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Le film de propagande LGBT « PRIDE » de Matthew Warchus arrive dans des lycées français : bonne ou mauvaise nouvelle ?


 
 

a) Réagir sans sur-réagir :

Je viens d’apprendre à l’instant par une mère de famille que le lycée privé (…de foi) de son fils va rendre obligatoire en classe le visionnage du film « Pride » (2014) de Matthew Warchus (qui vient de sortir au cinéma en France depuis le 17 septembre 2014). Je l’ai vu en avant-première il y a deux semaines. À la base, je ne comptais pas en faire une critique (j’ai juste fait le relevé des codes de mon Dico que j’y identifiais). Mais là, le contexte m’y oblige. On ne peut pas laisser faire ça.

 

(Vous comprenez maintenant à quoi ça sert que j’aille voir mes films de merde ? ;-))

 
pride affiche
 

Alors bien sûr, je vais éviter de faire un article trop long (parce que déjà, je n’ai pas trop le temps ; et puis parce que l’idée, c’est de ne pas vous embrouiller avec trop d’infos). Je vais aussi éviter de la jouer dans l’alarmisme disproportionné à la Civitas quand le film « Tomboy » s’était aussi retrouvé au programme de certaines sorties scolaires (une de mes nièces, en Touraine, avait eu droit à voir « Tomboy » au cinéma : ma sœur et mon beau-frère s’étaient faits, comme tous les autres parents, prendre en otage). Ma mise en garde sera donc concise, pas alarmiste, mais va quand même essayer d’aller droit au but.

 

Tout d’abord, je commencerai par dire que si ces films de propagande LGBT (car c’est vraiment le mot : ce sont des films de propagande, avec une idéologie bien précise qui est diffusée, à savoir « l’ouverture à toutes les différences sauf à la différence des sexes et à la différence Créateur/créatures ») parviennent à franchir le comité de censure d’établissements scolaires même catholiques, c’est – ça tombe sous le sens – que déjà, ils ne sont ni horribles, ni traumatisants, ni choquants à première vue (ce ne sont pas tous des « Vie d’Adèle », avec 4-5 scènes de « pur » sexe dedans…). Pas besoin, par conséquent, de perdre son calme et de se gendarmer outre mesure. L’opposition ferme et argumentée, l’humour et le dialogue, devraient largement suffire à éteindre ces petits incendies que sont ces intrusions cinématographiques dans le milieu scolaire et qui n’en sont pas moins anodines. Si ces films plaisent à une équipe pédagogique ou à un proviseur, c’est évidemment que leurs messages sont pleins de bons sentiments, que les images, la musique et les histoires d’amitié qu’ils racontent sont un minimum belles et travaillées. Même si je ne les conseille absolument pas à un public jeune (sauf s’ils sont accompagnés de la légende qui va avec, ou de l’étiquette « films de propagande LGBT » qu’ils méritent), même si j’en décèle les nombreuses impostures, ça ne m’empêche pas de continuer à les trouver touchants, parfois captivants, et en général très bien faits (il ne faut pas non plus diaboliser les choses, ni prendre les profs pour des cons ou des gens inconséquents : certains, en proposant ces films, veulent bien faire). Un film de propagande ne peut pas être totalement de mauvaise qualité, car il doit au moins user de formes et de bonnes intentions qui font oublier aux spectateurs qu’il est un film de propagande. Ce que je veux dire par là, c’est que même si la démarche pédagogique ne se justifie pas, elle s’explique parfois très bien et a des sincérités que le film LGBT actuel, autrement plus vraisemblable et sensible que « La Cage aux folles », aide objectivement à porter. On ne peut pas le nier.

 

Alors si on cherche bien, qu’est-ce qui peut bien motiver une équipe de profs à amener des élèves voir un film comme « Pride » ? Je doute que ce soit pour en faire une étude critique avec mon Dictionnaire en main, auquel cas la démarche pourrait à la rigueur être géniale ^^ (… car un film pareil, s’il est décrypté correctement, aide au développement du sens critique des élèves et à l’identification des techniques de lavage de cerveaux et de propagande développées par de nombreux systèmes totalitaires d’hier et d’aujourd’hui). Mais à moins d’un miracle ou d’interroger l’initiateur du projet, je ne me fais pas trop d’illusions. Je pense que l’objectif d’un prof qui a trouvé ce film beau et touchant, et qui veut le faire voir à ses élèves de lycée, c’est tout simplement : le souci de faire connaître une page de l’histoire de l’Angleterre des années 1980 sous Margaret Thatcher (« objectif culturel » : gros LOL), le souci de donner aux élèves le goût de l’engagement politique et des actions de solidarité, le souci de proposer un film drôle, bon enfant, original, convivial, un poil « subversif » dans sa thématique, le souci de la transmission de « valeurs » telles que le respect, l’ouverture, la tolérance, l’égalité, la solidarité, l’accueil des différences, la diversité… tous ces concepts humanistes qui sont merveilleux s’ils sont connectés au Réel (c’est-à-dire à la différence des sexes et la différence Créateur/créatures) et qui deviennent de la grosse merde idéologique et même tyrannique de la pensée unique libérale libertaire dès que la différence des sexes et Dieu sont virés des messages… ce qui est exactement le cas du film « Pride » !
 
 

b) Message de fond du film : « La différence des sexes peut être expulsée en identité et en Amour : c’est pas grave »

Voyons voir d’un peu plus près pourquoi « Pride » rentre tout-à-fait dans la catégorie des « œuvres culturelles de propagande ».
 
 

En gros, le message de ce film,
 

1 – c’est de montrer que l’éjection de la différence des sexes (la différence qui nous a fait naître, celle qui nous aide à nous aimer nous-mêmes tels que nous sommes et à aimer vraiment les autres, à nous donner pleinement à eux) est banale et merveilleuse à la fois (ce qui est faux et violent : sans la différence des sexes, nous ne sommes plus humains, nous n’existons pas, et nous aimons moins)
 

2 – c’est de montrer que l’homosexualité et l’hétérosexualité sont de vraies identités (ce qui est également faux et anti-Droits de l’Homme : nous sommes homme ou femme, et Enfants de Dieu, point barre ; nous ne sommes pas que des animaux et nous ne pouvons pas être définis uniquement par notre orientation sexuelle du moment – aussi durable et fixée soit-elle parfois -, par nos pulsions ou nos fantasmes sexuels ou nos sentiments ou les personnes qui nous attirent sexuellement ou notre pratique génitale ; en clair, nous ne sommes pas des bites ni des vagins sur pattes ! Les personnes homosexuelles existent, parfois de manière transitoire, et « les » homos ainsi que « les » hétéros, ça n’existe pas !)
 

3 – c’est de montrer que l’« amour » homosexuel est possible, extraordinaire et équivalent à l’amour entre l’homme et la femme (ce qui est également faux : l’amour vrai, c’est l’accueil de la différence des sexes, qu’on soit marié ou célibataire consacré). Dans le film « Pride », d’ailleurs, quasiment tous les personnages présentés comme « hétéros » finissent par faire leur coming out homo ! Même parmi les papys et les mamies ! C’est vraiment un film pro-homosexualité et pro-hétérosexualité… mais qui en revanche laisse de côté l’amour entre l’homme et la femme… d’où sa gravité).

 
 

Ce message filmique global reposant sur la discrimination de la différence des sexes est objectivement violent. Mais cette violence, diffuse à plein d’endroits dans le film (j’y reviendrai plus en détail tout de suite après), n’est pas flagrante car d’autres différences moins fondatrices que la différence des sexes sont chantées et sont censées la faire oublier : je pense d’une part à la différence des espaces (illustrée dans le film par la rencontre émouvante et exotique du milieu ouvrier et du milieu homo que tout semble opposer, illustrée par le mélange improbable entre le monde citadin londonien et le monde provincial gallois, illustrée par la description de l’engagement politique et associatif des personnages, illustrée par de nombreux actes de solidarité concrets, illustrée par le rappel d’événements dramatiques comme l’arrivée du Sida ou le rejet homophobe des parents, qui forcément touchent notre corde sensible, etc.) ; je pense également à la différence des générations (illustrée dans le film par la vie des familles et les réconciliations/conflits qui s’y vivent, par le melting pot amusant entre les jeunes et les vieux retraités, etc.) ; je pense enfin un peu à la différence des sexes (car même si elle n’est pas célébrée dans la conjugalité femme-homme ni dans le célibat consacré – voire elle est carrément rejetée dans l’homosexualité et partiellement rejetée dans la bisexualité hétérosexuelle -, elle reste quand même un peu défendue par la célébration d’amitiés touchantes tout au long du film). Ceci étant dit, qui s’attaque à la différence des sexes finit aussi par s’attaquer à la différence des espaces et à la différence des générations à un moment ou un autre, vu que les 3 composent le même Réel. Donc nous allons voir maintenant comme ces exclusions des différences fondatrices de l’humain, faites paradoxalement au nom de l’accueil des différences, se traduisent concrètement dans le film « Pride ».
 
 

c) Comment se traduit concrètement l’expulsion de la différence des sexes dans ce film ?

Je souligne pour commencer un détail très important : qu’en dépit des apparences et de ses intentions, « Pride » n’est pas un film sur l’homosexualité, et encore moins sur la vie de couple homo (qu’on ne voit jamais, d’ailleurs). Il est tout au plus un film sur le coming out, c’est-à-dire l’annonce et les débuts de la visibilité sociale de l’étiquette identitaire et amoureuse « l’homosexuel »… et a fortiori ce coming out est à peine filmé, ou alors il est filmé de manière très manichéenne et victimisante. « Pride » n’affronte jamais la problématique de l’homosexualité concrètement, sur la durée et en termes de pratique amoureuse. Il est juste un portrait des soubresauts de l’attrait homo-érotique qui peut exister à l’adolescence, de l’excitation des débuts du militantisme LGBT et de la découverte de l’engagement politique pour une cause qui commence à faire la Une des médias parce qu’elle bénéficie de la compassion mondiale pour le dommageable Sida. C’est important de le garder en tête : « Pride » a totalement aplati, déproblématisé l’homosexualité. Par exemple, les histoires d’« amour » homo dans le film sont zappées (on comprend que Joe, le jeune « Rastignac » de l’histoire, a été dépucelé par un mec le soir du bal, mais on n’en saura pas plus ; on comprend que Mark, le leader de l’asso LGBT, est un coureur de pantalons qui n’arrive pas à construire une relation et qui enchaîne les mecs au point d’attraper le Sida ; on voit que la vie et l’entente de l’unique « couple » homo du film, formé par Geth le libraire et par Jonathan, ne sont pas du tout filmées ; dans ce film, l’amour homo est réduit à une expérience ponctuelle en état d’ébriété, comme on en a l’illustration avec la femme d’Alan qui vire sa cuti avec Stephany, un soir d’ivresse, juste pour « vivre cette expérience sensuelle inédite »). Donc les profs qui voudraient, par le biais du visionnage de ce film, encourager leurs élèves à connaître l’homosexualité, déculpabiliser des jeunes qui se cherchent sexuellement, favoriser des « coming out », une meilleure acceptation des personnes homosexuelles, et permettre une plus grande ouverture d’esprit à leur classe, se fouteraient le doigt dans l’œil bien profond : ce film ne parle absolument pas d’homosexualité. Il extériorise le thème d’une part sur le contexte géopolitique dramatisé de grèves ouvrières des années 1980 (= la fermeture d’une mine de charbon au Pays de Galles), sur fond de lutte des classes et de lutte contre la pauvreté (en filigrane est dénoncée la soi-disant « dictature » anti-pauvres et « homophobe » de Margaret Thatcher, femme politique qui est textuellement traitée de « salope » dans le film) ; d’autre part, il extériorise et travestit le problème de l’homosexualité sur l’amitié (comme si amour et amitié pouvaient être mises exactement sur le même plan…) ou sur la famille (comme si la famille et l’« amour » homo étaient la même chose : il y a énormément d’incestuel dans ce film, même si le réalisateur Matthew Warshus serait estomaqué de l’apprendre).

 

Cette tentative de mélange des genres de relations humaines (amour-amitié, amour-famille, amour-solidarité) n’a pour but que de nous embrouiller l’esprit par un chantage aux sentiments. Ni plus ni moins. Dans la tête du spectateur, il se voit mal dénoncer les incohérences du scénario, ou la violence de l’homosexualité, puisque celle-ci est enrobée de camaraderie, de multiculturalité, de solidarité, de combat contre le « fascisme » thatchérien, de violons, de trompettes, de fous rires, de larmes (face à ce qui nous est présenté comme de « terribles injustices »), de couleurs arc-en-ciel, de rebondissements supposément spectaculaires (les prises de parole des héros homos ou hétéros sont soit totalement catastrophiques, soit d’immenses succès nourris d’applaudissements dithyrambiques : super réaliste, on y croit…),.
 

 

Mais réveillons-nous. « Pride » fait passer les militants homosexuels pour des héros super courageux… alors que concrètement, le milieu homosexuel de cette époque était déjà un baisodrome, et que ces militants ont instrumentalisé la misère des mineurs gallois pour se victimiser eux-mêmes et pour donner à la lutte pour les droits LGBT une teinte révolutionnaire, solidaire, universelle, qui aurait occulté les conséquences de leur propre pratique amoureuse. Tout le film « Pride » repose sur une falsification historique. Je n’ai jamais vu un tel succès et une telle euphorie pour le discours homosexuel dans le monde ouvrier réel, et encore moins dans le monde homosexuel réel. Je n’ai jamais vu une telle camaraderie dans le milieu associatif LGBT (l’amitié a très peu de place dans les cercles relationnels homos puisqu’elle est très vite sclérosée par la drague). Je n’ai jamais vu d’amours solides et joyeuses dans l’homosexualité. Je n’ai jamais vu le milieu ouvrier célébrer l’homosexualité comme dans « Pride » (plutôt le contraire !). Je n’ai jamais vu de bals hétéros-homos ni de Gay Pride finir en triomphe et grandes pompes comme c’est montré dans le film. Et pourtant, croyez-moi, ce n’est pas faute d’avoir assisté à bon nombre de Gay Pride, de m’être engagé dans bon nombre d’associations LGBT. Ce film est un tissu de mensonges, de fantasmes concrétisés uniquement sur pellicule, et de falsifications historiques. La réalité du monde homosexuel, ce n’est pas ça, et c’est même beaucoup moins rose. Il y a, je trouve, une violence, dans ce genre de films, à traiter sur le mode de la légèreté humoristique et de l’esthétisme émotionnel euphorique, des réalités qui non seulement ne sont pas poétiques, mais qui en plus sont révoltantes et violentes (la violence des relations homosexuelles, la souffrance et l’insatisfaction qu’elles font vivre, les vols et les viols et les nombreuses atteintes à l’amitié dans le « milieu homo », la brutalité de la drague, les infidélités très nombreuses entre personnes homos, les actes d’homophobie perpétrés exclusivement entre personnes homosexuelles, la perte de joie dans le mode de vie homosexuel, etc. etc.). L’enfer est pavé de bonnes intentions : on le sait déjà, mais je préfère le répéter plus que jamais pour le film « Pride », au cas où certains oublieraient ce que vivent vraiment les personnes homosexuelles, y compris celles qu’on croit heureuses, stables, en couple et « hors milieu ».

 

Derrière la guimauve dégoulinante et imparable que nous sert « Pride » se trouve en réalité l’idéologie sentimentaliste et anti-naturaliste LGBT qui stipule que le corps sexué n’a que peu d’importance, que tous les hommes-pères sont au pire des cons et des bébés lâches au mieux des homos refoulés, que nous serions tous des anges asexués libres d’aimer qui nous voulons à partir du moment où nous obéirions à nos sentiments et à notre ressenti individuel. À travers ce type de films, on nous laisse croire (à tort) que la débauche de sensations – et de leurs mises en scène – va pallier à l’éjection de la différence des sexes, éjection qui reste pourtant objectivement violente puisque la différence des sexes est le socle de notre existence à tous et, si elle est librement accueillie, le roc qui nous permet d’aimer au mieux, pleinement et durablement, et de respecter les amitiés même entre personnes de même sexe.

 

Comme je l’avais déjà expliqué l’été dernier à propos d’un autre film, « Au premier regard » de Daniel Ribeiro (un film similaire à « Pride » quant à sa force de frappe : très mignon, très bien fait, vraisemblable, traitant du lien entre handicap et homosexualité, un petit bijou de propagande qui pourrait d’ailleurs tout à fait faire l’objet idéal d’une sortie scolaire aux yeux d’une équipe pédagogique un peu « gay friendly »), il y a une forme de malhonnêteté intellectuelle à mêler à l’homosexualité des sujets graves comme la pauvreté. Car même si je suis le premier à dire qu’il y a un lien entre ces thématiques, je me bats pour que ce lien-là ne soit ni causalisé, ni défendu, ni idéalisé, ni utilisé pour justifier l’homosexualité sous forme d’identité ou d’amour, car cela reviendrait à justifier la souffrance et le mal. Et ça, éthiquement, ce n’est pas humain ! Y compris si, par cette tentative de victimisation-essentialisation de l’homosexualité, on prétend vouloir le bien des personnes qu’on victimise/transforme en espèce (« les » homos ; « les » hétéros ; « les » mineurs ; « les » victimes ; etc.).

 

Ce qui est très gênant dans « Pride », parce que l’analogie entre les deux me parait totalement abusive, c’est que l’homosexualité est mise sur le même plan que la pauvreté matérielle et sociale des mineurs. Implicitement, Matthew Warchus laisse entendre que l’amour homosexuel serait aussi fort et légitime que la pauvreté (et les tentatives solidaires pour soi-disant l’éradiquer). C’est totalement méconnaître le point de vue des pauvres réels sur l’homosexualité. C’est totalement méconnaître la misère sexuelle qui sévit au sein du « milieu homo », et qui est le reflet de la misère sexuelle vécue en milieu ouvrier ou pauvre.

 

Projeter sur les personnes prolétaires des fantasmes d’hommes homosexuels petits-bourgeois (et qui plus est, des fantasmes inhumains, car rejeter la différence des sexes qui nous a fait tous naître, relève de l’inhumanité angéliste), c’est malhonnête, c’est mal les connaître ELLES, c’est utiliser leur pauvreté à des fins romantico-individualistes, c’est exploiter la fragilité des plus faibles. Cette jalousie maquillée en « solidarité universelle » est très bien illustrée par les propos de Mark, le jeune chef de l’association LGBT du film « Pride » voyant dans un article de journal relatant les répressions policières que subissent les mineurs gallois du pain béni pour redorer le blason de la cause homosexuelle : « Ils s’en prennent à ces pauv’ gars plutôt qu’à nous ! » ; « On a subi les mêmes épreuves que vous. » ; « Je ne sais pas à quoi ça rime de défendre les droits gays, mais je le fais pour les autres. » ; « On écrit l’Histoire. Gays et hétéros ensemble ! » ; « Solidarité pour toujours ! Solidarité pour toujours ! » (sur l’air de « God Saves The Queen »). Sérieusement : ce « Touche pas à mon ouvrier ! » LGBT, on dirait l’agressif et sincère « Touche pas à mon pote ! » de S.O.S. RACISME, le « Touche pas à mon Sidéen ou à mon Homo ! » de S.O.S. Homophobie et du Refuge, le « Touche pas à mon Pape, touche pas à MON homo, touche pas à mon Chrétien d’Irak ! » de Frigide Barjot, le « Touche pas à mon enfant ! » de la Manif Pour Tous. Personnellement, je trouve cela choquant et honteux. Il n’y a qu’un seul personnage dans le film qui se rend compte de cette instrumentalisation, de ce violent « mélange des genres » et de l’arrivisme de ce groupe de 10 militants LGBT venu du jour au lendemain annexer son village gallois à des fins purement idéologiques : c’est Maureen. Et comme par hasard, ce témoin gênant est filmé comme « LA Méchante hétérosexuelle » de l’histoire, la femme frustrée et rigide, mal mariée. Elle est décrédibilisée et homophobisée puisque sa dénonciation est montrée comme un phénomène totalement isolé, minoritaire et arbitraire (or, je doute que, hors des salles de cinéma, ce soit le cas dans le vrai monde réel des travailleurs ; et je peux vous assurer que non seulement cette gêne n’est pas homophobe mais que de surcroît elle est humaine !).

 

Je comprends bien que l’innocence, la simplicité et la fragilité des mineurs (une réalité apparemment subie : d’ailleurs, dans le film, on nous montre que beaucoup de ces travailleurs n’ont pas eu la chance de faire des études… ni des thèses gays friendly féministes LOL… à l’exception de Sian, la « mère-courage » hétéro-gay-friendly qui intègrera une université à la toute fin de l’intrigue) confère du naturel, de l’empathie, de l’émotion, de la tendresse et du courage à l’homosexualité. Or l’homosexualité, on ne sait pas si elle est subie ou non. On ne sait pas si c’est un fait de nature ou de culture. Comme la pauvreté matérielle et culturelle, elle est bien le signe d’une anomalie (une personne ne fuit pas la différence des sexes sans raisons ; et une personne ne devient pas pauvre s’il n’y a pas eu à l’origine une erreur dans la répartition des richesses au sein de l’Humanité). Mais l’homosexualité touche à l’identité sexuée, à la génitalité et à la sexualité bien plus profondément que la précarité des travailleurs, qui eux ne remettent pas en cause la différence des sexes ni la sexualité. Donc moralement et concrètement, c’est difficile de mettre sur le même plan le monde ouvrier et l’homosexualité. La pauvreté possède une innocence (parce que la plupart du temps elle s’impose à la personne qui le porte) que l’homosexualité n’a pas (certaines homosexualités sont des choix, voire des mauvaises actions). L’homosexualité est tout sauf innocente : le rejet de la différence des sexes qu’elle illustre est signe de souffrances et, si celles-ci ne sont pas identifiées, moteur de violences.
 
PRIDE Victimisation
 

Il y a derrière cette analogie compassionnelle entre homosexualité et lutte des classes une volonté de mettre la pratique homosexuelle à l’abri de la responsabilité, de l’analyse, de la liberté, du jugement, et d’entourer l’homosexualité du doux manteau de la solidarité. Car qui, humainement, peut être contre l’existence des pauvres ou en faveur d’un système politique qui les broie ? À travers cette réalité de la misère matérielle et de la relation d’amitié avec la personne pauvre, Matthew Warchus a la malhonnêteté de nourrir deux amalgames fâcheux : d’une part l’amalgame entre l’amitié et l’amour (qui sont pourtant des réalités relationnelles bien distinctes) ou entre la sexualité et la politique, et d’autre part l’amalgame entre la personne et le désir/l’amour/la pratique homosexuels qu’elle peut vivre (or une personne humaine ne se définit par le désir sexuel qu’elle ressent, ni par l’acte sexuel qu’elle pose, ni par le « couple » homosexuel qu’elle composerait).

 

Il n’est pas juste qu’un film comme « Pride » instrumentalise la pureté des nécessiteux ou des vieux syndicalistes, l’empathie face à la fragilité qu’est la précarité matérielle et intellectuelle, pour justifier d’un amour ambigu (= le « couple » homo) qui, contrairement à la pauvreté, n’est pas un fait physique : il n’existe pas de corps homosexuel (alors qu’il existe un misère concrète). L’homosexualité est prioritairement un fait désirant, bien avant de se manifester par une réalité corporelle.

 

Comme les films de blacksplotation (qui n’hésitent pas à marier le Gay Power au Black Power, l’anti-homophobie à l’anti-racisme, pour servir leurs propres intérêts), on peut constater actuellement que certains réalisateurs pro-gays surfent sur la vague victimiaire de la crise économique actuelle pour donner corps à leurs propres fantasmes amoureux.

 

La juxtaposition cinématographique d’un mal et de l’homosexualité est une recette qui marche de plus en plus car elle repose sur un chantage aux sentiments et des réalités humaines douloureuses qu’il est extrêmement difficile de cautionner. Tout comme le téléfilm « Juste une question d’amour » (2000) de Christian Faure exploitait la difficulté du coming out pour justifier le « couple » homo, tout comme le film « Les Joies de la famille » (2008) d’Ella Lemhagen exploitait le malheur de l’orphelin pour justifier la « beauté » de l’adoption « homoparentale », tout comme le film « Beautiful Thing » (1996) d’Hettie MacDonald exploitait le malheur de la précarité et du chômage pour dépeindre une idylle amoureuse homosexuelle, tout comme le film « My Beautiful Laundrette » (1985) de Stephen Frears exploitait le malheur de la xénophobie pour justifier la force de l’« amour » homo, tout comme le film « Loin du Paradis » (2002) de Todd Haynes exploitait le malheur du racisme pour justifier la « véracité » de l’« identité homosexuelle », tout comme le films « Love ! Valour ! Compassion ! » (1997) de Joe Mantello exploitait sincèrement le malheur du Sida pour justifier les « couples » homos, tout comme le film « Tom Boy » (2011) de Céline Sciamma exploitait le « malheur » de l’adolescence et de sa soi-disant « cruauté » pour justifier la schizophrénie transidentitaire d’une adolescente, tout comme le film « Comme les autres » (2008) de Vincent Garenq exploitait le malheur de la stérilité pour justifier la Gestation Pour Autrui (= les mères porteuses), tout comme le téléfilm « Un Amour à taire » (2005) de Christian Faure exploitait le malheur de la guerre pour justifier la force de l’histoire d’« amour » homo, tout comme le film « Cloudburst » (2011) de Thom Fitzgerald exploitait le malheur de la vieillesse et de la mort pour prouver la beauté du « couple » homo, tout comme le film « Harvey Milk » (2008) de Gus Van Sant exploitait le malheur de l’homicide et de la folie meurtrière pour justifier le courage du militantisme LGBT, tout comme le film « I Love You Phillip Morris » (2009) de Glenn Ficarra exploitait le malheur de la prison pour démontrer la puissance de l’amour entre deux hommes, tout comme le film « Week-end » (2011) d’Andrew Haigh exploitait le désespoir amoureux pour justifier la « beauté » des « plans cul », tout comme le film « Le Secret de Brokeback Mountain » (2005) d’Ang Lee exploitait le malheur de l’homophobie intériorisée pour rappeler l’urgence du coming out, le film « Pride » utilise également la misère du monde ouvrier et les maladresses parfois violentes d’un monde hétéro découvrant l’existence des personnes homosexuelles, pour nous faire signer aveuglément le certificat d’« amour » décerné à la relation entre deux personnes de même sexe. Désolé, mais chez moi, ça ne prend pas.

 

La Méchante Maureen Barry

La Méchante Maureen Barry


 

Clou du spectacle et du chantage aux sentiments : Matthew Warchus a mis en place dans son film une méthode très classique pour redorer le blason de l’homosexualité à peu de frais : la composition de la caricature des « hétéros ». C’est une astuce très répandue actuellement : pour neutraliser les critiques sur l’« amour » homosexuel, beaucoup de réalisateurs homosexuels ou gays friendly extériorisent systématiquement les problèmes des « couples » homos sur cette espèce cinématographique odieuse que composent « les hétérosexuels »… Et nous avons de sacrés spécimens de « beaufs hétéros » dans « Pride ». Deux catégories manichéennes, pourrait-on dire : d’un côté les « hétéros qui resteront homophobes à jamais » (genre Maureen, genre les parents de Joe, genre Jason – le frère de Joe -, genre les bourgeois qui tiennent des pancartes « Brûlez en enfers » à la première Gay Pride du début du film, genre Margaret Thatcher, cette « salope », genre les pavés anonymes et insultants brisant la vitrine du local-librairie LGBT, etc.) ; et puis de l’autre côté les « hétéros homophobes repentis… et ‘ouverts’ (puisqu’ils sont en réalité homosexuels ou au moins convertis à la gay friendly attitude) » : je pense par exemple à Carl (le jeune qui roule les mécaniques et qui finira par tendre la main à ses frères étrangers homosexuels), à Sian (la fille à pédés énergique et boulote, qui défendra bec et ongles la cause homo quand elle intègrera l’Université), à Martin (le syndicaliste brutalement gay friendly), à Dai (le père de famille un peu lettré, grand orateur… de cabaret), à Cliff (le vieil hétéro qui finira par révéler son homosexualité après tant d’années de secret et de refoulement), à Hefina (l’hétérote agressivement gay friendly et qui se révèlera lesbienne à la toute fin du film : elle et Cliff sont d’ailleurs mis en avant sur l’affiche de « Pride », alors que, comme par hasard, ce faux couple hétéro – pléonasme – est en réalité composé d’un gay et d’une lesbienne déguisés en hétéros), la mère de Geth (catholique, « homophobe », et qui « s’ouvrira » in extremis à la fin), la vieille mamie Gwen (qui fait sa crise d’ado et son bain de jouvence à 80 balais, et qui joue la miraculée de Lourdes au contact de ses nouvelles amies lesbiennes : « Vous m’avez ouvert les yeux, les filles. » conclura-t-elle, les yeux pleins de larmes, à la fin de l’histoire), l’un des fils homophobes de Maureen-la-Méchante (qui assistera à la Gay Pride londonienne finale). Grâce à ces monstrueux « hétéros homophobes » (mais « vieux cons » si mignons et si touchants quand ils se convertissent à LEURS idées LGBT…), les cinéastes pro-gays font passer les limites et les fragilités des « couples » homos réels pour un processus purement circonstanciel et extérieur : si les unions homosexuelles n’arrivent pas à perdurer et à satisfaire, ce serait uniquement parce que la société ne les encouragerait pas, et qu’elles seraient empêchées par la cruauté gratuite des Hommes (… et surtout des hommes : les mâââles).

 

Quand nous voyons des films traitant de l’homosexualité et choisissant pour toile de fond des événements terribles venant détruire une romance ou une identité homosexuelle présentée comme idyllique, nous avons tous envie de dire à la fin de la projection que la spectaculaire catastrophe ou l’agression extérieure rendent les unions homosexuelles, sinon idéales, du moins justifiables, même si dans les faits, ces films sont bien éloignés de la réalité quotidienne des « couples » homosexuels de chair et d’os. Qui peut essayer de comprendre avec un certain détachement les mécanismes de l’homophobie, après avoir vu un tel carnage d’« amour » construit sur pellicule ? Qui peut paraître humain de remettre en cause une image d’Épinal de l’« amour » homosexuel contrebalancée par une violence visuelle assurément percutante, mais ô combien exagérée ? Difficile, par exemple, de ne pas avoir le cœur brisé en voyant sur les écrans le désarroi du mari de Cathy Whitaker dans le film « Loin du Paradis » (2002) de Todd Haynes, homme qui n’arrive résolument pas à réprimer ses penchants homosexuels malgré toute la bonne volonté du monde, ou de ressortir du visionnage du « Secret de Brokeback Mountain » (2006) d’Ang Lee en affirmant la bouche en cœur que l’« amour » homosexuel n’est pas réel et merveilleux, même si nous l’avons vu entravé. Qui peut humainement se réjouir de voir dans le film « Pride » de Matthew Warchus la spoliation (pour reprendre les termes de cette chère Arlette Laguillier) des droits des mineurs, la répression policière, la maltraitance des villageois au chômage et crevant de froid en hiver sans chauffage, le rejet d’un adolescent homo par sa famille bourgeoise hétérosexiste ? Personne ! Vraiment personne !

 

Mais, je vous le demande, est-ce que l’Amour ne se manifeste que dans les cas extrêmes où la liberté humaine se rapproche de la nullité ? À travers de tels films, les réalisateurs homosexuels sont plutôt en train d’enfermer l’Amour et l’identité humaine dans un cadre déterministe et fataliste. Ils valident par un regard orienté vers des situations particulièrement dramatiques une vision de l’existence humaine et de l’Amour très négative. Ils énoncent que l’Homme n’est que rarement libre et heureux, et que c’est cela sa vérité d’amour et d’identité. Comment peuvent-ils espérer ensuite que leur défense du désir homosexuel apparaisse aux yeux de la société comme aimante ?

 

Dernière image du film : le délire, les lendemains qui chantent...

Dernière image du film : le délire, les lendemains qui chantent…


 

Il semble paradoxal de prouver l’Amour par son contraire. Face à ce nouveau type de « films choc » (qui, soit dit en passant, dans leur formule, ne s’opposent pas aux comédies sentimentales et enjouées de l’homosexualité), nous sommes pris entre l’extrême compassion et la méfiance de l’émotionnel, si bien travaillé par le cinéma. Au fond, la révolte et l’empathie ne sont que des effets recherchés par ceux qui créent le mythe du couple télégénique homosexuel heureux, ou de l’homosexuel assumé et émancipé post-coming out, pour masquer la réalité d’une union beaucoup moins rose dans les faits. Ils universalisent, en quelque sorte, un méfait opéré sur un personnage télévisuel homosexuel vivant un scénario-catastrophe, pour ensuite justifier leurs utopies personnelles et des revendications concernant la communauté gay très discutables dans la réalité concrète. L’injustice filmée ne laisse pas de marbre, c’est sûr. Mais il y a une sorte de malhonnêteté intellectuelle à traiter de l’homosexualité avec d’autres thèmes qui lui sont liés mais non de manière causale (par exemple la folie meurtrière des camps de concentration, le déferlement incontrôlé de l’homophobie dans certains milieux sociaux culturellement pauvres, une agressivité familiale exacerbée, l’émergence inopinée du Sida, le handicap, etc.). Malhonnêteté rehaussée par sa prétention (hypocrite) au réalisme et à la biographie. C’est particulièrement visible dans le film « Pride » puisque celui-ci se veut « historique », basé sur des événements réels et des personnes ayant réellement existé. En réalité, comme je le disais un peu plus haut, ce film n’est absolument pas réaliste. Il est tellement noyé de poncifs manichéens et d’intentions militantes et sentimentalistes pro-LGBT qu’il régurgite l’hypocrisie de ses nombreux et inconscients anachronismes. La sincérité n’est pas la Vérité. Et ce n’est pas en reconstituant un passé avec des références télévisuelles, des reportages-télé, des coupures de journaux ou des bribes de clins d’œil musicaux « d’époque » (les chanteurs « New Wave » et punk de la légendaire Great Britain Eighties : Sylvester, Bronski Beat, Bananarama, Franckie Goes To Hollywood, etc.) que Matthew Warchus est parvenu à masquer qu’il a projeté sur le passé et aussi sur le présent ses propres fantasmes amoureux et militants, fantasmes pour le coup mégalomaniaques et finalement dépressifs (car OUI, finir son film par des images d’une Marche des Fiertés 1985 triomphante et ensoleillée avec Big Ben en décor, c’est du pur folklore et du pur mensonge ; OUI, finir son film en tressant une couronne de lauriers à Mark Ashton, le jeune et beau leader LGBT mort du Sida à l’âge de 26 ans – comme si l’héroïsme pouvait se résumer à mourir jeune du Sida et pour n’importe quelle cause politique minoritaire -, c’est de la pure dépression). Le pire, c’est que je crois que cette volonté naturaliste du réalisateur est sincère et qu’il ne s’est même pas rendu compte qu’il manipule le Réel et le public par l’émotionnel.
 

Mark se jetant sur les "bads news"

Mark se jetant sur les « bads news »

 

Ne nous laissons donc pas déborder par nos émotions : écoutons la Réalité, qui est bien meilleure conseillère. En effet, comme humainement et éthiquement nous ne pouvons pas cautionner la haine et le mépris, nous sommes encouragés à signer sans réfléchir à des versions idylliques et victimisantes de l’« amour » homosexuel. On se réveille. Le couple homosexuel n’est pas le couple homosexuel cinématographique. La communion fraternelle vécue entre personnes homos (parfois concrète et porteuse d’une chaleur amicale réelle, d’un vrai pouvoir d’actions associatives de solidarité) n’est pas le couple homo. C’est con de le dire mais c’est vrai. Ne confondons pas l’amitié avec l’amour, la solidarité avec l’amour conjugal, la sincérité de nos bonnes intentions avec la Vérité (on peut vouloir le bien sans le faire), les films avec la Réalité, l’euphorie (adulescente) avec la vraie joie.
 

L'homosexualité, c'est "génial". Pourquoi? Parce que ça DOIT être génial.

L’homosexualité, c’est « génial »

 

Pour conclure, je finirai cet article en vous mettant en garde sur la signifiance du titre du film « Pride ». Contrairement au mot « fierté » en français, il recouvre en anglais, exactement comme en espagnol, le double sens de « fierté » et d’« orgueil », double sens qu’on perd en français. Nous pouvons nous appuyer sur cette polysémie anglo-saxonne et hispano pour comprendre que malgré les bonnes intentions, la Fierté homosexuelle est un orgueil déguisé. Et le film « Pride » pue l’orgueil qui nous regarde avec des étoiles et des cœurs rainbow dans les yeux. Un vrai lavage de cerveaux sincère. Alors au nom de nos enfants, au nom du respect que vous nous devez à nous les personnes homosexuelles, s’il vous plaît, n’y succombez pas (même si nous ne savons pas vous le demander).
 
pride
 
brain
 
 

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Pièce « Sugar » de Joëlle Fossier : Le Dressage idéologique LGBT (jamais sans un susucre…)

Un sucre et tais-toi !

 

Synopsis de la pièce : Un jeune homme homosexuel, William, déprime dans la garçonnière de son amant Georges, un homme marié bisexuel et père de famille, avec qui il vit une liaison secrète et en pointillé, et dont il ne supporte plus les nombreuses absences. Il lui fait un chantage au suicide et menace de déménager définitivement de leur luxueux appartement commun (un ouvrier hétérosexuel, Pierre, s’occupe d’ailleurs de ce déménagement) si jamais il ne décide pas de stopper sa double vie et qu’il ne choisit pas de se consacrer entièrement à leur « couple ». Adèle, la sœur de William, sert d’intermédiaire et de médiatrice pour gérer la crise. Pierre a un coup de cœur pour elle… mais il ne sera pas réciproque. Le couple William/Georges va se réunir et décider d’être plus complet dans son engagement.

 
 

SUGAR affiche

 

Une pièce nulle ou bête ne suffit pas, en général, à me faire écrire un article. Je n’ai pas trop de temps à perdre (si je commence à écrire sur toutes les pièces nulles que je vois, je n’ai pas fini). Et puis il est difficile d’en vouloir à l’ignorant et à ses productions pleines de bons sentiments gays friendly. La plupart du temps, je passe mon chemin.

 

SUGAR caricature

 

En revanche – et ce fut le cas pour la pièce des Virilius d’Alessandro Avellis, ou bien encore pour la pièce Sugar de Joëlle Fossier que j’ai vue hier soir –, quand l’ignorant en question se la joue père-la-morale sur scène, donneur de leçons, agresseur menaçant, et que, en plus de nous prendre pour des cons, il devient violent et essaie de nous faire passer pour plus cons que lui, le tout en se victimisant, là, c’est autre chose. Là, on a le devoir de s’énerver, et pas qu’un peu. Personnellement, dans ces cas-là, j’ai comme une grosse envie de régler son compte à l’attitude de petit merdeux (en l’occurrence ici, de petite merdeuse) de l’auteur de la « comédie » dramatique.

 

Car il s’agit bien d’un dressage dont j’ai été témoin hier. Un dressage sur ce qu’il convient de penser ou de ne pas penser. Un dressage s’adressant aux récalcitrants qui n’auraient toujours pas collaboré au domptage du « mariage pour tous » et à ses conséquences sociales (pour le moins ambiguës et graves), aux « réacs » homophobes qui rechigneraient à avaler le morceau de sucre de Maman Taubira (ou ici, de Maman Fossier).

 

Le mot « dressage » n’est pas excessif et me semble particulièrement bien adapté à la pièce Sugar puisque les sanctions dont Joëlle Fossier menace tacitement le public sont annoncées et illustrées sur scène par le procès en « homophobie » que les personnages homosexuels ou gays friendly de la pièce (le beau William et sa sœur fusionnelle Adèle) font encourir aux personnages hétéros comme bisexuels (Georges, l’homme marié et amant secret du jeune William ; puis Pierre, l’ouvrier hétéro), personnages caricaturaux au possible (je dis « caricaturaux » car par exemple, je n’ai jamais vu, dans la réalité, un individu comme le personnage de Pierre passer aussi rapidement d’un discours gay friendly à un discours clairement homophobe ; je n’ai jamais vu non plus un homme marié bisexuel comme le personnage de Georges retourner aussi rapidement sa veste à l’homosexualité en jetant par-dessus bord femme et enfants de sa précédente vie hétérosexuelle).

 

L’ensemble de la pièce de Joëlle Fossier nous susurre à l’oreille : Voilà ce qui va vous arriver si vous ne dites pas que le couple homo est (je cite) « un amour extraordinaire », si vous n’êtes pas d’accord avec le « mariage pour tous », si vous n’applaudissez pas à l’adoption et à la PMA/GPA pour les couples de même sexe et que vous esquisseriez, comme le personnage de Pierre (l’hétéro), l’ombre d’un doute sur la justesse de ces lois/pratiques.

 

T'as un problème ?

T’as un problème ? (Le piège antihomophobie se referme sur Pierre, l’abruti d’hétéro)


 

En gros, la condamnation publique que subit d’abord William, puis finalement Pierre, est la mise en scène de la victoire de l’inceste (féministe, bisexuelle, homosexuelle et matriarcale) sur la paternité et les hommes-mâles en général (cf. je vous renvoie ci-dessous en fin d’article  au décryptage de la pièce à travers le tamis de mon Dictionnaire des Codes homosexuels). Sugar est un parricide symbolique, officiellement par la promotion d’un amour asexué universel (et donc possiblement homosexuel), concrètement par la pratique de l’inceste, du libertinage et du divorce homme-femme.

 

Les deux amants William et Georges

Les deux amants William et Georges (l’« Amour fou »)


 

En voyant hier cette pièce qui, au départ, démarrait bien (les dialogues sont bien écrits, et les comédiens jouent plutôt bien, voire même très bien pour Stéphane Douret) devenir un jugement de personnes et une soupe idéologique à la pensée unique désincarnée et misandre, j’ai peu à peu déchanté.

 

Comment des personnages aussi peu aimants à l’image (le couple William/Georges passe son temps à se déchirer), aussi vulgaire (Adèle ou encore Pierre ne brillent pas par leur classe), aussi intolérants (le personnage d’Adèle défend comme une lionne son frère William en insultant et humiliant Georges), aussi peu innocents (William trompe Georges ; Georges abandonne sa femme et ses enfants ; William et Georges sont prêts à se marier et à obtenir des enfants à n’importe quel prix), aussi brutaux (William et son amant Georges en viennent aux mains ; Pierre, l’hétéro, se fait provoquer, draguer puis gifler par le couple homo William/Georges), aussi incestueux (Adèle est totalement fusionnelle avec son frère homo William et se fait passer pour sa petite copine), aussi déséquilibrés (William fait une grave dépression, est suicidaire et sombre souvent dans l’hystérie), peuvent avoir le culot et la prétention ensuite de jouer les victimes et de se présenter comme les chantres de l’amour, de la fidélité, de l’ouverture d’esprit, de la justice, de l’équilibre, de la famille ? Mais pour qui se prennent ces acteurs et ces metteurs en scène ?? Il faudrait qu’on gobe cette couleuvre en applaudissant des deux mains leur hypocrisie puante ??

 

Le Tribunal des sourcilleux antihomophobie are watching you !

Les antihomophobie are watching you ! (William, Adèle et Georges guettent le dérapage « homophobe » de Pierre l’hétéro)


 

Et encore. S’ils étaient un petit peu humbles, on leur pardonnerait presque leur aveuglement et leurs bonnes intentions gays friendly. Mais avec Sugar, la bêtise se pare de prétention, de manichéisme, de moralisme, joue le grand Seigneur qui rend les copies et va distribuer les bons et les mauvais points (les morceaux de sucre, quoi) à tout le monde : ça finit avec la conversion téléphonée (et improbable) de Georges, l’homophobe recalé et repêché in extremis par « l’amour » et par l’argumentaire-massue homo-identitaire-amoureux ; avec la fessée déculottée de Pierre l’éternel homophobe qui, en plus d’avoir perdu l’amour de sa vie (Adèle), n’a plus qu’à s’en aller en portant le bonnet d’âne honteux de l’hétérosexualité homophobe ; et avec la happy end parachutée, volontairement kitsch, et carrément cynique, du « bonheur retrouvé » entre William et Georges. Rideau sur ce piteux scénario manichéen.

 

Depuis l’approbation de la Loi Taubira, les personnes homosexuelles et leurs suiveurs gays friendly, les socialos déçus qui ont à présent de plus en plus de mal à faire perdurer autour d’eux la présomption d’innocence et d’amour, se donnent parfois le luxe, à travers des pièces moralistes comme Sugar, d’être artistiquement agressifs, râleurs, cyniques, de se venger d’eux-mêmes, de leur propre naïveté et de leur mauvaise gestion de l’amour, sur leurs personnages et sur leur public. Attitude détestable de petits cons donneurs de leçons s’il en est.

 

SUGAR Femme fellinienne

Les Femmes fortes gays friendlys vont parler : Attention ! La Messe !


 

Et le plus triste, c’est que le public du Vingtième Théâtre, censé avoir un peu plus de culture et de jugeote que les Français qui n’ont pas les moyens ni l’initiative de sortir au théâtre, semble gober massivement le morceau de sucre en hurlant « bravo ! encore ! un autre ! » à la fin du spectacle, et en ovationnant massivement ces œuvres de propagande idéologique à deux balles. En France, nos « élites » artistiques et intellectuelles, qui devraient avoir un minimum de sens critique pour comprendre les contradictions de pièces comme Sugar, et ne pas les cautionner, deviennent peu à peu des moutons. À mon insu, j’observe, impuissant, la dégringolade : force est de constater que beaucoup de nos artistes et intellectuels influents sont véritablement en train de démissionner.

 

SUGAR Romero

 

Ça m’a paru flagrant hier. Je suis ressorti de la salle en me disant que nous étions actuellement replongés au « bon vieux temps » du communisme, où la pensée unique règne en maître, et où les intellectuels sont isolés, pointés de « fachos », envoyés parfois dans des goulags encore inconnus, dans l’indifférence gauche-caviar quasi générale. Nos ancêtres avaient pourtant juré, après 1945, qu’on ne les y reprendrait plus. Tu parles. Nous sommes rentrés concrètement dans un pré-contexte national de dictature, construit de toutes pièces par les anti-fascistes d’aujourd’hui. Oui. Sans alarmisme je le dis. La situation de la France est inquiétante. Et la pièce de Joëlle Fossier n’est qu’un morceau de sucre de plus de l’effet-dominos de la chute que nous vivons actuellement. Ni plus, ni moins.

 

 

SUGAR Billet Réduc

 
 
 

Décryptage de la pièce à travers le Dictionnaire des Codes homosexuels :

 

Code « Amant triste » : « Je suis pas triste. Je suis désespéré. » (William, le héros homosexuel vivant une dépression à cause des absences de son amant Georges)

 

Codes « Milieu psychiatrique » + « Emma Bovary ‘J’ai un amant !’ » + « Mort (suicide) » : William, le héros homosexuel, est dépressif, fait des crises de tétanie et d’angoisse depuis qu’il est petit (ça ressemble à des crises d’épilepsie), est fragile psychologiquement et a des tendances suicidaires (parce qu’il ne supporte pas les absences de Georges, son amant négligent) : d’ailleurs, ses chantages amoureux prennent des allures de tragédie grecque.

 

Code « Obèses anorexiques (Poison) » : William, le héros homosexuel, par dépit amoureux, arrête de manger pendant des semaines… et il est pourtant surnommé « Sugar » (« sucre » en anglais) par son amant Georges. Ce dernier est comparé à un poison : « Tu m’empoisonnes. » (William)

 

Codes « Pygmalion (Statues) » + « Peinture » + « Collectionneur (Matérialiste) » : Georges, le héros homo, possède dans son appartement des statuettes, des tableaux de maîtres.

 

Code « Eau » : « Mon poisson rouge, je le garde. » (William, le héros homosexuel)

 

Code « Chat » : William, le héros homo, se fait surnommer « mon p’tit chat » par sa sœur Adèle.

 

Code « Infirmière » : William, le héros homo, surnomme sa sœur Adèle « Blouse blanche ». Et pour cause : cette féministe invétérée exerce le métier d’« infirmière-urgentiste » Bizarrement, elle effraie un peu son frère, qui ne veut pas trop être réifié ni étudié par elle : « Enlève ta blouse. Elle m’intimide. » Et on comprend pourquoi : Adèle n’exerce pas que la médecine. Elle est un peu sorcière et prédit l’avenir dans le tarot. Sa dualité peu scientifique finit même par exciter la colère de l’amant de William, Georges, qui insulte l’infirmière de « baiseuse de mes deux ».

 

Code « Médecines parallèles » : Adèle, la sœur du héros homosexuel, est une « infirmière-urgentiste » dont les méthodes sont quand même bizarres car elle lit dans les tarots et fait appel à la voyance. Son frère s’en étonne : « Comment une personne telle que toi peut croire ce que disent les cartes ? »

 

Code « Voyante extra-lucide » : Adèle, la sœur de William (le héros homosexuel), lit dans les tarots et fait appel à la voyance. « On va voir ce que disent les cartes… […] La nuit entre deux rondes, j’interroge les arcades du futur. » Voyant que ses prédictions se révèlent justes, Georges, l’amant de William, lui propose de se professionnaliser : « Vous n’en ferez jamais un métier, de la voyance ? »

 

Code « Inversion (Carte) » : Adèle, la sœur du héros homosexuel, lit dans les tarots et fait appel à la voyance. « On va voir ce que disent les cartes… » Quand elle tire les cartes à Georges, l’amant de William, elle lui révèle la violence de sa personnalité et de leur amour à lui et William : « C’est drôle… Je ne tombe avec vous que sur du pique et du carreau. »

 

Code « Fleurs » : Adèle offre un bouquet de fleurs à son frère gay William.

 

Code « Sommeil » : « Tout ce que je veux c’est dormir. » (William, le héros homo dépressif)

 

Code « Trio » : Le trio gay friendly William/Georges/Adèle forme une coalition pour mater « l’hétéro » homophobe Pierre qui a eu la cuistrerie de draguer franchement Adèle (Non mais dis donc !).

 

Code « Carmen » : Adèle est la femme en rouge.

 

Code « Moitié » : L’amant homosexuel, Georges, est à la fois invisible (il est toujours absent) et bipartite : « Finalement, elle a trois jambes, cette fiancée ? » (Adèle s’adressant à son frère homo William en feignant d’ignorer le sexe de son amant Georges) William finit par le confondre avec un pyjama à « deux pattes et deux manches en chiffon ».

 

Code « Manège » : La relation entre William et Georges, pourtant présentée comme formidable et authentique, bat de l’aile : « Elle n’était pas vouée à l’échec. » (William) ; « Nous devenons deux êtres médiocres vivant une relation médiocre. Trop forte pour que tu t’en prives. Pas assez forte pour que tu te battes pour elle. » (William s’adressant à Georges) ; « C’est terrible de s’apercevoir qu’on aime si mal la personne qu’on aime. » (Georges)

 

Code « Pygmalion » : « C’est mon monument à moi. » (William parlant de son amant Georges)

 

Code « Drogues » : « Je suis addict. C’est pire qu’une drogue. » (William parlant de son amant Georges)

 

Code « Éternelle jeunesse (Refus de grandir) » : William, le héros homosexuel (le plus jeune du couple homo formé avec Georges), veut rester en enfance : « Pourquoi faut-il grandir, Adèle ? c’est si bon, l’enfance. »

 

Code « Amoureux » : « Tomber amoureux, c’est l’Âge d’Or ! » (Pierre l’hétéro) ; « Chacun fait c’qu’il veut. » (Pierre n’osant pas se positionner sur l’homosexualité, idem). La partie « Tu ne sais pas aimer » : « C’est terrible de s’apercevoir qu’on aime si mal la personne qu’on aime. » (Georges, le héros homosexuel faisant son autocritique, dans sa relation coûteuse avec William)

 

Code « Inceste entre frères » : William, le héros homo, et Adèle sa sœur, ont une relation particulièrement fusionnelle et incestuelle : elle l’appelle « mon p’tit chat », est particulièrement collante. Et William lui a décerné un statut exceptionnel : « C’est la sentinelle de ma vie, ma sœur. Mon pilier. » Georges, l’amant de William, ignore d’abord qu’elle est la sœur de son compagnon. « Vous êtes sa mère, sa nounou, sa petite amie ? » Et Adèle accepte d’être un peu tout, joue à être l’« ex » de son frère. Quand Georges découvre qu’Adèle a pris sa place dans le cœur de William, il s’insurge contre cette « copine » envahissante : « Qu’est-ce que c’est que cette sangsue ? »

 

Code « Doubles schizophréniques » : William, le héros homo, et Adèle sa sœur, ont une relation particulièrement fusionnelle et incestuelle. Ils semblent inséparables et sont même une menace pour l’amant de William, Georges : « Qu’est-ce que c’est que cette sangsue ?? » demande ce dernier pour les déscotcher.

 

Code « Inceste » : William sort avec un homme marié, Georges, qui a le double de son âge.

 

Code « Frère, fils, père, amant, maître, Dieu » : William sort avec un homme marié, Georges, qui a le double de son âge, et qui l’infantilise en l’appelant « Sugar ».

 

Code « Homme invisible » : « Je ne vous imaginais pas. » (Adèle s’adressant à Georges, le compagnon jusque-là inconnu de son frère) ; « On s’est quittés aux aurores sans avoir échangé un mot. Je ne me rappelle plus de sa tête. » (William après son aventure avec un inconnu)

 

Code « Femme fellinienne géante et pantin » : avec Adèle, la femme féministe en rouge, à la poitrine imposante, et défendant la « montée » du pouvoir des femmes.

 

Code « Mère gay friendly (Intuition féminine) » : Adèle, la sœur du héros homosexuel William, est celle qui devine tout (elle est voyante, d’ailleurs) et qui a compris l’homosexualité de son frère avant tout le monde : « Je savais même que tu savais que je savais. » (William) Adèle fait des leçons à Georges, le copain de William, sur le fait qu’il n’assumerait pas totalement son couple avec William. C’est elle à qui revient la tache de débusquer et de mater l’homophobie intériorisée qui traîne chez l’homme marié bisexuel. Et cette inquisitrice gay friendly fait la leçon aux hétéros qui ne la suivraient pas immédiatement dans son grand élan de solidarité pro-gays et qui esquisseraient l’ombre d’un doute sur la véracité de l’amour homosexuel : « Deux hommes ensemble, ça vous dérange ? » menace-t-elle Pierre, l’hétéro pas très assuré ni très expert sur l’homosexualité. La gentillesse écrasante de la Miss France autoritaire, un chouïa gestapo arc-en-ciel.

 

Code « Homosexuel homophobe » : Adèle, la sœur du héros homosexuel William, fait des leçons à Georges, le copain de William sur le fait qu’il n’assumerait pas son couple avec William parce qu’il ne délaisse pas son statut bancal d’homme marié bisexuel. Elle et son frère le maltraitent verbalement et physiquement : « Tu te fous de moi ! Ça fait cinq ans que tu m’abreuves de mensonges ! Marre ! Marre ! Marre ! Marre d’être englouti dans ta double vie ! » (William) Les homosexuels assumés (ou leurs défenseurs gays friendly) font le procès des hommes bourgeois bisexuels, donc de leurs amants secrets.

 

Code « Promotion ‘canapédé’ » : avec Georges, le notaire, marié… et homosexuel planqué.

 

Code « Symboles phalliques » : Adèle soupçonne Georges, le copain de son frère William, d’être impuissant parce qu’il n’assume pas de quitter sa femme pour vivre avec William : « Il est mal loti, mon William, avec un impuissant… »

 

Code « Faux révolutionnaires » : Adèle reproche à Georges, le copain de son frère William, de ne pas vivre pleinement son homosexualité au grand jour avec William. William est l’homosexuel courageux et malheureux à cause de la lâcheté de Georges « l’homme qui n’assume pas l’amour qu’il lui porte ». C’est une pièce où on nous fait la morale, pour nous faire comprendre que la culpabilité de l’homme marié bisexuel qui ne s’assume pas pleinement homo et qui ne reconnaît pas « l’amour véritable » est criminelle. À la fin de l’histoire, Georges, face aux résistances de Pierre l’hétérosexuel (qui s’obstine à être gêné par le « mariage pour tous »), se montre inquiet concernant la montée de « l’homophobie » en France : « Comme quoi, 3 ou 4 décrets, c’est pas suffisant pour assurer notre liberté du jour au lendemain. »

 

Code « Destruction des femmes » : La misogynie de Georges, l’homme marié bisexuel, va s’accroître à mesure qu’il choisit de devenir un homosexuel exclusif : « Les femmes sont de plus en plus insupportables. » Il se met à rêver d’un monde sans femmes, puis s’en excuse à peine : « On ne peut pas s’empêcher d’espérer l’impossible. C’est humain. »

 

Code « Voyage » : Georges est un notaire qui est sans cesse en voyage : William, son copain, ne supporte plus ses absences.

 

Code « Liaisons dangereuses » : William engueule son amant Georges à cause de ses absences : il lui dit qu’il est fou d’amour pour lui, mais avec une agressivité qui laisse entendre le contraire : « Tu te fous de moi ! Ça fait cinq ans que tu m’abreuves de mensonges ! Marre ! Marre ! Marre ! Marre d’être englouti dans ta double vie ! » Il le maltraite verbalement et physiquement.

 

Code « Bonbons » : « Tu ne me confonds pas avec ton dessert préféré ! » (William s’insurgeant contre son amant Georges qui l’affuble du doux nom infantilisant de « Sugar »)

 

Code « Femme vierge se faisant violer un soir de carnaval ou d’été à l’orée des bois (Été) » : Chaque été, c’est le temps du voyage de Georges, de l’absence et de la mort du couple Georges/William.

 

Code « Douceur-poignard » : « C’est drôle… Je ne tombe avec vous que sur du pique et du carreau. » (Adèle, la cartomancienne de bazar, s’adressant de manière piquante à Georges, l’amant de son jeune frère William)

 

Code « Parricide la bonne soupe » : Toute la pièce Sugar est orientée vers le parricide : c’est le père de famille bisexuel (Georges), ou encore le bon « hétéro » pas du tout concerné par l’homosexualité (Pierre) et qui devient comme par « magie » homophobe, qui sont placés sur la sellette. On assiste au procès des pères de famille et des mâles en général. Ils s’en prennent plein la figure et sont sommés de faire leur coming out, leur mea culpa gay friendly, ou alors ils méritent les insultes et les coups. C’est le mariage traditionnel, la paternité et la masculinité passant au crible de la coalition fraternelle (et incestuelle) d’une part (celle de William et sa sœur Adèle), et la coalition homosexuelle (celle des deux amants réconciliés William/Georges, liaison clairement incestuelle aussi) d’autre part. Hallucinant. Les incestueux qui font la morale à la paternité et à la conjugalité. On aura tout vu !

 

Code « Amant diabolique (Anonymat) » : « J’ai l’impression que tu t’es infiltré dans mon esprit. Je suis habité, envahi, possédé, obsédé par toi. » (William s’adressant à son amant Georges) ; « On s’est quittés aux aurores sans avoir échangé un mot. Je ne me rappelle plus de sa tête. » (William après son aventure avec un inconnu, idem)

 

Code « Petits Morveux » : Les enfants sont à la fois méprisés et demandés comme des dus. Par exemple, William menace Pierre « l’hétéro » de parvenir à avoir des enfants avec son copain Georges quand ils le désireront (après leur « mariage »). Et pourtant, il oblige Georges à renoncer à son passé d’homme marié et de père avec enfants, et à abandonner ses enfants pour le garder pour lui tout seul : « Tes enfants ! Ton alibi suprême ! »

 

Code « Haine de la famille » : Le mariage femme-homme est dévalorisé (le couple Georges/Christelle ne tient pas), la paternité et les enfants aussi. William, l’amoureux capricieux, demande à son amant Georges qu’il renonce totalement à son ancienne vie d’homme marié et de père : « Tes enfants ! Ton alibi suprême ! » Il lui fait même du chantage au divorce : « Tant que tu ne seras pas divorcé, notre situation restera bancale. Attention, Maître Blanchet, vous êtes sous serment. » Pierre, l’hétérosexuel qui se rend compte de la destruction de la famille que les deux tourtereaux homosexuels ont planifiée à plus ou moins long terme (en effet, Georges se met à négliger les liens du sang au profit des liens sentimentaux : « Les liens de l’esprit ont parfois plus de valeur que les liens du sang. »), tente de s’insurger – pas très finement – contre leur projet de mariage et d’enfants : « Vous la faites partir en couilles, la famille, avec vos histoires ! »

 

Code « Icare (Chute) » : « Je suis tombé avec toi dans un puits sans fond. » (William s’adressant à son amant Georges)

 

Code « Aube » : « On s’est quittés aux aurores sans avoir échangé un mot. Je ne me rappelle plus de sa tête. » (William après son aventure avec un inconnu)

 

Code « Fusion » : « Moi qui nous croyais soudés… » (Georges s’adressant à son amant William) ; « Je brûle pour toi jusqu’à l’asphyxie. » (William s’adressant à Georges, idem)

 

Code « Homosexuels psychorigides » : Georges est officier ministériel, notaire, obéissant aux règles et aux protocoles.

 

Code « Pédophilie » : Georges, le père de famille homosexuel, est suspecté officieusement par sa femme Christelle de pédophilie : elle l’empêche d’approcher leurs propres enfants.

 

Code « Femme et homme en statue de cire » : Le couple marié formé de l’homosexuel refoulé Georges et de sa femme Christelle est typiquement hétérosexuel. Il se caractérise par deux poupées très bisexuelles et séparées par un mur : « Nous sommes murés tous les deux dans l’incapacité de communiquer. » Par ailleurs, le couple homo William/Georges et le couple hétéro impossible Adèle/Pierre sont à l’image l’un l’autre.

 

Code « Désir désordonné (Désir-roi) » : « Ne jamais rien sacrifier à sa propre cohérence. » (Adèle, la « fille à pédé »)

 

Code « Quatuor » : Le quatuor Adèle/William/Gabriel/Pierre est réuni pour le procès de la bisexualité (autrement dit de l’hétérosexualité).

 

Code « Île » : « Faudrait voir à ne pas vivre dans sa planète à part. » (Pierre, l’hétéro mettant en garde contre la tendance autarcique des couples homos)

 

Code « Méchant pauvre » : « Être homo dans le milieu ouvrier, c’est du rail. » (Pierre, l’ouvrier hétéro, très vite jugé « gaffeur homophobe » par la doxa Adèle/William/Georges)

 

Code « Violeur homosexuel » : Les amants Georges et William tapent sur Pierre l’hétérosexuel, et essaient de l’approcher, de le provoquer physiquement (par rapport à une homosexualité supposée latente chez lui). Georges lui fout une baffe, et ça finit en bagarre que les lamentations théâtrales d’Adèle, la « fille à pédé » pleureuse internationale, viennent miraculeusement éteindre en jetant tout de même toute la faute sur la soi-disant « homophobie » de Pierre.

 

Code « Poids des mots et des regards » : « Et voilà… le regard des autres… » (William, le héros homo, blasé par la soi-disant « homophobie » dont il ferait l’objet)

 

Code « Ennemi de la Nature » : « Les liens de l’esprit ont parfois plus de valeur que les liens du sang. » (Georges, un des héros homosexuels)

 

Code « Milieu homosexuel paradisiaque (Cuculand) » : Georges, après avoir été pourtant absent de son couple avec William, assure vivre « l’amour véritable ». La fin de cette œuvre théâtrale qui restera dans les annales (ou pas) continue de cultiver le mythe : la happy end kistch (avec boule à facettes) et l’annonce de la reformation du couple William/Georges sont totalement forcées dans le cynisme auto-parodique.

 

Film « Au premier regard » : la cécité inattendue de Daniel Ribeiro

1 – Au Royaume des Aveugles, les Borgnes (homosexuels) sont Rois !

 

AU 1er REGARD baiser

Gabriel, Léo… et les petits oiseaux


 

Pour ceux qui iront voir ce film, je vous suggère ce petit exercice tout bête : vous écouterez, vers la fin du long métrage, la bande-son qui a été choisie pour illustrer le long et langoureux baiser entre les deux héros Gabriel et Leonardo. Il n’y a aucun violon, mais juste des petits gazouillis d’oiseaux tout mignons. Je vous jure que c’est vrai et que la démarche a été sincère ! Les petits zoziaux pendant le baiser final. Voilà. C’est ça que le monde gay friendly va, pendant quelques semaines voire quelques années, applaudir et trouver « magnifique », « profond », « nouveau », « pur ». Cuculand va encore remporter une nouvelle victoire. Et les rares voyants vont se trouver encore plus seuls à voir ! (Soupir)

 

 

À peine sorti en salles en France (48 heures, pour être précis) et dans une vingtaine de pays, la critique s’enflamme déjà pour le tout nouveau film brésilien « Au premier regard » de Daniel Ribeiro, traduction de «  Hoje Eu Quero Voltar Sozinho » = « Aujourd’hui, je ne veux pas rentrer seul » (Rien à voir avec la chanson « J’veux pas rentrer chez moi seule » du groupe Regrets des années 1980 … quoique… en y réfléchissant bien, si : ce film reproduit exactement en filigrane la revendication immature de la lolita pré-pubère, à la drague osée mais idéalisée, policée et pas du tout assumée… Daniel Ribeiro, à son insu, est l’exemple-type du militant homo nouvelle génération, qui se présente comme « homo mais pas gay » pour ne pas avoir à questionner sa propre pratique homosexuelle).

 

 

« Au premier regard » est un film qui est déjà primé au Teddy Awards. Et les appréciations dithyrambiques des premiers spectateurs fusent. De quoi parlent les critiques qui n’analysent pas ce film et qui ne comprennent pas pourquoi ils l’aiment tant ? Ben « de l’Amour », pardi ! Ils n’ont que ça en bouche : les intentions plutôt que les faits. Ils glosent sur la « pudeur », le « soleil », la « pureté », la « sobriété », l’« innocence », la « poésie », la « fraîcheur », la prétendue gratuité de la démarche de Ribeiro et l’absence de didactisme. Le discours sur l’Amour, c’est facile, c’est passe-partout et c’est difficilement critiquable. Plutôt que d’argumenter longuement, plutôt que de parler de ce qui a été vu à l’image et de son sens, mieux vaut s’attacher aux bonnes intentions qu’on veut lui prêter, mieux vaut s’extasier comme des midinettes bobos anti-milieu-gay face à un « Amour universel ». « Au Premier Regard’ est un film touchant et très important pour notre cinéma national. Principalement en faisant de l’Amour l’unique drapeau qui doit exister entre deux personnes. » (un journaliste brésilien en conclusion de son article).

 

AU 1ER REGARD soleil

 

Et comment peut-il en être autrement ? Ce film est d’une poésie et d’une naïveté objectivement agréables, efficaces, confondantes. À tel point que certains pourraient le juger scolarisable ! Pas d’image choquante. Une jolie romance qui finit bien, qui en apparence n’impose pas ses messages : elle nous est présentée comme une histoire d’amour singulière qui se trouve concerner deux garçons, « mais qui aurait tout aussi bien pu concerner un garçon et une fille : PEU IMPORTE ! La différence des sexes, on s’en fout : l’important, c’est l’Amûûûr. » Ce film est un étalage de bons sentiments, de jolies musiques (violons, guitares), de jolies cartes postales (avec la Nature, les belles lumières, les rires, la danse, la lune, les vacances, les oiseaux, les sensations d’un aveugle et celles d’un voyant qui apprend à rentrer dans la perception inconnue de son amant, etc.), de gentils messages universels appris et rebattus. Bref, une imitation réchauffée des morales attribuées au Petit Prince : « On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux. » ; « Les véritables aveugles sont en réalité les voyants… et les voyants les mal-voyants. » ; « L’important, c’est d’aimer l’autre, dans sa fragilité, dans sa différence, tel qu’il est. » ; blabla blabla.

 


 

Derrière cette guimauve dégoulinante et imparable se trouve en réalité l’idéologie sentimentaliste et anti-naturaliste LGBT qui stipule que le corps sexué n’a que peu d’importance, que nous serions tous des anges asexués libres d’aimer qui nous voulons à partir du moment où nous obéirions à nos sentiments et à notre ressenti individuel. À travers ce type de films, on nous laisse croire (à tort) que la débauche de sensations – et de leurs mises en scène – va pallier à l’éjection de la différence des sexes, éjection qui reste pourtant objectivement violente puisque la différence des sexes est le socle de notre existence à tous et, si elle est librement accueillie, le roc qui nous permet d’aimer au mieux, pleinement et durablement, et de respecter les amitiés même entre personnes de même sexe.

 
 

2 – Au milieu de ce bal de sensations et de mièvreries, comment s’y retrouver ? Comment garder les pieds sur Terre et son sens critique ?

 

Déjà en comprenant une chose très importante (peut-être la plus importante) : qu’en dépit des apparences, « Au premier regard » n’est pas un film sur l’homosexualité, et encore moins sur la vie de couple homo (qu’on ne voit jamais, d’ailleurs). Il est juste un portrait des soubresauts de l’attrait homo-érotique qui peuvent exister dans toute amitié adolescente forte. « Au premier regard » a totalement aplati, déproblématisé l’homosexualité. Sur ce point, certains critiques – et le réalisateur lui-même – ne pourront pas me contredire, puisqu’ils ont planifié sciemment de ne pas traiter du sujet : « Daniel Ribeiro donne à voir un spectacle pas si commun, où l’homosexualité vomie actuellement par les intégristes et arriérés en tous genres n’est jamais un problème, jamais remise en question. À la façon du new new queer cinéma, elle est au centre de l’histoire sans jamais en être l’enjeu premier. Leonardo, aveugle et gay, veut être indépendant, et savoir si Gabriel éprouve des sentiments pour lui. L’histoire est toute simple mais Daniel Ribeiro la raconte avec une fraîcheur et une énergie positive totalement enthousiasmantes. » (Nicolas Bardot sur Film de culte)

 

Film "Beautiful Thing" d'Hettie McDonald

Film « Beautiful Thing » d’Hettie McDonald

Film "Au premier regard" de Daniel Ribeiro

Film « Au premier regard » de Daniel Ribeiro

 

Le lissage de la problématique de l’homosexualité ravit bien sûr ceux qui rêvent de films bulldozer ou de films rouleau-compresseur-à-fachos-et-à-clichés-homo-érotiques-négatifs : « Dans cet euphorisant premier long métrage, rien n’est dramatique. La bienveillance colorée dont fait preuve Ribeiro rappelle l’énergie positive de ‘Beautiful Thing’ qu’il a regardé quand il avait lui-même 16 ans avec son petit ami de l’époque. Le film parvient à trouver l’équilibre parfait pour être positif sans être ravi de la crèche, doux sans être mièvre. La finesse d’écriture lui permet de ne guère s’embarrasser d’antagoniste et de rendre ses personnages extrêmement attachants. » (Nicolas Bardot, idem)

 

AU 1ER REGARD fuck

 

D’autre part, nous arriverons à démêler le vrai du faux par rapport à ce type de films gay friendly « touchants » en acceptant d’être un peu touché émotionnellement par eux. Parce que c’est logique d’être ému. C’est humain. Et je l’avoue : mon corps, mes sens et une part de mon cœur ont vraiment aimé « Au premier regard ». Mais la plus grande part de mon cœur – celle qui est attachée à l’Amour autant qu’à la Vérité et à la Réalité – ne l’a pas aimé. Qui a dit que les films de propagande étaient tous mal faits, incapables de nous toucher, et désagréables ? Au contraire : l’alliance réussie de la séduction et de la qualité au service d’un message faux, c’est la définition même du film de propagande. Reconnaître que nous avons été touchés en plein cœur ne peut que nous permettre de mieux comprendre avec distance ce qui a fait que ce genre de films marche et parvient à rouler un aussi grand nombre de gens dans la farine au point d’être proclamé « Succès de l’Année au Box-Office », « Patrimoine Mondial Cinématographique de l’Humanité ».

 

Ne perdons pas de vue que le projet du réalisateur Daniel Ribeiro, c’est clairement de donner à ses fantasmes amoureux et identitaires homosexuels irréalistes (irréalistes puisqu’ils fuient la différence des sexes) forme humaine, réaliste, positive, anodine et invisible : « Créer un film résolument positif était l’un de mes objectifs. On a vu tellement de récits d’apprentissage ou de coming out où les choses se finissent mal, et ils ont un impact important parce qu’ils font le portrait d’une réalité à laquelle beaucoup de jeunes gays doivent faire face. Mais je pense qu’il y a également le besoin de créer un portrait optimiste avec un aboutissement heureux pour un ado gay tombant amoureux pour la première fois. Il y a une quinzaine d’années, quand j’avais 16 ans, ce que je voulais voir c’était des personnages gays décrits de façon positive parce que ce qui m’intéressait au cinéma c’était de voir des personnages dans lesquels je pouvais me reconnaitre. L’exception étant ‘Beautiful Thing’, qui parvenait à montrer qu’être gay, c’était possible. » (Daniel Ribeiro, entretien réalisé le 23 juin 2014) Le postulat de base du film est par conséquent fondamentalement mensonger. Même si ça ne se voit pas « au premier regard », justement (mais au deuxième, troisième…) ! Même si ce film est pétri de bonnes intentions. Gardons la réalité de l’imposture initiale en mémoire. Et ainsi, nous verrons très vite s’éclairer petit à petit les incohérences ou les messages subliminaux que contient ce film « innocent ». Car ils sont nombreux !

 
 

3 – Le handicap : l’alibi – idéal mais malhonnête – de l’homosexualité

 

Ce qui est très gênant dans « Au premier regard », parce que l’analogie entre les deux me parait totalement abusive, c’est que l’homosexualité est mise sur le même plan que le handicap. Implicitement, Ribeiro laisse entendre que l’amour homosexuel serait aussi fort et légitime que l’amour pour les personnes handicapées, ou bien que la réalité du handicap serait identique à celle de l’identité/amour homosexuel-le.

 

Ce film est le fruit d’une projection abusive sur une réalité – la cécité couplée d’homosexualité – qui est très exceptionnelle et qui me semble virtuelle (même si elle est bien-intentionnée). Encore à ce jour, je n’ai jamais rencontré de personnes homosexuelles qui soient aveugles de naissance, et je me suis toujours demandé comment un individu aveugle pouvait devenir/être homosexuel, puisque l’homosexualité est suscitée principalement par la vue (plus que par le toucher), par le cinéma, par la projection fantasmatique sur des photos de magazines, par la jalousie vis à vis de l’homme-objet ou de la femme-objet cinématographiques. Si jamais mon constat était erroné, je m’excuse à l’avance des personnes aveugles de naissance ET homosexuelles qui m’entendraient ; et je demande à rencontrer illico des personnes homosexuelles aveugles dont l’homosexualité n’aurait pas été stimulée par la connaissance de films érotiques ou pornos, ou par la mémoire sensitive d’un viol corporel. Car en effet, je crois qu’elles n’existent pas. Je ne doute pas que les personnes aveugles de naissance aient une idée (belle !) de ce qu’est la beauté (quoique cette perception a sûrement ses particularités bien spécifiques et minoritaires : d’ailleurs, pendant le film, le personnage de Léo demande à un moment donné à sa meilleure amie Giovanna s’il est physiquement beau… parce qu’il n’a aucune idée des critères de beauté du monde visuel des personnes valides). Je ne doute pas non plus que les personnes aveugles ont également une génitalité et qu’elles ressentent des sentiments d’amour vrais. Mais je ne crois pas que cette beauté, cet amour, cet univers fantasmatique et cette activité génitale qu’elles vivent obéissent aux mêmes critères que les personnes qui voient avec leurs yeux. Je ne crois pas que ces critères soient homosexualisables ou transposables à l’identique sur n’importe quelle relation humaine à deux. Projeter sur les personnes non-voyantes des fantasmes d’hommes voyants (et qui plus est, des fantasmes inhumains, car rejeter la différence des sexes qui nous a fait tous naître, relève de l’inhumanité angéliste), c’est malhonnête, c’est mal les connaître ELLES, c’est utiliser leur cécité à des fins romantico-individualistes, c’est exploiter la fragilité des autres. Personnellement, je trouve cela choquant.

 

Je comprends bien que l’innocence de la cécité (une réalité subie : d’ailleurs, de surcroît dans le film, Léo est aveugle de naissance) confère du naturel, de la simplicité, de l’empathie, de l’émotion et de la tendresse à l’homosexualité. Or l’homosexualité, on ne sait pas si elle est subie ou non. On ne sait pas si c’est un fait de nature ou de culture. Comme le handicap, elle est bien le signe d’une anomalie (une personne ne fuit pas la différence des sexes sans raisons ; et une personne ne devient pas handicapée s’il n’y a pas eu à l’origine une erreur dans son processus de développement : je me permets de reprendre les mots justes de Jean-Baptiste Hibon, père de famille et homme handicapé IMC – Infirme Moteur Cérébral – qui insiste pour que le handicap soit bien défini comme une « erreur »). Mais l’homosexualité touche à l’identité sexuée, à la génitalité et à la sexualité bien plus profondément que le handicap physique, qui lui ne remet pas en cause la différence des sexes ni la sexualité. Donc moralement et concrètement, c’est difficile de mettre sur le même plan le handicap physique et l’homosexualité. Le handicap possède une innocence (parce que la plupart du temps il s’impose à la personne qui le porte) que l’homosexualité n’a pas (certaines homosexualités sont des choix, voire des mauvaises actions). L’homosexualité est tout sauf innocente : le rejet de la différence des sexes qu’elle illustre est signe de souffrances et, si celles-ci ne sont pas identifiées, moteur de violences.

 

Il y a derrière cette analogie compassionnelle entre homosexualité et handicap une volonté de mettre la pratique homosexuelle à l’abri de la responsabilité, de l’analyse, de la liberté, du jugement, et d’entourer l’homosexualité du doux manteau de la solidarité. Car qui, humainement, peut être contre l’existence d’un handicap ou contre les personnes handicapées ? À travers cette réalité du handicap et de la relation d’amitié avec la personne handicapée, Daniel Ribeiro a la malhonnêteté de nourrir deux amalgames fâcheux : d’une part l’amalgame entre l’amitié et l’amour (qui sont pourtant des réalités relationnelles bien distinctes) et d’autre part l’amalgame entre la personne et le désir/l’amour/la pratique homosexuels qu’elle peut vivre (or une personne humaine ne se définit par le désir sexuel qu’elle ressent, ni par l’acte sexuel qu’elle pose, ni par le « couple » homosexuel qu’elle composerait).

 

Il n’est pas juste qu’un film comme « Au premier regard » instrumentalise la pureté de l’adolescence, l’empathie face à la fragilité qu’est le handicap, pour justifier d’un amour ambigu (= le « couple » homo) qui, contrairement au handicap, n’est pas un fait physique : il n’existe pas de corps homosexuel (alors qu’il existe un corps handicapé, diagnosticable comme tel). L’homosexualité est prioritairement un fait désirant, bien avant de se manifester par une réalité corporelle.

 

AU 1ER REGARD handicapé morgan_gay_film

Film « Morgan » de Mickael Akers


 

Comme les films de blacksplotation (qui n’hésitent pas à marier le Gay Power au Black Power, l’anti-homophobie à l’anti-racisme, pour servir leurs propres intérêts), on peut constater actuellement que certains réalisateurs pro-gays surfent sur la vague victimiaire du handicap pour donner corps à leurs propres fantasmes amoureux : cf. le film « Morgan » (2012) de Mickael Akers, le film « Chip et Ovi » (2008) de Panagiotis Evangelidis, le film « Ex Drummer » (2007) de Koen Mortier, le roman L’Amour en relief (1982) de Guy Hocquenghem (racontant le charme « typique » et attachant d’un jeune Tunisien aveugle qui ne devine rien de la grâce qu’il dégage), le roman Le Cœur éclaté (1989) de Michel Tremblay (avec Rob, l’amant homosexuel aveugle), etc.

 

La juxtaposition cinématographique d’un mal et de l’homosexualité est une recette qui marche de plus en plus car elle repose sur un chantage aux sentiments et des réalités humaines douloureuses qu’il est extrêmement difficile de cautionner. Tout comme le téléfilm « Juste une question d’amour » (2000) de Christian Faure exploitait la difficulté du coming out pour justifier le « couple » homo, tout comme le film « Les Joies de la famille » (2008) d’Ella Lemhagen exploitait le malheur de l’orphelin pour justifier la « beauté » de l’adoption « homoparentale », tout comme le film « Beautiful Thing » (1996) d’Hettie MacDonald exploitait le malheur de la précarité et du chômage pour dépeindre une idylle amoureuse homosexuelle, tout comme le film « My Beautiful Laundrette » (1985) de Stephen Frears exploitait le malheur de la xénophobie pour justifier la force de l’« amour » homo, tout comme le film « Loin du Paradis » (2002) de Todd Haynes exploitait le malheur du racisme pour justifier la « véracité » de l’« identité homosexuelle », tout comme le films « Love ! Valour ! Compassion ! » (1997) de Joe Mantello exploitait sincèrement le malheur du Sida pour justifier les « couples » homos, tout comme le film « Tom Boy » (2011) de Céline Sciamma exploitait le « malheur » de l’adolescence et de sa soi-disant « cruauté » pour justifier la schizophrénie transidentitaire d’une adolescente, tout comme le film « Comme les autres » (2008) de Vincent Garenq exploitait le malheur de la stérilité pour justifier la Gestation Pour Autrui (= les mères porteuses), tout comme le téléfilm « Un Amour à taire » (2005) de Christian Faure exploitait le malheur de la guerre pour justifier la force de l’histoire d’« amour » homo, tout comme le film « Cloudburst » (2011) de Thom Fitzgerald exploitait le malheur de la vieillesse et de la mort pour prouver la beauté du « couple » homo, tout comme le film « Harvey Milk » (2008) de Gus Van Sant exploitait le malheur de l’homicide et de la folie meurtrière pour justifier le courage du militantisme LGBT, tout comme le film « I Love You Phillip Morris » (2009) de Glenn Ficarra exploitait le malheur de la prison pour démontrer la puissance de l’amour entre deux hommes, tout comme le film « Week-end » (2011) d’Andrew Haigh exploitait le désespoir amoureux pour justifier la « beauté » des « plans cul », tout comme le film « Le Secret de Brokeback Mountain » (2005) d’Ang Lee exploitait le malheur de l’homophobie intériorisée pour rappeler l’urgence du coming out, le film « Au premier regard » utilise également le handicap pour nous faire signer aveuglément le certificat d’« amour » décerné à la relation d’amitié entre deux adolescents. Désolé, mais chez moi, ça ne prend pas.

 

Clou du spectacle et du chantage aux sentiments : Daniel Ribeiro a mis en place dans son film une méthode très classique pour redorer le blason de l’homosexualité à peu de frais : la composition de la caricature des « hétéros ». C’est une astuce très répandue actuellement : pour neutraliser les critiques sur l’« amour » homosexuel, beaucoup de réalisateurs homosexuels ou gay friendly extériorisent systématiquement les problèmes des « couples » homos sur cette espèce cinématographique odieuse que composent « les hétérosexuels » (et nous avons de sacrés spécimens de « beaufs hétéros » dans « Au premier regard » : la mère de Léo, Karina, Giovanna, et bien évidemment Fábio et ses copains). Grâce à ces monstrueux « hétéros homophobes », les cinéastes pro-gays font passer les limites et les fragilités des « couples » homos réels pour un processus purement circonstanciel et extérieur : si les unions homosexuelles n’arrivent pas à perdurer et à satisfaire, ce serait uniquement parce que la société ne les encouragerait pas, et qu’elles seraient empêchées par la cruauté gratuite des Hommes (… et surtout des hommes : les mâââles).

 

AU 1ER REGARD méchants mecs

 

Quand nous voyons des films traitant de l’homosexualité et choisissant pour toile de fond des événements terribles venant détruire une romance homosexuelle présentée comme idyllique, nous avons tous envie de dire à la fin de la projection que la spectaculaire catastrophe ou l’agression extérieure rendent les unions homosexuelles, sinon idéales, du moins justifiables, même si dans les faits, ces films sont bien éloignés de la réalité quotidienne des « couples » homosexuels de chair et d’os. Qui peut essayer de comprendre avec un certain détachement les mécanismes de l’homophobie, après avoir vu un tel carnage d’« amour » construit sur pellicule ? Qui peut paraître humain de remettre en cause une image d’Épinal de l’« amour » homosexuel contrebalancée par une violence visuelle assurément percutante, mais ô combien exagérée ? Difficile, par exemple, de ne pas avoir le cœur brisé en voyant sur les écrans le désarroi du mari de Cathy Whitaker dans le film « Loin du Paradis » (2002) de Todd Haynes, homme qui n’arrive résolument pas à réprimer ses penchants homosexuels malgré toute la bonne volonté du monde, ou de ressortir du visionnage du « Secret de Brokeback Mountain » (2006) d’Ang Lee en affirmant la bouche en cœur que l’« amour » homosexuel n’est pas réel et merveilleux, même si nous l’avons vu entravé. Qui peut humainement se réjouir de voir dans le film « Au premier regard » de Daniel Ribeiro l’humiliation que des camarades de classe font subir à un aveugle innocent et avide d’amour (cf. l’épisode du « jeu de la bouteille » proposé par le méchant Fábio lors de la fête chez Karina : au moment où Léo s’apprête à croire qu’il embrasse une fille, on lui présente un chien) ? Personne ! Vraiment personne !

 

Mais, je vous le demande, est-ce que l’Amour ne se manifeste que dans les cas extrêmes où la liberté humaine se rapproche de la nullité ? À travers de tels films, les réalisateurs homosexuels sont plutôt en train d’enfermer l’Amour dans un cadre déterministe et fataliste. Ils valident par un regard orienté vers des situations particulièrement dramatiques une vision de l’existence humaine et de l’Amour très négative. Ils énoncent que l’Homme n’est que rarement libre et heureux, et que c’est cela sa vérité d’amour. Comment peuvent-ils espérer ensuite que leur défense du désir homosexuel apparaisse aux yeux de la société comme aimante ?

 

Il semble paradoxal de prouver l’Amour par son contraire. Face à ce nouveau type de « films choc » (qui, soit dit en passant, dans leur formule, ne s’opposent pas aux comédies sentimentales et enjouées de l’homosexualité), nous sommes pris entre l’extrême compassion et la méfiance de l’émotionnel, si bien travaillé par le cinéma. Au fond, la révolte et l’empathie ne sont que des effets recherchés par ceux qui créent le mythe du couple télégénique homosexuel heureux pour masquer la réalité d’une union beaucoup moins rose dans les faits. Ils universalisent, en quelque sorte, un méfait opéré sur un personnage télévisuel homosexuel vivant un scénario-catastrophe, pour ensuite justifier leurs utopies personnelles et des revendications concernant la communauté gay très discutables dans la réalité concrète. L’injustice filmée ne laisse pas de marbre, c’est sûr. Mais il y a une sorte de malhonnêteté intellectuelle à traiter de l’homosexualité avec d’autres thèmes qui lui sont liés mais non de manière causale (par exemple la folie meurtrière des camps de concentration, le déferlement incontrôlé de l’homophobie dans certains milieux sociaux culturellement pauvres, une agressivité familiale exacerbée, l’émergence inopinée du Sida, le handicap visuel, etc.).

 

Ne nous laissons donc pas déborder par nos émotions : écoutons la Réalité, qui est bien meilleure conseillère. En effet, comme humainement et éthiquement nous ne pouvons pas cautionner la haine et le mépris, nous sommes encouragés à signer sans réfléchir à des versions idylliques et victimisantes de l’« amour » homosexuel. Réveillons-nous. Le couple homosexuel n’est pas le couple homosexuel cinématographique.

 
 

4 – Les incohérences du scénario pas si anodines :

 

Est-il besoin de le rappeler ? Je crois que oui, malheureusement : le « couple » Léo/Gabriel du film « Au premier regard », tout vraisemblable et touchant qu’il est effectivement à l’écran, est un couple scénarisé, fictionnel, construit de toutes pièces, irréel.

 

À y regarder de plus près, il est facile de relever dans l’œuvre de Daniel Ribeiro les nombreuses incohérences et irréalités qui prouvent que ce long-métrage est un film idéologique, malhonnête. Un film de propagande.

 

AU 1ER REGARD Cruauté

 

Par exemple, la cruauté des camarades de Léo est totalement irréaliste et ahurissante. Non seulement parce qu’elle est improbable (je n’ai jamais vu, dans mon vécu d’élève ni de toute ma carrière de prof, d’élève aveugle se faire lyncher par ses camarades de classe. Y compris en ZEP ! Dans le monde réel, les élèves lycéens handicapés ou aveugles sont au pire isolés et ignorés de leurs copains, au mieux chouchoutés. Même dans des contextes scolaires hostiles) mais qu’en plus elle est motivée par une idéologie derrière : idéologie qui diabolise les adolescents et les hommes, idéologie qui célèbre les femmes et l’asexualisation des rapports humains. En effet, l’ignominie des lycéens dans « Au premier regard » est censée rehausser l’injustice homophobe et la réparation de celle-ci par l’acte homosexuel merveilleux et vainqueur final. Daniel Ribeiro met en place, mine de rien, une dramaturgie manichéenne, où les méchants sont très méchants, et les gentils très gentils. Mais ce n’est pas ça, le Réel ! Ce n’est pas ça, la jeunesse ! Et ça n’a pas à le devenir.

 

Les gentils bobos (avec leurs jolies guirlandes électriques)

Les gentils bobos (… avec leurs jolies guirlandes électriques!)

AU 1ER REGARD les crès méchants

Les crès crès méchants hétéros homophobes


 

Autres types d’incohérences, cette fois d’un point de vue thématique : il y a des faits attribués à l’homosexualité ou au monde du handicap qui me paraissent totalement erronés. Un mec homo qui a une super relation avec son père, et qui prend plaisir à se faire raser – alors qu’il n’a même pas un poil de barbe – par lui ? Jamais vu dans le réel. Une famille qui s’oppose à ce que son fils aveugle parte en programme d’études à l’étranger ? Jamais vu dans le réel (Au contraire, ces familles classe moyenne poussent à fond, en général). Le gars aveugle du lycée qui est entourée de la fille à pédé canon et du plus beau gars du lycée, ce n’est pas réaliste, malheureusement. Le mec aveugle canon – joué par un acteur qui n’est pas aveugle –, non plus… même s’il joue très bien l’aveugle, et que toutes les personnes aveugles ne sont pas des laiderons.

 

De même, concernant spécifiquement l’homosexualité, comme je le soulignais en début d’article, dans ce film, l’acte homo est totalement banalisé, déproblématisé, vidé de désir, de possessivité, d’impatience et d’envie, super bien vécu. Léo ne doute jamais de son homosexualité. Il ne semble même pas la découvrir. Tout semble couler de source pour lui, se faire sans vague (à part avec le semblant de rêve éveillé qu’il expérimente pendant la nuit, et qui le trouble à peine). Ribeiro donnerait presque à croire que la personne aveugle est un pantin. Léo se fait embrasser sur la bouche ? Ça ne lui fait ni chaud ni froid ; il se contente d’être étonné (je n’ai jamais vu ce genre de réactions dans le réel). Tout de suite après la soirée du baiser, son copain ne lui adresse plus la parole et se tient à distance ? Ça ne lui fait toujours rien ! Et après avoir reçu son baiser, ou après avoir entendu Gabriel le désavouer, n’importe qui de normalement constitué aurait été ravagé de chagrin. Léo, lui, non. Il prend tout bien. Il dit calmement à Giovanna qu’il est amoureux d’un garçon et qu’il s’agit de Gabriel (sans craindre les foudres de LA jalouse de l’histoire). Il ne se révolte jamais. Dans le bus, il voit arriver Gabriel et Karina, soupçonnés d’avoir flirté ensemble. Mais quand il sent Gabriel l’effleurer pour aller dans le fond du bus avec « les cools », il n’affiche aucune tristesse (encore une fois, réaction super réaliste… La cécité a bon dos !). Magiquement, en présence de Gabriel, Léo fait tomber toutes ses barrières (danser, prendre sa douche, être à poil face à un autre, boire, aller en soirée, jouer à des jeux débiles, etc.) : c’est peut-être beau, mais c’est de la science-fiction.

 

AU 1ER REGARD Douche

 

Idem du côté de Gabriel. Le personnage ne présente aucun tiraillement intérieurs par rapport à l’homosexualité. Même quand il est troublé physiquement par Léo sous la douche, il n’a pas peur de ce qu’il ressent : il a juste peur que ça se voie. Ça ne l’inquiète absolument d’être suspecté par les autres d’« homosexuel » (je ne connais pas beaucoup d’adolescents réels qui, à 15 ans, auraient cette force d’âme) ni de rester avec Léo sur un transat tout un après-midi après que tous les autres soient sortis de la piscine et aient pris leur douche. Ribeiro semble avoir totalement projeté sur son personnage sa sérénité d’adulte concernant l’homosexualité (or, je doute qu’à 15 ans, il ait lui-même été aussi relax !). Autre incohérence : la passivité de Gabriel vis à vis de la méchanceté des gars de la classe avec son copain Léo. J’en connais plus d’un, dans le réel, qui leur serait rentré dans le lard. La relation de Gabriel avec les mecs est totalement zappée dans le film. Inexistante. Pourtant, il est censé être le nouveau, le beau mec de la classe que même les autres gars essaient de convoiter, au moins amicalement. Rien de tout cela. Certaines relations dans ce film sont totalement dématérialisées. Enfin, la scène du baiser final dans la chambre est certainement la moins naturelle de tout le film : le spectateur ne sent absolument aucune angoisse de la part de Gabriel (alors que pourtant, la situation la justifierait largement). On devine que le réalisateur a absolument voulu forcer les sourires et l’ambiance détendue de la déclaration d’amour. Personnellement, je n’y crois pas une seule seconde. Et encore moins si on me met un bruitage printanier derrière ! Un premier baiser, un aveu d’amour (et surtout de type homosexuel), ce n’est jamais anodin.

 

Pour moi, la BIG incohérence du scénario d’« Au premier regard » réside quand même dans la relation-fantôme et sortie de nulle part entre Gabriel et Karina, relation totalement inconsistante, vidée de dialogues et de psychologie, toujours filmée à distance, suggérée par l’ellipse ou par le point de vue extérieur d’un tiers ignorant (= Giovanna), alors que pourtant pendant tout le film elle est censée être ambiguë, grandir en proximité et en intensité, constituer la plus grande menace à la faisabilité du couple Léo/Gabriel, entrer dangereusement en compétition avec LA Love Story homosexuelle « inattendue » de l’histoire. Que se disent Karina et Gabriel ? Pourquoi Gabriel se laisse toucher par Karina, draguer par elle ? Pourquoi accepte-t-il que l’ambiguïté amoureuse plane aussi longtemps ? Pourquoi Karina n’est jamais consultée dans les dialogues et a juste un rôle lisse d’allumeuse tentatrice adolescente ? Pourquoi Giovanna, l’héroïne connue pour ses élans possessifs, ne fait-elle pas une scène à Karina la pétasse, mais plutôt à l’innocent Léo ? Pourquoi Gabriel passe autant de temps avec Karina pour finalement lui foutre un vent et se mettre magiquement en couple avec celui à qui il a fait croire qu’il était avec cette fille ? Pourquoi Gabriel n’est-il pas déchiré intérieurement par ses sentiments et ne présente aucune trace de questionnements bisexuels ? Pourquoi Daniel Ribeiro neutralise à la dernière minute tous les ressorts dramaturgiques, tragiques qu’il a mis en place dans son scénario, sous prétexte qu’il lui faut imposer sa Happy End, qu’il lui faut donner une image absolument positive de l’homosexualité ? (la question de la dramaturgie – et donc le projet cinématographique de la neutraliser – est pourtant lancée dès les premières minutes du film, puisque Giovanna dit qu’« il n’y a pas de drame pendant les vacances ») Pourquoi Daniel Ribeiro résout-il, dédramatise-t-il (au sens cinématographique du mot « drame ») et aplanit-il aussi arbitrairement les conflits, les trahisons, les mensonges, les jalousies entre ses héros, les réalités que ses situations narratives posent forcément ? (Par exemple, on ne saura pas pourquoi Gabriel a menti à Léo concernant le baiser qu’il lui a donné. On ne comprendra pas la réconciliation magique entre Giovanna et Léo, ni la conversion inattendue de Giovanna à la croyance que Léo et Gabriel formeraient un « beau couple ».)

 


 

Vous voulez que je vous dise : l’inconsistance du personnage de Karina (qui incarne la fausse menace du film, voire l’entremetteuse gay friendly, en un peu moins fort que Giovanna) prouve à elle seule que l’amour homosexuel de cette histoire est totalement cousu de fils blancs, téléphoné, mythomane. Karina est le double fictionnel du réalisateur Daniel Ribeiro, le personnage-prétexte, la spectatrice gay friendly qui a été téléportée dans l’histoire et qui attend passivement la formation du couple homo à l’issue de l’intrigue, le personnage qui ne fait quasiment rien, qui apparaît dans la trame narrative comme une simple figurante parce qu’elle est guidée par la bonne intention. Karina, c’est, je crois, Daniel Ribeiro.

 

Au bout du compte, il suffit d’étudier un peu la cohérence du scénario d’« Au premier regard » pour s’apercevoir qu’il n’est pas subtil. Ce film annule les résolutions de conflits parce qu’en réalité, Daniel Ribeiro a voulu fuir tout conflit, éviter tout drame, court-circuiter toute polémique ou ambivalence. Or, une bonne œuvre artistique affronte les conflits, les aspérités du Réel, les drames de l’existence humaine, embrasse nos élans intérieurs parfois contradictoires, et leur propose une solution. Là, « Au premier regard », malgré son apparent réalisme (qui repose principalement sur la sensation, les bonnes intentions et les belles images), est un film de propagande sombrant dans la guimauve et vidant finalement toutes les situations dramaturgiques fictionnelles ou humaines, d’Incarnation, de Réalité, de psychologie, d’Humanité. C’est un délicieux bonbon acidulé qui charme les papilles et le cœur du spectateur pendant 1h35… mais les bonbons, tout agréables soient-ils, ça ne nourrit jamais personne.

 

Indéniablement, « Au premier regard » est un film qui donne envie d’être amoureux. Mais il ne conduit pas à l’Amour vrai. Tout au plus, il réveille des bons sentiments, des sensations, mais il ne donne pas les bonnes clés ni le vrai chemin pour aimer : la différence des sexes et les amitiés désintéressées. En ce sens il constitue une publicité mensongère. Il oblige le spectateur à résoudre le « douloureux » tiraillement intérieur qu’il a semé en lui, entre beauté et irréalité, entre Vérité et sincérité. En effet, ce film est beau ET faux à la fois. Il est sincère MAIS faux. Et c’est parce qu’il est beau tout en étant faux qu’il m’a rendu un chouia mélancolique pendant quelques heures après le visionnage. Sûrement du fait d’avoir chatouillé en moi une homosexualité dans le sens de mes poils (lol). Mais aussi, je me suis dit, en tant que spectateur, qu’il était une douce chimère, un pieux mensonge, une orchestration d’autant plus perverse qu’il est « bien efficace » et qu’il fait « bien envie ». Qu’on se sente homo ou pas. Il sème des faux désirs dans le cœur des adolescents et des adultes déjà blessés par les mauvaises références et expériences de la différence des sexes. Il constitue une pommade grisante qui soulage et apaise (effet placebo) mais qui ne guérit rien. Il est un cache-misère efficace. Et moi, je n’aime pas l’hypocrisie des cache-misère.

 
 

5 – « Au premier regard » à travers le tamis de mon Dictionnaire des Codes homosexuels :

 

Pour parachever ma critique, j’ai décidé de passer le film de Ribeiro au tamis de mon Dictionnaire des Codes homosexuels, exactement comme je l’avais déjà fait pour le film « La Vie d’Adèle » d’Abdelatif Kechiche, ceci pour mieux vous aider à comprendre en quoi « Au premier regard » est un film qui montre un refus de s’accepter soi-même, d’accepter ses limites et sa condition humaine. Il est un éloge sincère de l’individualisme et de la misanthropie narcissique :

 

– cf. la diabolisation de la solitude et la sacralisation de l’individualisme : le titre original du film (« Aujourd’hui je veux rentrer seul. ») + l’obsession chez les personnages de rompre leur solitude (Giovanna et Léo) + gémellité vestimentaire de Léo et Gabriel (pas seulement due à l’uniforme scolaire). (code « Solitude ») (code « Jumeaux »)

 

AU 1ER REGARD Jumeau

 

– cf. le narcissisme de chacun des personnages : les bruitages aquatiques pendant le générique d’ouverture + les premières images du film montrant Léo et Giovanna autour de la piscine en train de poétiser sur leur souffrance d’être seuls et de ne jamais avoir été embrassés + l’omniprésence des points d’eau (piscines, lacs, douches) + Léo entend en rêve une phrase qui semble expliquer l’origine de son homosexualité (« Ça doit être parce que je nageais bien avant. »). (code « Amant narcissique ») (code « Eau »)

AU 1ER REGARD Douche + masturbation

AU 1ER REGARD douche fesse

AU 1ER REGARD Fond piscine

AU 1ER REGARD Leo Narcissique

AU 1ER REGARD narcissisme proximité

AU 1ER REGARD piscine

AU 1ER REGARD Piscine

AU 1ER REGARD toilettes

 

– cf. la prédominance du fantasme d’androgynie : le quatuor Giovanna/Gabriel/Léo/Karina ou du trio Giovanna/Léo/Gabriel + la mention des moitiés de visage de Léo + le numéro de la salle de classe (« 211 »). (code « Quatuor ») (code « Trio ») (code « Moitié »)

AU 1ER REGARD Trio

AU 1ER REGARD Quatuor

 

– cf. l’identification androgynique à la Lune : Gabriel propose à Léo de voir l’éclipse de lune : « La lune disparaît dans le ciel. » (Gabriel). Léo lui demande l’intérêt de regarder les éclipses. Gabriel lui explique qu’il y a une éclipse quand « le soleil, la Terre et la lune sont tous les trois exactement alignés » (Gabriel) Sous l’éclairage lunaire, Gabriel voit en Léo un androgyne illuminé à moitié par la lune et brûlé par le soleil de l’autre. (code « Lune ») (code « Fusion »)

 

– cf. l’ennui et l’oisiveté comme stimuli du sentiment amoureux homosexuel (« Où situerais-tu ton degré d’ennui sur une échelle de 0 à 10 ? » demande Léo à Giovanna) + la paresse affichée de tous les personnages (« Je suis fainéante. », Giovanna ; « J’ai pas envie de bosser. », Gabriel) + l’éloge des vacances (« On ne vit jamais de drame pendant les vacances. », Giovanna) + Giovanna en Emma Bovary esseulée (elle est toujours fourrée à la bibliothèque) + l’absorption de drogues (Léo fait son coming out à Giovanna sous l’effet de l’alcool ; et il reçoit son premier baiser de Gabriel parce que ce dernier était/aurait été bourré). (code « Dilettante homo ») (code « Manège ») (code « Bovarysme ») (code « Drogues »)

AU 1ER REGARD Embrasser

 

– cf. le registre des contes de fée omniprésent, montrant l’immaturité des personnages : l’obsession chez Léo d’embrasser quelqu’un sur la bouche (« Tu pourrais te transformer en crapaud. » le prévient Giovanna) + Léo justifie sa naïveté et son côté fleur bleue en soutenant que « les meilleures choses sont les plus classiques » + la sacralisation de la première fois (la grande théorie de Léo sur l’Amour, c’est que les premières fois sont toujours les bonnes ; « Il y a toujours une première fois. » soutient-il en se laissant aller à vivre sa première cuite, et en s’infligeant la théorie relativiste de l’expérimentalisme intégral) + l’imitation inconsciente du film « Titanic » et de « Jack je vole !! » (en plus, Ribeiro a eu le bon goût de choisir pour son héros le prénom de Leonardo Di Carpaccio…). (code « Conteur homo ») (code « Première fois ») (code « Amant modèle photographique »)

AU 1ER REGARD Titanic

AU 1ER REGARD prince charmant

 

– cf. la fuite du Réel par la musique et par l’omniprésence des maternantes de son existence : Léo est fan de musique classique sous l’influence de sa grand-mère + la sonnerie de portable de Léo qui indique l’arrivée des appels maternels est la musique enfantine Casse-Noisette de Tchaïkovsky + Gabriel aime lire + Gabriel est DJay à la fête de Karina (code « Grand-Mère ») (code « Mère possessive ») (code « S’homosexualiser par le matriarcat ») (code « Musique comme instrument de torture ») (code « Bovarysme »)

AU 1ER Mère possessive

 

– cf. le désir de se prendre pour Dieu : « J’ai des supers pouvoirs. » dit Léo pour se justifier ironiquement de se tenir en suspension sur sa chaise. (code « Se prendre pour Dieu ») (code « Super-héros »)

 

– cf. le refus de regarder le Réel tel qu’il est : la cécité du héros (voire du réalisateur !) + le regard féminin (à la fin, Karina a les yeux explosés à cause du chlore de la piscine) (code « Lunettes d’or ») (code « Regard féminin »)

 

– cf. le contre coup d’Icare : Léo qui se prend pour le soleil pendant tout le film, et qui a des coups de soleil, des brûlures. (code « Icare »)

 

– cf. l’allégorie de l’ascenseur : Léo se fait comparer à un ascenseur en plein cours par Fábio, un camarade se moquant du bruit de sa machine à dactylographier en braille (« L’ascenseur monte ! »). (code « Femme au balcon »)

AU 1er REGARD Ascenseur

 

– cf. la diabolisation des autres et surtout des hommes : Léo est la risée des gars de sa classe + l’image catastrophique des hommes… excepté le père de Léo (« Vous êtes cons, les gars. » dit Karina à la bande de Fábio qui a essayé d’entourer discrètement Léo pour le faire tomber sur la cour) + les ambiances détestables de fêtes lycéennes ou de colo où ça boit et ça drague de tous les côtés. (code « Différences culturelles ») (code « Solitude ») (code « Parricide la bonne soupe »)

 

– cf. le mépris des enfants et de la paternité, au profit de l’individualisme : Léo dit qu’il ne veut pas d’enfants et qu’il n’en voit pas l’intérêt (« Je ne veux pas d’enfants. Il y a assez de gens comme ça sur Terre. »). (code « Petits Morveux »)

 

– cf. la destruction de la différence des sexes : Léo et Gabriel se rendent au cinéma voir un film où un monstre écrabouille dans ses mains un marié et une mariée, et ça les fait super marrer + la situation familiale de Gabriel (« Ma mère est morte quand j’étais petit. »). (code « Orphelins ») (code « Parricide la bonne soupe ») (code « Couple homosexuel enfermé dans un cinéma ») (code « Haine de la famille ») (code « Femme et homme en statues de cire ») (code « Conteur homo »)

AU 1ER REGARD Enfermé ciné

 

– cf. le mépris des femmes : Les filles de l’histoire sont toutes repoussées en amour et doivent tolérer leur rôle de « bonne copine gay friendly » et d’entremetteuses (« Comment ton meilleur ami peut t’abandonner comme ça ? » s’insurge Giovanna à propos de son meilleur ami gay Léo ; « Je suis alcoolique maintenant. », Giovanna ; « Vous feriez un beau couple. », Giovanna à Léo à propos de Gabriel) + l’hystérie possessive et sur-protectrice de la mère de Léo. (code « Fille à pédés ») (code « Destruction des femmes ») (code « Mère possessive »)

 

– cf. la sacralisation de la différence : la cécité de Léo. (code « Différences physiques »)

 

– cf. l’idéalisation désincarnante de l’être aimé : Gabriel porte le nom d’un ange et arrive à l’improviste en classe (comme l’Ange Gabriel) + personne ne connaît l’identité ni l’origine de Gabriel + Gabriel est le fruit d’une projection fantasmatique féminine que Léo ne peut qu’imaginer à défaut de voir (« Le nouveau est super mignon. » décrit Giovanna à Léo ; elle lui dit dans les détails les caractéristiques physiques de Gabriel, ses bouclettes angéliques, son corps, ses faits et gestes ; elle nourrit les fantasmes homo-érotiques de Léo et fait de Gabriel un être fantasmé, un idéal de perfection) + un désir malveillant et intrusif tel un chat (« Tu as vu la vidéo du chat qui rentre dans la machine ? », Gabriel essayant de partager à Léo le souvenir d’une vidéo qu’il a vue sur internet). (code « Amant diabolique ») (code « Clonage ») (code « Tomber amoureux du leader de la classe ou d’un personnage de fiction ») (code « Chat »)

AU 1ER REGARD narcissisme

AU 1ER REGARD Narcissisme

 

 

– cf. la place de la rumeur et du regard des autres : L’homosexualité n’est pas le fruit du Réel mais d’une rumeur grivoise et malveillante (Fábio, à plusieurs reprises, érotise l’amitié entre Léo et Gabriel… et ces derniers finissent par lui obéir !) (code « Poids des mots et des regards »)

AU 1ER REGARD amitié

 

– cf. le désir schizophrénique de se fuir et de changer d’identité : Léo rêve de partir loin (il parle de « déménager », de faire un programme d’études à l’étranger), dans un pays imaginaire où personne ne le connaîtrait, où il serait possible de « s’inventer sa propre personnalité ». (code « Voyage ») (code « Substitut d’identité »)

AU 1ER REGARD substitut

 

– cf. le mal de vivre et la désespérance : « Il fait toujours nuit pour moi. » dit Léo, en provocation, à sa mère. (code « Appel déguisé »)

AU 1ER REGARD Nuit

 

– cf. la banalisation du repli sur soi : Léo se masturbe dans son lit grâce à l’odeur du pull de Gabriel qu’il a revêtu. (code « Symboles phalliques »)

 

– cf. l’éloge des pulsions effrénées, « spontanées » : Gabriel s’essaie à la lecture du braille et tombe sur une phrase qui commence ainsi : « La locomotive a relâché… ». (code « Train »)

 

– cf. le travestissement de l’amitié : tous les personnages pensent à sortir les uns avec les autres, et détruisent ainsi leur belle amitié + Léo tombe amoureux du premier ami qui lui accorde de l’attention (= Gabriel). (code « Solitude »)

 

– cf. le rôle de l’homophobie dans l’actualisation et la formation du « couple » Léo/Gabriel : Totale ambiguïté du personnage de Fábio (le blond aux cheveux longs), élève qui fait plein d’allusions à l’homosexualité entre Gabriel et Léo alors même qu’ils ne sont pas encore ensemble et que lui, même s’il est homophobe, attend leur union et voit de l’homosexualité dans une simple amitié ou un rapprochement corporel (« Alors, Leonardo, tu as un nouveau copain ? ») + Fábio aboie sur Léo pour attirer son attention + Gabriel, l’homo qui ne s’assume pas et qui ment à Léo quand il lui dit qu’il ne se souvient de rien de la fête où pourtant il lui a donné son premier baiser. (code « Homosexuel homophobe ») (code « Chiens ») (« Faux Révolutionnaires »)

AU 1ER REGARD Hétéros

 

– cf. la violence du chevauchement de la fiction sur la Réalité : le « Jeu de la bouteille » organisé par Fábio et qui piège Léo qui est sur le point d’embrasser un chien (= Pudding) sans le savoir. (code « Jeu ») (code « Chiens »)

 

– cf. l’idéalisation anachronique de modèles homo-érotiques esclavagistes et belligérants : Léo et Gabriel font un exposé en classe sur l’Histoire de Spartes et la relation entre soldats. (code « Entre-deux-guerres ») (code « Milieu homosexuel paradisiaque ») (code « Fresques historiques »)

 

– cf. la justification du vol ou du viol homosexuel à partir du moment où il serait consenti, réciproque et partagé joyeusement à deux : l’amour est considéré comme un objet, une marchandise dérobée/dérobable à deux (« Léo, si tu avais volé un baiser à quelqu’un, tu le lui rendrais ? » dit Gabriel au moment de déclarer sa flamme à Léo pour que celui-ci lui rende son baiser). (code « Voleurs ») (code « Viol »)

Avenir Pour Tous et La Manif Pour Tous, même langue de bois autour de l’Union civile et de l’homosexualité (la manif LMPT des 4-5 octobre 2014, c’est juste PAS POSSIBLE pour moi)

Frigide Barjot (qui boude), Philippe Brillault (maire du Chesnay), Ludovine de la Rochère et Albéric Dumont

Frigide Barjot (qui boude), Philippe Brillault (maire du Chesnay), Ludovine de la Rochère et Albéric Dumont (qui jubilent), en juin 2014 dans le cadre des pétitions au CESE

 

 

 

Le drame de notre mouvement des « consciences » de 2012-2013 en France, c’est que ceux qui s’en sont institués responsables – Frigide Barjot d’un côté, Ludovine de la Rochère et Albéric Dumont de l’autre – n’ont toujours pas compris la loi Taubira ni la gravité du PaCS (je vous renvoie entre autres aux trois articles à ce sujet : article 1, article 2 et article 3).

 

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Post de Frigide Barjot sur Facebook le 20 juillet 2014

 

Frigide Barjot sort maintenant le champagne pour l’adoption de l’Union civile en Croatie (cf. ci-dessus sur Facebook) : elle n’a toujours pas réalisé que l’homosexualisation tacite de toute loi humaine, est une atteinte désastreuse aux personnes homosexuelles, bien avant d’avoir des effets collatéraux sur les couples femme-homme et leurs probables enfants.

 

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Interview de Ludovine de la Rochère pour Famille Chrétienne le 2 mai 2013

 

Ludovine de la Rochère, quant à elle, continue de botter en touche (cf. ci-dessus l’article de Famille Chrétienne) en s’opposant timidement à l’Union civile sans jamais expliquer pourquoi (à quoi bon, alors, dire qu’elle est « contre » ?), tout simplement parce qu’elle n’a pas les arguments et qu’en plus elle ne les assume pas : car oui, la seule manière de s’opposer efficacement au PaCS, c’est justement de poser un jugement net sur les actes homosexuels – chose dont elle est incapable car elle confond « jugement des actes » et « jugement des personnes », et elle n’y connaît quasiment rien en matière d’homosexualité – et d’oser remettre en cause la notion d’« hétérosexualité » – chose dont elle est également incapable car elle n’a toujours pas fait la distinction entre « hétérosexualité et « différence des sexes ». L’opposition de Ludovine au PaCS est par conséquent inexistante et, par omission, presque identique à la défense pro-PaCS-amélioré de Frigide Barjot. Elle est une opposition de principe, guidée surtout par un différent personnel avec sa rivale. Elle génère implicitement un conflit d’égos, une Guerre Froide au sein de la Manif Pour Tous dont deux parties illégitimes et incompétentes se disputent la tête.

 

Mais le plus triste dans l’histoire, ce n’est pas cela. Le plus triste, c’est tous ceux qui gravitent autour de ces deux starlettes. C’est qu’il n’y a pas de PÈRE un peu charismatique qui ose tenir tête à la querelle des gamines capricieuses et qui ose leur dire que la direction, ce n’est ni de leur âge ni de leurs compétences. Nous n’avons eu que des chiffes molles qui ont fait passer leur manque d’autorité pour de la « bienveillance » (tacitement chrétienne et un chouïa politisée : Écologie humaine, Sens Commun, etc.), des réconciliateurs de bazar qui ne nomment pas les problèmes, des Jean-Pierre Foucault souriants (et flippés à l’intérieur : genre Philippe Brillault en médiateur de réconciliation Sacrée Soirée), des hystériques proposant une unité de principe et qui hurlent au gâchis des énergies – unité autour de quoi et de qui ? Ils n’ont même pas les couilles de prononcer le nom du Christ, ni de proposer une vraie réflexion sur l’homosexualité.

 

Par leur silence et leur refus de revenir sur le PaCS (selon eux, ce serait « extrémiste » et « trop radical » ; ce sera… allez, je lâche le mot… « homophobe »), les « intellectuels » catholiques rentrent dans le jeu du crêpage de chignons entre la grande sœur et la petite, et empêchent les gens qualifiés de parler.

 

Tant qu’il n’y a pas de Vérité, à quoi cela sert de s’annoncer comme les chantres de la Charité ou de l’engagement politique (« chrétien ») ? Tant qu’il n’y a pas de Vérité ni les bonnes personnes pour La porter, rien ne sert d’aller à nouveau défiler. Notre véritable combat est avant tout un combat d’idées et de mots. Pour l’instant, malheureusement, les moyens ont pris le pas sur les personnes et les idées. Et ça, c’est inefficace et inadmissible. Pour la manif LMPT des 4-5 octobre 2014 prochains, je ne me déplacerai pas.

 

Je veux bien m’opposer aux lois gouvernementales sur la famille. Mais pas comme ça. Pas avec ces arguments-là. Pas avec ces porte-parole-là. Et encore moins avec la frange radicalisée et GUDarde qui se présente comme « catholique » ou jusque-boutiste (Civitas, Farida Belghoul, TV Libertés et toute la frange chrétienne flirtant avec le FN). Mon seul combat (celui que la plupart des personnes de notre mouvement – y compris les Veilleurs – a quasiment laissé tomber), c’est l’abrogation de toutes les lois qui se valent de l’homosexualité pour s’imposer à tous de manière universaliste, autrement dit le PaCS et le « mariage pour tous ». Et ce combat ne se fera pas sans la verbalisation laïque de l’homosexualité ni la verbalisation explicite de la Charité-Vérité catholique.

Voyage en Côte d’Ivoire pour défendre le mariage d’amour entre l’homme et la femme

Jusque-là, nous avons très peu communiqué, le père Cédric Burgun (prêtre du diocèse de Metz), Maria Hildingsson (secrétaire général de la FAFCE à Bruxelles) et moi-même, sur notre Mission – sur la famille et le mariage – en Côte d’Ivoire (du 16 au 22 juin 2014). Parce que c’était trop grand d’un coup à raconter : il fallait digérer. Parce que rien ne sert de faire goûter ce qui est juste semé. Mais à présent, je veux bien vous en toucher deux mots. Car ce qui n’est pas donné est perdu. Ce n’est pas possible de garder pour soi tant de cadeaux et de ne pas les partager !

 

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Le sujet de l’homosexualité a été une clé, et je pense, l’un des détonateurs, pour faire comprendre la singularité, l’enjeu et l’urgence de notre visite. La Côte d’Ivoire est mine de rien un pays très concerné par l’homosexualité (et tout ce qu’elle illustre : infidélité, libertinage, divorces, éclatement des familles, société matérialiste, libéralisation des moeurs, sorcellerie, sécularisation, perte de la foi, etc.), et déjà particulièrement pressionné pour accepter les conditions idéologiques pro-gays et pro-Gender des « aides au développement » que leur imposent les pays occidentaux (et quand ce n’est pas l’agenda politique international qui accule la Côte d’Ivoire à justifier l’homosexualité, ce sont Internet ou la télé qui s’en chargent : personnellement, j’ai halluciné de voir que dans un pays où 50% de la population vit encore sous le seuil de pauvreté, on voit des pubs sur la « 4G » partout ; et la chaîne Canal + est omnipotente là-bas).

 

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Le terme « homosexualité », tellement entouré de mystère, d’incompréhension, de peur et de violence, devient un mot magique une fois qu’il est vécu et expliqué en Jésus, sans être justifié idéologiquement (= identitairement et sentimentalement) : il suscite curiosité, intérêt pour les réalités de notre temps, et même un torrent de Charité et de Miséricorde. Il a permis aux oreilles des Ivoiriens de s’ouvrir sur la beauté de la différence des sexes, du message de l’Église sur les couples, sur l’enjeu de l’implication politique de la Côte d’Ivoire dans l’échiquier international. Bref, il a été source d’une grande libération. Le père Cédric peut en attester avec les fardeaux très lourds qu’il a reçus en confession là-bas ! Maria peut également confirmer la force des échanges privés qu’elle a eus avec les intellectuels ivoiriens. Et la réaction d’enthousiasme des nombreux curés de paroisses à Abidjan qui se sont disputés nos interventions sur la fin parle d’elle-même !

 

De mon côté, une de mes plus belles victoires de ce voyage, c’est qu’au moins 4 personnes sont venues me dirent en privé qu’avant de m’avoir entendu, elles « détestaient vraiment les homosexuels » et que j’avais réussi l’exploit de casser en deux leur hache de guerre intérieure (certaines m’ont même serré dans leurs bras, en dévoilant leur joie de comprendre enfin la Bonne Nouvelle du message de l’Église sur l’homosexualité : une sorte d’Eurêka génial ! Et dire que sur Twitter, certaines mauvaises langues homosexuelles prédisaient que j’allais étendre ma propre homophobie au continent africain… Elles n’ont rien compris.)

 

Un Français habitant en Côte d’Ivoire m’a fait cet étonnant remerciement à l’issue de la semaine : « Maria, Cédric et moi, vous avez réussi à faire en une semaine en Côte d’Ivoire ce que la Manif Pour Tous n’a pas réussi à faire en deux ans en France. » Et aux vues du succès et de l’impact de cette Mission, aux vues des dossiers que nous portions (la politique et le droit international avec Maria ; l’Église avec le père Cédric ; l’homosexualité avec moi), je ne peux que lui donner raison. Effectivement, en France, personne n’a osé s’avancer sur le terrain du politique (ce n’est venu timidement – et de manière éclatée en plus – qu’après mai 2013). En France, l’Église catholique ne s’est quasiment pas prononcée sur la question du « mariage pour tous ». Et enfin, en France, personne n’a osé parlé d’homosexualité et n’a remis en cause la pratique homosexuelle ni, par conséquent le PaCS, et encore moins le « mariage pour tous ». On va voir ce que notre Mission va donner en Côte d’Ivoire. Mais ce qui est sûr, c’est qu’Elle a « gâté le coing » (comme on dit en ivoirien = synonyme de « cartonner »), a fait jaser, a préparé un barrage solide, qui au pire ne permettra pas à des lois comme le « mariage pour tous » de passer en douce et sous le manteau dans ce pays.

 

Cathédrale d'Abidjan (première pierre posée par saint Jean-Paul II)

Cathédrale d’Abidjan (première pierre posée par saint Jean-Paul II)


 

Au final, la Côte d’Ivoire nous a donné une force nouvelle. La force de la foi et de la ferveur simple pour Jésus et son Église (d’ailleurs, passer des 6 messes dominicales de 500 personnes chacune, avec des chants sublimes, à nos messes françaises en peau de chagrin, c’est un peu hard…). Certes, le contraste entre l’engouement africain pour Dieu et la violence de certaines pratiques – intimes, sexuelles, familiales, sociales, politiques – « frôle la schizophrénie », comme me l’a commenté avec raison un ami français qui a contracté le virus de l’Afrique. Mais ce qui reste de la Côte d’Ivoire, c’est surtout la beauté de cet abandon irréfléchi du Peuple ivoirien dans les bras de Jésus et de Marie. Les Africains mettent moins de barrières entre eux et l’Église. Ils nous aident à avoir la simplicité des Enfants de Dieu.

 

Le père Cédric, Maria et moi sommes revenus de ce voyage avec l’impression que nous n’avons pas seulement été compris, mais que nous avons été aussi enseignés. Par exemple, un jour, une femme ivoirienne m’a dit que mon appel pressant à ne pas parler de l’homosexualité avec des arguments religieux, et donc à respecter l’effacement de Jésus quand Il guérit les Hommes, lui avait fait penser au « Va, ta foi t’a sauvé » de la Bible. En effet, Jésus ne dit pas « Je t’ai guéri et je suis Jésus, le Super Guérisseur. ». Il va jusqu’à attribuer à la foi de ceux qu’il guérit le mérite de Sa propre action. « C’est ta foi en moi qui t’a sauvé. » J’ai trouvé cette remarque tellement juste ! J’en aurais pleuré car elle était l’écho parfait à ma modeste remarque, encore plus profond que ce que j’avais dit, même. Cette femme m’a décrit son désir d’aller à la rencontre des personnes homosexuelles, dans des lieux de débauche, et d’être cette présence silencieuse et aimante auprès d’elles. Il y a de grands prophètes et évangélisateurs en Côte d’Ivoire.

 

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Non seulement le Peuple ivoirien et le Peuple français sont sur la même longueur d’ondes (miracle permis dans/par la foi), mais parfois même le Peuple ivoirien a une longueur d’avance. Quand nous avons vu, nous pauvres visiteurs français, comment nos hôtes ivoiriens (une équipe d’une douzaine de personnes au départ) se sont donnés sans compter, ont parfois séché leurs heures de bureau pour rester auprès de nous, ont cassé leur rythme de travail, ont sacrifié pendant une semaine leur santé et leur salaire, ont gardé le sourire et leur inconditionnel humour pour tout donner à cette Mission malgré leur grande fatigue (je me rappellerai longtemps des interminables parties de rigolade et d’échanges lors des « débrief » nocturnes dans les maquis et autres troquets ivoiriens à l’air libre), nous avons compris avec force et enthousiasme que Jésus nous donnait de véritables frères partout sur Terre !

 

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Dernière image forte que je garde de ce premier (et trop court !) voyage en Terre d’Afrique : ce tableau surréaliste que j’ai vu le dernier jour de notre séjour en descendant de voiture pour rejoindre le père Cédric et Maria dans une paroisse d’Abidjan qui avait programmé pendant la messe dominicale de la Fête-Dieu une immense procession du Saint Sacrement dans les rues d’un quartier populaire de la capitale. La scène était très émouvante (ça faisait un peu remake inattendu du film « Mission » avec Jeremy Irons, mais en plus vrai) : j’ai aperçu le père Cédric – qui ne m’a pas vu –, seul Blanc fondu dans une marée noire christique. Il défilait tout près de l’ostensoir où reposait le Corpus Cristi, entouré d’un groupe de prêtres en habit, de fumées d’encens, et porté par une multitude innombrable de Noirs chantant dans la joie et les percussions de fanfare le nom de Jésus. Sans le faire exprès (car je crois qu’il ne s’attendait absolument pas à être embarqué dans une solennité aussi imposante), le père Cédric était l’incarnation vivante du « Missionnaire » humble et serviteur. Et sa présence incongrue et pourtant totalement naturelle dans ce paysage humain étranger, le signe de la réussite de notre Mission, du métissage de nos deux pays.

 

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Je me suis engouffré dans cette foule presque 100% ivoirienne, en retrouvant sans difficulté Maria (une blonde suédoise au milieu de Noirs, c’est le « Où est Charlie ? » le plus facile qu’il m’a été donné de résoudre dans ma vie !). Cette procession d’une simplicité et d’une beauté absolues était non seulement l’anti-circuit touristique par excellence, mais a été ce grand cadeau inespéré du Seigneur qui nous a fait réaliser que notre voyage était en réalité un pèlerinage.

 

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Francia chiama Italia: Unioni civili, legge contro l’omofobia, matrimonio gay, questione del gender

19 juin 2014, 00:24

(…) a differenza di quanto successo in Francia, voi dovrete affrontare tutta una serie di problematiche contemporaneamente. Dovete chiarirvi le idee, questo è importante per voi. Voi dovrete affrontare la questione delle unioni civili (uc), della legge contro l’omofobia, del matrimonio gay e della questione del gender e questo non vi facilita certamente. Chiaramente tutto è nato dal coming out e dalla riduzione della persona al proprio orientamento sessuale come ho spiegato prima. L’unione civile è la prima legge che si basa sull’orientamento delle persone omosessuali, è una legge molto grave. Per la prima volta non si  riconoscono gli uomini e le donne ma si riduce la persona alle proprie pulsioni. C’è un elemento di violenza in questa  legge. Inoltre l’uc giustifica dal punto di vista sociale l’atto del ripudio. Si può interrompere l’uc senza neanche mettere al corrente uno dei due partner. Quindi è la giustificazione sociale del ripudio. Inoltre finisce per contrattualizzare ogni sorta di unione umana: l’amicizia, la fratellanza sono un contratto, una sorta di commercio, di scambio. Dal pdv sociale l’uc finisce per distruggere la gratuità dell’amicizia e di tutti i legami sociali…bisogna essere coscienti di cosa rappresenta l’uc. Il matrimonio per tutti, cosa produce effettivamente? Elimina la connessione d’amore tra i due genitori biologici quando invece sappiamo che tutti gli esseri umani hanno bisogno che i propri genitori biologici si amino. Lo ripeto: il matrimonio gay elimina la connessione d’amore tra i due genitori biologici, questo è gravissimo. Riduce le persone alla loro tendenza sessuale e terzo punto di criticità il matrimonio gay da almeno 3 genitori a ogni bambino. Quando in Francia i giuristi si son resi conto di questo hanno detto « c’è qualcosa che non funziona » e tutte le situazioni a cui si dà un bambino agli omosessuali ci sono almeno 3 genitori. Nel caso ci sia un bambino nato da una precedente unione tra un uomo e una donna, il matrimonio per tutti finisce per giustificare il divorzio, così nel caso di divorzio ci sono almeno 3 genitori. Nei casi dicoparentalità si hanno 4 genitori,  due coppie una formata da due uomini e una da due donne, in caso di procreazione artificiale assistita si hanno 3 genitori, e la madre viene eliminata. Conosco almeno 4 casi di ragazzi che non hanno avuto il diritto di conoscere la propria madre biologica e due genitori maschi che non sanno neanche più chi sia. Nel caso dell’adozione si hanno 3 genitori, nel caso dell’utero in affitto sono 3 genitori. Tutte queste situazioni nel matrimonio gay significano dare minimo 3 genitori a ogni bambino, non solo viene soppressa la connessione d’amore dei genitori biologici ma in più si danno almeno 3 genitori a ogni bambino. Per quanto riguarda il gender, si dice che la differenza dei sessi non esiste. Sarebbe una sorta di gioco di ruolo, un costrutti sociale che permette all’uomo di dominare sulla donna. Noi in Francia abbiamo fatto dei grandi errori, perciò vi darò qualche consiglio per non ripeterli: non abbiamo parlato altro che della procreazione dei bambini e non abbiamo denunciato l’eterosessualità. Se voi nn fate altro che parlare della filiazione incoraggiate chi vuole proporre la legge, di dividerla in due parti: « se per voi il problema non è l’amore omosessuale, allora facciamo passare il matrimonio in nome dell’amore e poi parleremo successivamente dell’adozione e delle conseguenze che può avere sui bambini ». Questo è quello che è successo in Francia, perchè non abbiamo osato parlare di omosessualità perchè avevamo paura, e abbiamo parlato solo di bambini, mentre dall’altra parte non si fa altro che parlaredell’amore e sono riusciti a imporre la legge.Se non parlate che di procreazione finite per giustificare le uc. Bisogna parlare di bambini ma bisogna anche parlare d’amore, d’amore nella differenza dei sessi e anche di omosessualità. Lo so che è difficile perchè non essendo omosessuali vi diranno di chiudere la bocca. Ma se parlate di bambini e procreazione la legge verrà divisa in due parti ecc… Se vi lascerete definire come eterosessuali, finirete per giustificare tutte le alternative non procreative a livello sessuale e tra queste c’è l’omosessualità. Penso che in Francia avremmo potuto vincerla la battaglia se avessimo veramente parlato di omosessualità e se avessimo detto che la questione del matrimonio gay è innanzitutto una questione umana e non una questione di eterosessualità omosessualità o omofobia. Bisogna uscire da questa visione dell’uomo caratterizzata esclusivamente dalla sua genitalità. Voi non ne parlate ma dall’altra parte non fanno altro che parlare di questo, loro non fanno che palare diomosessualità e di ugualianza tra omosessualità ed eterosessualità, non parlano di altro. Se voi pensate che l’omosessualità non sia un problema, verrà strumentalizzata dai nostri oppositori per imporre delle leggi che non hanno nulla a che fare con l’omosessualità ma hanno capito che funziona, utilizzano come loro jolly omofobia, omosessualità… Buon lavoro.

(trascrizione tratta dal convegno « Omosessualità Controcorrente, vivere secondo la Chiesa ed essere felici »ed. Effatà con Philippe Ariño)

Article « ‘Le Mariage’ de Jean-Luc Jeener » (publié dans la revue « France catholique » du 20 juin 2014)

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Et le critique initiale en intégralité :

 

La pièce Le Mariage de Jean-Luc Jeener au Théâtre du Nord-Ouest
 

LE RÉALISME INGÉNIEUX… ET POURTANT SUSPECT !

 
 
I – UN RÉALISME AUDACIEUX

 

« Si tu veux qu’on se parle, il va falloir que tu apprennes à ne pas avoir peur des mots ! » (le père à sa fille Claire)

 

Vous vous sentez facilement submergé par les débats d’idées trop animés et trop poussés entre amis ? N’allez pas voir cette pièce. Vous sortiriez la tête pleine comme une pastèque ! En revanche, si vous aimez la haute voltige intellectuelle, les dialogues bien écrits, les pièces-miroir-social contemporaines, vous vous délecterez en assistant au Mariage de Jean-Luc Jeener.

 

L’intrigue est simple : il s’agit d’un huis clos dans lequel, pendant un apéro, un père (interprété par l’auteur lui-même) reçoit sa fille Claire et la compagne de celle-ci, Suzanne, qui lui annoncent leur intention de se marier et d’avoir des enfants… ce qui ne ravit absolument pas le père !

 

Quand Jean-Luc Jeener cherche à baptiser ses pièces, il ne se foule pas. Le thème est dans le titre. Éponymie directe ! Il veut parler de l’homosexualité ? : il intitulera sa pièce Homosexualité (j’étais allé la voir en 2008). Il veut traiter du « mariage pour tous » ? Sa nouvelle pièce s’appelle Le Mariage ! La prétention naturaliste est affichée d’emblée !

 

Le parti pris de Jeener est réaliste : pas de poésie. Le Mariage est une pièce quasi photographique. Même si le ton du débat est encore trop soft par rapport au réel, c’est quand même la première pièce sur le « mariage pour tous » et ses enjeux, que je vois de mes propres yeux en France. Le Mariage a le mérite de poser les bases de l’échange intellectuel de haute tenue, d’étaler toutes les cartes de l’argumentaire des deux parties d’un débat français qui n’a pas eu lieu. En cela, je la trouve visionnaire et courageuse. C’est une pièce didactique, pédagogique, où il y a du contenu et de l’écoute. Et ça fait du bien ! On en a tellement manqué !

 

En plus, Jeener a la finesse de ne pas orchestrer le combat rebattu entre essentialistes (ou naturalistes) et constructionnistes (ou culturalistes Gender & Queer) puisque le discours de son héros (le père) n’est pas uniquement spiritualo-biologiste : ce dernier parle bien de l’articulation Nature/Culture : il défend « l’intelligence de la culture » (« Nous nous complétons. Et ça, c’est magnifique culturellement. ») Le dramaturge a tellement bien compris le sujet de l’homosexualité qu’il est l’un des seuls artistes français que j’aie entendus à ce jour remettre en cause l’hétérosexualité ! « Homosexuel donne hétérosexuel. Hétérosexuel, c’est le ‘contraire pratique’ d’homosexualité. L’hétérosexualité qui montre bien la folie de ce monde ! » (le père) C’est du très grand ! et du très précoce !

 

En outre, sur scène, le héros paternel balance vertement des constats sur l’acte homosexuel qui sont politiquement incorrects, souvent vrais, et qui ne sont pas homophobes (ils ne le deviennent que parce qu’ils ne distinguent pas l’acte homosexuel de la personne homosexuelle) : « On ne légifère pas sur une infime minorité. » ; « Ce type d’amours ne dure pas. Tu peux fuir la réalité. Elle te rattrapera. » ; « Il est tiède… comme le sera votre mariage. » ; « L’homosexualité est une infantilisation. » ; « La mort est en marche. » ; etc. Le père associe la pratique homosexuelle à la peur, à la paresse, à l’infantilisation d’une société qui veut tuer son Peuple à petit feu et à coup de slogans amoureux. Il a raison. Jeener dénonce les hypocrisies des nouveaux riches adulescents bobos qui, à travers la promotion de l’homosexualité, cherchent à justifier leurs peurs et leurs privilèges (« Vous êtes une petite bourgeoise. » dira le père à Suzanne) quitte à se contredire eux-mêmes dans des fausses nuances (« Je suis pour le mariage mais pas pour les mères porteuses. » affirme Suzanne) et dans leur caprice (« Je veux un enfant et je l’aurai ! » gémit Claire).

 

Cette pièce est tellement réaliste que le spectateur en oublierait presque qu’il est au théâtre ! Pendant la représentation à laquelle j’ai assistée (le 5 juin 2014 dernier), des gens dans le public parlaient même tout haut et prenaient spontanément part à la discussion. C’est à la fois bon et mauvais signe. Bon signe pour le réalisme et l’interactivité que suscite une telle intrigue. Mauvais signe parce que le spectateur n’a plus tellement conscience de participer à une œuvre artistique qui l’évade du Réel, qui marque la belle frontière entre fiction et réalité, et qui mérite sa retenue d’auditeur.

 

Petit bémol, donc. Le Mariage est tellement en avance sur son temps qu’elle perd les trois-quarts de ses spectateurs. Même le public du Théâtre du Nord-Ouest (pas le plus ignare de Paris !) semble avoir trouvé la pièce un peu compliquée et trop « psychologique ». Jeener est un petit génie, en avance sur son époque. Il doit en porter l’isolement. Et je crois qu’il le fait très bien, d’ailleurs. Mais il en paie forcément les conséquences quand même.

 
 

II – D’ÉTONNANTES INCOHÉRENCES ET IMPROBABILITÉS

 

Toute la partition du père a l’air bonne. Et pourtant… quand on se place trop prêt du tableau qu’on portraiture avec minutie, on finit par ne plus le voir bien. Trop de réalisme nuit au réalisme. Car tout d’un coup, c’est l’intention qui finit par se supplanter au Réel.

 

En regardant l’ensemble de la pièce Le Mariage, le spectateur se rend assez vite compte des petites incohérences qu’elle contient. Par exemple, au début, le père dit de manière coquine et entendue à sa fille Claire qu’il devine aisément qu’elle aide sa copine Suzanne à la rédaction de sa thèse : « J’imagine que tu lui donnes un coup de main !… » Et juste après, il feint de tomber des nues quand elle lui annonce qu’elles sont en couple, et rentre dans une colère homérique pas très naturelle.

 

Autre exemple de légères improbabilités : le personnage de Suzanne n’arrête pas de se plaindre d’être « interrompue ». Alors que dans les faits, elle a nettement moins d’arguments que le père et écoute plus qu’elle n’a d’idées à défendre. Également sur la tonalité qu’elle choisit, on se met à douter : elle répond très vite de manière insolente à son futur « beau-père », et face à sa copine qui ne s’en offusque même pas… alors que pour une première réunion « familiale », on attend quand même un peu plus de timidité et de politesse. Mais non. Son insolence devrait passer comme une lettre à la Poste ! Par ailleurs, l’étudiante en psycho effrontée utilise d’elle-même un jargon (par exemple le mot « altérité ») que je n’ai jamais entendu de la bouche des vrais théoriciens du queer. C’est peu probable.

 

Ensuite, même si ça se donne l’air de clasher sur scène entre comédiens, ça ne pètera jamais comme ça dans la réalité, je peux vous l’assurer ! Une sentence paternelle telle que « L’homosexualité est une mort » par exemple, elle n’aurait même pas eu la chance et l’espace temporel d’être prononcée dans un contexte réel. Concrètement, ça claque la porte pour moins que ça ! La situation narrative du débat et sa durée théâtrale sont déjà totalement improbables à cause de la nature-même des discussions sur l’homosexualité, une nature explosive, et que je n’ai jamais vue dépassionnée, dialogale, sur le terrain. Encore une incohérence, donc…

 

Pareil, dans Le Mariage, la colère du père arrive souvent comme des éclairs dans un beau ciel bleu dégagé. Ses coups d’éclat sont très téléphonés. Personnellement, je n’y crois pas. Jeener se force à rentrer dans la peau de l’irascible et orageux papy Mougeot, se met à insulter et à invectiver les deux femmes quand on s’y attend le moins, et sans réel motif situationnel. Par exemple, quand Suzanne console chastement Claire qui s’effondre en larmes, il leur saute dessus en leur demandant d’« aller faire leurs cochonneries ailleurs ! ». En bonne caricature du patriarche XVIIIe siècle, il les menace de « leur ficher la torgnole qu’elles méritent » ! Il se laisse aller à la violence… alors que son discours serait suffisamment solide pour ne pas avoir à se saborder lui-même par ce genre de facilités. Ce n’est pas crédible. À un moment, de « rage », papa balance ses livres par terre. Je vais vous dire quelque chose qui va peut-être étonner les spectateurs qui trouvent déjà Jeener habituellement trop « sanguin » sur scène : pour moi, il ne sait pas s’énerver (même si, pour d’autres émotions, il joue à la perfection).

 

Nouvel autre détail qui décrédibilise un peu le tout : Jeener a conçu sa pièce comme une dissertation (structure pas très heureuse pour une œuvre dramaturgique, mais bon…) et au beau milieu de la narration, voyant que l’action s’essoufle, le personnage du père nous présente scolairement son plan en trois parties (a – l’homosexualité, b – le mariage, c – la filiation) : « On a parlé de l’homosexualité. Mais on n’a pas parlé du mariage. » Cette conduite interventionniste du metteur en scène par l’intermédiaire de son héros frise l’amateurisme et trahit finalement quelques longueurs. Avec Le Mariage, le public a droit aux clichés pathos sincères, aux ressorts dramaturgiques faciles de la tragédie : le couple amoureux, le père qui se fâche, la nana en pleurs, le pater qui fait souffrir, le pardon final. C’est ce qui fait que la pièce paraît un peu longuette, et que Jeener est obligé de rallonger la sauce par une deuxième partie sur le « mariage ». La dramaturgie du Mariage tourne en rond, devient malgré elle un peu bavarde.

 
 

III – L’INCOHÉRENCE PERMISE et CALCULÉE : UNE JUSTIFICATION VOILÉE DE L’HOMOSEXUALITÉ

 

J’ai du mal à croire que Jean-Luc Jeener n’ait pas calculé ces réalismes forcés, ces incohérences. Ou plutôt je crois qu’il s’est coulé lui-même en le faisant exprès, qu’il a coulé « un peu » sa pièce, et qu’il a coulé exprès son héros et son argumentaire pour mieux justifier inconsciemment son propre sentimentalisme bisexuel inavoué/inavouable !

 

Car en effet, tout pousse dramaturgiquement le spectateur à ne pas prendre le parti de l’opposition au « mariage homo ». L’agressivité est du côté du pater familias esseulé. Le « privilège » de la consternation est réservé aux filles, et donc confié au public. Claire fusille son père du regard tout le long de la pièce, joue l’indignation abasourdie « qui se passe de commentaires ». Sous nos yeux, le père se fait lapider verbalement par les deux amantes, littéralement cracher dessus : « Vous êtes un vrai salaud… » (Suzanne) ; « Vieux schnock ! » (idem) ; etc. Dans les répliques, le mépris est toujours imputé au père, soi-disant « prisonnier de ses préjugés judéo-chrétiens » ; jamais aux deux femmes (alors qu’il y aurait largement plus de quoi le leur attribuer !).

 

Et le père arrive malgré ça à flatter la partie adverse, à se faire passer pour le fautif de l’histoire qui doit demander pardon. Il prête à celles qu’il contredit toutes les qualités (ce qui n’est pas le cas dans l’autre sens). Le personnage de Suzanne est auréolé de gloire, d’intelligence, de génie, par exemple : « Elle est malicieuse, ta petite amie. » ; « Vous êtes très observatrice. » ; « Elle a du caractère ! » Jeener place la jeune universitaire comme la « Voix de la Conscience » du Mariage, celle qui se défend bien, qui a du répondant, qui parle cash, qui donne une leçon d’humanité et de sensibilité au « vieil ours mal léché ». Elle est à peine caricaturée comme une jargonneuse Gender ou comme une pauvre thésarde en psycho qui ferait finalement des analyses de comptoir pour justifier ses propres fantasmes identitaires/amoureux.

 

Le père est un personnage d’autant plus agaçant aux yeux du public qu’il a en apparence raison argumentativement, mais qu’il pèche régulièrement par impatience et manque d’écoute (Suzanne n’arrête pas de lui demander de cesser de l’interrompre : pauvre petite chatte…).

 

Jeener donne l’illusion que c’est un débat équilibré puisque le fait que le père soit seul contre deux serait compensé par le double temps de parole qui lui est accordé ainsi que par sa profusion d’arguments plus solides que ceux des deux femmes réunies. Mais en réalité, il fait tenir au père des thèses non pas simplistes, mais inappropriées : c’est-à-dire fondées sur la « Nature culturelle » des choses ou bien sur la « Foi », deux domaines bien subjectifs ou au contraire bien froids, finalement (« Cette rupture sexuelle a été voulue par Dieu. C’est une constante de la Nature. » ; « Le seul intérêt de l’homosexualité, c’est le péché. » ; il cite Sodome et Gomorrhe)… alors qu’en face, du côté du « couple » lesbien, on entend des arguments affectifs et sentimentaux beaucoup plus passe-partout et convaincants pour nos contemporains (= être soi, être libre, s’accepter soi-même, aimer, ne pas se mettre à la place de l’autre, être sympa, etc.). L’argumentaire du père est plus paradoxal et inextricable que celui de la partie adverse. Se mêlent à ses arguments de poids, un aphorisme de bas étage qui les plombe. Son discours repose souvent sur l’anathème insultant et clairement homophobe (« Tous les pédés de la Terre » ; « les pédés et les gouines » ; etc.), sur la présomption de folie (« La folie de cette société » ; « À cause de la folie de ce gouvernement de merde ! » ; « Je ne suis pas totalement stupide. Je me doutais bien d’une folie de ce genre ! » ; il traite régulièrement sa fille et sa compagne de « folles »), sur le refus arbitraire du « progrès » (« Cette société du futur, je n’en veux pas ! » ), sur l’orgueil vidé d’empathie (« Je ne dis pas d’horreurs. Je dis la Vérité. »), sur un déni apparent de réalité (il refuse d’accréditer l’homosexualité de sa fille : pour lui, l’homosexualité n’existe pas en tant qu’identité ni en tant que désir : c’est juste un acte, et donc une pratique ponctuelle et passagère qui doit être banalisée : « Ma fille couche avec des femmes. Ça ne me dérange pas. »), sur une rébellion antigouvernementale qui semble gratuite (« Notre président de la République sape les fondements de notre société. »), sur la promotion d’un amour désincarné entre l’homme et la femme.

 

En effet, le père défend la différence des sexes comme quelque chose de « formidable », qui a reçu la « Grâce de Dieu » (« De toutes les altérités, c’est la plus importante. »). Mais il ne dit pas en quoi elle serait formidable ou importante. Il la fige en principe moral, culturel ou religieux : « C’est la grande loi de Dieu : une femme est une femme, un homme est un homme. » assène-t-il militairement, en citant la Genèse. Il s’exprime comme un vieux gars célibataire et cérébral, qui écrit et intellectualise plus qu’il ne pense à aimer. Il ne parle pas véritablement d’Amour. Et la seule fois où il évoque la différence des sexes couronnée par l’Amour, c’est sur le ton agressif de la révolte (« Un enfant, c’est le résultat d’une nuit où un homme et une femme se sont aimés ! ») ou sur le registre du regret et de l’amour impossible (il a été quitté par sa femme, même s’il prétend toujours l’aimer : « On ne s’entend plus. »). Le père est donc « un peu » mal placé pour convaincre sur la beauté de la différence des sexes aimante… En plus, il aggrave son cas en tenant à divers moments un discours à la Zemmour, pas assez argumenté pour paraître « non misogyne » et non-sexiste aux oreilles d’un public non averti : « Les hommes sont des primaires. Les femmes des secondaires. » ; « Si une société se féminise trop, elle devient dangereuse. »

 

J’avais déjà remarqué dans les pièces de Jeener sur l’homosexualité, que les arguments employés ne sont certes pas les plus attendus ni les plus communs, mais pour autant, ce ne sont pas non plus les plus réalistes ni les meilleurs. Par exemple, dans la pièce Homosexualité (2008), malgré les discours bien montés du supérieur de séminaire, je m’étais fait la réflexion que jamais un vrai prêtre catholique ne parlerait comme ça, ne se comporterait comme ça et n’utiliserait ce genre de démonstrations pour se justifier de ne pas cautionner l’homosexualité.

 

De même avec Le Mariage, le discours paternaliste sur l’homosexualité, tout élaboré et novateur qu’il soit, ne donne pas le meilleur de l’argumentaire d’opposition à la pratique homo ni au « mariage pour tous ». Le père s’excite trop pour que ce soit une saine colère convaincante. On n’a pas affaire à de la vraie haine productive. Pourtant, on aurait été censés avoir toutes les preuves en mains, au niveau de ses mots, de ses arguments et de ses attitudes, pour le penser haineux-à-raison ou souffrant et pour le traîner en procès d’homophobie. « Vous pouvez entendre que tout ça est douloureux pour moi ! » (le père) Mais on n’y croit pas. Parce que Jeener ne suit pas avec son cœur ce qu’il énonce en tant que personnage. Il s’excuse d’être dur tout en ne l’étant pas vraiment puisqu’il valide et décrit explicitement sa dureté (démarche qu’un vrai dur n’aurait jamais) : « Je suis insupportable. Mais j’ai des convictions. » ; « J’exagère un petit peu la forme. Mais pas le fond. » ; « Je suis insupportable. » ; etc. Finalement, il a tout fait pour perdre la joute oratoire, ou la faire perdre au personnage qu’il joue. Il n’a pas orchestré un vrai débat équilibré (c’est une habitude chez Jeener, visiblement, dès qu’il traite de l’homosexualité au théâtre : déjà dans sa pièce Homosexualité, on retrouvait le même schéma « 2 pro-gays contre 1 anti »). Il déblatère des arguments qui semblent n’aller que dans le sens de l’antithèse. Mais de cœur, il semble partisan de la thèse des deux muettes. C’est la raison pour laquelle le personnage de Suzanne répète à maintes reprises au père : « Vous parlez sans sentir. Vous parlez sans sentir. »

 

Le Mariage est une pièce qui laisse la part belle aux arguments du père. Il déblatère ses constructions mentales, et plus à propos que les filles. Mais c’est une illusion d’optique. Car Jeener sait que le blabla est moins vendeur pour un public avide de silence et de discours affectifs simplifiés, qu’une tirade riche et inaccessible. Le dramaturge pèche par bavardage (sa pièce ne serait d’ailleurs pas si bavarde si elle était totalement vraie au niveau du discours). Il a beau avoir raison, il se grille en interprétant l’excès de justification, l’excès de réalisme. Comme un homme qui veut absolument prouver qu’il a raison… parce qu’il n’en est pas si sûr lui-même, et parce qu’il s’attache davantage à « avoir raison » qu’à aimer. En donnant les mauvais arguments (ou pas les meilleurs) à son opposition, même s’il (se) donne l’illusion qu’ils sont bons par leur quantité, il finit par ne pas être crédible, par se faire seppuku en direct, et par justifier la partie adverse. Ce ne sont pas les arguments habituels du débat du « mariage pour tous », certes, mais ce n’est pas les bons non plus.

 

Jeener défend mal son personnage principal et son bout de gras. On dirait qu’il le fait exprès. Comme le « vieux con » désabusé, qui sait qu’il offre des perles aux cochons, qui s’en rend compte et qui lâche cyniquement/tendrement l’affaire. J’ai raison… mais au diable la raison « rationnaliste » ! Ne soyons pas plus royaliste que le roi… Je m’abandonne (à regret ?) à l’« amour » et à la compassion contrariée ! Je m’adapte bon gré mal gré au rythme de mon époque et de mes contemporains qui me font de la peine à s’aimer mal, mais qui me touchent malgré tout dans leur sincérité. Et « c’est mieux ainsi »…  « J’en veux juste à ce siècle, à cette société qui banalise tout. » (cf. phrase finale) Et nous, spectateurs, assistons, médusés, à l’abandon laconique du « vieux réac », du faux guerrier. Nous avons même droit à son mea culpa final : « À vous aussi je demande pardon. » Il dira à sa fille qui veut se faire inséminer qu’il considèrera son enfant comme son propre fils ! C’est « bôôô »… Comme par hasard, le pardon final ne va que dans un sens : du père vers les filles, et non l’inverse. C’est mine de rien une pièce de la contemplation de la repentance de celui qui a raison et qui aurait dû l’assumer.

 

Moi, je trouve ça fascinant et étrange, ce militantisme faussement jusque-boutiste, ce parcours oratoire qui s’arrête avant sa victoire, ou qui retourne miraculeusement sa veste in extremis. À l’image du père et/ou de l’artiste qui n’est pas allé manifester au « Manif Pour Tous » parce que soi-disant « il y a d’autres formes pour défendre ses idées »… mais finalement, ces formes-là, même sur une scène de théâtre, elles ne sont pas davantage assumées et défendues que sur le pavé…

 

À la surprise générale, on lit en filigrane dans Le Mariage une justification par défaut de l’homosexualité, un soutien en demi-teinte. Une des toutes dernières tirades de la pièce est explicite et va dans ce sens : « L’homosexualité est une mort. La mort est belle… sauf qu’elle est moins belle que la vie. » D’ailleurs, le père finit par souhaiter au couple de tourterelles sur le chemin du départ précipité un « bon mariage ! »

 

Déjà, dans sa pièce Homosexualité, le parti pris de Jeener en faveur de la justification de l’amour homosexuel m’avait surpris par son ambiguïté. Même si le prêtre accompagnateur (Paul) du héros (Pierre) s’était bien débrouillé pour démonter la solidité de l’amour entre les deux partenaires homos (Pierre et Julien), je m’étais fait la réflexion qu’il le cautionnait malgré tout parce que jamais un prêtre catholique n’aurait tenu un discours aussi caricatural, et parce que la citadelle argumentative qu’il avait bâtie pour récuser l’homosexualité résonnait elle aussi comme un aveu de faiblesse, un manquement d’amour.

 

Ça m’amuse, avec cette nouvelle pièce jeenerienne Le Mariage, de débusquer également la part de lâcheté et d’incohérence de la démarche artistique de son auteur. Car, comme je l’ai déjà largement expliqué dans mes livres, je lis dans tout relent homophobe une auto-pénitence et une auto-autorisation personnelle de quand même croire « exceptionnellement » à l’homosexualité pour soi parce qu’on n’y croit pas généralement pour les autres. Une part – la plus lucide – de Jeener détruit l’homosexualité, l’autre part – celle qui, dans ses pièces, finit par vaincre même si elle perd toujours la bataille argumentative – la défend. Un aveu voilé d’homosexualité (… ou pas) : « Vous n’avez jamais rencontré de vrais homosexuels. Ce sont des bossus qui riraient de votre propre mariage ! » déclare cyniquement le père – voûté, fatigué et rieur comme un vieux bossu, comme par hasard… – à Claire et Suzanne.

 

Il y a du paradoxe dans les pièces de Jean-Luc Jeener, donc finalement beaucoup de contenu. Ça en agacera peut-être certains, qui y verront une prise de tête inutile, une « masturbation intellectuelle » qui n’attirera pas les foules, un étalage de « clichés » (c’est ce qui est ressorti des commentaires post-pièce que j’ai écoutés discrètement à la sortie du théâtre). Mais d’un autre côté, ça passionnera ceux qui n’essaient pas d’arracher à l’auteur ses intentions partisanes et son didactisme, ceux qui ne cherchent pas à tout prix à répondre à la question « Mais dans quel camp se place-t-il ? Qu’a-t-il cherché à défendre, au juste ? ». Et ça passionnera surtout ceux qui, comme moi, s’affairent à mener le plus loin possible l’enquête de son positionnement moral.

 

Et c’est vrai que même à l’issue de la pièce, on a encore du mal à savoir où Jeener veut en venir. Comme le grand sculpteur de génie qui réalise devant nous une œuvre technique prodigieuse, complexe, fouillée argumentativement, … et puis qui, à peine après l’avoir esquissée, la remet en doute et l’efface. Pour la beauté du geste ! pour la fugacité de l’événement ! pour le caractère éphémère de l’exercice rhétorique ! bref, pour le théâtre ! Et à l’inverse, Jeener sauve par la passion et l’empathie ce qu’il avait pourtant disséqué/détruit méthodiquement pendant une heure et quart avec une honnêteté intellectuelle saisissante, glaçante. Démarche masochiste ? Torturée, tout du moins ! L’artiste expose, concernant l’homosexualité (un sujet qui le travaille !), son propre conflit entre raison et sentiment, entre homosexualité latente et description clinique et désabusée de l’homosexualité pratiquée/identitarisée. Conflit qu’il exhibe tel quel, comme un gosse qui ne prétend pas le résoudre parce qu’il prétend trop le résoudre.

 

La pièce Le Mariage repose donc sur le faux réalisme. Trompe l’œil qui sied parfaitement au théâtre, me direz-vous ! Et je trouve l’exhibition de ce déchirement moral intérieur, de ce combat spirituel et identitaire, tout à fait réussie et riche. Cela mérite vraiment un traitement dramaturgique. Merci Monsieur Jeener. J’aime décidément beaucoup ce que vous faites. Et je ne veux pas que vous mouriez !