimer de toute façon » (cf. la chanson « La plus belle fois qu’on m’a dit je t’aime » de Francis Lalanne) ; « On s’en fout qu’on soit hétéro ou homo. Pourquoi les gens ne peuvent pas nous accepter tels que nous sommes ? » (Oscar dans le film « Un de trop » (1999) de Damon Santostefano) ; « Tribu, qu’est-ce que nous voulons ? Paix et liberté maintenant !!! […] Faites l’amour ! » (les comédiens de la comédie musicale HAIR (2011) de Gérôme Ragni et James Rado) ; « Moi, je dis que le vrai défi, c’est d’être soi-même ici et maintenant. » (Vincent dans le téléfilm « À cause d’un garçon » (2001) de Fabrice Cazeneuve) ; « Hétéro, homo, c’est dépassé : je t’aime seulement parce que c’est toi. » (Mécir à Paul, dans le film « Grande École » (2003) de Robert Salis) ; « Quelle est la différence ? Enfin, Suzanne, je ne te reconnais plus. L’amour est toujours l’amour. C’est une femme ? Eh bien tant mieux pour toi ! » (Anne, l’amie gay friendly de Suzanne, quand celle-ci lui annonce avec difficulté son homosexualité, dans le roman Journal de Suzanne (1991) d’Hélène de Monferrand, p. 144) ; « Je n’ai rien contre. Ce qui compte, c’est ton bonheur. » (la tante de Dany à son neveu, dans le film « Sexe, gombo et beurre » (2007) de Mahamat-Saleh Haroun) ; « C’est important de faire ce qu’on aime. […] Malik, moi, je ne veux que ton bonheur. » (Sara à son fils homo Malik, dans le film « Le Fil » (2010) de Mehdi Ben Attia) ; « Tu dis : j’avais décidé de ne plus aimer les hommes. Mais toi, c’est différent. » (Vincent à Arthur, dans le roman En l’absence des hommes (2001) de Philippe Besson, p. 44) ; « Je ne me sens pas plus hétéro qu’homo. C’est juste toi. » (Bart en s’adressant à son amant Hugo, dans l’épisode 268 de la série Demain Nous Appartient diffusée sur TF1 le 13 août 2018) ; « Qu’on soit tarlouze ou hétéro, c’est finalement le même topo. Seul l’amour guérit tous les maux. » (cf. la chanson « Petit Pédé » de Renaud ; et le pire, c’est qu’avec un discours conventionnel pareil, Renaud arrive encore à s’étonner de ne pas avoir réussi à faire davantage d’émules dans la communauté homo…) ; « Ce n’est pas que je sois lesbienne en quoi que ce soit : ce qui m’attire, c’est la personne. Il se trouve simplement que toutes les personnes qui m’attirent sont des filles. » (Jessica Campbell dans le film « L’Arriviste » (1999) d’Alexander Payne) ; « Le sexe est universel : il se fout de notre genre et de nos préférences. […] [Concernant l’infidélité au sein de notre couple…], on a choisi la voie moyenne de la communication totale avec, au premier chef, le respect des sentiments de l’autre. » (Michael à son compagnon Ben, dans le roman Michael Tolliver est vivant (2007) d’Armistead Maupin, p. 70 puis 78) ; « Il s’agit d’amour ! Alors de quoi est-ce que tout le monde a si peur ?!? » (Steven faisant un coming out larmoyant face à l’assemblée muette de sa High School, dans le film « Get Real », « Comme un garçon » (1998) de Simon Shore) ; « Tout ce qu’on fait, c’est par amour. Ça ne peut pas être mal. » (Kal à Fran, dans le film « Sex Revelations » (1996) d’Anne Heche) ; « C’est pas la vérité qui compte. C’est le bonheur. » (Alice dans la pièce Open Bed (2008) de David Serrano et Roberto Santiago) ; « Être toujours heureux est un commandement d’une importance vitale. » (cf. proverbe hassidique cité en épitaphe du roman La Désobéissance (2006) de Naomi Alderman, p. 226) ; « Make Love, not War we say : It’s easy to recite ! » (cf. la chanson « Love Makes The World Go Round » de Madonna) ; « ‘Aime et fais ce que tu veux’, disait Augustin. Le vrai combat, il est là ! » (Frère Antoine à Malcolm dans le roman Par d’autres chemins (2009) d’Hugues Pouyé, p. 137) ; « S’il me manque l’amour, je ne suis rien. » (Mark lisant au temple l’Épître de saint Paul aux Corinthiens, dans le film « Save Me » (2010) de Robert Cary ; plus tard, son copain Scott dira : « L’amour est juste. Et l’amour, c’est bien. ») ; « L’essentiel, c’est l’amour. » (Göran dans le film « Patrik, 1.5 », « Les Joies de la famille » (2009) d’Ella Lemhagen) ; « C’est de l’amour finalement. » (cf. la conclusion de l’adjoint au maire pendant la cérémonie d’un mariage gay dans une mairie française, sketch « Le Mariage homosexuel bientôt en France » de l’humoriste Lamide Lezghad, à l’émission On n’demande qu’à en rire sur France 2, le 31 janvier 2011) ; « L’important, c’est que tu sois heureux. » (la mère face à son fils qui fait son coming out, dans un sketch « Coming out du dimanche midi » de l’émission Tout le monde il est beau sur la chaîne Canal +, 2011) ; « L’essentiel, c’est que tu sois heureuse, et que tu reste en vie. » (la mère à sa fille Ariane qui lui annonce qu’elle est lesbienne, dans le film « La Bête immonde » (2010) de Jann Halexander) ; « Je suis heureuse pour vous car l’amour est une chose formidable. » (Yvonne la gouvernante s’adressant à Ednar à propos de son couple avec Dylan, dans le roman Un Fils différent (2011) de Jean-Claude Janvier-Modeste, p. 74) ; « Aimer un garçon, ça ne veut rien dire. Ce n’est pas pour ça qu’on est homo. D’ailleurs, je ne l’aimais pas. Je le trouvais beau, c’est tout ! » (Bryan en parlant de Kévin, dans le roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, p. 32) ; « J’aime France… mais attention ! Je ne suis pas du tout lesbienne ! » (Sharon, qui se décrit comme une « bi », dans la pièce Jupe obligatoire (2008) de Nathalie Vierne ; de son côté, France dit que son homosexualité n’est pas une question d’identité, mais uniquement « de désir, de Moment, d’Amour… ») ; « Ce qui compte, c’est d’être amoureuse. […] C’est pas si grave d’être homosexuelle quand on s’aime. » (Hortense qui, en tombant amoureuse de Raphaël qu’elle avait pris pour une femme pendant toute la croisière, finit par se croire lesbienne, dans le film « La Croisière » (2011) de Pascale Pouzadoux) ; « Il n’y a pas d’homosexualité, ni d’hétérosexualité, il y a la sexualité. » (cf. le film « La Truite » (1982) de Joseph Losey) ; « Quoi que tu sois, garçon ou fille, ça n’a pas d’importance. Je sais que je t’aime. » (Leslie Cheung dans le film « He’s A Woman, She’s A Man » (1994) de Peter Chan) ; « En amour, il n’y a pas de règles. » (Harold, l’un des héros homosexuels du film « The Boys In The Band », « Les Garçons de la bande » (1970) de William Friedkin) ; « Et l’amour dans tout ça ? » (Emad, le frère d’Adineh l’héroïne transsexuelle F to M, s’adressant à son père, dans le film « Facing Mirrors : Aynehaye Rooberoo », « Une Femme iranienne » (2014) de Negar Azarbayjani) ; « J’ai le droit d’être amoureux » (cf. le chanson « J’ai le droit aussi » de Calogero) ; « Aimez ! Aimez ! Tout simplement. Et peu importe comment. » (Dominique, dans la pièce Drôle de mariage pour tous (2019) de Henry Guybet) ; etc. Dans la pièce Angels In America (2008) de Tony Kushner, l’avocat Roy Cohn ne croit pas aux identités « gay » et « lesbienne », mais uniquement « aux relations ».

 

Par exemple, dans le téléfilm « Ich Will Dich » (« Deux femmes amoureuses », 2014) de Rainer Kaufmann, Aysla et Marie sont deux femmes mariées qui couchent ensemble… (l’une d’elles regrette de s’être mariée avec un homme : « Je n’aurais jamais dû me marier… ») mais elles n’assument absolument pas la réalité de leur pratique amoureuse, et font preuve d’homophobie inconsciente : « Que les choses soient claires : je ne suis pas lesbienne. » prévient Marie. « Et moi non plus. » lui répond Aysla, pour continuer de sortir avec elle en la déculpabilisant. En gros, vous détestez le mariage ainsi que l’homosexualité ? Eh bien raison de plus pour la pratiquer !
 

AMOUREUX 2 Pascal Fioretto

Pascal Fioretto « Et si c’était niais ? »


 

Dans le film « Pédale douce » (1996) de Gabriel Aghion, André, homosexuel, se montre très entreprenant en draguant Cyril, un de ses collègues de bureau sur qui il se fait des films. Finalement, Cyril le repousse (« Je ne suis pas branché pédés, en vrai. ») mais André, dans un premier temps, refuse d’outrepasser les limites imposées par un discours homophobe : « Mais moi non plus. On n’est pas obligés de mettre des mots sur tout… ».
 

Derrière les refrains prônant l’« Amour », on lit souvent chez le héros homosexuel une grande immaturité affective et une profonde angoisse, car l’état amoureux est propre à la passion, à l’adolescence, et fait vivre les montagnes russes émotionnelles à celui qui s’y enchaîne (cf. l’album Être amoureux : Petits bobos, petits bonheurs (2005) d’Élisabeth Brami) : « Il faut admettre que ce comportement d’éternel adolescent me jouait parfois de vilains tours. Effectivement, je tombais amoureux mais cela ne durait pas plus d’une semaine. » (Ednar, le héros homosexuel du roman très autobiographique Un Fils différent (2011) de Jean-Claude Janvier-Modeste, p. 132) ; « Ainsi, les années défilaient à grands pas ; je vieillissais sans voir venir mes rides ; mes cheveux grisonnants tout autour de mes tempes prouvaient que j’avais atteint un bel âge. Mais comme toujours, j’étais amoureux, car je n’avais jamais pu vivre sans amour. » (idem, p. 184) ; « Malgré les bonheurs que Marie me donnait tous les jours, ce bel amour simple ne me suffisait déjà plus. Cette inclination que j’ai pour la conquête est sans doute le pire. Je me sens toujours amoureuse du plus difficile, de l’impossible même, et donc condamnée à n’être jamais comblée. » (Alexandra, la narratrice lesbienne du roman Les Carnets d’Alexandra (2010) de Dominique Simon, pp. 204-205) ; etc.

 

Par exemple, dans le film « L’Inconnu du lac » (2012) d’Alain Guiraudie, c’est au moment où Franck avoue à son ami Henri qu’il entame une relation « sérieuse » avec Michel (« J’crois que je suis en train de tomber amoureux. ») qu’Henri sent précisément qu’il se jette dans la gueule du loup (« Et c’est ça qui te tracasse ? » lui répond-il immédiatement).
 

Dans la pièce La Thérapie pour tous (2015) de Benjamin Waltz et Arnaud Nucit, Arnaud, le héros homo qui ne s’assume pas, refuse de poser le mot « homosexuel » sur ses propres pratiques amoureuses avec son compagnon : « J’ai des relations sexuelles avec Benjamin, une fois de temps en temps. Comme tout le monde. »

 

Ce discours pro-« amour », qui se veut humaniste, et incarné dans les Sens (je l’ai bien écrit au pluriel!), ne se dirige en réalité qu’à des corps végétaux, angéliques, non-sexués, immatériels, narcissiques, où l’autre (ou soi-même !) en face n’existe pas. « Je voudrais pouvoir être amoureux. Ma propre personnalité est un poids pour moi. » (Dorian Gray dans le roman Le Portrait de Dorian Gray (1890) d’Oscar Wilde) ; « Et ils s’émeurent. Et ils s’aimèrent. » (le petit homme et Jean-Claude son amant spéculaire, dans le spectacle musical Bénureau en best-of avec des cochons (2012) de Didier Bénureau) ; « J’allais de déceptions en déceptions, et pourtant je ne me lassais pas de tomber amoureux. » (Ednar, le héros homosexuel du roman très autobiographique Un Fils différent (2011) de Jean-Claude Janvier-Modeste, p. 114) ; « Avec un peu d’amour, beaucoup d’alcool, tout passe toujours. » (Jeanfi, le steward homo dans le one-man-show Au sol et en vol (2014) de Jean-Philippe Janssens) ; etc. À la fois il cache et il traduit une réelle déprime, une haine de soi redoutable.

 

On retrouve dans les œuvres homosexuelles le refrain de la philosophie légère (et pourtant dangereuse) de « l’amour n’a pas de sexe », et celui – encore pire pour la communauté homosexuelle puisqu’il neutralise son droit à exister – de « l’amour n’a pas d’orientation sexuelle ». « On n’a pas couché ensemble. On a fait l’amour. […] J’ai pas couché avec Quentin. Je l’ai aimé. » (Jules, le héros homo en parlant de son aventure avec Quentin, pour ne pas assumer de dire qu’il est homo ET pour idéaliser son « histoire de cul », dans la pièce Les Sex Friends de Quentin (2013) de Cyrille Étourneau) ; « Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas ; mais homo, bi, hétéro c’est pareil, on ne mange pas dans les assiettes cassées. » (le chauffeur du taxi dans le roman Des chiens (2011) de Mike Nietomertz, p. 120) ; « On se fout de qui embrasse qui. » (Tori, la lycéenne gay friendly, dans le film « Elena » (2010) de Nicole Conn) ; « Le cœur a ses raisons que la raison ignore. » (une vieille mamie secondée de son mari, idem) ; « De toute façon, le vingt-et-unième siècle sera bi ou ne sera pas ! » (Claude, l’une des héroïnes lesbienne du roman Des chiens (2011) de Mike Nietomertz, p. 63) ; « Bien plus que la raison, le cœur est le plus fort. » (une réplique dans la comédie musicale « Les Demoiselles de Rochefort » (1967) de Jacques Demy) ; « Ça vous fait rien de savoir ce que c’est que de faire l’amour avec un garçon, ou avec une fille d’ailleurs ? » (Jacques s’adressant à Anna, la jeune voyante, dans le film « L’Apparition » (2018) de Xavier Giannoli) ; etc.

 

Menée à son terme, la Queer Theory est homophobe et hyper matérialiste : « Ne me dis pas que tu es pédé et que ça existe d’être pédé. Ça n’existe pas, la seule chose qui existe, c’est des situations sexuelles qui font bander tout le monde, les filles comme les garçons, hétéros ou pédés. » (Cody, le héros homosexuel américain à son pote gay Mike dans le roman Des chiens (2011) de Mike Nietomertz, p. 99) ; « Les objets comme des collections de sable, Témoins de nos escales dans le monde amoureux. » (le Comédien, dans la pièce Les Hommes aussi parlent d’amour (2011) de Jérémy Patinier) ; « Un enfant, qu’il soit élevé par deux pédés du cul ou par un père et une mère, l’important, c’est qu’il ait de l’amour. » (Nadia, la mère porteuse hétéro dans le one-man-show Tout en finesse (2014) de Rodolphe Sand) ; « C’est le grand Amour. On ne peut rien y faire. » (Tom, le héros homosexuel, forçant Dick à l’aimer, dans le film « The Talented Mister Ripley », « Le Talentueux M. Ripley » (1999) d’Anthony Minghella) ; etc.

 

Par des propos lénifiants sur l’amour, c’est toute une censure/indifférence homophobe sur le désir homosexuel qui est imposée. Et ça, c’est très inquiétant pour le futur des personnes homosexuelles, qui ne se verront bientôt plus reconnaître leur désir homosexuel, ni leur culture, ni leur légitimité à exister en tant que personnes homosexuelles, si ça continue. Qu’on ne s’étonne pas de la recrudescence des actes homophobes dans une société pareille où le discours bisexuel asexualisant (qu’on nous ordonne de nommer « amour ») a pignon sur rue !

 

L’un des points de réflexion que je trouve cependant intéressant dans ce chœur d’agneaux bêlants – même s’il est faux de l’interpréter ensuite comme une essence homosexuelle éternelle –, c’est quand certains personnages ou certains auteurs affirment que « les » homosexuels font partie d’une race à part appelée « les amoureux » : « Nous appartenons à la race d’Eros. » (Le Coryphée dans la pièce Les Oiseaux (2010) d’Alfredo Arias) ; « J’ai grandi dans le romantisme. » (Mme Garbo dans la pièce L’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer (1971) de Copi) ; « Le pire, c’est que votre caractère vous pousse à être amoureux. » (D’Albert à Alcibiade, dans le film « Le Chevalier de Maupin » (1965) de Mauro Bolognini) ; « Nous, les lesbiennes, on tombe toujours follement amoureuses. » (Océane Rose Marie dans son one-woman-show La Lesbienne invisible, 2009). À mon sens, ils touchent ici du doigt ce qui est l’une des caractéristiques les plus saillantes de la nature du désir homosexuel : c’est un désir sentimental et amoureux plus qu’un désir aimant. Dans son roman En l’absence des hommes (2001), Philippe Besson a bien choisi les mots qu’il prête à Proust pour illustrer ce que je viens de vous expliquer : « Je ne suis pas un amant, ne l’ai jamais été. Je suis un amoureux, véritablement. » (la figure de Marcel Proust, p. 93)

 

AMOUREUX 3 I Love you

Film « I Love You Phillip Morris » de Glenne Ficarra et John Requa


 

Dans l’amour homosexuel, le « désir d’aimer » semble l’emporter sur « l’amour en actes ». Par exemple, dans la pièce À partir d’un SMS (2013) de Silas Van H., Matthieu, le héros homosexuel, nous raconte sa love story, et surtout la courbe montante-descendante de ses sentiments ; d’ailleurs, c’est au moment où il se sent le plus in love de Jo (« Le top du ‘Je suis amoureux’. » dit-il) qu’il va finalement le tromper.

 

On reste sur le terrain des bonnes intentions, ou bien du rêve. C’est particulièrement perceptible dans les chansons de Mylène Farmer (« J’avais rêvé du mot aimer. », cf. la chanson « Rêver » ; « J’ai dans mon autre moi un désir d’aimer, comment l’oublier ? », cf. la chanson « Tous ces combats ») mais également dans d’autres œuvres très appréciées des personnes homosexuelles. Par exemple, c’est ce désir d’aimer que souligne le critique Bernard Urbani dans le discours de la manipulation amoureuse des deux héros bisexuels des Liaisons dangereuses (1782) de Laclos, la Marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont, qu’il décrit comme deux êtres « avides d’aimer », malgré leur cruauté effective (Bernard Urbani, « Le Couple libertin : Valmont, Merteuil », dans Pierre-Ambroise-François Choderlos de Laclos, Analyses et Réflexions sur Les Liaisons dangereuses de Laclos (1991), p. 78). Dans un élan très Walt Disney qui stipule que « tous nos rêves sont possibles à partir du moment où on y croit très fort », certaines personnages homos prônent la toute-puissance de la sincérité, sans penser une seule seconde que l’enfer ne fonctionne qu’à coup de bonnes intentions : « Une personne est d’autant plus authentique qu’elle ressemble à ce qu’elle a toujours rêvé d’être intensément. » (le transsexuel Agrado dans le film « Todo Sobre Mi Madre », « Tout sur ma mère » (1998) de Pedro Almodóvar) ; « La sincérité met fin à la paranoïa. » (cf. une phrase de la pièce Howlin’ (2008) d’Allen Ginsberg)

 

Par exemple, dans le film « La Mante religieuse » (2014) de Natalie Saracco, Greg, le héros homo, s’est fait vider son compte en banque par Igor, son amant qui lui a piqué sa carte de crédit… mais il continue de dire qu’il a aimé pour de vrai : « J’crois en la sincérité et la fidélité. »

 

Finalement, avec cette rhétorique de l’amour asexué (qui peut être homosexuel… ou pas), on se retrouve face à des personnages homosexuels hypocrites et lâches, qui nient la responsabilité et la réalité des actes sexuels qu’ils posent, ou bien qui mettent sur un piédestal tout désir humain (sans le définir, bien évidemment) à partir du moment où il est exprimé et qu’il est soi-disant individuel. Par exemple, dans le film « Cherchez Hortense » (2012) de Pascal Bonitzer, quand Jean-Pierre Bacri demande à Claude Rich « Papa, est-ce qu’il t’est arrivé de coucher avec des hommes ? », ce dernier lui répond : « Oui. Ça fait de moi un homosexuel ? » Tous les désirs se vaudraient, et donc ne mériteraient même plus d’exister. Quelques rares personnages homosexuels sentent le danger de ce discours bisexuel-asexué niant l’existence du désir homosexuel en eux : « Je sais que l’amour est important, je sais même que l’amour, c’est la preuve que l’homosexualité existe. Je sais tout ça. Non mais si j’y pense, n’importe qui peut baiser une bouche ou un cul, on s’en fout si c’est un mec ou une nana, genre derrière un glory hole. Donc oui, oui, je sais, l’amour c’est ce qui est le plus important. Mais chuis pédé, moi, pas hétéro. Je vais pas draguer quelqu’un. Sauf toi, peut-être ! » (Mike, le narrateur homosexuel s’adressant à Polly sa meilleure amie lesbienne, dans le roman Des chiens (2011) de Mike Nietomertz, p. 32)

 

 

Ce qui se passe en ce moment, c’est que le mot « amour » est sacralisé et préféré à Dieu même, universellement préféré à l’Amour même ! « Pour Bryan, faire l’amour, c’est le huitième sacrement. » (Tom parlant de son amant « catho », dans la pièce Les Vœux du Cœur (2015) de Bill C. Davis) Nous allons être de plus en plus confrontés à cet imbroglio, ce tour de passe-passe, ce décalage fusionnel (ce noeud!) entre mot et réalité, entre intention et amour, entre sincérité et Vérité, entre esprit et corps, entre enfer et paradis. « L’enfer, c’est l’absence d’amour. » (Bryan, idem)
 
 

FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION

 

PARFOIS RÉALITÉ

 

La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :

 

En général, la personne homosexuelle se qualifie d’« amoureuse » plutôt que de « personne aimante/aimée » ou de « personne homosexuelle », afin d’éviter de se définir, de regarder ses propres actes, et d’aimer sur la durée :

 

Dans les documentaires télévisuels, les débats publics, et les échanges sociaux informels, on retrouve sans arrêt cette emphase sur l’amour-sentiment supplantant complètement l’amour-engagement et la réflexion sur le sens du désir homosexuel : je vous renvoie par exemple au titre de l’émission homosexuelle (pardon… « gay friendly », il faut dire maintenant) Ce n’est que de l’amour sur la radio française RCN à Nancy (90.7 FM) ; à l’article « Si nous parlions d’Amour » (1999) de Marie-Jo Bonnet dans la revue Triangul’Ère 1 de Christophe Gendron ; ou bien encore au jeu télévisé français Les Z’Amours qui a accueilli pour la première fois de son histoire (le 11 juin 2009) un couple homosexuel ; etc.

 

AMOUREUX 4 Keith Haring

Tableau de Keith Haring


 

C’est drôle comme beaucoup de personnes homosexuelles se font une obligation de tomber amoureuses, comme pour rentrer bêtement dans le moule social de la princesse et du prince charmants (et surtout pour imiter leurs films !) : « Il fallait que je tombe amoureux. » (Hugo Marsan en parlant de sa jeunesse, lors de la 3e Journée Mondiale contre l’Homophobie, Paris, le 18 mai 2007) ; « Nous allons ensemble rire, pleurer, trembler, tomber amoureux-se-s. » (Antoine Quet dans le catalogue du 19e Festival Chéries-Chéris au Forum des Images de Paris, en octobre 2013, p. 9) ; « C’était un coup de foudre réciproque. » (Élisabeth par rapport à Catherine, dans le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz) ; etc. Elles n’ont toujours pas compris que le sentiment amoureux, sans la différence des sexes, est éphémère et souffrant par nature. « Tu fonces, tu t’enchaînes aux mêmes arbres qu’autrefois. Et tu sais déjà que tu vas souffrir, parce que tout te dit que ce sera plus compliqué que jamais… En un mot, tu es amoureux. » (Gaël-Laurent Tilium, Recto/Verso (2007), p. 162) L’état amoureux imposé par le capricieux Éros, et que beaucoup de personnes homosexuelles (célibataires, mais pas uniquement célibataires) rêveraient, dans leur incroyable naïveté, de retrouver comme si c’était le seul Nirvana qui existe sur Terre, n’est pas autre chose qu’un calvaire (si et seulement s’il n’est pas vécu dans l’Amour et canalisé par Lui !). Ce n’est pas pour rien que Marcel Proust parle, dans Sodome et Gomorrhe (1921-1933), des épuisantes « intermittences du cœur » (p. 21) que le grand huit des sentiments (homosexuels comme hétérosexuels) nous fait vivre façon looping ! Dans le documentaire « Charles Trénet, l’ombre au tableau » (2013) de Karl Zéro et Daisy d’Errata, quand on demande à Charles Trénet s’il a connu l’amour vrai, il répond : « J’étais trop amoureux pour me fixer. J’ai eu juste DES amours. » En vrai, ce n’est pas une partie de plaisir que d’être amoureux sans être aimant : « Je suis heureux, ce matin. Insatisfait. J’ai retrouvé un état amoureux, l’état brut qui est de front celui de dépit et de révolte. » (le juge Kappus dans le roman Portrait de Julien devant la fenêtre (1979) d’Yves Navarre, p. 13) ; « J’étais aveugle et amoureux. Les gays adorent vivre des histoires d’amour éternelles de trois jours. Alors je fais comme tout le monde, j’adore ça. » (Ashe dans le roman Riches, cruels et fardés (2002) d’Hervé Claude, p. 248). La passion peut même rendre fou, et nous anesthésier partiellement, au point de nous décourager d’aimer vraiment : « J’étais devenu un zombie. Un fou dans la nuit. Un mystique de l’amour. Un amoureux éconduit. » (Abdellah Taïa, Une Mélancolie arabe (2008), p. 53)

 

AMOUREUX 9 Kang

B.D. « Kang » de Copi


 

La grande majorité des personnes homosexuelles, incapables de faire la différence entre « être amoureux » et « aimer » (car notre société ne les y aide pas, il faut bien le dire !), se qualifient d’« amoureuses » : « Je mets du sentiment partout. » (Frédéric Mitterrand, La Mauvaise Vie (2005), p. 315) ; « Je suis un grand amoureux. » (Étienne Daho dans la revue Têtu, n°127, novembre 2007, p. 32) ; « Le monde me transforme en amoureux. » (Christophe Honoré, Le Livre pour enfants (2005), p. 96) ; « J’aimais tellement être amoureuse. » (une témoin lesbienne de 70 ans, dans le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz) ; « Moi, je suis une romantique et je suis une grande amoureuse. » (Nina Bouraoui dans l’émission Culture et Dépendances diffusée le 9 juin 2004 sur la chaîne France 3) ; « Elle a fait de moi un être éternellement amoureux. » (Julien Green, en parlant de sa mère, dans l’émission Apostrophe diffusée le 20 mai 1983 sur la chaîne Antenne 2) ; « Je me savais incurablement sentimentale. » (Paula Dumont, La Vie dure : Éducation sentimentale d’une lesbienne (2010), p. 190) ; « Nijinski attache une grande importance aux mots ‘sentiment’, ‘sentir’ et ‘ressentir’. » (Christian Dumais-Lvowski, dans l’avant-propos du journal Cahiers (1919) de Vaslav Nijinski, p. 20) ; « Bonjour je m’appelle Jérémy Patinier, je ne vais pas vous raconter de conneries mais je vais vous parler d’amour. J’ai été amoureux 4 fois déjà. Ça a duré un an et demi, 6 mois et 2 fois 3 mois. Ça fait deux ans et demi en tout. J’ai 27 ans et 6 mois, j’ai calculé ça fait 10 037 jours. Bon j’arrondis à 10 000 jours si on enlève le début, la fin et les jours où on se déteste : ça fait 12% de ma vie à être amoureux. » (L’auteur de la pièce Les Hommes aussi parlent d’amour, 2011, Incipit) ; « Je suis amoureux. Amoureux de l’amour. » (le chanteur Stéphane Corbin, lors de son concert Les Murmures du temps au Théâtre de L’île Saint-Louis Paul Rey à Paris, en février 2011 ; il dit d’ailleurs que son album Les Murmures du temps a été « créé dans l’esprit amoureux, à écouter des chansons nostalgiques ») ; « J’étais déjà amoureux avant même de l’accueillir à sa descente du train. […] Yann était devant moi, beau et aussi gauche que moi. Mon premier réflexe a été de l’emmener contempler la mer Méditerranée. Nous nous sommes promenés, nos doigts s’effleurant comme par mégarde. Nous avons flirté tout l’après-midi comme deux adolescents connaissant leurs premiers émois. » (Jean-Michel Dunand, Libre : De la honte à la lumière (2011), pp. 83-84) ; etc.

 

L’écrivain Christophe Bigot, lors de la Conférence « Différences et Médisances » autour de la sortie de son roman L’Hystéricon, à la Mairie du IIIe arrondissement, le 18 novembre 2010, affirme qu’il s’est identifié très jeune à la figure romantique du procureur Camille Desmoulins : « Il est jeune, courageux, fougueux, c’est un amoureux. J’ai voué un culte à Camille Desmoulins pendant toute mon adolescence. » À l’occasion, on découvre que l’adjectif « amoureux » n’est en général qu’une pompeuse poétisation/romantisation de la pulsion génitale la plus vile et la plus égoïste (= je bande, je suis excité, DONC je tombe amoureux et j’aime !) : « Selon moi, le rapport que nous devons avoir à l’égard de nous-mêmes, lorsque nous faisons l’amour, est une éthique du plaisir, de l’intensification du plaisir. » (Michel Foucault, « Une Interview de Michel Foucault par Stephen Riggins », 1983, dans Dits et Écrits II, 1976-1988 (2001), p. 1355) Le Bonheur et le Plaisir sont les moteurs du discours libertin : « Il y a un pédagogue chez chaque libertin. En effet le Bonheur, valeur suprême que la philosophie des Lumières substitue au principe traditionnel et religieux de Salut, se définit dans la pensée libertine en termes d’activité et d’intensité. » (Béatrice Bonhomme, « Commentaire de la Lettre XLVIII », dans Pierre-Ambroise-François Choderlos de Laclos, Analyses et Réflexions sur Les Liaisons dangereuses de Laclos, Éd. Marketing, Paris, 1991, p. 75). Selon les amoureux homosexuels, l’Homme ne serait qu’une marionnette offerte en holocauste à l’Amour. On ne pourrait pas comprendre l’Amour, puisqu’Il serait inintelligible, inattendu, accidentel, despotique : « L’histoire qu’on se raconte est singulière. Elle tient à peine compte de l’identité des partenaires, des relations que l’on a avec telle personne, du fait que l’on soit ou non amoureuse de quelqu’un de précis à ce moment-là. C’est un état de désir diffus, imprévisible, qui vous tombe dessus parce que le soleil, parce que la vie… » (Cathy Bernheim, L’Amour presque parfait (2003), p. 173) On nous fait croire que l’amour vrai n’est qu’une affaire de jolies intentions (et non d’actes et d’engagement concret), qu’un arrangement privé à deux, et qu’à partir du moment où les deux parties qui se mettent en couple sont apparemment consentantes (mais sont-elles si libres qu’elles le disent ?), adultes, et vaccinées, leur amour serait indiscutable. « Le désir justifie tout, pourvu qu’il soit partagé. » (idem, p. 191) « Ce qui compte, c’est la relation. […] Le critère éthique fondamental, qui relativise les différences, est celui de la qualité intérieure de la relation. » (Isabelle Graesslé, Pierre Bühler et Christoph D. Müller, Qui a peur des homosexuel-les ? (2001), p. 179) Le mythe du consentement mutuel – qui stipule qu’une action devient juste et aimante à partir du moment où elle est voulue par plus d’une personne ( = « on va voir ailleurs… mais c’est rien puisqu’on s’dit tout ») – n’est absolument pas remis en cause, alors que, dans les faits, on peut très bien agir mal à deux, au-delà des sincérités, des promesses, de la communication dans le couple.

 

L’éloge idolâtre du sentiment amoureux s’accompagne d’ailleurs très souvent d’une forme d’auto-mépris chronique de l’amour-sentiment, forcément. C’est parce qu’on n’y croit trop, et qu’on en fait un mauvais usage, que les sentiments peuvent nous tromper ! : « Je ne veux plus jamais tomber amoureux. » (Alexandre Delmar, Prélude à une vie heureuse (2004), p. 170) Les plus romantiques des sentimentaires homosexuels sont ceux qui dénoncent chez les autres la naïveté et l’idéalisme des contes de fées dans lesquels ils s’enferrent pourtant à pieds joints eux-mêmes, parce qu’ils n’ont rien compris à l’Amour vrai. L’Amour, ce n’est pas comme dans les contes de fée : c’est mieux, et plus grave, que les contes de fées ! C’est par excès de romantisme que nous arrivons à être déçus par ce que nous croyons être « de l’amour » : non parce que nous aimons vraiment.

 
AMOUREUX 5 L'amour n'a pas de sexe
 

Dans l’amour homosexuel, le « désir d’aimer » semble l’emporter sur « l’amour en actes » : « C’est vers seize ans que survint le premier flot qui me jeta par dessus bord. Depuis longtemps existait en moi un inconscient désir d’aimer. » (Jean-Luc, 27 ans, homosexuel, dans l’essai Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970) de Jean-Louis Chardans, p. 80)

 

Je suis persuadé que c’est parce que les personnes homosexuelles ne croient plus en l’amour qu’elles le chantent à tue-tête. Pour cacher leur dépression et les détournements de l’amour qu’elles opèrent, elles se mettent à défiler sous les bannières de l’optimisme en forme de cœur ou d’arc-en-ciel. Et ce remplacement de l’Espérance (= lire tous les événements concrets de la vie humaine à la lumière de la Victoire de la Vie sur la mort, à travers la Croix du Christ) par l’optimisme ( = voir le monde avec des lunettes roses) est vraiment pathétique. Ça y est ! Je crois qu’on peut le dire : Les Bisounours homosexuels (déprimés mais « optimistes ») sont là ! Ils ne croient pas en l’Amour unique et éternel, mais en l’amour-sentiment, merveilleux et éphémère à la fois. « Aime comme tu veux ! » signalent leurs banderoles de Gay Pride (cf. arborées au défilé parisien de 1986). En réalité, derrière l’argument de l’amour, la motivation de beaucoup de militants homosexuels est prioritairement légaliste et matérialiste, ne nous leurrons pas : « On veut être reconnus comme une famille par la loi, pas que par les cœurs. » (Francine et sa compagne Karen, dans le documentaire « Des filles entre elles » (2010) de Jeanne Broyon et Anne Gintzburger)

 

La justification de l’homosexualité par « l’amour » est totalement de mauvaise foi, mais semble dans un premier temps, il faut le reconnaître, vraiment efficace et incontestable, d’une part parce qu’elle touche la corde sensible de notre compassion, et d’autre part parce que l’Amour vrai, même s’Il s’éprouve concrètement sur la durée, dans la patience et la persévérance, ne se prouvera et ne s’imposera jamais : Il est l’Amour même (et la Liberté qui va avec) !

 

AMOUREUX 6 Pour la vie

 

Votre attention, s’il vous plaît ! La Miss France homosexuelle a un message capital à nous délivrer : « Vive la liberté, la vie, la différence, la grâce, le respect… » (Clémentine Célarié dédicaçant maternellement la revue Triangul’Ère 3 (2001) de Christophe Gendron, p. 778) ; « Je réclame la liberté générale des mœurs, de tout ce qui ne nuit pas à la tranquillité, à la liberté, au bonheur du prochain. » (Claude Cahun citée par Catherine Gonnard, article « Claude Cahun », dans le Dictionnaire des Cultures gays et lesbiennes (2003) de Didier Éribon, p. 91) ; « Seul l’amour peut légitimer les actes sexuels consentis sans violences. » (le docteur Ramón Serrano Vicens, cité dans l’essai El Látigo Y La Pluma (2004) de Fernando Olmeda, p. 160) ; Les militants de l’association gay basque Xente Gai Astur veulent « construire une société plus juste et meilleure pour tous les êtres humains » (cf. Fernando Olmeda, El Látigo Y La Pluma (2004), p. 322) ; « Jocelyne François ne se veut pas la porte-parole d’une quelconque cause. Pour elle, il s’agit de dire l’évidence : l’amour, et sa singularité. Un ton qui rompt définitivement avec tous les poncifs et les stéréotypes d’une homosexualité subie ou transgressive, en se voulant essentiellement à l’écoute d’une histoire personnelle, celle de sa rencontre avec la peintre Marie-Claire Pichaud. Son œuvre reste surtout une invitation à aller jusqu’au bout de soi et de ses bonheurs. » (cf. l’article « Jocelyne François » de Catherine Gonnard, dans le Dictionnaire des Cultures gays et lesbiennes (2003) de Didier Éribon, p. 201) « En conclusion, je pense que nous recherchons tous, hétéros ou gays, le bonheur, l’amour, la liberté de vivre la vie que l’on a choisie. Il n’y a donc pas de différence. Je souhaite de tout cœur que les homos puissent vivre leur vie dans la paix, la reconnaissance et la sécurité. » (cf. lu dans la revue Têtu, juillet/août 2002) Oui, en effet, le bonheur, comme le répète le monde magique de la publicité, c’est d’être soi-même, de s’écouter, de penser à soi, … et, comme dirait le bobo, d’« être vivant » et d’« avoir aimé (malgré tout) ». De chanter la vie, de danser la vie (= de vivre pour sa gueule, en gros). Et surtout, surtout, de ne pas juger (comprendre = « faire marcher son sens critique ») : « Pour moi l’homosexualité est une chose normale. Je ne vois pas du tout au nom de quoi est-ce qu’on juge l’autre. Son corps, mon corps est à moi. Votre corps est à vous, j’espère. Nous avons le droit d’en faire… à peu près, ce qu’on veut. La seule chose qui soit interdite, c’est la mauvaise foi, le mensonge et le meurtre. Tant qu’on ne porte pas ombrage à la liberté de l’autre, on a le droit d’être libre. » (Juliette Gréco dans le documentaire « Sex’n’Pop, Part I » (2004) de Christian Bettges) C’est vrai, tout ça. Il ne faut pas oublier non plus de dire que « L’Important, c’est la communication et les échanges ». C’est important, ça. Ben oui : on reçoit beaucoup plus que ce qu’on donne. C’est Lorie, la grande philosophe, qui l’a dit. Et c’est capital de rappeler que l’amour n’a pas de règle ni de limites, parce que l’Amour est transcendant : Il est partout, même là (surtout là !) où on ne s’y attend pas, … où notre désir n’y est pas, où on ne veut pas s’investir librement.

 

Miss France a encore un mot à nous dire sur le mariage gay, peut-être ? Oui, il faut en effet lutter contre les préjugés sur les homos, c’est vrai (c’est quoi, un « préjugé », au fait ?). Et lancer le Kiss-ing de l’amour obligatoire à la Gay Pride ! pour expliquer au monde entier que « les homos sont faits pour le mariage ! » (dixit Arielle Dombasle dans la revue Têtu, juin 2011) Voilà. Ça, c’est fait. Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, tout le monde il aime ! Tout ça, C’EST LA VIE ! « Tu s’ras bien avec tes deux mamans. Avec le p’tit Raphaël, on fonde une famille. On peut tout à fait vivre une relation homo avec un p’tit bébé. Ça me paraît complètement naturel. Voilà, quoi. C’est la vie. » (une maman lesbienne juste après la naissance de son fils, dans l’émission Ça se discute diffusée le 18 février 2004 sur la chaîne France 2) Les couples homos, en résumé, pas besoin de se prendre la tête, « C’est juste de l’amour quoi. » (Jeanne Broyon par rapport à l’amour lesbien, dans le documentaire « Des Filles entre elles » (2010) de Jeanne Broyon et Anne Gintzburger ; d’ailleurs, pendant un kiss-ing parisien, la réalisatrice se ballade justement avec un ballon gonflé en forme de cœur, marqué « Action Bisounours ». CQFD) Euh… Une dernière petite question perso : On est vraiment obligé d’applaudir ?

 

AMOUREUX 7 Bisounours

Les « fameux » Bisounours


 

Quand on regarde les mots de la Miss France tout-sourire d’un peu plus près, on y découvre toujours le même discours homophobe prônant une diversité-rouleau-compresseur égalitiste : « Dès qu’il y a de l’amour, qu’il soit hétéro, homo, bi, trans, c’est une occasion de fête et de joie. Et je trouve ça magnifique ! » (Linda Troller dans le documentaire « 68, Faites l’amour et recommencez ! » (2008) de Sabine Stadtmueller) ; « C’est pas le mariage homo. C’est le mariage tout court. » (Marion, la sœur de Guillaume, son frère homo en couple avec Patrick, dans le documentaire « Homos, et alors ? » de Florence d’Arthuy de l’émission Tel Quel diffusée le 14 mai 2012 sur la chaîne France 4) ; « Homo, hétéro, il n’y a pas fondamentalement de différence. L’amour entre deux personnes, avec un grand A, c’est le même. » (Violaine citée dans la revue Têtu, n°130, février 2008, p. 81) ; « À travers ce film, j’ai essayé de dire que l’amour reste éternel en dépit des difficultés que la société impose aux amoureux. Homos ou pas ! C’est pour moi une façon de rendre hommage à ceux qui s’aiment et expriment leur amour comme ils le sentent. » (Mohamed Camara à propos de son film « Dakan » (1997), dans Arte Magazine, le 15 juillet 2000) ; etc.

 

Voici le discours typiquement bisexuel de l’irresponsabilité des libertins « gays friendly » : « Tu sais, cariño, un jour, tu vas tomber amoureux. Si c’est un garçon, t’es homo. Si c’est une fille, t’es hétéro. […] Je me suis tapée toutes les filles de ma promo. Ça n’a pas fait de moi une lesbienne ! » (une des tantes de Guillaume, le héros bisexuel, prise en flagrant délit de déni de responsabilité, dans le film « Guillaume et les garçons, à table ! » (2013) de Guillaume Gallienne) Et tout le monde a « adoooré » la « nouveauté » qu’aurait représentée ce film « Guillaume et les garçons, à table ! »… J’avais beau leur dire : « Mais non, c’est pas un film novateur ni positif pour les personnes homosexuelles. Malgré les apparences, il n’est pas un progrès du tout. C’est un film homophobe qui banalise et ignore la pratique homosexuelle en même temps que les personnes. », je n’arrivais pas à me faire entendre…

 

Les Queer & Gender Studies, derrière un discours évasif sur les bienfaits des différences (qu’elles nient concrètement, à commencer par la différence des sexes !), tentent d’imposer un dangereux flou artistique sur la recherche du sens de la sexualité, des corps naturels, et de l’Amour, une recherche qui, inutile de le rappeler, garantie le respect des personnes et de notre société : « Les contours d’une nouvelle forme de sexualité ne peuvent pas être connus, il appartient, à chacun de nous de le déterminer. […] Les êtres humains s’arrangent à leur façon de la reproduction et de la production, des différences sexuelles et de l’érotisme ; ils font aussi leur propre histoire du plaisir et du bonheur. […] La recherche du bonheur au XIXe siècle dépend de vous. » (Jonathan Ned Katz, L’Invention de l’hétérosexualité (2001), pp. 181-183) ; etc. Leur défense de l’amour est particulièrement sentimentaliste et anti-naturaliste : « Aujourd’hui, la signification de la sexualité ne se situe plus exclusivement dans le corps mais dépend de l’usage que l’on en fait. » (idem, p. 176) Ce sont les instincts et les pulsions animales (les penseurs queer diront « envies » ou « amour » pour édulcorer leur violence) qui sont mis en avant, voire imposés : « Le sexe est une pulsion humaine fondamentale qui ne peut être bridée. Toutes les tentatives pour le contrôler ou le réglementer ont échoué. L’amour ne connaît pas de verrous. » (Terry Sanderson, Gay Kâma Sûtra (2003), p. 8) À travers un réquisitoire archi-appris sur l’amour (l’amour dont paradoxalement on ne dit rien ! on se contente généralement de nous l’exhiber sans légende), derrière des mots énigmatiques et ésotériques berçant notre douilletterie, se cache une redoutable censure sur l’homosexualité : « Le Vatican s’oppose à l’amour ! » (Don Barbero, prêtre gay friendly dénonçant la position de l’Église catholique lors du vote de la loi DICO en Italie en 2003, dans le documentaire « Homophobie à l’italienne » (2007) de Gustav Hofer et Luca Ragazzi) ; « L’homosexualité ne m’intéresse pas comme sujet de cinéma. Ce qui m’intéresse, c’est l’intimité des personnages. » (Gaël Morel cité par Cyril Legann, « Gaël et son clan », dans la revue Illico, 10 juin 2004) ; « Je ne fais aucune différence entre l’hétérosexualité, la bisexualité et l’homosexualité. L’amour, c’est être consumé par un feu intérieur, qui vous emmène loin. Tout le monde a raison, tout le monde fait le bon choix, personne n’a à s’interposer quand il s’agit d’amour. […] Quant à l’homoparentalité, je ne vois pas le problème, si problème il y a. Peu importe la sexualité des parents, l’amour doit être au centre de la famille. Je suis pour le bonheur et la félicité. » (Étienne Daho cité dans la revue Têtu, n°127, novembre 2007, p. 34) ; « Du moment qu’il y a de l’amour et de l’éducation… » (cf. une phrase d’un défenseur du « droit à l’enfant » pour les couples de même sexe, dans la série d’émissions 7 minutes pour une vie, « Homoparentalité : Le Parcours de deux mamans et deux papas » dans Le Magazine de la Santé, diffusé sur la chaîne France 5, décembre 2009) ; « J’ai pas vraiment envie d’en parler. C’est un film d’amour, voilà. Souvent, mes films ne traitent pas directement d’homosexualité. » (François Zabaleta juste avant la projection de son film « Le Cimetière des mots usés » (2011) de François Zabaleta, au 17e Festival Chéries-Chéris d’octobre 2011, au Forum des Images de Paris) ; etc.

 

Par exemple, dans le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz, le papy homosexuel fermier de 83 ans compare le fait d’aimer le vin avec l’homosexualité: « Il s’agit d’aimer. », mais on voit qu’il impose une censure sur sa propre homosexualité : « Je suis né comme ça. Je suppose. Je ne me pose pas la question. C’est, je pense, l’intérieur qui commande. »

 

Certains amants homosexuels, dans un élan d’irresponsabilité puéril et homophobe, vont même jusqu’à nier leur désir homosexuel, leurs actes, leur orientation homosexuelle, leur culture, leurs amis homos, leur communauté sexuelle d’adoption, parfois même renier leur propre compagnon, pour satisfaire ce discours social insipide sur la sexualité : « Si l’on me presse de dire pourquoi je l’aimais, je sens que cela ne peut s’exprimer qu’en répondant : parce que c’était lui, parce que c’était moi. » (Montaigne au sujet de La Boétie, cité dans le roman Parce que c’était lui (2005) de Roger Stéphane, p. 37) ; « La conduite sexuelle entre deux hommes a peu ou rien à voir avec l’identité ‘homosexuelle’. » (Neil McKenna, On The Margins (1996), p. 12, cité dans l’essai Historia De La Literatura gay (1998) de Gregory Woods, p. 312) ; « Je ne pensais pas devoir décrire mon protagoniste en tant qu’homosexuel ou hétérosexuel. Pour moi, il est queer. Dominik n’a pas besoin de se décrire. » (Jan Komasa, le réalisateur du film « Sala Samobójców », « Suicide Room » (2011), s’exprimant sur la plaquette du 17e Festival Chéries-Chéris, le 7-16 octobre 2011, au Forum des Images de Paris) ; « Je ne suis pas lesbienne ; j’aimais Thelma. » (Djuna Barnes à propos de sa relation orageuse avec la sculptrice Thelma Wood, citée dans le Dictionnaire gay (1994) de Lionel Povert, p. 76) ; « Moi je ne lutte pas pour être homosexuel. Je lutte pour être moi et pour être une personne. Moi je crois aux personnes, pas à l’homosexualité. On ne doit pas te coller une étiquette parce que tu te mets avec un mec ou une nana. » (Fernando Olmeda, El Látigo Y La Pluma (2004), p. 265) ; « Ce n’est pas important d’être gay… ou important d’être blanc… ou important d’être noir. L’important, c’est d’être soi. » (James Baldwin en mai 1986, cité dans le Dictionnaire gay (1994) de Lionel Povert, p. 72 ; « J’ose espérer à l’avenir qu’on ne parlera plus d’orientation sexuelle, que ça deviendra juste un fait naturel. » (une femme trentenaire lesbienne dans le documentaire « Coming In » (2015) de Marlies Demeulandre) ; etc.

 

Pour faire contrepoids à ce discours fleur bleue senteur lavande puant, je ne peux m’empêcher de citer les quelques mots de Pascal Bruckner sur l’individualisme infantile, dans La Tentation de l’innocence (1996) : « L’individualisme infantile est l’utopie du renoncement au renoncement. Il ne connaît qu’un mot d’ordre : sois ce que tu es de toute éternité. Ne t’embarrasse d’aucun tuteur, cultive et soigne ta subjectivité qui est parfaite du seul fait qu’elle est tienne. Ne résiste à aucune inclination car ton désir est souverain. Tout le monde a des devoirs sauf toi. », p. 106).

 

Le plus fascinant dans tout ce processus contemporain de bisexualisation du concept d’homosexualité, c’est que nous sommes en train de revenir inconsciemment aux fondamentaux historiques homophobes du désir homosexuel, à l’époque (fin du XIXe siècle) où les nomenclatures « les homosexuels » et « les hétérosexuels » s’appliquaient exactement aux mêmes individus : les personnes bisexuelles qui ne voulaient pas s’engager en amour. Une époque, d’ailleurs, où les personnes homosexuelles étaient particulièrement persécutées. Aujourd’hui, c’est la même chanson. On veut, en mettant à mort la réflexion sur le désir homosexuel, faire table rase sur l’horizon symbolique de la sexualité humaine au sens large. Le désir homosexuel est réduit à une pratique génitale (à ne pas analyser), et n’est plus reconnu en tant que désir (la seule chose dont on est sûr qu’il est). On ne doit même plus dire « amour gay », sinon, on se fait taper sur les doigts ! L’« amour gay », c’est de l’Amour-tout-court, voyons ! Pourquoi instaurer des « catégories d’amour », enfin !?! Je perçois cette tyrannie homophobe dans les propos pourtant bateau et désinvoltes d’un écrivain comme Christophe Donner : « Ma nature est d’être amoureux, d’être sensuel, d’être excité, de sucer, d’enculer mais pas d’être homosexuel » (l’écrivain Christophe Donner). La censure actuelle sur l’homosexualité, le refus de se définir comme une personne homosexuelle, ou de seulement parler de l’amour/désir spécifiquement « homosexuel », ne préfigure rien de bon pour la communauté homosexuelle à venir…

 

AMOUREUX 8 Peace

 

Ce phénomène de censure concernant la question gay est extensible à la société entière, malheureusement. C’est sur le sens de la sexualité humaine et de l’Amour qu’il faudrait s’attarder, en réalité ; sur les fondamentaux. On n’a jamais entendu parler autant d’Amour dans nos médias qu’aujourd’hui, … et pourtant, on l’a jamais aussi peu mis en pratique ni expliquer ! « On respecte les façons diverses d’aimer. » (Christian Flavigny, pédopsychiatre « catholique », dans l’émission « Sans langue de buis » consacrée aux États Généraux de la bio-éthique, diffusée le 12 janvier 2018 sur la chaîne KTO) Pour revenir sur le cas de la communauté homo, qui n’est que la partie visible de l’iceberg de l’Ignorance sociale sur l’Amour, ce qui surprend le plus, c’est de voir le degré de violence et de haine que les défenseurs de l’amour gay, qui n’ont pourtant que les mots « amour » et « respect » à la bouche, sont capables de mobiliser pour justement défendre leur conception très personnelle et discutable de l’Amour. Ne voyant leurs actions qu’à travers le prisme de leurs bonnes intentions, il semble difficile à la majorité des personnes homosexuelles de mesurer que ce n’est pas les valeurs en elles-mêmes qu’elles désirent mettre sincèrement en pratique dans leurs amours qu’elles doivent remettre en cause (« s’accepter soi-même », « défendre la diversité », « accueillir la différence », « aimer l’autre de tout son cœur et tel qu’il est », etc.), mais le détournement qu’elles en font. Par exemple, la générosité n’a jamais impliqué de se laisser vider son compte en banque par son amant ; l’amour de la beauté n’a jamais imposé la soumission au sexe ; l’acceptation de soi n’a jamais demandé la caricature du coming out ; etc. La communauté homosexuelle toute entière a du mal à saisir que l’amour n’est pas que l’intention d’aimer, et que, comme le dit le fameux adage, « l’enfer est pavé de bonnes intentions ».

 

Je vois d’ici certains lecteurs interpréter mon cynisme par rapport à l’amour gay comme une forme d’aigreur personnelle qui relèverait de la jalousie enfouie, ou du refus gratuitement méchant de cautionner le discours social actuel sur la beauté des couples homos. On ne sait pas pourquoi, mais bon, ça me ferait naturellement mal de voir un couple homo vraiment heureux ; ça m’écorcherait la bouche de l’avouer, mais le « bonheur des autres » me débecterait… Je leur réponds tout de suite que, pour l’instant, et depuis un certain moment déjà (surtout depuis que je ne suis plus homosexuellement amoureux, tiens ! comme par hasard ! et que je ne crois plus en cette soupe guimauve qu’on nous force à avaler comme du petit lait), je vais très bien. C’est parce que je ne me fais pas/plus avoir par la chansonnette des amoureux homosexuels que je peux dire haut et fort que ça fait du bien d’être au régime ! 😉 Et que ça fait du bien aussi de dénoncer ce qui se cache de franchement révoltant derrière le vernis de bien-pensance qui recouvre la communauté gay (et pas que la communauté gay : toute la société) D’autres personnes homos, prétendant vivre en ce moment le « Big Love » avec leur partenaire, me soutiendront que c’est plutôt mignon de se définir comme « amoureux ». En apparences, en tout cas. Mais ce qui est gênant, c’est ce que cette méga propagande publicitaire en faveur de l’amour, lancée par la communauté homosexuelle, cache une censure sur les pratiques dites « amoureuses » et sur la réflexion à propos de l’Amour, précisément.

 

Je le crois de plus en plus. Le désir homosexuel n’aide pas les individus qu’il habite à se poser la question de leurs désirs profonds. Il faut toute une vie à un Homme pour apprendre à aimer. Mais bien souvent, les personnes homosexuelles, en croyant aimer mieux que les autres qui les auraient si mal reconnues, se pensent exemptées du travail d’apprentissage collectif et patient de l’amour, si bien qu’elles arrivent souvent précipitamment sur le terrain des relations amoureuses en ayant grillé certaines étapes et sans connaître les règles de base du jeu aimant respectueux. On le constate très clairement dans les fictions et dans les faits. « Moi, je ne sais plus dire ces choses-là. » (Charlotte incapable d’assurer un « je t’aime » à Mélodie, dans le film « À trois on y va ! » (2015) de Jérôme Bonnell) ; « Moi, j’ai jamais réussi à être en entier à quelqu’un. » (Charlotte à la fin du film, idem) ; « J’ai des difficultés pour aimer. » (Monique, témoin homosexuelle dans le documentaire « Coming In » (2015) de Marlies Demeulandre) ; « Le problème, c’est que tu n’aimes que toi. » (Adrien s’adressant à Louise, le personnage trans M to F, dans le téléfilm « Louis(e) » (2017) d’Arnaud Mercadier) ; « J’connais beaucoup d’hommes qui ont aimé mon frère, enfin… qui croyaient l’aimer. » (Hall par rapport à son frère homo Arthur, dans le roman Harlem Quartet (1978) de James Baldwin, mis en scène par Élise Vigier en 2018) ; etc.
 

Par exemple, dans le film « Tableau de famille » (2002) de Ferzan Ozpetek, Antonia répète à trois reprises à Michele, l’amant de son mari, une phrase à laquelle celui-ci ne sait pas quoi répondre tellement elle est juste : « Tu ne sais pas aimer ! » Dans le film « Benjamin » (2018) de Simon Amstell, Benjamin, le héros homosexuel, avoue « son incapacité à aimer ». On retrouve cette idée dans la pièce Une Cigogne pour trois (2008) de Romuald Jankow (« Ça ne durera pas, votre histoire à Paul et à toi, parce que toi, tu ne sais pas aimer. » dit Marie à Sébastien), dans la chanson « La Vie continuera » d’Étienne Daho (« Aimer tu ne sais pas. »), dans la pièce Angels In America (2008) de Tony Kushner (« Tu ne sais pas aimer ! » crie Prior à son amant Louis), dans le film « L’Inconnu du lac » (2012) d’Alain Guiraudie (« Vous avez une drôle de façon de vous aimez. » déclare l’Inspecteur à Franck), dans la pièce Un Tango en bord de mer (2014) de Philippe Besson (« On s’est mal aimés, toi et moi. » constatent Vincent et Stéphane), dans la pièce Mon Amour (2009) d’Emmanuel Adely (« Tu sais rien de l’amour, toi. » signale Franck à son mec), dans la chanson « Tu ne sais pas aimer » de Damia, dans le film « Un Mariage de rêve » (2009) de Stephan Elliot (« Tu ne sais pas aimer. » déclare Larita à John), dans la pièce Quand mon cœur bat, je veux que tu l’entendes… (2009) d’Alberto Lombardo (« Tu ne m’as jamais aimé. T’es incapable de partager une vraie relation. » dit Arnaud à Mario), dans la pièce Sugar (2014) de Joëlle Fossier (« C’est terrible de s’apercevoir qu’on aime si mal la personne qu’on aime. » déclare Georges, le héros homosexuel faisant son autocritique dans sa relation coûteuse avec William), dans le one-man-show L’Arme de fraternité massive ! (2015) de Pierre Fatus (« Pour l’amour, je ne suis pas diplômé. On m’a pas appris à aimer. »), dans le film « La Belle Saison » (2015) de Catherine Corsini (« T’as pas de cœur, Delphine. » déclare Carole à son amante), dans le film « Plaire, aimer et courir vite » (2018) de Christophe Honoré (« Je sais pas être avec quelqu’un. Je ne sais qu’être seul. »dit Jacques à son amant Arthur), etc. Par exemple, dans le film « Facing Mirrors : Aynehaye Rooberoo » (« Une Femme iranienne », 2014) de Negar Azarbayjani, Adineh l’héroïne transsexuelle F to M déclare à Rana la femme mariée qu’elle n’a jamais aimé : « Ça fait quoi d’aimer quelqu’un ? » Question qui étonne Rana : « Tu n’as jamais été amoureuse. » Et dans la vie réelle, même chose. Il suffit de regarder la majorité des individus homosexuels (ou hétérosexuels) gérer leurs aventures sentimentales pour se rendre compte que, quoi qu’ils en disent, il n’y a pas de place pour un conjoint dans leur vie, et qu’ils ne se sont pas encore assez préparés à l’accueil de l’amour. Ils sont d’ailleurs les premiers étonnés de constater, une fois « casés », que non seulement rien n’a changé à leur insatisfaction d’être et d’aimer, mais qu’ils se sentaient mieux célibataires qu’aussi mal accompagnés. Quand nous voyons la plupart d’entre eux s’amouracher de n’importe qui à n’importe quel moment, pour finir déçus ou détruits les trois-quarts du temps, on a de quoi de penser qu’ils n’ont pas suffisamment compris comment il fallait s’y prendre en amour. Je suis certain qu’ils sauraient aimer de manière plus mûre dans d’autres circonstances et structures conjugales que les couples hétérosexuel et homosexuel : ils aiment mal (ou « moyen ») seulement quand ils s’obstinent à vouloir aimer à travers le modèle du couple fusionnel androgynique et en dehors de la différence des sexes.

 

Pour accéder au menu de tous les codes, cliquer ici.

 

Code n°98 – Innocence

Innocence

Innocence

 
 

NOTICE EXPLICATIVE :

 

Qui veut faire l’innocent fait le coupable

 

Vidéo-clip de la chanson "Sans contrefaçon" de Mylène Farmer

Vidéo-clip de la chanson « Sans contrefaçon » de Mylène Farmer


 

En écho à l’essai La Tentation de l’innocence de Pascal Bruckner (un livre que j’aime beaucoup), je vais traiter ici du code de l’innocence dans les œuvres homosexuelles, c’est-à-dire de toutes les fois où les personnages homosexuels se représentent comme des anges, se rêvent sans taches et sans blessures, et ceci de manière presque inversement proportionnelle à leur pureté effective puisqu’en général ils sont (ou se sentent) coupables d’un viol qu’ils ont subi (ou qu’ils ont fait subir). Ce qui est pratique avec l’innocence, même si le pacte qu’elle nous propose est objectivement odieux, c’est qu’elle nous propose d’être éternellement blanchis, d’être des légumes insensibles et en bonne santé ou bien des zombies bienheureux baignant dans une complète béatitude immatérielle, à condition que nous cédions notre liberté. Et c’est en effet une vraie tentation humaine que l’évitement de la souffrance et de la culpabilité à tout prix, surtout dans les moments où notre responsabilité nous pèse comme un joug parce que nous avons mal agi. Ce fut la tentation du diable, c’est dire ! Alors vive la vieillesse, la fatigue de l’engagement, la lourdeur de notre condition humaine, l’exigence de nos idéaux, les merdes qui nous arriveraient à cause de notre liberté ! Les personnages homosexuels, en pleurant l’époque irréelle où ils auraient été Adam et Ève tout à la fois, nous rappellent combien il est douloureux de délaisser ses idéaux plutôt que de les vivre.
 
 

N.B. : Je vous renvoie aux codes « Viol », « Mariée », « Folie », « Oubli et Amnésie », « Douceur-poignard », « Déni », « Jardins synthétiques », « Planeur », « Milieu homosexuel paradisiaque », « Amoureux », « Emma Bovary ‘J’ai un amant !’ », « Mère gay friendly », « Éternelle jeunesse », « Clonage », « Se prendre pour Dieu », « Se prendre pour le diable », « Vierge », « Parodies de Mômes », « Homosexualité noire et glorieuse », « Maquillage », « Appel déguisé », « Femme vierge se faisant violer un soir de carnaval ou d’été à l’orée d’un bois », « Solitude », « Haine de la beauté », « Clown blanc et Masques », « Amant diabolique », « Je suis un Blanc-Noir », « Passion pour les catastrophes », « Première fois », « « Plus que naturel » », « Main coupée », et « Fleurs », dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.
 
 

Pour accéder au menu de tous les codes, cliquer ici.

 
 

FICTION

 

a) La nostalgie de l’innocence :

Roman À mort l'innocent ! d'Arthur Ténor

Roman À mort l’innocent ! d’Arthur Ténor

 

Souvent, dans les fictions homo-érotiques, le personnage homosexuel, en rupture avec ses idéaux profonds, rêve de retrouver l’innocence de l’ange ou de l’enfant : cf. le roman Les Innocents (1952) de Francis Carco, le film « Les Innocents » (2003) de Bernardo Bertolucci, le film « Le Temps qui reste » (2005) de François Ozon, l’album Le Square des innocents (1974) de Catherine Lara, le film « L’Innocent » (1976) de Luchino Visconti, le roman Journal d’un innocent (1996) de William Cliff, le roman L’Innocent (1931) de Philippe Hériat, le roman El Inocente (1966) de Juan José Hernández, la pièce El Inocente (1968) de Joaquín Calvo Sotelo, le roman La dernière innocence (1953) de Cécile Bertin, le roman The Age Of Innocence (1920) d’Édith Wharton, le film « Born Innocent » (1974) de Donald Wrye, le film « Neige » (1981) de Juliet Berto et Jean-Henri Roger, le film « Pequeña Paloma Blanca » (2003) de Christian Barbé, le film « Innocence » (2003) de Bernardo Bertolucci, le film « Up The Chastity Belt » (1971) de Bob Kellett, le film « Ah ! Si j’étais restée pucelle » (1969) de Günter Schlesinger, le film « I’m Cool I’m Good » (2010) de Stanya Kahn, le film « Innocenti » (2008) de Jean-Baptiste Erreca, le film « Le Sexe des anges » (2011) de Xavier Villaverde, le film « The Innocence Of Muslims » (« L’Innocence des musulmans », 2012) de Nakoula Basseley Nakoula, le roman L’Amant pur (2014) de David Plante, le film « Innocent » (2005) de Simon Chung, etc.

 

« Moi aussi, tout petit, je croyais en moi. Mais j’ai changé. » (Môn, l’un des héros transgenres M to F s’adressant à Chaï, dans le film « Satreelex, The Iron Ladies » (2003) de Yongyooth Thongkonthun) ; « Nous reste-il du temps pour redevenir innocents ? » (cf. une réplique dans la comédie musicale La Nuit d’Elliot Fall (2010) de Vincent Daenen) ; « Tous mes idéaux, des mots abîmés. […] Pourtant, je voudrais retrouver l’innocence. » (cf. la chanson « Désenchantée » de Mylène Farmer) ; « Ai-je jamais été innocent ? Si je l’ai jamais été, c’est parti très vite. Très vite, je crois avoir compris les jeux des grands, leurs enjeux, leurs discussions murmurées, leurs sous-entendus, leurs lâchetés, leurs espérances. Très vite, je n’ai plus été dupe. J’ai perdu ça : la naïveté, la fraîcheur, l’inconscience. » (Vincent, l’un des héros homosexuels du roman En l’absence des hommes (2001) de Philippe Besson, p. 24) ; « J’étais innocent. » (Robbie, le héros homosexuel du film « Dérive » (1983) d’Amos Gutmann) ; « Mais comment retrouver l’innocence du commencement, la belle frénésie des toutes premières heures et la virginité perdue ? » (idem, p. 117) ; « Quand j’étais petit, j’avais des rêves, des ambitions. […] Maintenant, je vivote. » (Benoît, l’un des héros homosexuels parlant de l’amour, dans la pièce Bonjour ivresse ! (2010) de Franck Le Hen) ; etc.
 
 

b) Qui veut faire l’innocent fait le coupable :

Film "Sexe des anges" de Xavier Villaverde

Film « Sexe des anges » de Xavier Villaverde


 

Le héros homosexuel est parfois tellement attiré par l’innocence qu’il tente de la dérober, de la prendre de force : « En société, j’imaginais les femmes qui m’entouraient déshabillées et offertes, et très vite, dans un état presque halluciné, je leur prêtais des postures ou des situations que je n’ose décrire, même dans mon carnet… Ma cruauté, dans ces instants, me préparait à l’idée qu’un jour je n’aurais plus vraiment de limite et que mon « vice » m’avalerait entièrement. Je combinais et raisonnais de plus en plus en fonction de lui, sentant bien que, quand j’étais dans ces étranges dispositions, en crise, comme on dirait, c’était lui qui déterminait tout ce que je pensais et faisais. J’avais imaginé un moment demander à la petite voisine de passer me voir afin de faire ensemble ce que je l’avais obligée à faire seule devant moi, sachant combien j’aimais à outrepasser la pudeur des autres, pour le plaisir que son viol me donnait. Cette envie ne me quittait pas, mais je devais résister, c’était trop risqué. […] J’avais peur de moi. Quand je sentais monter ce besoin de chair, peu m’importaient les moyens et la figure de celle qui me donnerait ce qu’il me fallait. […] Je voulais ma nuit avec une femme, comme l’on veut sa naissance. Une nuit de noces, comme celle où je perdis ma virginité et décidai, pour cette occasion, de me choisir un nouveau prénom… Alexandra. Ce serait désormais par ce choix secret que je marquerais ma différence, comme l’avant et l’après du baptême. » (Alexandra, la narratrice lesbienne du roman Les Carnets d’Alexandra (2010) de Dominique Simon, pp. 56-57) ; « Quand tu m’as connue, j’étais innocente et je le suis toujours. » (Rosa, la prostituée, s’adressant à son client Jules, juste avant de vivre un échange sexuel SM, dans le film « Rosa la Rose : Fille publique » (1985) de Paul Vecchiali) ; etc.
 

Par excès de purisme ou de perfectionnisme, beaucoup de personnages homosexuels jettent l’éponge de leurs idéaux profonds, ou bien cherchent, quitte à être jusque-boutistes, à reconquérir leur innocence par un don sacrificiel d’eux-mêmes dans la débauche. Une sorte d’innocence inversée : cf. le roman L’Innocence du diable (2001) d’Éyet-Chékib Djazari, le film « Totò Che Visse Due Volte » (« Toto qui vécut deux fois », 1998) de Daniele Cipri et Francesco Maresto (avec l’ange qui fait caca), le film « Tchernobyl » (2009) de Pascal Alex-Vincent, le film « Notre Paradis » (2010) de Gaël Morel (Vassili rencontre Angelo inanimé dans le Bois de Boulogne), le roman La Pérdida Del Reino (1972) de José Bianco, etc. Par exemple, beaucoup de pièces de Tennessee Williams traitent de la perte de l’innocence.
 

À travers la tournure interrogative notamment, on trouve la simulation d’innocence en rapport avec l’homosexualité dans des films tels que « Pourquoi pas moi ? » (1999) de Stéphane Giusti, « Juste une question d’amour » (2000) de Christian Faure, ou bien « Pourquoi pas ! » (1977) de Coline Serreau. En générale, cette simulation cache de noirs desseins : « Je suis l’enfant insouciant. Je n’ai pas de morale. » (Vincent, le héros homosexuel de 16 ans, dans le roman En l’absence des hommes (2001) de Philippe Besson, pp. 46-47) « On ne peut pas être innocents deux fois. » (Maria, l’héroïne jouant le rôle d’une lesbienne, dans le film « Sils Maria » (2014) d’Olivier Assayas) ; « Je ne me souviens plus de ce que j’ai fait ces quatre derniers jours mais l’important est de savoir que je n’ai pas tué. Mon roman n’existe plus tant pis mais je suis innocent, c’est le principal. » (le narrateur homosexuel dans le roman Le Bal des folles (1977), pp. 133-134) ; « La dignité… ça fait longtemps qu’elle m’a quittée, celle-là… » (Jack, l’un des héros homosexuels de la pièce La Dernière Danse (2011) d’Olivier Schmidt) ; « La plus grande chute est celle qu’on fait du haut de l’innocence. » (Merteuil dans la pièce Quartett (1980) d’Heiner Müller) ; etc. Par exemple, dans son one-man-show Jefferey Jordan s’affole (2015), Jefferey Jordan explique qu’il « voit du sexe partout même dans les comptines pour enfants » : selon lui, « Au clair de la lune » est une chanson « érotique », et « Les 3 Petits Cochons, là, c’est carrément dans une soirée SM ! »
 

Dans la pièce Géométrie du triangle isocèle (2016) de Franck d’Ascanio, Lola s’amuse d’entretenir ouvertement avec Nina une relation lesbienne « extra-conjugale » qu’elle qualifie de « liaison somme toute bien innocente » auprès de sa copine régulière Vera.
 

Film "Innocent" de Simon Chung

Film « Innocent » de Simon Chung


 

Parfois, le héros homosexuel a vraiment été dépossédé de son innocence par un véritable viol, ou par un viol psychique (harcèlement) : cf. le roman À mort l’innocent ! (2007) d’Arthur Ténor. « Mon cœur, tu l’as volé, et sans détour. » (Benji s’adressant à son amant Maxence qui lui a fait perdre son innocence et sa virginité, dans la comédie musicale Sauna (2011) de Nicolas Guilleminot) ; « Partager mon ennui le plus abyssal au premier venu qui trouvera ça banal. » (cf. la chanson « L’Âme-stram-gram » de Mylène Farmer) ; « J’aime être propre : avant et après. […] La douche, c’était le grand moment. » (Eloy, le prostitué libertin en pleurs dans le film « Esos Dos » (2012) de Javier de la Torre) ; etc.
 
 

FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION

 

PARFOIS RÉALITÉ

 
 

a) La nostalgie de l’innocence :

la chanteuse Björk

la chanteuse Björk


 

Comme l’explique Jean-Louis Chardans dans son essai Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970), les personnes homosexuelles dites, à une certaine époque, « pédérastes » ont parfois été surnommées aussi « catamini », autrement dit « chattemittes, ceux qui jouaient les innocents » (p. 126).
 

L’innocence a toujours exercé dans la communauté homosexuelle une grande fascination. Je vous renvoie à l’essai Preservation Of Innocence (1949) de James Baldwin, à l’autobiographie Journal d’un innocent (1976) de Tony Duvert, au roman biographique Si tout n’a pas péri avec mon innocence (2013) d’Emmanuelle Bayamack-Tam, etc.

 

Beaucoup de personnes homosexuelles sont fascinées par l’innocence (plus cinématographique et littéraire que réelle) : « C’était l’enfance, le temps de l’innocence. » (Stéphane Corbin lors de son concert Les Murmures du temps au Théâtre de L’île Saint-Louis Paul Rey en février 2011) ; « Dors comme une enfant innocente. » (Ebba, au lit avec son amante la reine Christine, dans le docu-fiction « Christine de Suède : une reine libre » (2013) de Wilfried Hauke) ; etc. Par exemple, l’histoire du Petit Prince de Saint-Exupéry est l’un des livres favoris de James Dean, Néstor Perlongher, Mylène Farmer, Jacques-Yves Henry. Je vous renvoie au code « Conteur homo » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels. Beaucoup de chanteuses ou d’actrices un peu lunaires (Jackie Kennedy, Valérie Lemercier, Björk, Mylène Farmer, Charlotte Gainsbourg, Vanessa Paradis, Céline Dion, etc.) sont des icônes gays.

 

Il est extrêmement fréquent, dans le discours des personnes homosexuelles, d’entendre la confusion entre sincérité et Vérité, ou bien entre perfectionnisme et perfection, purisme et pureté, intentions et Réalité. « Mais je suis pur et vertueux ! » (Jean-Louis Bory, ironique au micro de Jacques Chancel, dans l’émission Radioscopie sur France Inter, 6 mai 1976) Pas étonnant que la déception et la dépression subséquentes à cette idolâtrie pour l’innocence arrivent vite. Par exemple, dans son article « Cuba, El Sexo Y El Puente De Plata » (1986) sur son essai Prosa Plebeya (1997), Néstor Perlongher parle de la « nostalgie ironique d’une perte » (p. 120).
 
 

b) Qui veut faire l’innocent fait le coupable :

Film "La Vierge des tueurs" de Barbet Schroeder

Film « La Vierge des tueurs » de Barbet Schroeder


 

« Qui fait l’ange fait la bête. » écrivait Pascal. Par excès de purisme ou de perfectionnisme, beaucoup de personnes homosexuelles jettent l’éponge de leurs idéaux profonds, ou bien cherchent, quitte à être jusque-boutistes, à reconquérir leur innocence par un don sacrificiel d’elles-mêmes dans la débauche. Une sorte d’innocence inversée. Dans leur discours dénégateur de la violence sexuelle qu’elles vivent, c’est très marqué, cette croyance en une pureté déchue et ressuscitée par l’esthétisation de la chute. Je l’ai entendu en bouche de la totalité de mes amis gays libertins, gros consommateurs de sexe.

 

Parfois, elles ont vraiment été dépossédées de leur virginité par un véritable viol, ou un viol auquel elles se sont identifiées. « Au fil de ces rencontres, je fins par me faire ‘prendre’. Assurément. Puisque j’avais ressenti ce corps étranger qui me pénétrait lentement et sûrement. Mais de la façon la plus banale sans doute. » (Berthrand Nguyen Matoko, Le Flamant noir (2004), p. 114) Par exemple, le romancier québécois Denis-Martin Chabot raconte dans l’émission Homo Micro (diffusée sur Radio Paris Plurielle le 27 mars 2006) que son roman Innocence (2007) retrace « cette fameuse perte de l’innocence que nous avons perdu ce 11 septembre 2001 ».

 

Au fond, les personnes homosexuelles ne croient ni en la pureté ni en l’innocence. « Mon ancien camarade de classe me met sous les yeux deux photos de Janson, cinquième et quatrième, toute la classe. […] Moi, mince, l’air silencieux, innocent d’une innocence évidente. Cela m’a ému, car depuis… » (Julien Green, L’Arc-en-ciel, Journal 1981-1984, avril 1981, pp. 23-24) ; « Je trouve ça tellement élégant, la manière dont il bafoue l’innocence. » (Celia, la conservatrice de musées face à un tableau « monstrueux », dans le docu-fiction « Le Dos rouge » (2015) d’Antoine Barraud) ; etc. Le désir homosexuel exprime ce rapport idolâtre déçu avec la virginité.
 
 

Pour accéder au menu de tous les codes, cliquer ici.

 

Code n°159 – Se prendre pour Dieu (sous-codes : Transsexuel divin / Pied cassé / Divine)

se prendre pour Dieu

Se prendre pour Dieu

 

NOTICE EXPLICATIVE

 

Le fameux « Orgueil gay », parlons-en, justement ! (et pas seulement dans le sens hispanique ou anglosaxon du terme « orgueil ») Socialement, beaucoup de personnes homosexuelles se prennent pour des modèles d’humilité, des victimes immaculées de l’ignoble Monstre homophobe. Mais qu’en est-il vraiment dans les faits et les mots ? Exactement le contraire. Elles veulent se faire passer pour les nouveaux Christs. Par complexe d’infériorité, par énorme manque d’humilité, par gros manque d’amour.

 

DIEU Gays for God

 

Pourquoi l’homosexualité pose-t-elle tant problème à notre société ? Pourquoi les actes homosexuels sont-ils décrits comme une « abomination » dans la Bible ? Pour une raison toute simple : ils sont signes de blasphème, d’un orgueil humain démesuré. Pour Dieu, mais aussi pour n’importe quel être humain (même athée), il n’y a pas de plus grand mal que de se prendre pour Dieu alors qu’on ne l’est pas (nous ne sommes que des dieux en miniature, des créatures), de vouloir échapper à sa condition et à ses limites humaines, de nier son statut de créature et de s’auto-proclamer Créateur. C’est le péché d’orgueil d’Adam que de s’être cru maître de lui-même, de partir de sa petite subjectivité humaine pour décider de ce qui est bon ou mauvais pour lui et pour le monde, d’avoir renoncé au chemin de perfection proposé par Dieu sous prétexte d’être humble et réaliste. Et c’est exactement ce que reproduisent la plupart des membres de la communauté homosexuelle, qui proposent actuellement un christianisme laïcisé qui s’appelle tantôt Queer, tantôt Gender et surtout « sentiment amoureux ».

 

Regardons donc maintenant en face le véritable Orgueil homosexuel !

 
 

N.B. : Je vous renvoie également aux codes « Super-héros », « Se prendre pour le diable », « Moitié », « Éternelle jeunesse », « Planeur », « Homosexuels psychorigides », « Extase », « Tout », « Quatuor », « Homme invisible », « Frère, fils, père, amant, maître, Dieu », « Poupées », « Frankenstein », « « Plus que naturel » », « Attraction pour la ‘foi’ », « Mère Teresa », « Curé gay », « Innocence », « Vierge », « Lunettes d’or », « Icare », « Magicien », « Femme au balcon », « Amant diabolique », « Blasphème », « Jardins synthétiques », « Bobo », « « Je suis différent ! » », à la partie « Divin artiste » du code « Pygmalion », à la partie « Désir est considéré comme un dieu » dans le code « Désir désordonné », à la partie « Saint Sébastien » du code « Adeptes des pratiques SM », et à la partie « Peur de la sexualité » du code « Symboles phalliques », dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.

 

Pour accéder au menu de tous les codes, cliquer ici.

 
 
 

1 – PETIT « CONDENSÉ »

DIEU Zero

Revue gay en Espagne


 

Le désir homosexuel conduit les individus qu’il habite à se prendre pour Dieu et à formuler un vœu incestueux de coïncidence avec leur origine. Ce point culminant de la volonté de toute puissance est appelé le fantasme d’auto-genèse. Souvent, dans leurs discours, les personnes homosexuelles disent qu’elles se créent elles-mêmes, qu’elles inventent l’Amour toutes seules.

 

Le fantasme de divinité chez les personnes homosexuelles est visible dans leurs créations fictionnelles à travers leur identification à Jésus, aux anges, aux saints, aux supers-héros. Certaines se pensent les héritières d’une race divine « appelée » (Marie-Jo Bonnet, Qu’est-ce qu’une femme désire quand elle désire une femme ?, 2004, p. 123). Elles annoncent, comme Elaine Marks, la substitution officielle entre elles et Dieu : « Dieu est mort ; la lesbienne féministe est née. » (Elene Marks, Homosexualities And French Literature, dans la revue Lesbia Magazine, n°222, mars 2003, p. 29) La révélation de la royauté humaine et divine, merveilleuse quand elle est vécue en partage avec Dieu et tous les Hommes, elles la convertissent généralement en secret, en propriété privée, en exception solitaire. « J’ai enfin compris : je suis un ange et personne ne le sait. » (cf. la première phrase de Thomas dans le film « Thomas trébuche » (1998) de Pascal-Alex Vincent) Pour Monique Wittig, par exemple, « la lesbienne » est l’avant-garde d’un troisième genre qui a échappé au sort du « deuxième sexe » (les femmes) et à la domination du « premier sexe » (la classe des hommes). Certains réalisateurs veulent nous faire croire en l’existence des dieux humains du « troisième sexe » (autrement dit « des » homosexuels) : parfois, leurs personnages homosexuels commandent au soleil, font des miracles, arrivent d’une autre planète, imposent à leur meilleure amie la virginité pour qu’elle les confirme dans leur statut christique, s’entourent de « disciples » et considèrent qu’on peut les « blasphémer » (cf. Loïc dans le film « Garçon stupide » de Lionel Baier, 2004), meurent comme des saint Sébastien, etc. L’image du martyr crucifié est source de fantasme chez beaucoup de personnes homosexuelles. Elles s’identifient fréquemment au Christ, comme l’illustrent ces paroles du réalisateur italien Pasolini : « Dans mes rêveries, apparut explicitement le désir d’imiter Jésus. […] Je me vis suspendu à la croix, cloué. Une foule immense me regardait. Ce martyre public finit par devenir une image voluptueuse. » (Pier Paolo Pasolini cité dans l’article « Pier Paolo Pasolini » de Gian-Luigi Simonetti, dans le Dictionnaire de l’homophobie (2003) de Louis-Georges Tin, p. 306) À l’âge adulte, l’homosexualité, l’autre nom de la sexualité quasi-autosuffisante, semble leur offrir un cadre à la réalisation de soi par soi-même, une voie d’accès à l’idéal gémellaire de l’ange asexué qui refuse de reconnaître humblement ses limites humaines : autrement dit l’Androgyne, décrit par Platon dans le Banquet (380 av. J.-C.), cet être mythe coupé en deux (ou en 4) et recherchant sa moitié pour retrouver sa plénitude toute-puissante et divine.

 

Beaucoup de personnes homosexuelles d’aujourd’hui font partie des gens qui perpétuent en désir et parfois en acte le culte à l’Androgyne, même si elles ne l’identifient pas clairement en tant que tel. Elles parlent quand même de ce personnage comme si elles le connaissaient personnellement et que, par l’intime expérience schizophrénique et leur difficulté à le décrire, elles le vivaient à nouveau en elles. « Il n’est ni homme, ni femme. Il se produit là quelque chose qui a à voir avec la reconnaissance. C’était cela qu’on recherchait, que l’on espérait sans le savoir. Quelque chose d’éternel descend ici, qui existait déjà dans une autre dimension, et qui devient concret, labile, incroyable, mais effectif. » (cf. l’article « Géneros De Vida Y Literatura » de Paula Siganevich, dans l’essai Arte Andrógino : Performance, Género Y Transgénero (2000) de Roberto Echavarren, p. 360) Elles n’osent pas définir l’Androgyne comme un extra-terrestre (alors qu’il n’est pas autre chose !) parce qu’on leur rirait au nez. Elles préfèrent auto-valider secrètement leur croyance en Lui sans se l’énoncer explicitement à elles-mêmes, à travers la poésie, l’art, la science, et les media. L’Androgyne deviendra alors l’actrice « qui en a », ou bien un Superman féminisé.

 

En adoptant une conception fusionnelle et conflictuelle de l’amour, beaucoup de personnes homosexuelles se lancent à la recherche de leur moitié androgynique. Alfred Jarry, notamment, invente le concept d’« adolphisme » qui n’est pas la communion de deux êtres différents fusionnant en Un, pas même de deux jumeaux, mais l’union des deux moitiés d’un même Moi. À en croire la majorité des personnes transgenres, cette osmose serait concrètement possible grâce à la chirurgie. En recousant en elles leur moitié, elles se donnent l’illusion de résurrection et de divinité. « Je me suis relevée de la table d’opération tel Lazare sortant de la fosse » affirme par exemple Hedwig, l’homme transsexuel triomphant, dans le film « Hedwig And The Angry Inch » (2001) de John Cameron Mitchell. C’est pour cela qu’on retrouve beaucoup de transsexuels christiques dans les créations artistiques traitant d’homosexualité.

 

Beaucoup de personnes homosexuelles préfèrent ne pas reconnaître en elles ce désir de se prendre pour Dieu, d’une part parce que la plupart d’entre elles se disent athées, et d’autre part parce qu’elles n’attribuent cette perversion qu’aux personnalités ultra fières d’elles-mêmes, possédant avec un égo surdimensionné. Qu’elles se détrompent : c’est bien souvent celui qui se juge comme un moins que rien, qui sera tenté de se croire extraordinairement minable/génial. Les extrêmes sont liés. Le complexe d’infériorité se marie tout à fait avec le complexe de supériorité. La réalité humaine et les dictateurs qui nous ont précédés nous en fournissent de funestes preuves !

 
 

2 – GRAND DÉTAILLÉ

 

FICTION

 

a) Le personnage homosexuel s’identifie au Christ ou à un ange :

Film "Évangile selon saint Matthieu" de Pier Paolo Pasolini

Film « Évangile selon saint Matthieu » de Pier Paolo Pasolini


 

Pour voir cette récurrente identification homosexuelle à Dieu, je vous renvoie entre autres au film d’animation « L’Ombre d’Andersen » (2000) de Jannik Hastrup, au film « Le Sexe des anges » (1976) de Lionel Soukaz, au one-man-show Les Histoires d’amour finissent mal (2009) de Jérôme Loïc (le héros arrive sur scène avec des ailes de Cupidon), au film « Farrah, l’Être Ange » (2012) d’Alain Burosse, à la comédie musicale Mon ange au masculin (2013) de Marie-Claire D’Or et Alexia Vé, au roman Jésus la Caille (1914) de Francis Carco, au film « Jésus de Nazareth » (1978) de Franco Zeffirelli, au roman Le Sang des dieux (1882) de Jean Lorrain, au one-(wo)-man show Désespérément fabuleuses : One Travelo And Schizo Show (2013) du travesti M to F David Forgit (avec la chanson-intermède « Tomber du Ciel » de Jacques Higelin), à la chanson « Welcome Me To The City Of Angels » de Joan Baez et des Indigo Girls, à la chanson « Jesus » du groupe Queen, à la chanson « Losing My Religion » du groupe R.E.M., à la pièce Et puis j’ai demandé à Christian de jouer l’intro de Ziggy Stardust (2009) de Renaud Cojo (avec « Angel Costaud »), au film « The Pink Angels » (1971) de Larry G. Brown, au film « Anges gardiens » (1974) de Richard Rush, au film « Saint » (1996) de Bavo Defurne (avec le martyr d’un saint Sébastien dans une forêt), au film « Angels ! » (2000) de Rico Martinez, au film « Angel » (2006) de François Ozon (avec un bébé ailé), à la chanson « Retour à toi » d’Étienne Daho (il est question des « anges déchus » homos), au film « L’Évangile selon saint Matthieu » (1964) de Pier Paolo Pasolini, au film « La Vie de Brian » (1979) de Terry Jones (des Monty Python), au film « Nazarín » (1959) de Luis Buñuel (avec un Christ imposteur), au film « Niño Pez » (2009) de Lucía Puenzo (où dès le départ les homos sont divinisés), au film « Cowboy Jesus » (1996) de Jamie Yerkes (avec la sœur de Jésus, une lesbienne), à la chanson « Jesus To a Child » de George Michael, au film « Tu marcheras sur l’eau » (2005) d’Eytan Fox, au tableau Golgotha (2005) de Thierry Brunello, au roman La Crucifixion (1946) de Jean Cocteau, au roman El Ángel De Sodoma (1928) d’Alfonso Hernández Catá, au roman Divino (1994) de Luis Antonio de Villena, au film « Le Quatrième Homme » (1983) de Paul Verhoeven, au roman Divino (1994) de Luis Antonio de Villena, au film « Festen » (1998) de Thomas Vinterberg (avec le personnage de Christian), au roman Une Favorite des dieux (1963) de Sybille Bedford, au vidéo-clip de la chanson « Dégénération » de Mylène Farmer (avec une femme morte qui revient à la vie et qui dirige les vivants à distance), au film « Making Love » (1982) d’Arthur Hiller, au film « Le Sexe des anges » (1964) de Pasquale Festa Campanile et Massimo Franciosa, au film « Angelos » (1982) de Yorgos Kataguzinos, au film « Cowboys And Angels » (2003) de David Gleeson, au film « Ceci est mon corps » (2000) de Rodolphe Marconi, aux photos Adam et Adam (1997) et Comme un ange (1986) d’Orion Delain, aux tableaux de Bruno Perroud (2003) dépeignant des anges, aux tableaux Barricades mystérieuses (1979) et Essor (2006) de Jacques Sultana, à la chanson « Gay Messiah » de Rufus Wainwright, à la chanson « Jesus Is Gay » de Gaël, à l’affiche du concert de Fred Morvan avec l’homme ailé, à la pièce Burlingue (2008) de Gérard Levoyer (avec Janine crucifiée), au roman When God Was A Woman (1976) de Merlin Stone, au film « Angélique » (2012) de Pascal Atil, le film « El Sexo De Los Ángeles » (« Le Sexe des anges », 2012) de Xavier Villaverde, au film « Insects In The Backyard » (2010) de Tanwarin Sukkhapisit (dans lequel « l’autodétermination sexuelle » est prônée), au film « Teslimiyet » (« Other Angels », 2010) d’Emre Yalgin, au film « The Boys In The Band » (« Les Garçons de la bande », 1970) de William Friedkin (avec Michael, le héros homo catho citant cyniquement des phrases du Christ : « Pardonnez-le. Il ne sait pas ce qu’il fait. »), au film « Les Amours imaginaires » (2010) de Xavier Dolan (avec Nicolas, avec sa couronne d’épines, ses cheveux bouclés et son look d’androgyne), la pièce Hétéro (2014) de Denis Lachaud (avec les personnages homosexuels pourtant tous sur le dos, comme des ailes, des bois de cerfs), le film « Mommy » (2014) de Xavier Dolan (avec Steve, sur son longboard, les bras en croix), la chanson « Camille » de Jean Yann, au roman L’Évangile selon Yong Sheng (2019) de Dai Sijie, etc. Par exemple, dans le one-man-show Thomas joue ses perruques (2023) de Thomas Poitevin, le frère beauf friendly (donc finalement homophobe) fait un discours en l’honneur du « mariage » de son frère gay Valentin qui officialise son union avec Nicolas. Il les compare à « deux Jésus ».

 

L’identification à Dieu peut être chez le personnage homosexuel le résultat d’une projection parentale incestueuse, et d’une obéissance aveugle à un formatage familial idéalisant mais aussi très pesant : « Tu es parfaite. » (le père s’adressant à sa fille lesbienne Claire, dans la pièce Le Mariage (2014) de Jean-Luc Jeener) Par exemple, dans la pièce Perthus (2009) de Jean-Marie Besset, Marianne compare son fils Jean-Louis à un dieu. On retrouve le même cas de figure dans le dialogue entre Jeanne et le marchand de melons dans la pièce La Journée d’une rêveuse (1968) de Copi : « Je crois que vous êtes Dieu. […] Mon fils aussi, il est Dieu. » Dans le film « Ma Mère » (2003) de Christophe Honoré, Pierre pousse un cri de révolte contre sa maman qui l’idéalise : « Pourquoi est-ce qu’on demande toujours aux fils d’être des dieux ? » Dans le film « Kaboom » (2010) de Gregg Araki, le père de Smith (le héros homosexuel), est un dieu de pacotille, un chef de secte… et par élection, Smith devient « L’Élu ».

 

Plus tard, le personnage homosexuel commence par souhaiter devenir un petit surdoué : « Qu’allais-je faire après le bac ? Comment devenait-on un génie ? » (Anamika dans le roman Babyji (2005) d’Abha Dawesar, p. 137) ; « Je hais l’humilité. Chez moi et chez les autres. » (l’un des deux héros anonymes de la pièce Dans la solitude des champs de coton (1985) de Bernard-Marie Koltès) ; « Vous devez exceller partout pour réussir. » (le narrateur homosexuel du roman N’oubliez pas de vivre (2004) de Thibaut de Saint Pol, p. 17) ; « Votre idole, c’est vous-même. » (idem, p. 57) ; « C’est moi qui détiens la vérité. » (Cyril dans le roman Pavillon noir (2007) de Thibaut de Saint Pol, p. 15) ; « Et si j’étais réellement l’Élu ? » (idem, p. 62) Au moment du salut final de son spectacle Charlène Duval… entre copines (2011), la diva travesti M to F présente ses danseurs, et dit avec malice : « Merci aux quatre garçons qui travaillent à la gloire… de moi-même. »

 

Quand le héros proustien d’À la recherche du temps perdu (1913) mange une madeleine, il se sent divin : « Ma mère […] me proposa de me faire prendre un peu de thé. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines. […] À l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait autour de moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse : ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle était moi. J’avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D’où avait pu me venir cette joie puissante ? » (p. 51)

 

Le personnage homosexuel commande peu à peu aux éléments naturels. Par exemple, dans le film « Drôle de Félix » (1999) d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau, Félix commande au soleil. Dans le film « Nés en 68 » (2008) des mêmes auteurs, certains personnages régissent les nuages rien qu’en effectuant une miraculeuse « Danse de la Pluie ». Dans la pièce Hétéro (2014) de Denis Lachaud, le monologue final du fiancé de Gatal, qui ressuscite, est celui d’un homme qui se prend pour le Cosmos, et qui dit qu’il a tout vu et tout créé : « Je suis une montagne. J’ai vu les soleils se lever, se coucher. […] On ne m’aura pas comme ça. »

 

Il arrive même au personnage homosexuel de penser qu’il s’est créé tout seul, sans l’aide de Dieu ni de ses parents : « Je m’enfante moi-même ! » (la voix narrative du roman La Voyeuse interdite (1991) de Nina Bouraoui, p. 44) ; « Je me dis qu’avec les gènes que j’ai, je n’ai pas le droit de ne pas me reproduire. » (Pierre, le héros homosexuel de la pièce Le Fils du comique (2013) de Pierre Palmade) ; « Toute influence est immorale. Accomplir parfaitement notre nature, voilà notre raison d’être. » (Lord Henry, dans le roman Le Portrait de Dorian Gray (1890) d’Oscar Wilde) ; « Je veux trouver par moi-même ce qu’il me faut, ne dépendre de rien d’autre que de mon propre désir. » (Alexandra, la narratrice lesbienne du roman Les Carnets d’Alexandra (2010) de Dominique Simon, p. 38) ; « Peut-être qu’après m’être nommée moi-même du prénom que j’ai choisi je recevrais de cette nouvelle identité la force qu’il faut pour vivre selon sa préférence. » (idem, p. 58) ; « Nous ne sommes reliés qu’à nous-mêmes. » (cf. chanson « Nous souviendrons-nous… » de Mylène Farmer) ; « Je souhaite renaître tel un Phoénix de mes propres cendriers. » (Océane Rose Marie dans son one-woman-show La Lesbienne invisible, 2009) ; « Dieu a dit à la Lune de se renouveler chaque mois. C’est une couronne de splendeur pour ceux qui naissent des entrailles, car eux aussi, ils sont destinés à se renouveler, comme elle. » (cf. une citation du Kiddoush levana, dans le roman La Désobéissance (2006) de Naomi Alderman, p. 126) ; « Quelle œuvre est l’homme ! Noble est sa raison. Infinies sont ses facultés, instruit, et émouvant, tellement expressif et admirable, dans l’action… tel un ange. Une appréhension… tel un Dieu. » (David à son amant Set devant un feu sur la plage, dans le film « And Then Came Summer… », « Et quand vient l’été… » (2000) de Jeff London) ; etc. Par exemple, dans le roman Portrait de Julien devant la fenêtre (1979) d’Yves Navarre, Julien Brévaille se prend pour Prométhée et souhaite posséder le feu ; de son côté, le juge Brévaille revendique le droit d’être son propre maître : « Le juge se justifie. » (p. 143) Dans le roman Le Portrait de Dorian Gray (1890) d’Oscar Wilde, il s’agit selon Dorian Gray lui-même (queer avant l’heure !) de « multiplier les identités, de se ré-inventer ».

 

C’est alors que le personnage homosexuel se prend vraiment pour Dieu ou pour un ange : « J’ai enfin compris : je suis un ange et personne ne le sait. » (cf. la première phrase de Thomas dans le film « Thomas trébuche » (1998) de Pascal-Alex Vincent) ; « Moi, tout ce qui m’intéresse, c’est le sexe des anges. Hein, mon ange ? » (Rodin, le pote gay, à son ami homo Thierry, dans la série Joséphine Ange-gardien (1999) de Nicolas Cuche, épisode 8 intitulé « Une Famille pour Noël ») ; « Appelle-moi Dieu. Appelle-moi Gode. » (un des protagonistes de la comédie musicale Encore un tour de pédalos (2011) d’Alain Marcel) ; « On se prenait pour Dieu, on n’avait pas vingt ans. » (la Religieuse et Preciosa dans la comédie musicale La Nuit d’Elliot Fall (2010) de Vincent Daenen) ; « Mais vous, qui êtes-vous vraiment ? Vous, c’est un peu Dieu. » (la voix narrative du roman N’oubliez pas de vivre (2004) de Thibaut de Saint Pol, p. 247) ; « Tu n’es pas un lycéen mais un ange. Je ne suis pas un pauvre mec, je suis le roi et j’ai tous les pouvoirs ! » (Bryan s’adressant à son amant Kévin dans le roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, p. 144) ; « C’est à ce moment que j’ai compris que j’étais le Roi du Monde. […] C’est moi le Roi ! » (le protagoniste homo de la pièce Happy Birthday Daddy (2007) de Christophe Averlan) ; « Il est à moi, le Monde ! Il est à moi, le Monde ! » (cf. chanson « Dessine-moi un mouton » de Mylène Farmer) ; « Je suis le roi élu. » (Dominique dans le roman Les Julottes (2001) de Françoise Dorin, p. 15) ; « Redonne-moi l’amour et le choix, tout ce qui fait qu’on est roi. » (cf. la chanson « Redonne-moi » de Mylène Farmer) ; « Il avait développé un individualisme passionné, radical, convaincu. ‘Ni Dieu ni maître, hormis moi-même.’ C’était là son orgueilleux credo. » (Mourad, l’un des deux héros homos du roman L’Hystéricon (2010) de Christophe Bigot, pp. 327-328) ; « Chaque mois, ça me fait un agenda digne de Dieu en personne. » (Jarry dans le one-man-show Entre fous émois (2008) de Gilles Tourman) ; « Moi, j’aurais adoré être Dieu. » (Jarry dans son one-man-show Atypique, 2017) ; « Je suis le Gay Créateur. […] Et je suis le roi de mai. Et j’incarne les cheveux d’Adam. […] Tout homme est un ange. » (une réplique de la pièce Howlin’ (2008) d’Allen Ginsberg) ; « Moi qui me suis dit mage ou ange » (la voix narrative de la pièce Une Saison en enfer (1873) d’Arthur Rimbaud) ; « Y’a que toi que ça dérange d’être en face d’un ange. Moi, c’est à Mademoiselle que je vole mes ailes. » (Kevin dans la pièce Les Amers (2008) de Mathieu Beurton) ; « Il m’est poussé des ailes. » (la narratrice lesbienne du roman Mathilde, je l’ai rencontrée dans un train (2005) de Cy Jung, p. 29) ; « Et oui, Dieu était une femme… allez y touchez, touchez… Je comprends, vous êtes impressionnés… Moi, aussi, à chaque fois que je me regarde dans une glace… Ça me fait pareil… C’est tellement beau. J’comprends que vous ayez tous les yeux fixés sur moi. […] Quand j’étais petite je ne voulais surtout pas être actrice. Je voulais être dieu. Je voulais être une super-héroïne. Une sorte de comics… une sorte de rêve éveillé pour vous, une sorte de muse, d’enchantement pour vos yeux… Ce soir, je suis dieu. Puisque c’est moi qui dis. Et comme ce soir c’est celui qui dit qui est… Chacun pense ce qu’il veut, mais moi je sais qui je suis… Je suis dieu. […] Comment vous convaincre que je suis dieu ? […] Je peux tout demander, ça arrive. Je peux faire qu’il pleuve sur cette scène (un bruit de fond et un jeu d’eau)… Je peux faire le soleil, je SUIS le soleil. » (Lise dans la pièce La Fesse cachée (2011) de Jérémy Patinier) ; « Je suis le dieu-déesse avec elle. […] Elle est mon idole ! » (la voix narrative féminine dans la pièce Arthur Rimbaud ne s’était pas trompée (2008) de Bruno Bisaro) ; « [Je viens ici.] Moi, parce que j’ai des problèmes d’égo. Je veux être vénéré. » (un client du bar, expliquant pourquoi il fréquente le club, dans le film « Cruising » (« La Chasse », 1980) de William Friedkin) ; « Elle est dure avec moi, je vous jure. Je lui lave les pieds comme si elle était Jésus et elle m’engueule, elle me parle mal. » (Polly parlant de son amante Claude, dans le roman Des chiens (2011) de Mike Nietomertz, p. 115) ; « Que laisserons-nous de nous, moitié-anges moitié-loups, quand nos corps seront dissous dans la langueur monotone du premier frisson d’automne ? » (le narrateur homosexuel du spectacle musical Luca, l’évangile d’un homo (2013) d’Alexandre Vallès) ; « J’ai l’âge du Christ. » (la figure de Sergueï Eisenstein, homosexuel, dans le film « Que Viva Eisenstein ! » (2015) de Peter Greenaway) ; « Je suis Bernadette Soubirous. » (Hugues, le héros homosexuel, dans la pièce Le Cheval bleu se promène sur l’horizon, deux fois (2015) de Philippe Cassand) ; « Si je pouvais me glisser sur le balcon du Pape, et donner ma bénédiction ! » (Pierre Fatus dans son one-man-show L’Arme de fraternité massive !, 2015) ; « J’ai vu celle que je suis, un nom de Dieu. » (c.f. la chanson « Désobéissance » de Mylène Farmer) ; « Y’a pas meilleur Dieu que Bacchus. » (c.f. la chanson « Les Uniques » de Nicolas Bacchus) ; etc.

 

Par exemple, dans la pièce Le Gai Mariage (2010) de Gérard Bitton et Michel Munz, Henri porte un peignoir sur lequel est marqué « I’m an angel ». Dans le film « Kaboom » (2010) de Gregg Araki, Smith, le héros homosexuel, reçoit le titre de « Fils élu ». Dans son one-woman-show Sandrine Alexi imite les stars (2001), Sandrine Alexi imite l’humoriste homosexuel Élie Kakou en le déguisant en ange. Dans le film « Mon arbre » (2011) de Bérénice André, la jeune Marie se prend pour la Vierge car elle réalise qu’elle a été conçue sans amour… donc par l’Opération du Saint-Esprit ! Dans la chanson « Les Uniques » (2009), le chanteur Nicolas Bacchus conclut son air en disant que « y’a pas meilleur Dieu que Bacchus »… Dans le roman Vincent Garbo (2010) de Quentin Lamotta, le héros homo se lance dans un projet d’écriture qui prend exactement le rythme de la création du monde : « Je veux me donner trois ou quatre jours ; six ce serait mieux. Une semaine, l’idéal. Oui, sept jours, ce serait parfait. Sept jours pour tout dire, se reposer le huitième, et disparaître après. » (p. 22) ; Garbo se présente comme un Jésus accidentel : « Le jeûne assis durera quarante jours et prendre fin comme il aura commencé, sans que je le décide vraiment. » (idem, p. 111) Dans le one-man-show Cet homme va trop loin (2011) de Jérémy Ferrari, la « fiotte de Gabriel » veut « organiser une Spirit Gay Pride ». Dans la pièce Bill (2011) de Balthazar Barbaut, Lucifer est l’amant homo SM de l’archange Raphaël, défini comme « une pédale », et qui est super efféminé. Dans le film « Hellbent » (2005) de Paul Etheredge-Ouzts, l’amant homosexuel porte des ailes d’ange tatouées sur le dos. Les protagonistes de la pièce Les Oiseaux (2010) d’Alfredo Arias portent eux aussi des ailes angéliques, et le Camarade Constance « promet un bel avenir à l’espèce ailée ». Dans le spectacle musical Érik Satie… Qui aime bien Satie bien (2009) de Brigitte Bladou, Satie se compare à la Déesse Isis. Dans le film « Métamorphoses » (2014) de Christophe Honoré, Orphée est le nouveau Christ des Cités, barbu, en blanc, à la fois un peu Jésus, à la fois un peu Bouddha (il prétend notamment « briser le cercle des réincarnations »). Il prophétise au milieu des tours : « Je vais dire des choses vraies. […] Je vous demande de ne pas commettre de meurtres. » Dans le film « Plaire, aimer et courir vite » (2018) de Christophe Honoré, Marco, l’un des héros homos, est transformé en Christ sidéen dans la baignoire.

 

Film "Tu marcheras sur l'eau" d'Eytan Fox

Film « Tu marcheras sur l’eau » d’Eytan Fox


 

Il arrive fréquemment au personnage homosexuel de s’identifier au Christ : « Je me sentais paralysé dans ma pose de crucifié au milieu du lit. » (Jean-Marc dans le roman Le Cœur éclaté (1989) de Michel Tremblay, p. 19) ; « Je me suis cru un crucifié. » (un des protagonistes de la comédie musicale Encore un tour de pédalos (2011) d’Alain Marcel) ; « Je suis écartelée sur la croix, en solitaire. » (la voix narrative féminine dans la pièce Arthur Rimbaud ne s’était pas trompée (2008) de Bruno Bisaro) ; etc.

 

Par exemple, dans le vidéo-clip de la chanson « College Boy » d’Indochine (réalisé par Xavier Dolan), le héros homosexuel finit par être crucifié par ses camarades de classe. Dans le one-woman-show Karine Dubernet vous éclate ! (2011), Karine se présente d’emblée comme un condensé d’Adam et Ève : « Et au sixième jour, Dieu créa Karine. » Plusieurs fois dans le film « The Prom Queen » (« La Reine du bal » (2004) de John L’Écuyer), Marc, le héros gay, est filmé allongé sur son lit, dans sa chambre, puis désigné, par un jeu de lumière éclairant une croix sur lui, comme le nouveau Christ, le sauveur des homos en détresse. Dans le film « Toto qui vécut deux fois » (1998) de Daniele Cipri et Francesco Maresto, Paletta se prend pour le Christ. Dans le roman The Well Of Loneliness (Le Puits de solitude, 1928) de Marguerite Radclyffe Hall, Stephen, l’héroïne lesbienne, s’imagine être Jésus en voulant s’incorporer en son amante (et nourrice) Collins : « Je voudrais l’avoir attrapé… Je voudrais avoir attrapé votre épanchement de synovie, Collins, parce qu’ainsi je pourrais le subir à votre place. J’aimerais souffrir terriblement pour vous, Collins, comme Jésus a souffert pour les pécheurs. En supposant que je prie fortement, ne pensez-vous pas que je puisse l’attraper ? Ou supposez que je frotte mon genou contre le vôtre ? » (p. 30) ; « Stephen recourant aux histoires pour enfants de l’Histoire Sainte, étudia l’image du Seigneur Jésus sur Sa Croix, et elle sentit qu’elle Le comprenait. » (idem, p. 30) ;  « ‘J’aimerais beaucoup être un Sauveur pour Collins… Je l’aime et je désire être blessée comme vous l’avez été ; […] Je désire être opérée à sa place.’ […] Elle s’endormit pour rêver que, par quelque étrange transposition, elle était Jésus. » (idem, p. 31) Dans le roman L’Uruguayen (1972) de Copi, le narrateur est considéré comme un élu de Dieu, et se prend au jeu de feindre qu’il est un grand « saint, même bidon » (p. 50) : « Il m’a demandé de lui montrer comment je faisais des miracles. » (idem, p. 47) ; « La petite fille se jette aux pieds du président et le prie de me canoniser. » (idem, p. 49) ; « Ma canonisation doit rester anonyme. » (idem, p. 50) Il prend même le Pape de haut : « Je lui ai rétorqué qu’il a beau être pape, moi je suis saint. » (idem, p. 56) Dans le roman Le Bal des folles (1977) du même auteur, Pierre, l’amant du narrateur, se considère comme le Messie : « Pierre m’annonce qu’il devient gourou. Il détient la vérité éternelle. » (p. 70) ; « Il croit qu’il est devenu Jésus-Christ et il trouve normal que les bonnes sœurs viennent le changer quand il pisse sur lui ou lui donner de la nourriture d’enfant à la petite cuillère. Il a les stigmates dans les mains et les pieds que les bonnes sœurs nettoient bien à fond avec de l’alcool et couvrent de gazes. » (idem, p. 94) Dans le roman Je suis vivant dans ma tombe (1975) de James Purdy, Daventry devient le Christ qui donne son sang à boire à Quintus et à Garnet. Dans le roman El Anarquista Desnudo (1979) de Luis Fernández, l’homosexuel est le fils de l’Immaculée Conception. Dans le roman Michael Tolliver est vivant (2007) d’Armistead Maupin, Michael compare son amant Ben à Jésus (en plus, celui-ci a 33 ans). On voit une scène de crucifixion dans le roman Narrow Rooms (1978) de James Purdy. Dans la pièce L’Opération du Saint-Esprit (2007) de Michel Heim, le Christ et Dieu-le-Père sont tous les deux homosexuels. Dans le film « Boy Culture » (2007) de Q. Allan Brocka, le personnage de « X », gay, dit avoir douze disciples. Dans le film « Garçon stupide » (2003) de Lionel Baier, Loïc se prend pour Jésus, comme le lui fait remarquer à juste titre sa meilleure amie Marie (femme qu’il souhaiterait éternellement vierge pour qu’elle le confirme dans son statut christique) puisqu’il considère que les autres peuvent le « blasphémer ». Dans la comédie musicale Sauna (2011) de Nicolas Guilleminot, Benji, le héros homo avec les bras en croix, est prié à genou par ses trois comparses, comme s’il était Jésus. Dans le film « Mezzanotte » (2014) de Sebastiano Riso, Rettore et Davide, les deux héros homosexuels, entonnent des chansons des chanteuses italiennes des années 1960-1970 où ils répètent à tue-tête « Je pourrais être Dieu ». Rettore se voit même accuser de « blasphème ». Dans le film « Le Naufragé » (2012) de Pierre Folliot, Adrien, le héros homosexuel décédé, apparaît visible après sa mort, comme un mystérieux revenant, et seuls les êtres vivants de son entourage incarnant la virginité arrivent à le voir : la petite voisine, sa mère (qui s’appelle comme par hasard Marie), etc. Dans le film « Contracorriente » (2011) de Javier Fuentes-León, Santiago, l’un des héros homosexuels, est une pâle imitation du Christ : il est barbu, ressuscite à la vue de son amant Miguel, est célébré dans un chemin de croix.

 

C’est toute son homosexualité que le personnage homosexuel interprète comme une résurrection christique, une seconde naissance, une révélation profonde. Lors de son concert parisien Petits Secrets (2007) au Palais des Glaces, Christophe Moulin raconte son coming out effectué le jour de Noël, faisant ainsi de « l’homosexuel » présent en lui le nouveau Christ. Dans la comédie musicale Sauna de Nicolas Guilleminot (précédemment citée), Benji fait aussi son coming out à sa famille le jour de Noël. Dans le one-woman-show La Lesbienne invisible, Océane Rose Marie est née le jour de Noël. Stephen, l’héroïne lesbienne du roman The Well Of Loneliness (Le Puits de solitude) de Marguerite Radclyffe Hall, raconte sa naissance simultanée avec Jésus : « Il advint qu’à la veille de Noël, Anna Gordon accoucha d’une fille : un petit têtard de bébé aux hanches étroites, aux larges épaules, et cela hurla et hurla sans cesse pendant trois heures, comme si cela était indigné de se retrouver projeté dans la vie. » (p. 19) Karine Dubernet, dans son one-woman-show Karine Dubernet vous éclate !, poursuit sur la même lancée déifiante : « Je suis née un 24 décembre, dans une famille de blaireaux incultes. » Dans le film « C.R.A.Z.Y. » (2005) de Jean-Marc Vallée, Zac est né le jour de Noël, a des dons de guérisons, affirme avoir ressuscité deux fois, et rêve qu’il s’élève dans l’église (on le voit d’ailleurs en lévitation au milieu des fidèles). Dans le film « Love, Simon » (2017) de Greg Berlanti, Simon choisit de faire son coming out à sa famille le jour de Noël, en déballant les cadeaux. Un peu avant, Nick, un pote de Simon, pense que Simon est habillé en « Jésus stylé » quand en réalité il s’est déguisé en John Lennon.

 

Le personnage homosexuel adopte une conception très égocentrique et sensitive de Dieu, au point de se prendre pour Celui-ci et de croire que tous les membres de l’assemblée qui se trouvent sur le lieu de culte qu’il fréquente se réunissent finalement autour de lui, rien qu’en son honneur : « Esti se projeta en pensée à travers la synagogue, de plus en plus loin, jusqu’à en habiter le moindre recoin au rythme de sa respiration mesurée. […] En respirant, elle sentait la synagogue inspirer et expirer en même temps qu’elle. […] Elle souriait, s’adressait aux gens, au passage, leur disait, Ah oui, vous me trouvez étrange. Mais je suis une chose que vous ignorez. » (Esti, l’héroïne lesbienne du roman La Désobéissance (2006) de Naomi Alderman, pp. 128-129)

 

Le personnage homosexuel se rêve souvent éternel : « Je ne mourrai jamais. » (Roy dans la pièce Angels In America (2008) de Tony Kushner) ; « J’voulais être immortel. » (J.-P. Elvis dans la pièce Elvis n’est pas mort (2008) de Benoît Masocco) ; « Quentin rêvait d’être un Immortel. Il ne pouvait pas mourir. » (la voix narrative du roman N’oubliez pas de vivre (2004) de Thibaut de Saint Pol, p. 248) Dans le ballet Alas (2008) de Nacho Duato, le protagoniste principal se demande pourquoi il n’est pas infini.

 

Le personnage homosexuel se compare au Lazare de la Bible, qui ressuscite grâce à une action divine puissante : cf. le film « Hedwig And The Angry Inch » (2001) de John Cameron Mitchell, le roman Le Syndrome de Lazare (2006) de Michel Canesi et Jamil Rahmani, le film « Œdipe (N + 1) » (2001) d’Éric Rognard (avec l’allusion au « Syndrome de Lazare »), etc. Dans la pièce Angels In America (2008) de Tony Kushner, Prior est comparé à Lazare ; Harper le surnomme d’ailleurs « le Prophète ». Dans le film « L.A. Zombie » (2010) de Bruce LaBruce, le zombie gay a le pouvoir de ressusciter les morts. Dans le one-woman-show Mâle Matériau (2014) d’Isabelle Côte Willems, lorsque la narratrice transgenre F to M se travestit, elle rentre dans la peau de différents personnages masculins, et croit s’enfanter elle-même : « Elle quitte le tombeau du monde. » Elle lit au public des extraits de l’Épître de saint Paul, se prend pour « l’égal des apôtres » et pour l’hermaphrodite, fait une litanie des saints en les travestissant. « Comme ces femmes se sont travesties pour se dévouer à Dieu, elles ont quand même été sanctifiées. »

 

Quand survient l’amour dans sa vie, le personne homosexuel se plaît à imaginer qu’à lui seul (et parfois avec l’aide de son compagnon), il sera le Créateur de l’Amour : « Finalement, la seule chose qui a définitivement crevé en moi, au cours de cette crise, ça a été ma foi. Je me suis réveillé affamé d’une bonne faim, assoiffé d’une bonne soif, et réconcilié avec la vie. Je ne croyais plus en Dieu. Je ne croyais plus qu’à la force de mon amour. » (Mourad, l’un des personnages homos du roman L’Hystéricon (2010) de Christophe Bigot, au moment de s’assumer en tant qu’homo, p. 339) ; « Quand est-ce qu’on refait l’amour ? On le réinvente maintenant comme à chaque fois. L’amour est le facteur exponentiel des corps. On se multiplie l’un l’autre. Rien de tout ça ne nous a été transmis, appris. Tout ça on l’avait dedans. » (les trois voix de la pièce Mon Cœur avec un E à la fin (2011) de Jérémy Patinier) ; « Nous nous faisons maçons de nous. » (le Comédien dans la pièce Les Hommes aussi parlent d’amour (2011) de Jérémy Patinier) ; « On va faire l’amour entre nous. On va réinventer l’amour. » (Valéria à son amante Laurence dans le film « La Mouette » (1996) de Nils Tavernier) ; « Nous sommes des dieux, Scrotes, et ces deux jeunes hommes sont nos jouets. » (Anthony s’adressant à son amant, par rapport au jeune couple homo naissant Jim/Doyler, dans le roman At Swim, Two Boys, Deux garçons, la mer (2001) de Jamie O’Neill) ; etc.

 

Par exemple, dans la comédie musicale La Belle au bois de Chicago (2012) de Géraldine Brandao et Romaric Poirier, pendant que Philippe se fait draguer par Bertrand, il tient ses ailes d’ange dans les mains. Dans le roman At Swim, Two Boys (Deux garçons, la mer, 2001) de Jamie O’Neill, Jim et Doyler couchent ensemble le matin de Pâques 1916 : « Nous, on n’a rien à craindre parce qu’on est immortels. » (Jim s’adressant à son amant Doyler) Dans le film « Fried Green Tomatoes » (« Beignets de tomates vertes », 1991) de John Avnet, Idgie dit à son amante Ruth qu’elle est « le plus courageux des anges ».

 

Souvent, le personnage homosexuel se met à la place de Dieu pour décréter que Celui-ci l’a voulu et l’a créé homosexuel (cf. la pièce Et Dieu créa les folles (2009) de Corinne Natali) : « Dieu aime ma liberté au point, je crois, qu’Il accepte de ne pas regarder où elle me mènera. » (Adrien dans le roman Par d’autres chemins (2009) d’Hugues Pouyé, p. 36) ; « Je sais désormais que Dieu aime ce que nous sommes. N’en déplaise à tous ces frustrés de l’Église qui ont érigé la chasteté en valeur suprême ! » (idem, p. 105) ; « Tu m’as fait gay ! » (un personnage s’adressant à Dieu, dans la comédie musicale Encore un tour de pédalos (2011) d’Alain Marcel) ; etc.

 

Par exemple, dans le « musical » Adam et Steeve joué dans le film « The Big Gay Musical » (2010) de Casper Andreas et Fred M. Caruso, il est dit « Dieu a créés les homos » ; le couple homo remplace et répare le péché originel d’Adam et Ève : ce nouvel amour, restaurant l’Humanité, est qualifié de « Vérité du Ciel » même s’il n’est pas écrit dans la Bible.

 

En somme, selon le héros homosexuel, comme il serait originellement créature de Dieu, et que « les » homos formeraient une espèce divine à part entière, son homosexualité et les actes qu’elle lui font poser deviennent inattaquables et forcément bons. Pareil pour ses amours homos : elles seraient un « plan de Dieu » pour lui, un cadeau qu’il ne peut refuser (l’expression « plan de Dieu » aurait, à ses yeux d’athée, plus de poids encore que celle de « destin », « hasard », ou « coup de foudre »…) : « Je n’ai jamais été quelqu’un de religieux, mais j’ai le sentiment qu’une puissance qui dépasse le seul hasard a réuni nos vies. » (Bob à son amant Félix dans le roman La Synthèse du camphre (2010) d’Arthur Dreyfus, p. 237) ; « Est-ce que tu crois à la réincarnation ou aux rêves prémonitoires ? Moi non, mais aujourd’hui je ne peux que douter. » (Randall à Ernest, idem, p. 239)

 
 

b) Le transgenre est montré comme la réincarnation christique des temps modernes :

Le personnage homosexuel découvre la plupart du temps que le « devenir Dieu » et le « devenir ange » sont des chimères : on ne change pas de sexe et on n’évacue pas son « appareil génital » d’un claquement de doigt ! Mais on l’entend parfois fantasmer d’un monde asexué : « Mais je n’étais pas un homme, pas plus que les hommes eux-mêmes. » (Laura dans le roman Deux femmes (1975) de Harry Muslisch, p. 154) ; « Désexuez-moi ! » (Lady Macbeth dans la pièce Macbeth (1606) de William Shakespeare) ; « La différence, c’est que toi tu n’es pas stigmatisée. » (Adineh l’héroïne transsexuelle F to M s’adressant à Rana la femme mariée, dans le film « Facing Mirrors : Aynehaye Rooberoo », « Une Femme iranienne » (2014) de Negar Azarbayjani) ; etc.

 

Alors, certes, il rêve d’être unisexué, ou asexué comme les anges, mais sans renoncer pour autant à la génitalité : c’est la sexuation qu’il veut neutraliser, non la génitalité ni la débauche de pratiques coïtales : « Nous avons assez parlé du sexe des anges ! » (cf. une réplique de la pièce Une Visite inopportune (1988) de Copi, p. 71) ; « J’voulais vérifier si les anges avaient un sexe. » (Hugo, désignant l’homme nu allongé à l’étage et avec qui il vient de coucher, dans le film « L’Homme de sa vie » (2006) de Zabou Breitman) Globalement, le fantasme du sexe unique traduit chez lui une phobie de la sexualité.

 

Il arrive que le personnage homosexuel assigne lui-même la sexualité aux autres. Par exemple, dans la pièce La Pyramide ! (1975) de Copi, le Rat décrète que les Jésuites sont des femmes. D’ailleurs, à force de vouloir faire tout seul le travail de sexualité qui revient originellement à Dieu – c’est-à-dire trancher l’Humanité en deux, femmes ou hommes – le héros gay finit par devenir violent : « Je lui [Jean-Marie] défonce le crâne d’un coup de hache. » (la voix narrative du roman Le Bal des folles (1977) de Copi, p. 112)

 

Film "Tu n’aimeras point" d'Haim Tabakman

Film « Tu n’aimeras point » d’Haim Tabakman


 

D’autres personnages, transsexuels cette fois, décident carrément d’incarner à eux seuls la différence des sexes. Du point de vue de la fiction et du mythe, il faut reconnaître que ce miracle, impossible dans le Réel, est un succès. La figure du transsexuel est littéralement magnifiée et déifiée dans les œuvres artistiques homosexuelles. Cet androïde, sorti tout requinqué de la table d’opération, avance dans la ville, complètement nu, tel le nouvel Adam christique inaugurant une autre ère civilisationnelle (cf. le film « Hedwig And The Angry Inch » (2001) de John Cameron Mitchell, « Tu n’aimeras point » (2009) Haim Tabakman, la performance Golgotha (2009) de Steven Cohen, la performance Nous souviendrons-nous (2015) de Cédric Leproust, etc.). Il est rendu semblable à Jésus : je vous renvoie au film « Pigalle » (1995) de Karim Dridi (avec Divine, trans M to F au grand cœur), au Christ transsexuel crucifié dans le film « Freak Orlando » (1981) d’Ulrike Ottinger, aux photos du Christ transsexuel chaussé de talons aiguilles (1999) d’Élisabeth Olsson, à la chanson « Disco Queen » de la Palma dans le spectacle musical Cindy (2002) de Luc Plamondon (La Palma est appelée « La Divine »), au film « Divine, l’Évangile des Merveilles » (1998) d’Arturo Ripstein, au Christ des photographies de Robert Recker, au film « 30° couleur » (2012) de Lucien Jean-Baptiste et Philippe Larue (et Zamba, le travesti M to F avec des ailes d’ange), à la comédie musicale Se Dice De Mí En Buenos Aires (2010) de Stephan Druet (avec le trans M to F Ottavia la Blanca, véritablement auréolé de gloire), au film « Z Chromozome » (2012)  de Manfred T. Mugler (avec le héros principal appelé « The Goddess »), au film « Romeos » (2011) de Sabine Bernardi (avec le chanteur transsexuel M to F magnifié en sirène, battu par le vent d’un ventilateur), etc.

 

On peut constater que ce sont souvent les personnages transsexuels qui, dans les films, délivrent – parfois à leur insu – le plus de paroles de Vérité, à l’image des bouffons des auto-sacramentales de Calderón : cf. le film « Billy’s Hollywood Screen Kiss » (1998) de Tommy O’Haver, le film « Hedwig And The Angry Inch » (2001) de John Cameron Mitchell, le film « Tableau de famille » (2002) de Ferzan Ozpetek (où le trans dit constamment la vérité), le film « Todo Sobre Mi Madre » (« Tout sur ma mère », 1999) de Pedro Almodóvar (avec Agrado et son speech émotionnel « profond »), le film « Satreelex, The Iron Ladies » (2003) de Yongyooth Thongkonthun (avec Piya, personnage qui dit des paroles redoutablement vraies), etc.

 

Il est fréquent que les trans fictionnels possèdent (ou croient posséder) des pouvoirs divins (c’est d’ailleurs pour cela qu’ils sont surnommés très souvent « Divine ») : « Le jour où María-José se rendit compte de ses pouvoirs, marqua un tournant décisif dans sa vie. » (María-José, le transsexuel M to F de la nouvelle « Le Travesti et le Corbeau » (1983) de Copi, p. 29) ; « Touche-moi le cul encore une fois et c’est à Jésus-Christ que tu auras affaire ! » (David Forgit, le travesti M to F, dans son one-(wo)-man show Désespérément fabuleuses : One Travelo And Schizo Show, 2013) ; « Dieu, quand je te rencontrerai, je serai un ange magnifique. » (Rayon, le trans M to F, dans le film « Dallas Buyers Club » (2014) de Jean-Marc Vallée) ; « Willy, c’était mon miracle à moi. » (Éa parlant de Willy, le gamin transgenre M to F qui se prend pour une fille, dans le film « Le Tout Nouveau Testament » (2015) de Jaco Van Dormael) ; etc. Ils font de temps en temps des miracles. Dans le film « Extravagances » (1995) de Beeban Kidron, les muets retrouvent la parole grâce aux dragqueens. Dans le film « Prends-moi » (2005) d’Everett Lewis, le drag queen noir est messager divin. Dans la pièce Transes… sexuelles (2007) de Rina Novi, Ludo le transsexuel est surnommé « Lu-Divine » par ses camarades : Jules dira d’ailleurs que « Divine, ça lui va très bien ». Jean Genet baptise également son travesti de Notre-Dame des Fleurs (1946) « Divine ». Dans le film « The Rocky Horror Picture Show » (1975) de Jim Sharman, la scène de la piscine dans laquelle le Dr Frank-N-Furter, transsexuel, assure le lien entre l’Homme et Dieu, avec pour toile de fond la fameuse Création d’Adam de Michel Ange, montre que le transsexualisme est assimilé à l’incarnation divine du Christ. Dans le film « Mezzanotte » (2014) de Sebastiano Riso, la cantatrice trans M to F Louvre est fêtée pendant son concert comme une diva divine. Davide, le jeune héros homosexuel, s’y identifie complètement.

 
 

c) Le personnage homosexuel a le pied blessé ou le détruit afin d’accéder à une essence mythique :

N.B. : Je vous renvoie également aux codes « Talons aiguilles » et « Planeur » dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.

 

Le pied semble être le fétiche sacré du désir homosexuel : « Tu avais le pied émouvant. » (Vera l’héroïne lesbienne s’adressant à son amante Lola, dans la pièce Géométrie du triangle isocèle (2016) de Franck d’Ascanio) ; « Toute ton odeur, ça m’a rendue folle depuis que je te connais, quoi. L’odeur de tes aisselles, de tes pieds. […] Ça m’a absorbée complètement, je suis devenue folle… » (Daphnée à Luc dans la pièce La Tour de la Défense (1974) de Copi) ; « Je n’étais pas habituée à ce qu’on me touche les pieds. […] À cette partie du corps s’attachait une lourde signification symbolique. Je ne touchais que les pieds de mes grands-parents et les représentations de certains dieux dans les temples. Je ne touchai les pieds que des dieux que j’aimais. […] Que Rani me touche les pieds était un don d’amour. Un don si grand que je ne savais que faire. » (Anamika dans le roman Babyji (2005) d’Abha Dawesar, p. 109) ; « Quel homme parmi vous n’a jamais rêvé de s’embrocher un cul-de-jatte, de s’empaler sur un unijambiste ? » (la voix narrative de la nouvelles « Mémoires d’un chiotte public » (2010) d’Essobal Lenoir, p. 89) ; « ‘Tu les aimes, mes pieds ? […] Prends celui de gauche… Prends-le… Il est à toi…’ […] La situation me semblait irréelle tout à coup. Je paniquais. Que faire de ce pied gauche sur mes genoux ? […] Sidi était ravi. Il m’avait cédé son pied. » (Sidi et Hadda dans le roman Le Jour du Roi (2010) d’Abdellah Taïa, pp. 190-191) Dans le film « Benzina » (« Gasoline », 2001) de Monica Stambrini, la première image que l’on voit de Stella, l’héroïne lesbienne, c’est son pied botté qu’elle enflamme au briquet. Dans le film « Les Amitiés particulières » (1964) de Jean Delannoy, Alexandre a trouvé une excuse pour rejoindre incognito son amant Georges dans leur serre secrète : il prétexte une entorse au pied. Dans la pièce Les Amours de Fanchette (2012) de Jean-Baptiste Sieuw, Fanchette, l’héroïne lesbienne, est courtisée par son pied d’une exceptionnelle beauté. Dans le film « Que Viva Eisenstein ! » (2015) de Peter Greenaway, Sergueï Eisenstein, homosexuel, fait l’éloge des pieds.

 

Pour observer les pieds cassés dans les œuvres homosexuelles, je vous suggère de jeter un œil sur le conte Cendrillon d’Hans Christian Andersen, le film « Strangers On A Train » (« L’Inconnu du Nord-Express », 1951) d’Alfred Hitchcock, le film « Les Filles du botaniste » (2006) de Daï Sijie, le film « Memento Mori » (1999) de Kim Tae-yong et Min Kyu-dong, le film « A Family Affair » (2003) d’Helen Lesnick, le one-man-show Jérôme Commandeur se fait discret (2008) de Jérôme Commandeur, le film « Mon Fils à moi » (2006) de Martial Fougeron, la pièce Arthur Rimbaud ne s’était pas trompée (2008) de Bruno Bisaro, le roman El Palomo Cojo (1991) d’Eduardo Mendicutti, le one-man-show Entre fous émois (2008) de Gilles Tourman (avec la cheville tordue), le film « Le Roi et le Clown » (2005) de Lee Jun-ik (avec la jambe cassée), le roman Journal de Suzanne (1991) d’Hélène de Monferrand, le film « L’Homme aux colts d’or » (1958) d’Edward Dmytryck, le film « Mondo Trasho » (1970) de John Waters, le film « Polyester » (1981) de John Waters, le film « La Rage de vivre » (1996) de Nancy Meckler, les photos et la sculpture Le Cinquième élément du fétiche d’amour de Tony Riga, le one-man-show (2008) d’Alex Lutz, la pièce Ma double vie (2009) de Stéphane Mitchell, le film « Ander » (2009) de Roberto Castón (où Ander marche avec des béquilles dès qu’il s’homosexualise), le film « Rose et Noir » (2009) de Gérard Jugnot (Saint Loup se fait piétiner le pied par le prince Frédéric de Montmirail), la pièce Coloc’ à taire ! (2010) de Grégory Amsis (avec Fred et son pied cassé), le roman La Cité des Rats (1979) de Copi (avec l’Émir des Perroquets qui n’a plus qu’une patte), le roman Le Bal des folles (1977) de Copi (avec l’unijambiste), la pièce Les Miséreuses (2011) de Christian Dupouy (avec Fauche-le-Vent qui se casse le pied), le roman Accointances, connaissances, et mouvances (2010) de Denis-Martin Chabot (avec Marcel aux jambes paralysées, ou bien Brigitte la lesbienne qui se fait une entorse au pied), le film « Devotee » (2008) de Rémi Lange (avec le héros privé de bras et de jambes), le roman Le Jour du Roi (2010) d’Abdellah Taïa (avec Omar qui pisse sur la blessure de son mollet pour qu’elle cicatrise), la pièce L’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer (1971) de Copi (Irina s’est cassée une jambe en tombant dans l’escalier), le film « Die Frau » (2012) de Régina Demina (avec l’amante-fillette à la jambe « cassée », bandée), etc.

 

B.D. "Femme assise" de Copi

B.D. « Femme assise » de Copi


 

Souvent dans les fictions traitant d’homosexualité, le personnage homosexuel casse son pied, ou bien le coupe : « Laura courut derrière son amant qui l’abandonnait. Elle tomba, se cassa la cheville. Pour le culpabiliser, elle prétexta la gangrène, se fit couper la jambe. » (cf. un extrait du scénario qu’écrit Pablo Quintero, dans le film « La Ley Del Deseo », « La Loi du désir » (1986), de Pedro Almodóvar) ; « J’ai de plus en plus de mal à marcher, je m’aperçois que je n’ai plus de pieds, on me les a coupés. » (Ernst racontant son rêve, dans le roman J’apprends l’allemand (1998) de Denis Lachaud, p. 86) ; « Pourquoi faut-il toujours que je me bousille un pied dans les moments clés ? » (idem, p. 121) ; « J’ai coupé un pied à la dame négresse et je me le suis glissé dans une poche. » (la voix narrative dans le roman L’Uruguayen (1972) de Copi, p. 40) ; « Je vous fous une balle dans une jambe, dans le cas où vous auriez envie de danser un peu avant votre mort ! Ordure ! » (Leïla à Fougère dans la pièce Les Quatre jumelles (1973) de Copi, p. 36) ; « Dans le mouvement de confusion, quelqu’un marcha sur le pied de Solange. Elle hurla de douleur. » (Copi, La Vie est un tango (1979), p. 146) ; « J’aurais mieux fait de me casser une jambe le soir de notre rencontre. » (Thomas s’adressant à son amant François, dans la pièce L’un dans l’autre (2015) de François Bondu et Thomas Angelvy) ; etc. Par exemple, dans le film « Xenia » (2014) de Panos H. Koutras, Dany, le héros homosexuel, se tord le pied. Dans le film « Mommy » (2014) de Xavier Dolan, Diane, la mère de Steve (le héros homosexuel), a coupé son fils et lui a fait des « bobos sur la cuisse ». Dans le one-woman-show Mâle Matériau (2014) d’Isabelle Côte Willems, le pied est le symbole de l’asexuation : « Tu vois mes pieds ? Ils font fille ou garçon ? » Plus tard, la narratrice transgenre F to M brise à coup de sabre la jambe droite d’un soldat. Dans la pièce La Famille est dans le pré (2014) de Franck Le Hen, l’animateur qui devait présenter l’émission de télé-réalité Stars chez eux s’est coincé le pied dans la 4/4 de Graziella. Dans le roman At Swim, Two Boys (Deux garçons, la mer, 2001) de Jamie O’Neill, Doyler, Doyler, d’un des héros homos, boîte car il s’est blessé à la jambe gauche à la guerre. Dans le film « Mon Père » (« Retablo », 2018) d’Álvaro Delgado Aparicio, Segundo se flagelle le pied.

 

À force de prendre homosexuellement son pied, le personnage ne le retrouve plus ! « À peine j’essaie de remuer dans le lit je sens une très forte douleur au pied gauche. J’écarte les draps : il n’y a plus de pied gauche. » (le narrateur homosexuel du roman Le Bal des folles (1977) de Copi, pp. 59-60)

 

DIEU jambes

 

Avoir le pied tranché, c’est une manière de se déifier, de ne plus appartenir à la Terre, de rejoindre les Cieux… et surtout l’orgueil de Lucifer. Le pied coupé ou cassé renvoie très certainement à l’éloignement du Réel du personnage homosexuel, et donc souvent à des réalités fantasmatiques violentes : « Lâche ma botte, putain ! » (Glen racontant un de ses « plans cul », dans le film « Week-End » (2012) d’Andrew Haigh) ; « Votre pied a-t-il résisté à mon talon ? » (Mathilde dans le roman Mathilde, je l’ai rencontrée dans un train (2005) de Cy Jung, p. 13) ; etc.

 

Par exemple, dans la comédie musicale Se Dice De Mí En Buenos Aires (2010) de Stephan Druet, Ottavia la Blanca, le héros transsexuel M to F, pour cacher qu’il vient de se faire battre, fait croire qu’elle a un problème au pied : « Non non, rien… Je me suis cassée un talon. » Dans le film « The Bubble » (2006) d’Eytan Fox, Yali perd l’usage de ses jambes après un attentat palestinien : lui, le rêveur homosexuel qui n’avait pas les pieds sur terre, ne remarchera plus. Dans le film « Freak Orlando » (1981) d’Ulrike Ottinger, les soldes des chaussures sont annoncées comme par hasard sous le slogan « Liquidations des Mythes ». Dans le film « Strella » (2009) de Panos H. Koutras, par exemple, au moment où Yiorgos a voulu venger son fils Strella en tuant l’oncle de celui-ci avec un fer à repasser parce qu’il avait abusé de son neveu, il a blessé Strella au pied. Dans le film « Shortbus » (2005) de John Cameron Mitchell, Sofia, la psy, prend une jambe de mannequin en plastique et, de rage, la fracasse contre une bouche d’égout… car elle ne sait plus où elle en est en amour. Elle se venge d’avoir cru vainement en la toute-puissance de l’extase divine par le sexe, sur ce fétiche en forme de pied. Dans le film « Prora » (2012) de Stéphane Riethauser, Jan, repoussé violemment par son amant Matthieu, se coupe la jambe à cause d’un éclat de vitre de fenêtre. Dans la série Joséphine Ange-gardien (1999) de Nicolas Cuche (épisode 8, « Une Famille pour Noël »), la toute première scène est comme par hasard celle où le jeune Julien (le fils de Thierry, le héros homosexuel) se coince le pied dans la portière du train duquel il descend. Dans la pièce Folles Noces (2012) de Catherine Delourtet et Jean-Paul Delvor, le kozak Karltschusski se coupe les dix doigts de pieds.

 
 

FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION

 

PARFOIS RÉALITÉ

 

La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :

 
 

a) Certaines personnes homosexuelles se prennent pour Dieu, des anges, ou le Christ :

 

Par souffrance et orgueil, beaucoup de personnes homosexuelles expriment le désir de s’auto-créer, de devenir leur propre origine ou des anges asexués auto-suffisants, quand bien même elles ne croient pas en Dieu. « Être queer, c’est se forger sa propre identité. » (Jan Noll, un chanteur homosexuel interviewé dans le documentaire « Somewhere Over The Rainbow » (2014) de Birgit Herdlitschke, diffusé en juillet 2014 sur la chaîne Arte) Par exemple, en interview, le romancier Eddy Bellegueule déclare à propos de son autobiographie En finir avec Eddy Bellegueule (2014) qu’il a souhaité « rompre avec ce qu’on avait fait de lui pour se réinventer. » Tout au long de sa vie, le couturier homosexuel Yves Saint-Laurent s’est auto-détruit tout en se présentant comme un génie divin (cf. certains slogans de ses produits – « OPIUM : pour celles qui s’adonnent à Yves Saint-Laurent » – l’illustrent tout à fait)… et son amant officiel Pierre Bergé le lui fera remarquer : « Tu te prends pour le Christ aux outrages ? » Je vous renvoie aux documentaires « Des Hommes et des dieux » (2002) d’Anne Lescot et Laurence Magloire, « Tiny And Ruby : Hell Divin’Women » (1988) de Greta Schiller et Andrea Weiss, « Not Angels But Angels » (1994) de Wiktor Grodecki, « Mr Angel » (2013) de Dan Hun (avec Buck Angel, la femme transsexuelle F to M), à l’essai Parce que les Lesbiennes ne sont pas des femmes… (2004) de Marie-Hélène Bourcier et Suzanne Robichon, etc.

 

Lors de l’émission Les Enfants d’Abraham du 1er décembre 2009 diffusée sur la chaîne Direct 8, traitant de l’homoparentalité, Haïm Korsia, le porte-parole juif, parle de la « négation des limites humaines » qu’impulse l’homosexualité. Il n’a, en effet, pas tort du tout quand il aborde les fantasmes de toute-puissance de la communauté homosexuelle, car les exemples ne manquent pas observer la folie des grandeurs du désir homosexuel !

 

Un garçon à la Gay Pride

Un garçon à la Gay Pride


 

On observe dans la réalité que ce fantasme d’être Dieu dépasse bien souvent les écrans et les livres, pour se concrétiser partiellement mais fréquemment dans les modes de vie des individus homosexuels. « Oscar Wilde… la tentation démoralisante de se prendre pour une sorte de petit dieu, en vertu d’une culture qui ne devrait être considérée que comme tout à fait ordinaire. » (Bernard Shaw, cité dans l’essai Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970) de Jean-Louis Chardans, p. 173) ; « Je suis hétéro et homo… hétéromo ! Les animateurs c’est comme les anges, ça n’a pas de sexe ! » (l’animateur homosexuel Olivier Minne, au micro de RMC en août 2014) ; « La Maison des Saints Anges – nom de ce monastère – avait la réputation d’être un havre pour plusieurs membres de l’Ordre ayant une orientation homosexuelle. » (Père Malachi Martin, La Maison battue par les vents (1996), pp. 448-449) ; « Je suis ma propre fan. Je m’adore. » (Linn, jeune homme brésilien travesti en femme, dans le documentaire « Bixa Travesty » (2019) de Kiko Goifman et Claudia Priscilla) ; etc.

 

Il suffit de faire un petit tour sur Internet et sur les sites de rencontres gays où fourmillent les pseudonymes à consonance religieuse et mystique (« Angeoudemon », « Godblessyou », « Jesusisgay », etc.) pour constater l’ampleur du phénomène. Ce n’est certainement pas parce que la majorité des personnes homosexuelles se dit athée qu’elle a renoncé à ce désir de se prendre pour Dieu. Actuellement, l’athéisme, en tant que nouveau fanatisme profane, fait d’ailleurs plus d’orgueilleux que l’adhésion à une religion telle que le catholicisme, où les notions de service et d’humilité sont centrales !

 

Ce souhait d’être « Dieu à la place de Dieu » débute gentiment par un discours eugéniste pro-gay classant l’homosexualité dans l’exceptionnalité surnaturelle, et faisant « des » homosexuels une race à part : « Je pense que l’homosexualité, ça développe l’intelligence. Non pas qu’on soit plus intelligents que les autres. Mais on est plus sensibles. » (Françoise, une femme lesbienne, dans l’émission Dans les yeux d’Olivier d’Olivier Delacroix et Mathieu Duboscq, diffusée sur France 2 le 12 avril 2011)

 

Le délire mégalo et sincère se poursuit après dans le jeu de mots sympathique et presque anodin. Par exemple, à Montpellier, il existe une association LGBT pour les jeunes gay, lesbiennes, bis, trans de 16 à 25 ans, qui s’appelle A.N.G.E.L. (si on décompose : Association des Nouveaux Gays Et Lesbiennes) ; elle a été créée en 1997, et bien évidemment, dans ses statuts, elle se dit « laïque et apolitique ». Autre exemple : certains amis homos à moi m’ont confié que, lorsqu’ils étaient petits, ils s’amusaient à modifier phonétiquement leurs noms de famille pour les rendre plus « angéliques » ; ou bien qu’ils se prenaient pour des anges.

 

Puis à l’adolescence et à l’âge adulte, l’identification fusionnelle à Jésus se fait en général par les goûts et les loisirs (plus rarement par une pratique religieuse au sein de l’Église catholique). Il n’est pas du tout rare de retrouver, du côté des icones gay, des artistes qui jouent les saints profanes. En premier lieu, on pensera bien sûr à Mylène Farmer, qui se prend pour Mère-Nature en sortant du crâne de la statue d’Isis lors de son concert Mylenium Tour (1999). Par exemple, dans la biopic « Ma Vie avec Liberace » (2013) de Steven Soderbergh, le pianiste virtuose gay Liberace raconte que suite à un malaise qui l’a conduit à l’hôpital, il a eu une vision d’une religieuse immaculée au chevet de son lit ressemblant à une infirmière, et qui en réalité était une vision privée qui lui confirmait non pas l’existence de Dieu ou de Marie mais son « élection » homosexuelle… Par ailleurs, la diva se crucifie dans les vidéo-clips des chansons « Je te rends ton amour », « Optimistique-moi », « XXL », et interprète un ange envoyé sur Terre dans le vidéo-clip de la chanson « Que mon cœur lâche ». Lors de son concert Rodéo Tour (2005), la chanteuse Zazie arrive suspendue dans un linceul. L’égérie de la communauté homo, Madonna, qui avait déjà endossé le rôle de Marie-Madeleine dans le vidéo-clip de sa chanson « Like A Prayer », récidive dans le blasphème sincère et puéril en entonnant lors de ses concerts (tournée 2006) « Live To Tell » crucifiée sur une croix disco, avec une couronne d’épine sur la tête. Quant à la chanteuse Kilye Minogue, elle joue la Vénus aérienne et la grande prêtresse grecque dans son album Aphrodyte. Pour refermer cette parenthèse des icones gay ré-employant les symboles religieux classiques pour mieux les détourner à leur propre gloire, je citerai le groupe de rock gothique français Indochine, qui s’est choisi pour logotype la croix du Christ.

 

Et quand ce sentiment d’être divin est pris davantage au sérieux, se forment des groupes de franc-maçonnerie homosexuelle secrets. On peut citer le cercle britannique Bloomsbury, composé entre autres par Bertrand Russell, Lytton Stachey, E. M. Forster ou encore J. M. Keynes, qui, au début du XXe siècle, célébrait l’homosexualité comme une forme d’amour plus élevée (Higher Sodomy) que les « vulgaires » amours femme-homme ; ou bien au fait divers réel qui secoua l’Allemagne dans les années 1920, et que le film « Un Parfum d’absinthe » (2004) de Achim von Borries retrace (des étudiants homosexuels de la bonne société se retrouvaient entre eux pour fonder un club de suicide) ; ou enfin au clan très underground et ésotérique de la Beat Generation formé par William Burroughs, Jack Kerouac, Allen Ginsberg, et d’autres artistes nord-américains soucieux de construire une élite spiritualo-homosexuelle, censée recréer/préserver la pureté divine des amours platoniciennes.

 

En ce moment, c’est l’idéologie du Gender et du Queer qui a le vent en poupe et qui traduit le mieux la tendance des personnes homosexuelles pratiquantes à se prendre pour leur propre origine et leurs propres désirs. « C’est, je pense, l’intérieur qui commande. […] Dieu, c’est rien. » (Pierrot, le papy fermier de 83 ans dans le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz) C’est finalement la « bourgeoise-bohème attitude ». Car, qu’est-ce qu’être bobo, sinon vouer un culte maladif à la simplicité, au naturel, à l’authentique, et se prendre pour un dieu innocent, qui créerait du génie par accident, sans le désirer, et par lui-même ? (cf. je vous renvoie au code « Bobo » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels).

 

Le fait de se prendre pour Dieu crée une schizophrénie. D’ailleurs, il existe dans le mouvement queer un sous-groupe de personnes qui se revendiquent « bispirituels » et s’autoproclament « Deux-Esprits ». Cette nouvelle dénomination communautaire est apparue lors de la Troisième Conférence annuelle des gays et lesbiennes des Premières Nations à Winnipeg (États-Unis) en 1990. Ses adeptes (par exemple Gina Metallic) prétendent « s’éloigner de l’aspect purement sexuel pour se rapprocher de la dimension spirituelle ».
 

Tableau de Pierre et Gilles

Tableau de Pierre et Gilles


 

Concernant les cas plus isolés de délires mystiques homosexuels, on sait par exemple que le Marquis de Sade aimait à se faire appeler « le Divin Marquis », que l’écrivain britannique Malcolm Lowry s’est pris très sérieusement pour le Christ quand il pensait qu’il pouvait changer l’eau en vin (cf. le documentaire « Le Volcan » (1976) de Donald Brittain). Le danseur Nijinski se prenait également pour Dieu : il l’écrit noir sur blanc dans ses Carnets qu’il rédige en 1919 : « L’exaltation de Nijinski le poussait aussi à courir la montagne qui faisait dos à la villa, où il entendait Dieu lui dicter ses ‘commandements’. Endossant le rôle du prêcheur, la poitrine barrée d’un large crucifix, Nijinski exhortait les habitants de Saint-Moritz à fréquenter l’église et à mener une ‘vie droite’. » (Christian Dumais-Lvowski, dans l’avant-propos des Cahiers (1919) de Vaslav Nijinski, p. 11) En 1973, Michel Journiac a réalisé un moulage d’après son propre visage : Journiac Travesti en Dieu. Dans le docu-fiction « Howl » (2010) de Rob Epstein et Jeffrey Friedman, Allen Ginsberg se décrit comme « prophétique ». Yves Saint-Laurent, lui, s’est photographié en Jésus. Des femmes féministes et lesbiennes se crucifient dans le documentaire « Mamá No Me Lo Dijo » (2003) de Maria Galindo, ou bien se font passer pour des prêtres. L’écrivain japonais Yukio Mishima s’est photographié dans des postures très christiques. Monique Wittig, de son vivant, déclare que les femmes lesbiennes ne sont pas des femmes, mais des êtres sans vagin, asexués, quasi divins : « Il serait impropre de dire que les lesbiennes vivent, s’associent, font l’amour avec des femmes, car la femme n’a de sens que dans les systèmes de pensée et les systèmes économiques hétérosexuels. Les lesbiennes ne sont pas des femmes. » (Monique Wittig lors d’une conférence à New York en 1978). Le poète espagnol Luis Cernuda, quant à lui, écrit son désir d’être « éternel » (Armando López Castro, Luis Cernuda En Su Sombra (2003), p. 11). En 1997, Alfredo Arias se fait photographier avec des ailes d’ange par Michel Sedan. Le poète argentin Néstor Perlongher veut, par l’extase et la consommation de drogues, « se sentir Dieu » (cf. son article « Poesía Y Éxtasis », 1990). Dans le documentaire « Les Garçons du Lido » (2010) de Louis Dupont, certains Lido Boys Dancers portent des ailes d’ange en plumes. Michou, le célèbre créateur du cabaret transformiste parisien Chez Michou, au moment d’être photographié devant la Basilique de Montmartre, ose se comparer à l’édifice : « Je serai aussi célèbre que le Sacré-Cœur ! » (cf. le journal Direct Matin, n°904, le 17 juin 2011, p. 12) Les partisans de la Queer Theory actuelle défendent une conception très ésotérique, éthérée, et désincarnée, de l’être humain, comme si l’espèce humaine toute entière était angélique.

 

Si l’on écoute les propos de certaines personnes homosexuelles, on ne doute pas du fait qu’elles se soient vraiment prises pour Dieu : « Dans mes rêveries, apparut explicitement le désir d’imiter Jésus. […] Je me vis suspendu à la croix, cloué. Une foule immense me regardait. Ce martyre public finit par devenir une image voluptueuse. » (Pier Paolo Pasolini cité par Gian-Luigi Simonetti, « Pier Paolo Pasolini », dans le Dictionnaire de l’homophobie (2003) de Louis-Georges Tin, p. 306) ; « Puisqu’il me fallait choisir entre Dieu et moi, je me suis préférée à lui car j’étais certaine de mon existence alors que bien des gens parmi les plus instruits et les plus estimables doutaient de la sienne. » (Paula Dumont, Mauvais genre (2009), p. 70) ; « Même si je vivais cent ans, cela ne me suffirait pas. » (James Dean cité dans la biographie James Dean (1995) de Ronald Martinetti, p. 105) ; « Je sens que je deviens Dieu. » (Gilles Deleuze et Félix Guattari, L’Anti-Œdipe (1972/1973), pp. 100-101) ; « C’est donc moi, le roi ! C’est donc à moi que revient le royaume ! » (idem, p. 106) ; « Je crois qu’être lesbienne c’est appartenir à cette catégorie d’‘appelés’. » (Marie-Jo Bonnet, Qu’est-ce qu’une femme désire quand elle désire une femme ? (2004), p. 123) ; « Je suis Brüno, l’Ange de la Paix. » (Brüno dans le film « Brüno » (2009) de Larry Charles) ; « Je suis le Jésus autrichien. » (idem) ; « Et le troisième lieu était le grand théâtre classique : l’amphithéâtre antique avec ses pierres. […] Tes représentations, tu les donnais après la pluie, quand, dans le creux des dalles, des flaques apparaissaient. Là, tu apparaissais grandiose, avec ta croix en bois. Tu adorais jouer ta Via Crucis. Tu te laissais tomber avec délices dans les flaques. » (la grand-mère d’Alfredo, lui racontant son enfance, dans l’autobiographie Folies-fantômes (1997) d’Alfredo Arias, p. 159) ; « Mais pourquoi diable, Dieu ne serait-il pas une lesbienne noire ? » (Albert Le Dorze, La Politisation de l’ordre sexuel (2008), p. 108) ; « Est-ce que les lesbiennes noires seront un jour des dieux… pas des déesses, mais des dieux ? » (Lise dans la pièce La Fesse cachée (2011) de Jérémy Patinier) ; « J’ai commencé à faire bouger mes p’tites ailes. Des p’tites ailes qui sont devenues démesurées. » (Thérèse, une femme lesbienne de 70 ans, en parlant de la « Libération sexuelle » de mai 1968, dans le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz) ; « Par les pouvoirs que nous nous sommes octroyés… » (les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence dans le documentaire Et ta sœur (2011) de Sylvie Leroy et Nicolas Barachin) ; « On rejoue la crucifixion et le sacrifice de Jésus. Mais ce n’est pas qu’un jeu. Il serait dommage de ne voir tout cela que comme une mascarade. C’est bien mieux d’en voir une version authentique et concrète. Tout ceci forme un grand jeu bien réglé. Un jeu sacré. Et le sacré accentue encore le caractère orgiaque de cette mise en scène. » (David Berger, homosexuel attiré par le sadomasochisme et ancien clerc, dans le documentaire « Du Sollst Nicht Schwul Sein », « Tu ne seras pas gay » (2015) de Marco Giacopuzzi) ; etc.

 

DIEU Morrissey

 

Pour préserver ses utopies identitaires et amoureuses, la communauté homosexuelle a tendance à encenser certaines de ses célébrités – surtout les plus atypiques et les plus iconoclastes – et à distribuer des diplômes de divinité à tout va : « Il suffit d’avoir vu les dessins de Copi pour savoir qu’il ne voit pas, ne pense pas comme tout le monde. » (cf. l’article « Copi, le survolté » de Guy Dumur, dans le journal Le Nouvel Observateur, le 11 avril 1986) David Halperin, le sociologue nord-américain, rédige en 1995 un essai mi-ironique mi-laudatif en l’honneur de son maître à penser Michel Foucault : Saint Foucault : Towards A Gay Hagiography. Nous, spectateurs, sommes de plus en plus conviés à célébrer la béatification des martyrs homosexuels de l’homophobie lors de veillée aux flambeaux, comme celle qui est organisée à la fin du film « Harvey Milk » (2009) de Gus Van Sant, à la mémoire de saint Harvey Milk. Ce sont certains rituels (le coming out, la formation du couple homo, le « mariage », l’acte homophobe agissant comme le sacre du martyr, etc.) qui peu à peu donneraient aux personnes homosexuelles le statut de saints. Par exemple, dans le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz, la fille de Thérèse dit que sa mère (lesbienne) est née à 42 ans, au moment de son coming out. Michael Zolciak, quant a lieu, tresse théâtralement une auréole de saint à Arthur Rimbaud : Et Dieu créa Rimbaud (2015)

 

Par ailleurs, on entend régulièrement de la bouche de certains croyants homosexuels – ceux-là mêmes qui ne vivent pas concrètement ce que demande leur Église, d’ailleurs… – que Dieu les aurait créés homosexuels : « Dieu nous a créés comme ça. » (cf. les témoins homos du documentaire Ouganda : au nom de Dieu (2010) de Dominique Mesmin) Dans le documentaire « Católicos Gays » de l’émission Conexión Samanta sur la chaîne Play Cuatro, (juin 2011), Vicente dit que c’est Dieu qui l’a voulu gay ; et quasiment tous les témoins croyants homosexuels affirment très sincèrement que « Dieu les aime tels qu’ils sont ». Bref, « l’homosexuel » serait divin, naturellement divin !

 

Au-delà de l’aspect carnavalesque risible, le déguisement de l’innocence divine sert concrètement de matraque idéologique encore plus puissante et censurante qu’une attaque ouvertement hostile. Qui veut faire l’ange fait la bête. Par exemple, pendant l’affaire Shepard aux États-Unis en 1998, Romaine Patterson, une amie de Matthew, organise l’« Action de l’Ange », à savoir que des militants pro-gay, déguisés en angelots, ont encerclé leurs opposants (décrétés « homophobes ») pour les faire taire. Et en France, lors des Gay Pride et des Manifs Pour Tous, ce sont les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence, les gentils « Antifas » ou « Anti-homophobie », ou encore les FEMEN (déguisées en religieuses, le 18 novembre 2012), qui sont finalement les plus violents.

 

les FEMEN "anti-fascistes"

les FEMEN « anti-fascistes »


 

La croyance qu’on est « Dieu tout seul », au-delà de l’égocentrisme mégalomaniaque qu’elle semble démontrer, est finalement la marque d’un gros manque d’amour ou d’un manque de reconnaissance qu’on est aimé. Dans le documentaire « Le Genre qui doute » (2011) de Julie Carlier, la femme transsexuelle F to M qui témoigne nie la réalité de la/sa sexuation humaine, comme si en matière de sexualité tout n’était qu’une affaire de paraître et de ressenti : « Qu’est-ce que c’est un homme ? une femme ? C’est ce qu’on en voit. » On constate très vite qu’elle essaie par le travestissement de combler une blessure d’orgueil, narcissique : « Au niveau de l’égo, ça me fait toujours du bien. » Un grand manque d’amour : « Jamais personne ne me dit que je suis belle. »

 
 

b) Le transgenre est montré comme la réincarnation christique des temps modernes :

DIEU bears vrais

 

Les personnes transgenres ou transsexuelles, tout comme dans les fictions, sont au départ applaudies comme les grandes saintes de la communauté LGBT… même si, concrètement, leur victoire résurrectionnelle est moins effective et miraculeuse que dans les films (c’est le moins qu’on puisse dire !). Elle réside davantage dans les intentions et les croyances que dans les faits : le documentaire « I Am Divine » (2013) de Jeffrey Schwartz, etc.

 

« Elle, c’est María José et lui, José María. […] Quelque chose de profondément religieux. Que l’on ne peut confesser. » (Luisa Valenzuela, « Leyenda De La Criatura Autosuficiente », 1983) ; « Lito [un M to F] avait fait converger toutes ses forces dans le but unique d’imiter sa mère. Dans l’intimité, il s’habillait comme elle. Il interprétait le répertoire lyrique qui avait fait la gloire de Katia. Elle acceptait volontiers cet hommage filial et le miroir qu’il lui tendait : elle se voyait plus jeune et, grâce à ce subterfuge, elle parvenait à se croire éternelle. » (cf. l’autobiographie Folies-fantômes (1997) d’Alfredo Arias, p. 291) ; « Plus ta perruque est haute, plus tu te rapproches de Dieu. » (Lady Bunny, le drag queen new-yorkais, cité dans la revue Têtu, n°127, novembre 2007, p. 90) ; « Je suis le seul être humain à pouvoir être en même temps père et mère. » (Jorge Pérez, le transsexuel M to F dit « Concha », dans l’autobiographie Folies-fantômes (1997) d’Alfredo Arias, p. 49) ; « Camp is gender without genitals. » (Philippe Core, cité dans l’essai Folles de France (2008) de Jean-Yves Le Talec, p. 79) ; « Nous savons que, dans l’univers de Copi, Dieu est (ou peut être) un transsexuel. » (cf. l’article « Cerca De La Revolución » de Daniel Link, sur le site http://www.elortiba.org/copi.html, consulté en février 2010) ; « C’est lui qui nous a montré le chemin. » (le père de Lucas, femme F to M, pendant le débat « Transgenres, la fin d’un tabou ? » diffusé sur la chaîne France 2 le 22 novembre 2017) ; « J’ai cassé la côte d’Adam. Je suis la Nouvelle Ève. » (Linn, jeune homme brésilien travesti en femme, dans le documentaire « Bixa Travesty » (2019) de Kiko Goifman et Claudia Priscilla) ; etc.

 

Les personnes transgenres/transsexuelles sont-elles vraiment les dieux du « milieu homo » ? Il est clair qu’elles font sensation pendant les Gay Pride, ou durant les meetings politiques. Le temps d’un spectacle, elles subjuguent les assemblées dans lesquelles elles se produisent artistiquement, tellement elles savent rendre l’artifice très réaliste. D’où l’impression temporaire qu’elles donnent d’être des magiciennes, des déesses. « Des transsexuelles me prirent sous leur coupe, persuadées qu’elles avaient la solution à mon chagrin. Amour divin, amour profane, nous entretenions les sentiers d’une relation juste et sensible. Mais, ces ébats qui ne me procuraient aucun plaisir, ne faisaient qu’aggraver le trouble existant de la scène de violence vécue avec mon frère. Cette scène qui me hantait et réveillait ces horribles douleurs au ventre. Et puis pour moi, c’était des filles ; Et les filles, franchement, ne m’attiraient pas. » (Berthrand Nguyen Matoko, Le Flamant noir (2004), p. 119) En plus, elles ont le mérite d’être ultra minoritaires (y compris au sein de la communauté homosexuelle : elles ne sont pas toujours bien intégrées dans les associations LGBT, d’ailleurs…). Elles ont le courage surhumain de défier la mutilation que représente leur opération de changement de sexe, une opération coûteuse qu’elles n’auront jamais finie de réaliser entièrement. La démarche de ces personnes, même si elle n’est pas concrètement divine, tend, en intentions (et parfois en actes), quand même à la déification. Dans son étude Horsexe, essai sur le transsexualisme (1983), Catherine Millot explique que le désir transsexuel consiste à échapper à la dualité des sexes, à appartenir au sexe des anges, à être hors-sexe (p. 133). Et force est de constater que dans l’attitude et le discours de la grande majorité des personnes transsexuelles, il y a un mime, un pastiche (inachevé, toujours raté) du Christ. Je pense en particulier au documentaire « Boy I Am » (2006) de Sam Feder et Julie Hollar, dans lequel Nicco (née fille) est carrément filmée crucifiée sur la table d’opération, avec les bras en croix, pour être « transformer » en garçon. Je pense aussi au discours très christique de l’acteur John Cameron Mitchell, mais aussi à toute cette tyrannie corporelle (régimes, maquillage, piqûre d’hormones, ablation du sexe, etc.) que s’infligent les personnes transsexuelles, comme si elles s’offraient en sacrifice à l’autel de la science. Par ailleurs, Harry Glenn Milstead s’est mis toute sa vie dans la peau de son personnage mythique de « Divine », grâce au travestissement. Et la figure du transsexuel, même dans des ouvrages théoriques présentés comme scientifiques, continuent d’arborer un discours profane mais « religieux à la sauce libertine ». Par exemple, dans l’article « Crónica Auténtica De Lo Acontecido En Un Pub De Chueca Una Noche De Verano » (inclus dans l’ouvrage collectif Primera Plana (2007) de J. A. Herrero Brasas), Marisol, l’homme transsexuel, est présenté comme un Messie qui annonce la Bonne Nouvelle de l’Hédonisme à la Terre entière (« Aimez qui vous voulez ! »)… ou plutôt à tous les clients du bar La Licorería de Madrid. Et là encore, la volonté de mimer Dieu est très claire et très sincère chez la personne transsexuelle.

 
 

c) La suppression des pieds exprime un désir de devenir Dieu, de se mythifier et de mourir :

Se retirer les pieds, c’est s’homosexualiser. « Je me réveille à 3h30 avec la jambe gauche lourde. Je me souviens du rêve dans lequel je disais que j’allais me mettre en couple avec un homme à ma famille, parce que je suis homosexuel ou crois l’être. » (cf. le mail d’un ami homo, Pierre-Adrien, 30 ans, reçu en juin 2014) Par exemple, dans l’émission Toute une histoire spéciale « Mon père est parti avec un homme » (diffusée sur la chaîne France 2 le 5 décembre 2013), Jacques Vialatte, le romancier de 61 ans, a découvert son homosexualité à 34 ans – alors qu’il était marié avec 4 enfants – avec le coiffeur (marié et homo) de sa femme : « Je rentre dans ce salon de coiffure… et bingo ! Je vois cet homme. Ce coiffeur. […] J’ai plus mes jambes. Je commence à transpirer des mains, alors que même sur ce plateau, je transpire pas des mains. Un coup de foudre. » Dans le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz, Pierrot, le vieux papy fermier homosexuel, raconte un épisode d’enfance personnel : l’audace d’avoir désobéi à sa grand-mère en coupant son pantalon et en se taillant un short.

 

Film "La Vierge des tueurs" de Barbet Schroeder

Film « La Vierge des tueurs » de Barbet Schroeder


 

Le philosophe Roland Barthes, dans son essai Mythologies (1957), explique que le désir de se déifier implique que l’on devienne « casse-pied » (au sens littéral de l’expression !), que l’on se filme sans jambe et sans pied, tout comme les vedettes de cinéma ou les présentateurs télé que l’on voit en gros plan et qui ne semblent jamais toucher le sol : « Marcher est peut-être – mythologiquement – le geste le plus trivial, donc le plus humain. Tout rêve, toute image idéale suppriment d’abord les jambes, que ce soit par le portrait ou par l’auto. » (p. 25)

Le pied est parfois célébré par la communauté homosexuelle comme le fétiche sacré qui la rendra divine. Je vous renvoie au pied massacré dans l’article « El Deseo De Pie » (1986) de Néstor Perlongher. Il n’est pas anodin que l’un des premiers journaux homosexuels français s’appelle Gai Pied. Certaines personnes homosexuelles, en coupant symboliquement le pied de leur partenaire amoureux, ont l’impression d’accéder à sa divinité, de le posséder complètement : « Comme j’aimais, quand il faisait froid, te laver les pieds avec de l’eau très chaude dans la petite bassine rouge que nous avions achetée ensemble du côté du métro Strasbourg-Saint-Denis. Je le savais, je les essayais et je les embrassais : ils étaient à moi. » (Abdellah Taïa à son amant Slimane, dans l’autobiographie Abdellah Taïa, Une Mélancolie arabe (2008), p.114) Par exemple, dans le documentaire « Cocteau/Marais : un couple mythique » (2013) Yves Riou et Philippe Pouchain, il est raconté que Jean Cocteau a vraiment baisé les pieds du boxeur Al Brown.

 

Mais symboliquement, perdre ses pieds, c’est s’imaginer divin, et se diriger vers la mort, comme le montrent ces quelques lignes de l’autobiographie Une Mélancolie arabe (2008) d’Abdellah Taïa : « Je cours de plus en plus vite. Je cours longtemps. Par la bouche grande ouverte, j’avale l’air. Je ne sens plus mes grands pieds. Je ne sens plus mon nez encore petit. Je ne me sens plus tout entier. Je me dépasse. Je n’ai plus de consistance. Je vais bientôt voler, survoler les frontières des mondes. Disparaître dans les nuages, revenir et voir, me voir. » (p. 10)

 

L’absence progressive des pieds indique également qu’une personne nous fait violence parce qu’elle se mythifie, perd son humanité face à nous : « Quand le type s’est mis à me tripoter, il était derrière moi. J’ai regardé entre mes jambes en baissant la tête et j’ai vu que le type lévitait. Oui… Les pieds du mec flottaient en l’air. J’ai cru que mon cul le faisait léviter. […] J’ai découvert, en relevant la tête, que le type, qui était petit, s’était suspendu à un tuyau pour mieux baiser. » (Coco dans l’autobiographie Folies-fantômes (1997) d’Alfredo Arias, pp. 102-103) ; « New York me désespérait avec une grâce certaine où, la sereine langueur de la pollution piquée par le bruit et la chaleur, apportait un bonheur furtif et réparateur mais où, planaient irrémédiables, mon angoisse de vivre et l’attente de la mort. Damné jusqu’à la fin des temps, encombré de mes grandes jambes inutiles, j’étais seul, la nuit, plein de désirs inexaucés, sans savoir que mes seuls amis étaient les étoiles, émues, anonymes, de ma présence. » (Berthrand Nguyen Matoko, Le Flamant noir (2004), p. 118) ; etc.

 

Le pied cassé peut être la particularité de la personne née garçon qui joue à se travestir, ou bien de la femme-objet transsexuelle : en effet, les talons hauts sont propices aux entorses. Par ailleurs, le passage au bloc opératoire des futurs transsexuels peut avoir des conséquences irrémédiables sur les pieds. « J’ai une obsession folle pour les pieds, genre folle ! En fait, c’est mal. Quand je dis bonjour, c’est genre ‘Hey, enchanté’ (en faisant mine de regarder vers le bas). » (le chanteur Ricky Martin parlant de son amant Jwan Yosef, artiste londonien d’origine syrienne, mars 2017) Dans le documentaire « Nous n’irons plus au bois » (2007) de Josée Dayan, par exemple, on apprend que l’opération de changement de sexe laisse parfois de graves séquelles : notamment la phalloplastie (la chirurgie du sexe masculin), qui condamne certains hommes à passer le restant de leurs jours sur fauteuil roulant.

 

Dans le film biographique « Girl » (2018) de Lukas Dhont, Lara/Victor, garçon trans M to F de 16 ans, s’impose le martyre en essayant de devenir une danseuse-étoile de l’Opéra, alors qu’il n’a pas des pieds de ballerine. Il mène ces derniers à rude épreuve, les fait saigner en faisant ses pointes. Sa prof-chorégraphe, Marie-Louise Wilderijckx, en voit les limites : « On ne peut pas te couper un bout de pied. »
 
 

Pour accéder au menu de tous les codes, cliquer ici.