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Podcast audio sur l’anti-catholicisme dans les dessins animés des années 1980 en France

Voici un podcast de décryptage des dessins animés des années 1980 diffusés sur les chaînes de télé françaises (Youpi l’école est finie ! sur La Cinq, Récré à deux sur Antenne 2, Amuse trois sur FR3, Le Club Dorothée sur TF1, etc.), avec l’angle insolite du catholicisme : « L’anti-catholicisme dans les dessins animés des années 80 ».
 

 

Philippe Ariño vous démontre que cela fait au moins 40 ans que les dessins animés jeunesse nous poussent à mépriser Jésus et la religion catholique, au profit de la religion énergétique.

 

Ce podcast se découpe en 3 parties :

1 – Les dessins animés clairement anti-catholiques

2 – Les dessins animés de la Nouvelle Religion mondiale, fondés sur l’Énergie et l’Or

3 – Les rares dessins animés « cathos-friendly » voire carrément cathos.

 

Vous pouvez retrouver d’autres podcasts de décryptages de Philippe, sur Youtube, comme par exemple celui sur les goûts musicaux homosexuels, celui sur la série Manifest, celui sur la série Sex Education ou encore celui du discours alchimique du Cardinal Sarah.
 

Un complot mondial

Existe-t-il un complot planétaire dont le « lobby gay » ou franc-maçon serait l’un des instruments, l’une des étapes ? Au risque de passer pour un paranoïaque que je ne suis pas souvent, je répondrais « Oui ». Je ne lui connais pas de nom précis. Je sais juste qu’il essaie de remplacer le corps et Dieu par les sentiments et la pulsion.

Code n°79 – Frère, fils, père, amant, maître, Dieu

frère, fils, amant

Frère, fils, père, amant, maître, Dieu

 

NOTICE EXPLICATIVE

 
 

La relation « amoureuse » homosexuelle : pas ajustée

 

Film "I Think I Do" (1997) de Brian Sloan

Film « I Think I Do » (1997) de Brian Sloan


 

À première vue, le couple homosexuel ressemble à un grand feu d’artifice. On y découvre une infinité de désirs, y compris des désirs non-amoureux. Éros, Philia, et Agapê semblent s’être donnés rendez-vous pour fusionner ensemble, pour fêter la plénitude de l’androgyne. Le problème, c’est que dans cette énorme salade composée, on les a perdus en route ! On ne les retrouve plus que par bribes, car à la base, on n’a pas voulu les distinguer (le noeud du problème et là : on n’a pas cherché à les dissocier, à les définir, pour mieux les unir : tout s’est joué au niveau du refus du désir, de la liberté !). C’est pourquoi la relation homosexuelle est un « magma » informe qui n’a pas d’identité claire ni le goût extraordinaire qu’on attendrait de l’Amour vrai. Elle n’aide pas ceux qui la composent à se positionner pour vraiment se sentir à leur place, pour vraiment se sentir aimés. Comme elle a trait à un peu à tous les types de liens sociaux possibles (fraternité, amitié, spiritualité, paternité, camaraderie, etc.), la personne aimée dans le cadre conjugal homosexuel est amenée à porter les nombreux et inconfortables masques du frère, du fils, du père, du « bon copain », du maître, du Dieu, qui ne lui reviennent pas exactement, qui sont trop grands ou trop petits pour sa taille, et qui ne lui donnent pas une identité fixe assez solide pour un engagement durable et une confiance partagée à deux. Il est aisé de prétendre aimer sincèrement quelqu’un, sans prendre le temps de se pencher sur les raisons profondes de notre attachement à lui. L’amant peut servir de prétexte pour régler précipitamment toutes les blessures d’enfance que nous ne voulons pas affronter. Au départ, l’amour que nous lui portons prend l’apparence d’un enthousiasmant « best-of d’amour(s) »… avant de se transformer, au fil du temps, en épouvantable (ou ennuyeuse !) pieuvre à six têtes.

 

Comment peut-on qualifier le couple homo ? Quelle place y occupe le partenaire amoureux ? Est-il aimé pour qui il est vraiment, ou est-il juste un « bon copain », un compagnon de vie, un frère, un substitut paternel ou filial, quelqu’un qu’on « aime bien » mais qu’on n’aime pas pleinement, quelqu’un qu’on aime trop parce qu’on l’« adore » ? Toute personne homosexuelle en couple serait en droit de demander à son compagnon : « Tu me dis que tu es mon frère, mon fils, mon père, mon amant, mon maître, mon Dieu… mais qui suis-je vraiment dans l’histoire ? Suis-je unique ? M’aimes-tu vraiment ? Es-tu unique pour moi ? Qu’est-ce qui me rend plus spécial à tes yeux qu’un autre ? Qu’est-ce que nous attendons de nous ? Que faisons-nous ensemble, au juste ? Arrête de m’infantiliser ! Je ne suis pas ton père ! Qu’est-ce qui nous différencie de simples colocs’… à part le sexe ? »

 

N.B. : je vous renvoie également aux codes « Inceste », « Amant modèle photographique », « Poupées », « Inceste entre frères », « Infirmière », « Mère possessive », « Cannibalisme », « S’homosexualiser par le matriarcat », « Pygmalion », et à la partie sur l’« amitié » dans le code « Solitude », dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.

 

Pour accéder au menu de tous les codes, cliquer ici.

 
 
 

1 – PETIT « CONDENSÉ »

En remettant en question la valeur de l’amour homosexuel tel que je le fais, je m’expose probablement aux foudres de certaines personnes homosexuelles qui prétendent – le plus sincèrement du monde ! – qu’elles aiment profondément leur partenaire ou qu’elles ont vraiment connu le « Grand Amour », souvent au prix de nombreux sacrifices qui suffisent à prouver la force surhumaine de leurs sentiments. Mais je continue de penser que la majorité d’entre elles confondent l’amour avec l’impression d’amour qui se dégage de différents types de liens (entre deux frères, deux amis, un élève et son maître, une personne malade et son visiteur, un acteur et son public, un père et son fils, etc.) qui peuvent assurément offrir des instants de complicité « forts » mais qui ne sont pas d’ordre purement aimant.

 

Étant donné que l’union conjugale homosexuelle n’est pas procréatrice mais réellement fantasmée (dans le sens de « réalité fantasmée » que j’emploie dans mon livre, à savoir une réalité forcée, où priment les fantasmes), l’identité des amants au sein du couple homosexuel devient fatalement floue. Quand certains sujets homosexuels essaient de parler de leur relation d’amour, nous ne savons jamais trop s’ils se réfèrent à une union paternelle, fraternelle, amoureuse, amicale, gémellaire, féodale, religieuse, ou autre. Ils définissent leur partenaire comme un père, un fils, un grand frère protecteur, un bon ami, un frère jumeau, un confident, un fidèle serviteur, un maître, un roi, un demi-dieu, mais ils ne sont convaincus par aucun de ces qualificatifs.

 

Dans un premier temps, comme le lien homosexuel touche un peu à tous les types de liens humains possibles, il ressemble à une étourdissante salade composée renfermant le meilleur. Nous pourrions dire que c’est un « best-of d’amour(s) » ! Mais à vouloir tout mettre dans cette salade, et surtout des éléments qui n’ont rien à voir les uns avec les autres, elle finit par ne plus avoir de goût. Plus les jours et les mois se succèdent, et moins les partenaires homosexuels se surprennent… ou plutôt si : ils se découvrent, mais dans le mauvais sens. Tous deux portent tellement de masques à la fois qu’ils sont amenés à se demander qui ils sont véritablement pour l’autre et pour eux-mêmes. « Mon copain m’assure qu’il m’aime… mais m’aime-t-il vraiment d’amour, ou comme un simple ami, un substitut paternel, un tendre frère, ou un dieu tout-puissant, que je ne suis à l’évidence pas ? » À la longue, leur questionnement peut devenir très vite obsédant puisqu’il met en lumière une angoissante absence de projet de vie, et un refus mutuel de l’acceptation libérante de leur inaliénable unicité. « Je reste avec l’autre parce que je n’ai pas la force de le quitter et de m’aimer seul » pourraient s’avouer intérieurement à elles-mêmes beaucoup de personnes homosexuelles !

 

L’amalgame entre amour et amitié par exemple est beaucoup plus dramatique que ce que nos sociétés actuelles le pensent : l’un et l’autre se détruisent quand nous les faisons fusionner ensemble. Certaines personnes homosexuelles camouflent leur gêne de cette confusion dans le cynisme dédramatisant. « Je fais l’amour de temps en temps comme on va à la piscine, rongée de culpabilité à mon tour parce que je n’aime ma partenaire que d’amitié. » (Cathy Bernheim, L’Amour presque parfait (2003), p. 174) Elles savent implicitement que le massacre de l’amitié par les gestes de l’amour équivaut souvent au massacre de l’amour aussi. Une fois qu’elles et leur compagnon sont unis par le sexe, elles se rendent compte qu’il est difficile de faire machine arrière et de s’avouer qu’ils se seraient davantage respectés s’ils étaient restés simplement amis, s’ils n’avaient pas grillé bêtement les étapes. La promesse des corps n’obéit pas à nos croyances en la banalité du passage de l’amour à l’amitié, ni les actes sexuels à nos intentions de les atténuer.

 

Beaucoup de personnes homosexuelles se retrouvent prises à leur propre jeu de la séduction. Ce n’est pas qu’elles n’aiment pas leur partenaire. Elles « l’apprécient beaucoup », « l’aiment bien », éprouvent une « profonde affection pour lui », le considèrent comme un petit frère qu’on cajole, comme un « bon copain », un parrain, un confident qui avec le temps finira par devenir par la force des choses indispensable. Elles l’aiment … oui, c’est certain… mais pas d’amour. Et c’est là tout le problème. Leur union sentimentale, ce n’est pas rien, et pourtant, ça ne suffit pas : elle ne les comble pas un minimum comme l’Amour vrai comble un maximum. Elles savent au fond qu’elles auraient très bien pu choisir avec leur partenaire « amoureux » l’option amicale qui les compromette moins et qui leur apporte tout autant (si ce n’est plus !), qu’elle aurait trouvé dans l’amitié les mêmes avantages que ceux qu’elles expérimentent dans l’amour homosexuel… excepté la jouissance génitale, les « je t’aime » à lire sur le portable, les croissants chauds servis au lit le dimanche matin, et le nounours à blottir contre soi la nuit, … bref, tout ce qui, sans l’amour véritable, ne fait partie que des « à-côtés » détestables de la passion amoureuse éphémère.

 

Dans la majorité des couples homosexuels qui nous entourent, on se demande quelle drôle de relation « amoureuse » il est en train de se vivre. Les amants homosexuels n’ont pas pour autant l’impression de s’enfoncer dans un mensonge flagrant puisqu’ils sont souvent tous les deux très sincères au départ et vivent quand même ensemble des moments authentiques ponctuels qui leur font oublier les désagréments persistants de l’amalgame des sentiments humains amoureux, amicaux ou filiaux, ces derniers étant en temps normal liés sans s’équivaloir. Mais au final, certains décrivent leur couple comme un « nous » dépassant et étouffant le duo. « ‘Nous’, c’est cette entité autosuffisante, cette famille pas si facile à définir. Maris, amants, amis, frangins, tout à la fois ? » (Élisabeth Lebovici, « Gilbert and George », dans le Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes (2003) de Didier Éribon, p. 222) Les amants homosexuels forment une famille à deux en quelque sorte, mais cloisonnée sur elle-même. Pour cette raison, il n’est pas étonnant de voir arriver l’asphyxie chez bon nombre d’entre eux.

 
 

2 – GRAND DÉTAILLÉ

 

FICTION

 

Le personnage homosexuel ne sait pas qualifier la nature de sa relation amoureuse homosexuelle autrement que comme un fourre-tout sans beaucoup de goût :

 
 

a) Mon amant homosexuel est mon frère :

Beaucoup de personnages homosexuels considèrent leur amoureux comme leur frère (…et plus si affinités) : « Es-tu un frère ? Es-tu un rêve ? À des milliers d’âmes anonymes. » (cf. la chanson « J’ai essayé de vivre » de Mylène Farmer) ; « Vous êtes plus qu’un frère. » (Bernard s’adressant à son futur amant Didier, dans la pièce À quoi ça rime ? (2013) de Cyril et Sébastien Ceglia) ; « Je recherche mon frère, mon jumeau. » (Paul, le héros homosexuel du film « Seeing Heaven » (2011) de Ian Powell) ; « Si Hall meurt, je meurs. » (Arthur, le personnage homosexuel, parlant de son frère, dans le roman Harlem Quartet (1978) de James Baldwin, mis en scène par Élise Vigier en 2018) ; etc. C’est le cas par exemple dans le film « Comme un frère » (2005) de Bernard Alapetite et Cyril Legann, dans la photo Comme des frères (1982) de Jean-Claude Lagrèze, etc. (J’évoque plus largement le cas des frères de sang qui couchent ensemble, à travers un autre code, celui de l’« inceste entre frères » dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.) Dans le roman La Désobéissance (2006) de Naomi Alderman, Ronit et Esti veulent mélanger leur sang : « On pourrait devenir des sœurs de sang. […] Si on mélange notre sang, on sera sœurs pour toujours. » (pp. 214-215) Georges et Alexandre, les deux protagonistes homosexuels du film « Les Amitiés particulières » (1964) de Jean Delannoy, font de même. Dans le roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, afin d’être au chevet de son copain Bryan à l’hôpital, Kévin se fait passer pour son frère. Un peu plus tard, quand Bryan sort de sa convalescence, l’effusion que son amant lui réserve au moment des retrouvailles n’étonne pas le lecteur : « Bryan, mon frère, j’ai envie de t’embrasser ! » (p. 233) Dans le film « Rose et noir » (2009) de Gérard Jugnot, quand on demande à Saint Loup et Casta quelle est la nature de leur relation, Casta répond par une entourloupe : « La vérité, c’est que nous sommes frères. » Mais la surenchère de Saint Loup (« On peut dire ça comme ça… ») laisse planer l’équivoque homosexuelle. En tombant sur certaines descriptions amoureuses de l’amant homo, on est surpris de voir qu’il est comparé maintes et maintes fois à un frère : « Rosário, je l’aime comme mon frère, comme mon petit ami. » (Tonia dans le film « Mourir comme un homme » (2009) de João Pedro Rodrigues) ; « Nous sommes comme des frères. » (Malik à son amant Bilal dans le film « Le Fil » (2010) de Mehdi Ben Attia) ; « Aujourd’hui, votre fils a plus besoin d’un frère. » (le héros homo évoquant son homosexualité à son père qu’il vouvoie et à qui il adresse une lettre à la troisième personne, dans la comédie musicale À voix et à vapeur (2011) de Christian Dupouy)

 

Par exemple, dans le film « L’Art de la fugue » (2014) de Brice Cauvin, Arielle, la « fille à pédé », confond le frère de son meilleur ami Antoine, Gérard, avec un de ses amants : « T’as un nouveau prétendant ? » « Non, c’est mon frère. » répond-il. Dans le film « Jonas » (2018) de Christophe Charrier, Jonas, le héros homosexuel, drague 18 ans après avoir perdu son amant de jeunesse Nathan, le frère de ce dernier, Léonard. Une façon pour lui de conjurer le sort et de retrouver Nathan. Dans le film « Knock at the Cabin » (2023) de Night Shyamalan, pour voler Wen, leur future « enfant » obtenue par GPA dans une clinique asiatique, Eric fait passer son « mari » Andrew pour « son frère » et le faire rentrer dans la salle d’accouchement comme si lui était le vrai peur de la gamine.
 
 

b) Mon amant homosexuel est mon fils :

Capture d’écran 2013-08-27 à 11.16.28

Film « Rue des Roses » de Patrick Fabre


 

Dans certaines œuvres de fiction traitant d’homosexualité, l’amant est considéré comme un fils. Je vous renvoie au roman Todos Los Parques No Son Un Paraíso (1978) d’Antonio Roig (avec la relation ambiguë entre Roig et Ronald), au poème « La Portée de quelques notes » (2008) d’Aude Legrand-Berriot, au film « Le Deuxième Commencement » (2012) d’André Schneider (avec une relation infantilisante et très mal vécue par les deux amants), au film « Rue des Roses » (2012) de Patrick Fabre (Mehdi est en couple avec un homme plus jeune, Axel), à la chanson « Quatre Vies » d’Emmanuel Moire, à la pièce Un cœur de père (2013) de Christophe Botti, etc. Dans la pièce Angels In America (2008) de Tony Kushner, Joe accueille Roy comme un « fils prodigue ». Dans le film « Corps à Cœur » (1978) de Paul Vecchiali, Louis, un garagiste âgé, fait une déclaration d’amour inattendue à son employé Pierrot : « Je me disais que je t’aimais comme un fils. Je t’aimais. Mais pas comme un fils. Toi tu ne te rendais compte de rien. » Dans la pièce Des Bobards à maman (2011) de Rémi Deval, Fred traite son amant Max comme un môme, et lui chante la comptine de « La Petite automobile ». Dans le film « Die Bitteren Tränen Der Petra Von Kant » (« Les Larmes amères de Petra von Kant », 1972) de Rainer Werner Fassbinder, Petra et sa servante Marlène maintiennent une relation infantilisante : la première envoie la seconde faire des dessins. Dans la pièce Ma belle-mère, mon ex et moi (2015) de Bruno Druart et Erwin Zirmi, Julien traite son amant Yoann comme un petit enfant qu’il amène au Parc Astérix. Et Yoann s’excite toujours autant d’y être emmené. Dans le film « Entre les corps » (2012) d’Anaïs Sartini, Marie, l’amante d’Hannah, traite pour rire sa partenaire de « petit bébé » parce que celle-ci (24 ans) est plus jeune qu’elle : « Je me sens comme une pédophile… » dit-elle après l’avoir embrassée. Dans la pièce Et Dieu créa les folles (2009) de Corinne Natali, Frédérique traite sa copine Heïdi de « bébé »… et la différence d’âges de 10 ans entre elles n’aide pas, il faut le reconnaître. Et quand leur ami homo Jean-Luc parle d’avoir un enfant, il s’annonce déjà comme une mère possessive : « Je me connais, je serai une vraie maman poule. » Dans la pièce Sugar (2014) de Joëlle Fossier, William sort avec un homme marié, Georges, qui a le double de son âge, et qui l’infantilise en l’appelant « Sugar ». Dans le roman The Girl On The Stairs (La Fille dans l’escalier, 2012) de Louise Welsh, Petra traite son amante Jane de « bébé ». Dans la pièce Ma belle-mère, mon ex et moi (2015) de Bruno Druart et Erwin Zirmi, Julien traite son amant Yoann comme un petit enfant qu’il amène au Parc Astérix. Et Yoann s’excite toujours autant d’y être emmené.

 

FRÈRE 1

Film « Taxi Zum Klo » de Frank Ripploh


 

Le personnage homosexuel décrit son amant comme son propre « bébé d’amour » : « Mathilde s’extrait de mon ventre. » (la voix narrative parlant de son amoureuse, dans le roman Mathilde, je l’ai rencontrée dans un train (2005) de Cy Jung, p. 91) ; « Oh ! Pascal, Pascal !… J’ai pas de fils. Mais c’est un comme toi que j’aurais voulu. Un exactement comme toi. » (Pierre au jeune Pascal dans le roman Le Garçon sur la colline (1980) de Claude Brami, p. 253) ; « J’veux baiser qu’avec toi, ça s’dit pas. Et un bébé comme toi, ça s’prête pas. » (cf. la chanson « Caribbean Sea » d’Étienne Daho) ; « Mais de toi je ferai ce que je voudrai. » (Bruno s’adressant à son « fils » et amant Jérémie, parodiant Niagara, dans le téléfilm « Sa raison d’être » (2008) de Renaud Bertrand) ; « Je serai de loin ta mère, comme ta mère. » (Khalid s’adressant à son amant Omar, dans le roman Le Jour du Roi (2010) d’Abdellah Taïa, p. 150) ; « Chéri ! C’est maman ! » (Benjamin parlant à son amant Pierre dès qu’il arrive dans leur appart, dans la pièce Le Fils du comique (2013) de Pierre Palmade) ; « Ça va, bébé, t’as passé une bonne journée ? » (Arnaud s’adressant à son amant Benjamin, dans la pièce La Thérapie pour tous (2015) de Benjamin Waltz et Arnaud Nucit) ; « Je suis sûr que t’étais l’enfant parfait. » (Bryan s’adressant amoureusement à son amant Tom, dans la pièce Les Vœux du Cœur (2015) de Bill C. Davis) ; « Tiens compagnie à papa. » (un client s’adressant perversement à David, le jeune homosexuel de 14 ans, dans le cinéma porno, dans le film « Mezzanotte » (2014) de Sebastiano Riso) ; etc.

 

L’amant est aimé par le héros homosexuel comme ce dernier imagine qu’une mère aime son fils : « Et maintenant… on ouvre le petit paquet secret… celui que je tenais caché… avec quelque chose de très bon… pour accompagner le thé… du cake ! » (Molina à son amant Valentín, dans le roman El Beso De La Mujer-Araña, Le Baiser de la Femme-Araignée (1979) de Manuel Puig, p. 185) ; « On n’aime plus sa maman ? » (Franck à son « fils/meilleur pote » Matthieu, en lui fonçant dessus pour rire, dans le film « Après lui » (2006) de Gaël Morel) ; « J’éprouve même ce que j’imagine être le sentiment d’une mère pour son enfant… Moi qui n’en aurai jamais. » (Alexandra, la narratrice lesbienne du roman Les Carnets d’Alexandra (2010) de Dominique Simon, p. 14) ; « Lui [Édouard, le copain de Georges], il cherche une mère… Ça tombe bien. » (Arnold parlant de Georges, dans la pièce En ballotage (2012) de Benoît Masocco) ; etc. Le personnage homosexuel englue son amant d’une sollicitude très maternelle : « Je le forçais à sortir avec un sparadrap sur le nombril que je vérifiais quand il rentrait et je ne le laissais jamais sortir seul le soir. » (la voix narrative dans le roman Le Bal des folles (1977) de Copi, p. 41) ; « J’aime Perón comme s’il était mon fils. » (la mère d’Evita dans la pièce Eva Perón (1969) de Copi) ; « Mourad venait d’entrer dans la cuisine. Il souriait de joie en entendant son petit Jason si plein d’énergie pris d’un nouvel accès d’autoritarisme. » (Christophe Bigot, L’Hystéricon (2010), p. 333) ; « J’aime les hommes qui aiment leur mère. » (Léopold s’adressant à son amant Franz, dans la pièce Gouttes dans l’océan (1997) de Rainer Werner Fassbinder) ; « Je me suis toujours demandé pourquoi elle m’aimait. J’ai vaguement pensé que j’étais un substitut maternel, comme on dit. Cette idée ne me plaît guère, mais il n’est pas mauvais de la regarder en face. » (Suzanne en parlant de sa compagne Héloïse, dans le roman Journal de Suzanne (1991) d’Hélène de Monferrand, p. 78) ; « Lola, viens ici. Je ne t’autorise pas à faire ce genre de caprice. » (Vera l’héroïne lesbienne s’adressant à son amante Lola, dans la pièce Géométrie du triangle isocèle (2016) de Franck d’Ascanio) ; « Ça va ! Je suis pas ta mère ! » (Lola s’adressant à son amante Nina, idem) ; « Tu ne sais jamais rien. J’en ai assez de te materner, Nina. » (idem) ; etc. Par exemple, dans le film « La Belle Saison » (2015) de Catherine Corsini, Delphine, l’héroïne lesbienne explique à son amante Carole que c’est en jouant au papa et à la maman sur la cour d’école qu’elle a vécu sa première expérience lesbienne : « On jouait au papa et à la maman. Comme y’avait pas assez de papas, j’ai fait le papa. » Dans la pièce La Thérapie pour tous (2015) de Benjamin Waltz et Arnaud Nucit, le Dr Katzelblum suit en psychothérapie Benjamin/Arnaud et essaie de les aider à s’assumer en tant que couple homo. Il s’y prend de manière progressive, par des petits exercices pratiques. Et notamment, il tente de leur faire la main de l’autre : « Finalement, c’est pas très dur. C’est comme prendre un enfant par la main. »

 

Souvent, l’attrait du personnage homosexuel pour les amants qui ont l’âge d’être son fils, mais qui ne se laissent pas manipuler comme des bébés, font place chez lui à l’amertume et au mépris jeuniste : « Je ne suis pas ton ‘petit Jan’. » (Jan résistant à la drague de son ami Matthieu, dans le film « Prora » (2012) de Stéphane Riethauser) ; « Je m’étais fait l’illusion de retrouver en vous ma propre jeunesse, mais rien en vous ne me séduit. Il y a trente ans je vous aurais peut-être trouvé désirable, et encore je ne suis pas sûr de cela, et puis vous n’étiez qu’un nouveau-né. » (Cyrille au Journaliste dans la pièce Une Visite inopportune (1988) de Copi) Par exemple, dans la pièce À partir d’un SMS (2013) de Silas Van H., le couple Matthieu (28 ans) et Jonathan (23 ans) parlent, en plaisantant, de leur soi-disant « grande différence d’âges ». Et plus tard, ils s’infantilisent l’un l’autre sans s’en rendre compte : « Il est trop mignon quand il fait des dodos. » (Jonathan) Dans le film « Vil Romance » (2009) de José Celestino Campusano, la relation amoureuse entre le très vieux et autoritaire Raúl et le très jeune Roberto commence à révolter mollement le second : « Je ne suis pas ton fils. »

 
 

c) Mon amant homosexuel est un simple ami :

Je reprends de manière beaucoup plus complète la confusion entre amitié et amour homosexuel dans mon code « solitude » dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.

 

Cela dit, on peut quand même faire mention de quelques œuvres de fiction traitant du mélange entre amitié et amour homosexuel : cf. le film « Les Amis » (1970) de Gérard Blain, le film « I Am Not What You Want » (2001) de Kit Hung, le film « Mon Ami, mes amants » (2002) de Jean-Daniel Cadinot, la chanson « Amis, amants » du groupe What For, etc. Par exemple, dans le film « Keep The Lights On » (2012) d’Ira Sachs, Erik décrit son amant Paul comme son « meilleur ami ».

 

Entre les personnages de fiction homosexuels, il est parfois question de sex friends, de « potes de baise » : « Elle était avec ses copines… enfin, ses exs… enfin, ses potes… enfin, ces autres gouines branchées. » (Océane Rose Marie dans son one-woman-show La Lesbienne invisible, 2009) ; « Entre amants, entre amours, entre amis. » (cf. une réplique de la comédie musicale Encore un tour de pédalos (2011) d’Alain Marcel) ; « Je ne peux plus continuer avec Jo. Il ne se passe plus rien. On est passés d’une relation fusionnelle à une relation fraternelle. » (Matthieu parlant de la relation d’un an qu’il vit avec Jonathan, dans la pièce À partir d’un SMS (2013) de Silas Van H.) ; etc. On ne sait pas trop si les héros entre eux sont amis ou amants… ou les deux. Par exemple, dans la pièce Le Gai Mariage (2010) de Gérard Bitton et Michel Munz, Henri présente son « mari » Dominique comme son frère… alors que c’est juste son meilleur ami.

 
 

d) Mon amant homosexuel est mon père :

L’amant homosexuel recherche un amant protecteur et paternel : cf. la chanson « Aime-moi comme ton enfant » de Catherine Lara, le roman Julia (1970) d’Ana María Moix, le film « L’Isola Di Arturo » (« L’Île des amours interdites », 1961) de Damiano Damiani, le film « Charlotte dite ‘Charlie’ » (2003) de Caroline Huppert (où Charlie est troublée en massant la mère de sa copine Babou), etc. Je vous renvoie au code de l’« inceste » dans le Dictionnaire des Codes homosexuels. Par exemple, dans le film « A Moment in the Reeds » (« Entre les roseaux », 2019) de Mikko Makela, Tareq, le héros homosexuel, raconte que sa première fois homosexuelle, à l’âge de 17 ans, il l’a vécue avec un homme plus âgé que lui : « Je cherchais sûrement une figure paternelle. »

 

Dans la pièce Une Cigogne pour trois (2008) de Romuald Jankow, Sébastien appelle son amant Paul « mon papounet ». Dans la pièce Une Souris verte (2008) de Douglas Carter Beane, Alex et Mitchell simulent une relation neveu/oncle. Dans le roman Deux femmes (1975) de Harry Muslisch, Laura soupçonne son amante Sylvia de ne pas avouer son homosexualité à sa maman parce qu’elle a aussi l’âge d’être sa mère : « Inconsciemment, tu lui tiens peut-être rancune d’être tombée amoureuse d’une femme qui lui ressemble. » (p. 60) Sylvia réagit ironiquement : « Ah bon, tu es ma mère, alors ? » Ce à quoi Laura lui rétorque dans une attitude de provocation vexée : « À cela près que je ne m’occupe pas de ton père. En tout cas je suis aussi une femme, et toi tu es une petite garce. » Dans la pièce Psy Cause(s) (2011) de Josiane Pinson, une patiente lesbienne reçoit un beau diamant de la part de Lili, sa compagne lesbienne de 73 ans, à l’occasion de « leur » un an de vie ensemble : « C’est pour ça que Lili, c’est mon deuxième papa. » Dans le film « Week-End » (2012) d’Andrew Haigh, Russell appelle sincèrement son amant Glenn (du même âge) « Dad » ; et quand il lui annonce qu’il est orphelin, il lui propose à son tour de lui servir de substitut paternel : « Et si je faisais semblant d’être ton père… » Dans la performance Nous souviendrons-nous (2015) de Cédric Leproust, le narrateur adulte joue au petit enfant dont la vie s’est arrêtée à la mort de son parrain. Dans le film « Demain tout commence » (2016) d’Hugo Gélin, Bernie, le producteur homosexuel, drague ouvertement Samuel (joué par Omar Sy) et se faisant passer pour un enfant à protéger : « Tu m’adoptes ? »

 

Le personnage homosexuel s’adresse à son amant comme s’il était son père, ou bien est considéré par les gens de l’extérieur comme le fils de son petit ami : « N’oublie pas de me ré-enfanter. » (Daniel s’adressant à son amant Luther dans le film « Le Cimetière des mots usés » (2011) de François Zabaleta) ; « Désolé papa. » (Jack, 22 ans, à son amant Paul, du même âge, dans la pièce La Dernière Danse (2011) d’Olivier Schmidt) ; « Je ne sais pas si Harvey a deviné qu’on formait un couple : il se peut qu’il se soit trompé et nous ait pris pour père et fils. » (Michael en parlant de son couple avec Ben, dans le romanMichael Tolliver est vivant (2007) d’Armistead Maupin, p. 80) ; « Et c’était cela la seule différence. C’était qu’une autre silhouette, un autre visage, se détachaient de l’arrière-plan pour se préciser aux côtés de son père… Pierre Gravepierre ! » (Pascal à propos de son amant Pierre, dans le roman Le Garçon sur la colline (1980) de Claude Brami, p. 131) ; « Physiquement, j’aime mieux qu’ils soient plus mûrs, je recherche plutôt un papa. » (Bjorn dans le roman Riches, cruels et fardés (2002) d’Hervé Claude, pp. 159-160) ; « Douze ans de plus que moi… Il pourrait être mon père. » (Damien par rapport à son amant Norman, dans la pièce Les Deux pieds dans le bonheur (2008) de Géraldine Therre et Erwin Zirmi) ; « Je suis dans ton ventre, je suis un fœtus, je m’oublie. » (Alice à son amante Elsa dans le film « Alice » (2004) de Sylvie Ballyot) ; « Salut Christine. Tiens, t’es venue avec ta mère ? » (Nathalie Lovighi sortant une blague acerbe à une amie lesbienne lors d’une soirée, dans le spectacle de scène ouverte Côté Filles au 3e Festigay de Paris en 2009) ; « Mon père… J’ai épousé mon père. Putain d’Œdipe… » (Marilyn, la videuse lesbienne de la boîte Le Gouine, parlant de sa compagne, dans le one-woman-show Paris j’adore ! (2010) de Charlotte des Georges) ; « Fermant les yeux, elle essaya de reconstituer le visage paternel, son beau visage qui parfois semblait inquiet ; mais l’image fut lente à se former et s’effaça aussitôt, car les morts doivent souvent faire place aux vivants. Ce fut l’image d’Angela Crossby qui subsistait tandis que Stephen était assise ans le vieux fauteuil de son père. » (Marguerite Radclyffe Hall, The Well Of Loneliness, Le Puits de solitude (1928), p. 186) ; « La voisine prit le nouveau-né dans ses bras, ouvrit son corsage, mettant à nu un sein bien rond d’où, tout gonflé comme il était, le lait sortait déjà. Elle le guida vers la petite bouche qui instantanément se mit à téter. Je m’imaginais tétant ce joli sein, et me renouvelai la promesse que je m’étais faite : posséder un corps féminin et en avoir tous les plaisirs possibles. » (Alexandra, la narratrice lesbienne du roman Les Carnets d’Alexandra (2010) de Dominique Simon, p. 27) ; etc.

 

L’amant est aimé par le héros homosexuel comme ce dernier imagine qu’un fils aime sa mère : « Tu crois qu’il est comme ma belle-mère ? » (Zize, travesti M to F, parlant de son mari à sa mère, dans le one-(wo)man-show Zize 100% Marseillaise (2012) de Thierry Wilson) ; « C’est drôle, ça ne fait pas un mois qu’on se connaît et je te dis des choses que je n’ai jamais dites à personne, à part à ma mère ! » (Kévin à Bryan, dans le roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, p. 100) ; « Aujourd’hui, après, quelques jours d’interruption ayant expédié au mieux mes obligations, j’ai enfin eu le temps de me faire cajoler par la bonne. J’ai acheté toutes sortes de produits sans regarder à la dépense, notamment une poudre parfumée que l’on indique en cas d’irritation de la peau chez les bébés. » (Alexandra, la narratrice lesbienne du roman Les Carnets d’Alexandra (2010) de Dominique Simon, p. 98) ; « Je t’aime. Je t’aime autant que ma mère ; peut-être même plus… Je t’aime. » (Tanguy à Gunther, dans le roman Tanguy (1957) de Michel del Castillo, p. 89) ; « Valentín… je crois que depuis mon enfance, je ne me suis jamais senti aussi content. Depuis le temps où maman m’achetait un jouet, ou quelque chose comme ça. » (Molina après sa nuit d’amour avec Valentín, dans le roman El Beso De La Mujer-Araña, Le Baiser de la Femme-Araignée (1979) de Manuel Puig, p. 210) ; « Il [Adrien] avait aussi un immense besoin d’être aimé. Il y avait en lui un enfant qui cherchait à être protégé, consolé, un enfant qui requérait un amour total. […] Il était bien conscient que cet amour-là ressemblait à l’amour perdu de la mère. » (Adrien parlant de son jeune amant Malcolm, dans le roman Par d’autres chemins (2009) d’Hugues Pouyé, p. 40). Dans la pièce Quand je serai grand, je serai intermittent (2010) de Dzav et Bonnard, Bonnard propose à son copain Dzav d’être sa mère.

 

Ce rapport incestueux avec l’amant apparaît au final comme une illusion : « Le téléphone sonne. Son cœur s’illumine à l’idée que Ginette ait finalement pensé à elle. Mais ce n’est que sa mère. » (Lucie dans le roman Accointances, connaissances, et mouvances (2010) de Denis-Martin Chabot, p. 31) ; « T’es pas ma mère : t’es ma copine. » (Rosário à son amant trans Tonia dans le film « Morrer Como Um Homen », « Mourir comme un homme » (2009) de João Pedro Rodrigues) ; « L’homosexualité est une infantilisation. » (le père de Claire s’adressant à sa fille et à la compagne de celle-ci, dans la pièce Le Mariage (2014) de Jean-Luc Jeener) ; etc. Le personnage homosexuel finit parfois par punir les amants mûrs qu’il s’est choisi comme pères de substitution, en affublant de qualificatifs âgistes ces prétendus « vicieux qui veulent jouer le rôle de sa mère » (la voix narrative dans le roman Le Bal des folles (1977) de Copi, p. 161). Forcément : n’étant pas son père réel, ils finissent fatalement dans son esprit par être des imposteurs !

 
 

e) Mon amant homosexuel est mon maître et mon Dieu :

Dans certains créations artistiques, le personnage homosexuel déifie son amoureux : cf. le film « F. est un salaud » (1998) de Marcel Gisler (où un fan se laisse soumettre par sa rock star), le film « In The House Of Brede » (1975) de George Schaefer, le roman Mathilde, je l’ai rencontrée dans un train (2005) de Cy Jung, le film « Je t’aime, je t’adore » (2002) de Manuel Blanc, la chanson « Monsieur Amour » de Colette Mars, la chanson « Mon Secret » de Suzy Solidor, la chanson « Amen-moi » de Bilal Hassani ; etc. « Gérard et moi, c’était une allégeance absolue. » (Guillaume dans la pièce Commentaire d’amour (2016) de Jean-Marie Besset) ; « Excuse-moi. J’avais oublié que t’es un dieu. » (Bart s’adressant amoureusement à Hugo, dans l’épisode 268 de la série Demain Nous Appartient diffusée sur TF1 le 13 août 2018) ; « Je t’aime comme un fou, comme un soldat, comme une star de cinéma. » (Philippe s’adressant à Gabriel – et parodiant Lara Fabian – dans la pièce Mon frère en héritage (2013) de Didier Dahan et Alice Luce) ; « À cet instant je me sentis comme sainte Véronique, tant mon émotion était grande. » (Alexandra, la narratrice lesbienne, en train d’essuyer les sécrétions vaginales de sa jeune voisine, dans le roman Les Carnets d’Alexandra (2010) de Dominique Simon, p. 53) ; « Je voudrais le suivre où il ira. Il est ma vie. Je suis son Roi. Pour tout vous dire, je l’ai juste rêvé. » (cf. la chanson « Je l’ai pas choisi » d’Halim Corto) ; etc. L’amant est considéré comme un ange ou un demi-dieu : « Tu es un ange merveilleux. » (Pietrino à son amant Fefe dans le film « Toto qui vécut deux fois » (1998) de Daniele Cipri et Francesco Maresto) ; « C’était bien le jour de Khalid. » (Omar, qui voit son amant comme un roi, comme le substitut d’Hassan II, dans le roman Le Jour du roi (2010) d’Abdellah Taïa, p. 90) Dans le roman Le Crabaudeur (2000) de Quentin Lamotta, David, l’amant homosexuel, est comparé à Dieu : « J’ai passé des semaines dans les bras du Bon Dieu. » (p. 12) Dans le film « Contracorriente » (2011) de Javier Fuentes-León, Santiago compare la toile qu’il a peinte de son amant Miguel au « Corps du Christ ». Dans le roman The Well Of Loneliness (Le Puits de solitude, 1928) de Marguerite Radclyffe Hall, Stephen, l’héroïne lesbienne, appelle sa nurse Collins « sa déesse » (p. 29). Dans l’épisode 365 de la série Demain Nous Appartient diffusé le 27 décembre 2018, André, le héros homosexuel, dit qu’il est sorti avec un bel Allemand, Otto, « beau comme un dieu grec ».

 

L’amour entre amants homos prend la forme de la relation entre un fidèle et son dieu : « Qu’en est-il de l’existence de Dieu ? Et de Mathilde ? » (la voix narrative dans le roman Mathilde, je l’ai rencontrée dans un train (2005) de Cy Jung, p. 103) ; « J’ai subitement envie de la vouvoyer. J’ignore d’où me vient cette aspiration à la distance. […] Je vous en prie, madame. » (idem, p. 90) ; « Tu es celui que j’aime… comme Dieu. » (Pierre à son amant Julien, dans la pièce Homosexualité (2008) de Jean-Luc Jeener) ; « Elle est dure avec moi, je vous jure. Je lui lave les pieds comme si elle était Jésus et elle m’engueule, elle me parle mal. » (Polly parlant de son amante Claude, dans le roman Des chiens (2011) de Mike Nietomertz, p. 115) ; « Je t’idéalisais, je te consommais puis je t’ignorerai. » (c.f. la chanson « Comme ça » d’Eddy de Pretto) ; etc. Par exemple, dans le film « Plaire, aimer et courir vite » (2018) de Christophe Honoré, Arthur appelle son amant Jacques « mon ange ».

 

À ce propos, on observe très souvent dans les fictions homosexuelles que le verbe « aimer » est remplacé par celui d’« adorer » (qui signifie « vouloir être semblable à ») : « Comme les dieux qu’on adore adorer, j’adorais adorer. » (cf. la chanson « L’adorer » d’Étienne Daho) ; « Je t’embrasse et t’adore. » (Chris à Ernest dans le roman La Synthèse du camphre (2010) d’Arthur Dreyfus, p. 121) ; « Je veux que le monde entier sache combien je vous adore. » (Stephen à Angela dans le roman The Well Of Loneliness, Le Puits de solitude (1928) de Marguerite Radclyffe Hall, p. 196) ; « Je vous adore, vous et vos naïfs stratagèmes… » (Émilie parlant à son amante Gabrielle, dans le roman Je vous écris comme je vous aime (2006) d’Élisabeth Brami, p. 58) ; « J’t’adore. » (Erika s’adressant à son amante Jézabel, dans le film « La Mante religieuse » (2014) de Natalie Saracco) ; « Je reconnais t’avoir adoré passionnément. » (Basile s’adressant à son amant Dorian dans le roman Le Portrait de Dorian Gray (1890) d’Oscar Wilde) ; « J’l’adore, c’est vrai. » (Yoann, le héros homosexuel, parlant de son amant bisexuel Julien, dans la pièce Ma belle-mère, mon ex et moi (2015) de Bruno Druart et Erwin Zirmi) ; « Il l’aime et il l’adore. » (cf. la chanson « Insondables » de Mylène Farmer) ; « Je l’adore. Et tu l’adoreras aussi. » (Vita Sackville-West, lesbienne, s’adressant à sir Harold Nicolson à propos de Virginia Woolf, dans le film « Vita et Virginia » (2019) de Chanya Button) ; etc.

 

Cette adoration possessive n’est pas toujours comprise du héros homosexuel, qui voit dans l’attachement amoureux excessif de son partenaire une attitude déplacée et immature. Dans la pièce Cachafaz (1993) de Copi, par exemple, Cachafaz n’apprécie pas de « se faire idolâtrer par un pédé ». Dans le roman Le Cœur éclaté (1989) de Michel Tremblay, Dan veut que son amant Gerry, avec qui il vit depuis une vingtaine d’années, « comprenne une fois pour toute qu’il n’est pas Superman » (p. 237).

 
 

f) Mon amant homosexuel est un peu tout et rien à la fois :

Le personnage homosexuel adopte une vision extra-large de son amoureux : il serait à la fois son frère, son ami, son « pote », son père, son voisin, son parrain, son cousin, son double, son confident, son roi, son Dieu. Dans le film « Drôle de Félix » (1999) d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau, par exemple, Félix rencontre tout au long de son voyage des inconnus qui deviennent tour à tour les membres/les amants de sa symbolique famille parallèle élargie. Dans le film « Esos Dos » (2012) de Javier de la Torre, Rubén, un client de 40 ans appelle Eloy son jeune prostitué (au look christique) « mon amour, mon petit » ; ils découvrent qu’ils ont le même nom de famille ; et un peu plus tard Eloy révèle à son client qu’il vient d’une famille de 8 enfants, et qu’il a toujours aimé les douches serrés comme des sardines avec ses frangins en caleçon… et que ça aurait inconsciemment stimulé son homosexualité !

 

FRÈRE 2

 

Dans le film « Xenia » (2014) de Panos H. Koutras, Dany, le héros homosexuel, entretient une relation de séduction avec son grand-frère Ody, son parrain homo Tassos, ses amis de passage (qui parfois l’entretiennent financièrement et sont en général plus âgés que lui), son pote Stefanos (compagnon fashion victim rencontré aux toilettes), son père biologique Lefteris disparu puis retrouvé sous la forme d’un homme politique d’extrême-droite qui doit selon lui correspondre aux critères pileux de ses fantasmes de magazines. Ody laisse entendre à la fin que leur père biologique à lui et à Dany n’est peut-être même pas Lefteris. Dans le film « Vacationland » (2006) de Todd Verows, le héros homo embrasse son amant qui finit par changer de visage et prendre la forme d’un businessman puis d’un grand-père. Dans le film « Ma vie avec Liberace » (2013) de Steven Soderbergh dresse le portrait de Liberace, un pianiste virtuose absolument tyrannique autant que doucereux avec ses amants qu’il infantilise et exploite en les traitant tôt comme des dieux (il dira « Mon Sauveur !!! » ou bien « Je suis un peu toute ta famille. » à son amant Scott) tantôt comme des diables qui lui ont pourri la vie.

 

La relation entre amants est en général ludiquement/amoureusement indéfinie : « J’ai une infinie tendresse pour toi. Qui durera toute la vie. » (Emma s’adressant à Adèle, dans le film « La Vie d’Adèle » (2013) d’Abdellatif Kechiche) ; « Jonatán, mon père et mon roi, mon frère et mon amant. » (cf. la nouvelle « Jonatán » (2000) de Blas Matamoro) ; « Mon amour pour vous n’est pas celui qu’on porte à une amie, à une mère. Sinon, aurais-je un tel désir de vous bercer dans mes bras ? » (Émilie s’adressant à son amante Gabrielle dans le roman Je vous écris comme je vous aime (2006) d’Élisabeth Brami, p. 176) ; « Il est le maître, le frère, mon jumeau. » (Julien Brévaille à propos de son amant Loche, dans le roman Portrait de Julien devant la fenêtre (1979) d’Yves Navarre, p. 65) ; « Mary n’aurait aucune place dans son cœur, dans sa vie, pour un enfant, si elle venait à Stephen. Elles seraient tout l’une pour l’autre si elles demeuraient dans cette parenté sans limites : père, mère, ami, amant, tout… étonnante plénitude ! Et Mary, l’enfant, l’amie, la bien-aimée. » (Marguerite Radclyffe Hall, The Well Of Loneliness, Le Puits de solitude (1928), p. 393) ; « Tandis qu’elle tenait la jeune fille dans ses bras, Stephen sentait qu’en vérité elle était toutes choses pour Mary : père, mère, amie et amant, et Mary toutes choses pour elle : l’enfant, l’amie, la bien-aimée. » (idem, p. 412) ; « Il s’appelle Robert Edwards. Il a vingt-trois ans. Il a soixante-dix-neuf ans. […] Il est ton père, ton frère, ton ami : tu le connais depuis toujours. » (Félix dans le roman La Synthèse du camphre (2010) d’Arthur Dreyfus, p. 232) ; « Croyez-en le vieux bonhomme désabusé que je suis devenu, et qui vous aime comme un père, un frère, un ami. » (la figure de Proust à son amant Vincent dans le roman En l’absence des hommes (2001) de Philippe Besson, p. 183) ; « Sachez que je vous aime tout entière. […] Je vous aime femme, mère, amie, amante. » (Émilie à Gabrielle, dans le roman Je vous écris comme je vous aime (2006) d’Élisabeth Brami, p. 107) ; « Ma Dame, aujourd’hui, je suis votre enfant. Consolez-moi. Aujourd’hui, je suis votre amie. Écoutez-moi. Aujourd’hui, je suis votre sœur. Gardez-moi. Aujourd’hui, je suis votre amante. Aimez-moi. Aujourd’hui, je suis à vos pieds. Sauvez-moi. » (idem, p. 156) ; « Le papa, c’est toujours Dieu. » (Thierry le héros homo, dans la série Joséphine Ange-gardien (1999) de Nicolas Cuche, épisode 8 « Une Famille pour Noël ») ; « À toi mon frère que j’ai aimé comme un père. » (Didier Bénureau dans son concert Bénureau en best-of avec des cochons, 2012) ; « Je peux pas encore aller la voir à l’hôpital, parce que je suis pas de sa famille. (En pleurant) Tu te rends compte, je ne peux pas aller voir ma femme à l’hôpital parce que je ne suis pas de sa famille, mais je suis TOUTE sa famille à moi toute seule ! Putain, je-suis-pas-sa-fa-mille ! Ils se foutent de ma gueule, moi je veux la voir, j’en ai rien à foutre que je sois pas mariée, j’ai bien le droit de voir ma femme, je dors avec elle toutes les nuits. » (Polly parlant de son amante Claude, dans le roman Des chiens (2011) de Mike Nietomertz, p. 115) ; « Dany, quand tu dis que tu m’aimes, tu m’aimes un peu comme un pote, c’est ça ? Alors comme un frangin ? Comme un cousin, donc ? Comme deux mecs en prison ? » (Billy Stevens, le personnage homo du faux film « Servir et protéger » s’adressant à son futur amant Dany en pleine guerre du Vietnam, en faisant mine de ne pas comprendre les sentiments que son camarade de tranchée qu’il porte sur le dos lui exprime, dans le film « In & Out » (1997) de Frank Oz) ; « Je suis voleur. Vous êtes Roi. Autrement dit, nous sommes deux frères. » (cf. le poème ironique que Lacenaire adresse au Roi, dans la pièce Lacenaire (2014) de Franck Desmedt et Yvon Martin) ; « On dirait ma sœur. » (Benjamin parlant de son amant Arnaud, dans la pièce La Thérapie pour tous (2015) de Benjamin Waltz et Arnaud Nucit) ; etc. Dans le roman L’Agneau carnivore (1945) de Agustín Gómez-Arcos, le protagoniste définit son amoureux comme « son frère amour, son seul dieu ». Dans l’épisode 86 « Le Mystère des pierres qui chantent » de la série Joséphine Ange-gardien, diffusée sur la chaîne TF1 le 23 octobre 2017, Louison est grillée pour son homosexualité par des photos prises sur téléphone portable à une soirée, où elle enlace – à la base amicalement – sa meilleure amie Clara. C’est la confusion des sentiments : « Clara, c’était ma meilleure amie. C’était comme une sœur. » Louison finit par faire un vrai coming out.

 

Dans le roman Babyji (2005) d’Abha Dawesar, Anamika, l’héroïne lesbienne de 20 ans, se pose la question de rajouter à la liaison qu’elle a déjà avec Linde une mère de famille, et celle qu’elle maintient par ailleurs avec Rani sa domestique, une troisième relation amoureuse avec Sheela, une de ses camarades de classe : « J’avais l’esprit ailleurs, occupé à peser le pour et le contre afin de savoir si je devais avoir une relation amoureuse de plus, avec quelqu’un de mon âge, une jeune fille sans mari ni fils. Une jeune fille qui n’était ni ma domestique ni mon aînée. Une personne qui était plus ou moins mon égale. » (p. 64) Finalement, son cœur recherche non seulement des relations lesbiennes avec des personnes de chair et de sang, mais plus fondamentalement une union lesbienne divine : « L’exposé fut donné par une fille de terminale, qui parla de l’image de la déesse-mère dans la civilisation Harappan. Je songeai à Linde à chaque fois qu’elle disait ‘déesse-mère’. » (idem, p. 232)

 

Dans l’épisode 432 de la série Demain Nous Appartient diffusé le 1er avril 2019, Barthélémy Vallorta dit à son amant Hugo Quéméré qu’il est pour lui à la fois « son chevalier servant, son ami, son amant».
 

 

Dans le roman Sophia House, La Librairie Sophia (2005), le libraire Pawel Tarnowski, homosexuel continent, repousse son élan physique et sentimental envers le jeune David : « Pawel cherche la source de cette douleur. Essaie de la comprendre. L’homme que je cherche est en moi. Quel est cet homme ? Est-ce l’icône de mon père perdu ? Est-ce donc cela la source de la blessure primitive : la sensation laissée par l’absence du père.[…]Il jeta un coup d’œil au sol. Le garçon y dormait immobile. Pendant un long moment, Pawel le tint dans son esprit comme un père tient un enfant de deux ans sur ses genoux. Puis, il se tourna et s’endormit. » (pp. 362-363) Le dialogue final (p. 476) entre David et lui montre bien le lien trop riche et trop diversifié qui les unit. David essaie de définir le regard que Pawel pose sur lui : « C’était le regard que posait parfois mon père sur moi. Est-ce que je suis comme un fils pour vous, Pawel ? » Pawel lui répond : « Oui, un peu comme un fils. » David rajoute : « Et un ami ? » Pawel de lui répondre : « Oui, ça aussi. » David prolonge, en prêchant le faux pour savoir le vrai : « Mais un jeune ami qui dit des choses puériles. » Pawel tente de s’en sortir sans rien révéler de ses sentiments amoureux mal ajustés : « C’est le cas parfois. Mais je vois l’homme que tu es en train de devenir. Un homme bon qui marchera avec moi le long de la Vistule lorsque cette guerre sera finie, qui me racontera des choses sages et corrigera ma pauvre philosophie. » Père, fils, ami, maître. On a la totale !
 

Mais au bout d’un moment, fatigué de cette dispersion ou de son amant multi-visages, le personnage homosexuel se demande à quoi il joue, qui il aime, et quelle est sa véritable place dans sa relation amoureuse avec l’amant trouble : « Is it my brother ? Is it a friend of mine ? » (cf. la chanson « Who Is It ? » de Michael Jackson) ; « Que sommes-nous ? Un couple ? » (Julien à son amant, dans la pièce Une Rupture d’aujourd’hui (2007) de Jacques-Yves Henry) ; « J’ai voulu que tu sois toutes les femmes à la fois : amie, amante, sœur, mère, j’ai voulu m’abandonner dans une seule femme. […] Je t’aime je t’admire je t’adore, je te tue. » (Alice à Elsa dans le film « Alice » (2004) de Sylvie Ballyot) ; « Et toi, qui es-tu ? Si je suis de la famille, qui es-tu ? Mon frère ou ma sœur ? » (Kévin à son amant Bryan dans le roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, p. 159) ; « Quand on nous voit ainsi tous les deux, je me demande souvent ce que les gens pense de nous : voilà deux frères, deux amis ou deux amants ? » (Bryan à Kévin, idem, p. 423) ; « Dans les escaliers, je demande ‘Mais nous deux, on est quoi ? Des amants ? Un couple ?’ Il me regarde en levant les yeux au ciel. » (Mike à son amant Léo dans le roman Des chiens (2011) de Mike Nietomertz, p. 100) ; « Je veux un tatouage, symbole de l’Amour. C’est juste un tatouage. Même si tu choisis le même que ton père, ça ne fera pas revenir ton frère. » (Jade, l’héroïne lesbienne du film « Spider Lilies » (2007) de Zero Chou) ; etc.

 

On comprend que le héros, en cherchant à donner différents masques inappropriés à son amant, pèche par narcissisme : « Je pensais que… Je t’ai aimé comme un frère, comme un fils, parce que je croyais que tu étais comme moi. » (Valcárcel à Herrera, dans le film « ¡ Harka ! » (1941) de Carlos Arévalo) ; « J’vois bien que je te demande quelque chose que tu peux pas me donner. » (Christophe à son amant Boris, dans le film « Nés en 68 » (2008) d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau) ; « Je l’aime pour ce qu’il ne sera jamais. » (Julien Brévaille à propos de son amant Loche, dans le roman Portrait de Julien devant la fenêtre (1979) d’Yves Navarre, p. 157) ; « Il y a une phrase dans son album : ‘L’homme doit être mari, père, soldat.’ Moi, je ne suis ni mari, ni père, ni soldat. » (Gabriele, le héros homo, s’adressant à son amie Antonietta, dans le film « Una Giornata Particolare », « Une Journée particulière » (1977) d’Ettore Scola) ; etc.

 

C’est alors que le vertige arrive : « Khalid, ami, frère, double de moi, traître, traître qui faisait le fier seul… » (Omar dans le roman Le Jour du roi (2010) d’Abdellah Taïa, p. 91) Dans le roman Le Cœur éclaté (1989) de Michel Tremblay, Jean-Marc se fait plaquer par son amant Mathieu, beaucoup plus jeune que lui, après plusieurs années de vie commune. « Mais pourquoi me sentais-je encore responsable de ce trop bel acteur qui avait pris trop de place dans ma vie pendant sept ans et de qui j’avais été séparé depuis près de quinze ans ? Encore le rôle du père, du mentor, du Pygmalion que j’avais joué auprès de lui pendant si longtemps ? » (p. 43) ; « J’avais quand même vécu tout ce temps avec un gars de quinze ans mon cadet ! Au commencement, ce n’était pas très grave, j’en avais 39, lui 24, mais j’avais prédit dans un moment de découragement […] qu’un jour je serais un monsieur de 50 ans et lui un toujours jeune homme de 35… et c’est exactement ce qui s’était produit. » (idem, p. 228)

 

Dans le film « The Talented Mister Ripley » (« Le Talentueux M. Ripley », 1999) d’Anthony Minghella, Tom, le héros homosexuel, occupe toutes les identités qu’il veut vis à vis des hommes qu’il essaie de séduire. Par exemple, Dick, l’homme dont il est amoureux, lui demande une imitation : « Fais-moi une imitation. » Et Tom imite la voix du père de Dick, et la ressemblance est tellement frappante que Dick dit « C’est éblouissant. » et se tourne vers sa compagne en désignant humoristiquement Tom comme son père : « Marge, je te présente mon père. » Plus tard, Tom, en s’écrivant à lui-même et en faisant parler Dick (qu’il a assassiné), qualifie leur relation ambiguë de toutes les catégories : « Je t’écris à toi, le frère que je n’ai jamais eu. Mon seul véritable ami. Tu es un peu mon fils. » ; « Tu es le frère que je voulais avoir. » Tom finira par assassiner son dieu humain qu’il idolâtre. Dans le roman Harlem Quartet (1978) de James Baldwin (mis en scène par Élise Vigier en 2018), Jimmy a vécu en couple avec Arthur pendant 14 années, et pleure son absence : « Il me manque mon ami. Il me manque mon amoureux. Il me manque mon frère. » Quant aux sentiments de Hall, le frère d’Arthur, à l’égard d’Arthur, ils oscillent entre adoration, amour conjugal, narcissisme et idolâtrie aussi : « L’adoration est-elle un blasphème ou la promesse de la Gloire éternelle ?[…] Arthur est mon âme. La prunelle de mes yeux. » Dans le film « Die Mitter der Welt » (« Moi et mon monde », 2016) de Jakob M Erwa, Phil, le héros homo, ne sait pas quelle place il occupe dans le cœur de son « amant » Nicholas : souvenir d’enfance ? plan cul ? petit copain ? troisième roue du carrosse ? Grand Seigneur ? (« T’habites un château de contes de fées. » lui fait la remarque Nicholas) Impossible de répondre. Face à son amie Tereza, Phil ne sait même pas lui dire « s’il a un copain » ou pas : « Je ne sais rien de lui. J’ai l’impression de ne pas le connaître. » Et effectivement, le « couple » finira par imploser.
 
 

FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION

 

PARFOIS RÉALITÉ

 

La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :

 

La majorité des personnes homosexuelles ne savent pas qualifier la nature de leur relation amoureuse homosexuelle autrement que comme un fourre-tout sans beaucoup de goût :

 
 

a) Mon amant homosexuel est mon frère :

Je vous renvoie à l’essai Comme un frère, comme un amant (1993) de Georges-Michel Sarotte. Parfois, la relation qui se vit entre deux personnes homos d’un même couple est plus fraternelle qu’aimante : « Dans leurs lettres, Annemarie Schwarzenbach et Carson McCullers disent s’aimer ‘comme des frères’. » (Josyane Savigneau, Carson McCullers (1995), p. 98) ; « L’aspect physique excepté, nous ressemblions à des frères, des jumeaux inséparables. Entre nous, il s’agissait d’une histoire de famille, pas du compagnonnage des petites amours. Moins épuisé, je ne doute pas que Claude aurait répondu à l’infirmière curieuse : ‘Ce monsieur qui vient me voir tous les jours, c’est moi. » (Christian Giudicelli, Parloir (2002), p. 20)

 
« Roissy, terminal 2. Une agent de sécurité vérifie nos passeports. […] Elle remarque que nous avons le même nom. Beaugrand-Gérin. ‘- Vous êtes frères ? Vous vous ressemblez !’ Je lance un regard amusé à Ghislain. ‘- Non. Nous sommes mariés !’ Le visage de la femme-colosse s’empourpre d’un sourire gêné. ‘- Oh. Pardon…’. » (c.f. l’autobiographie Fils à papa(s) (2021) de Christophe Beaugrand, où ce dernier raconte qu’il va cherche avec son « mari » leur enfant acheté par GPA aux États-Unis, Éd. Broché, Paris, p. 10).
 

b) Mon amant homosexuel est mon fils :

Quelquefois, l’amant homosexuel est considéré, par celui qui prétend l’aimer, comme le fils que leur couple n’accueillera pas. S’instaure alors dans le binôme homosexuel un processus d’infantilisation incestueuse (qui n’a pas forcément à voir avec la différence d’âges entre les partenaires, d’ailleurs : deux personnes du même âge peuvent tout à fait s’infantiliser l’une l’autre sans qu’intervienne le fossé des générations). « Je me sentais bien. L’étonnement, l’espoir, m’occupaient tour à tour pendant nos rencontres. Son âge ne devint plus alors le handicap qui parfois, me frustrait en sa compagnie. […] tel le culte paternel. » (Berthrand Nguyen Matoko, Le Flamant noir (2004), pp. 124-125) Par exemple, Peter Pears dit de son compagnon Benjamin Britten qu’il « lui était dévoué comme un petit enfant passionné et proche » (cf. « Apuntes biográficos » de Benjamin Britten, sur le site www.islaternura.com, consulté en janvier 2003). Dans le documentaire « Cet homme-là (est un mille-feuilles) » (2011) de Patricia Mortagne, Xavier sort avec Guillaume « qui pourrait être son fils ».

 

FRÈRE 3

Lord Douglas et Oscar Wilde


 

En ce qui concerne le phénomène d’imitation du lien parent/enfant, Sigmund Freud décrit les sujets homosexuels comme des êtres qui ont tendance à se lancer à la poursuite d’objets de désir qui leur ressemblent afin de pouvoir « les aimer comme leur mère les a aimés ». Et on observe en effet que la relation mère/fils (ou plutôt l’image que certaines homosexuelles s’en font : à la fois une idéalisation excessive, et un modèle impérieux/oppressant) est très souvent transposée dans la relation amoureuse homosexuelle. L’amant est aimé par la personne homosexuelle comme cette dernière imagine qu’une mère chérit son fils : « Je suis arrivé à t’aimer si fort (plus que tout au monde) que je me suis donné l’ordre de ne t’aimer que comme un papa. » (cf. une lettre de Jean Cocteau à Jean Marais, citée dans l’article « Jean Marais » d’Arnaud Lerch, le Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes (2003) de Didier Éribon, p. 312) ; « Ce que je cherche, c’est le droit d’aimer, non pas pour la seule jouissance physique, mais pour le droit de tenir quelqu’un dans me bras. […] Je réclame cela parce que je n’ai pas de fils. » (Havelock Ellis, L’Inversion sexuelle (1909), cité dans l’essai L’Homosexualité de Platon à Foucault (2005) de Daniel Borillo et Dominique Colas, p. 367) ; « Il va dans le noir de son passé égyptien et, comme ma mère, j’ai envie de prier pour lui, de le soutenir, de loin, de près. » (Abdellah Taïa parlant de son amant Karim, dans son autobiographie Une Mélancolie arabe (2008), p. 65)

 

Par exemple, dans l’émission Toute une histoire spéciale « Mon père est parti avec un homme » diffusée sur la chaîne France 2 le 5 décembre 2013, quand le romancier Jacques Vialatte a vécu sa première grande histoire avec un homme et qu’il signale qu’elle a duré 9 mois, la présentatrice Sophie Davant sort une boutade qui fait rire tout le monde, mais qui reste un beau lapsus : « Le temps d’une grossesse, quoi… » (… même si, dans son esprit, elle parlait certainement de la nouvelle naissance que constituerait le coming out ou la rencontre de « l’amour » homosexuel). Dans le documentaire « Coming In » (2015) de Marlies Demeulandre, Patrick raconte comment un jour, pour mentir à un de ses collègues sur son homosexualité, il s’est senti obligé de faire passer son « conjoint » pour son fils afin de justifier son absence et de se rendre à l’hôpital assister son amant. Il s’en veut encore de sa lâcheté homophobe.

 

Dans les relations amoureuses que Magnus Hirschfeld, homosexuel notoire, a entretenues en Allemagne dans les années 1920-30, on observe presque toujours un décalage générationnel et paternaliste : « Le secrétaire de l’Institut est un certain Karl Giese. C’est l’amant préféré de Hirschfeld, de 30 ans plus jeune que lui (il a donc 21 ans en 1919). Il ne distingue par une nature hautement sensible. Il sert Hirschfeld dans tous les détails de la vie domestique. Il l’appelle « papa », comme beaucoup de gens à l’Institut à cause de son rôle paternel. Ou encore Oncle Hirschfeld. Un autre amant est très attaché au maître de céans ; il se surnomme Tante Magnesia. » (Philippe Simonnot dans son essai Le Rose et le Brun (2015), p. 112) ; « C’est là que Magnus Hirschfeld rencontre Li Shiu Tong, surnommé Tao Li, un jeune étudiant en médecine qui devient son compagnon. L’écart d’âge entre les deux est de 40 ans. Tao Li a donc 25 ans au début de leur liaison. Liaison hors du commun, homosexuelle, interraciale, intergénérationnelle. En outre, elle n’est pas monogame, puisque Hirschfeld garde sa relation avec Karl Giese. Ce ménage à trois ne vivra pas sans problème. Hirschfeld entretient financièrement ses deux amants. » (idem, p. 113)
 
 

c) Mon amant homosexuel est un simple ami :

J’aborde de manière très détaillée dans le code « solitude » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels le fréquent mélange qui est fait dans les sphères relationnelles homosexuelles entre amitié et amour… à tel point que je dis que l’amitié est la grande oubliée/ennemie de la communauté homosexuelle, puisque la drague monopolise la grande majorité des rapports interpersonnels entre individus homos. Dès qu’ils s’entendent bien, les sujets homosexuels ont tendance à passer très vite à la vitesse supérieure, et à ne pas se laisser le temps de l’amitié ; ils deviennent parfois amis, mais ce sera après avoir couché ensemble. Et quand ils sont en couple, étant donné que l’amour qu’ils vivent n’est pas trépidant, il semble qu’il n’y ait que la génitalité qui les empêche de dire ouvertement qu’ils ne sont que « de simples amis et pas plus »… alors que c’est bien souvent le cas : y compris quand le feeling est bon entre eux, ils ne sont pas plus que de bons amis. Ils se rendent compte que, mis à part les moments de sexe et de sensualité clairement conjugaux, mis à part l’officialisation sociale de leur statut de « couple », rien ne les distingue d’un duo formé de deux meilleurs amis ; et après leur rupture, si elle arrive un jour, ils comprennent très vite qu’ils auraient mieux fait d’en rester à l’amitié plutôt que de chercher à simuler l’amour fou. Ils vivaient côte à côte, certes, mais objectivement, au niveau de la force de leur lien, rien ne les distinguait de deux colocataires ou de deux amis… « Nous n’existions plus ensemble. […] Bien pis, nous nous détruisions. […] Quel était le bon sens de cette forme d’amour ? Un amour-amitié ou un amour-passion. Certes, je ne voulais pas m’enfermer dans une définition. » (Berthrand Nguyen Matoko parlant de sa relation qui bat de l’aile avec son amant Yoro, dans son autobiographie Le Flamant noir (2004), p. 140)

 

Cet « amour d’amitié » (détournement du beau Philia grec ou thomiste), cette « amitié forcée » (et du coup dénaturée), ces « amitiés particulières » (nom donné traditionnellement aux couples homos, et qui me paraît si révélateur !), font dire à certains penseurs que la notion de « couple homosexuel » est discutable, voire inappropriée pour deux personnes du même sexe qui décident de composer un ménage. Dans son essai Le Règne de Narcisse (2005), Tony Anatrella préfère le terme de « duo » à celui de « couple » pour qualifier une union entre deux hommes ou entre deux femmes. Et Chekib Tijani, l’auteur du très contesté essai 700 millions de GEIS (2010), va jusqu’à mettre le couple homosexuel sur le compte de la simple camaraderie travestie en « amour » : « Un gei [c’est ainsi que Tijani définit l’individu homo] qui est en relation avec un autre gei n’a pas le sentiment de vivre en couple, ce sont deux ‘copines’. » (p. 63)

 
 

d) Mon amant homosexuel est mon père :

Parfois, l’amant homosexuel est vraiment considéré comme un père de substitution par les personnes homosexuelles : « Rech. son père de substitu. » (cf. une petite annonce lue dans la revue Têtu, n° 127, novembre 2007, p. 200) ; « Aujourd’hui, c’est le 19 juin, la fête des Pères, et comme tu es mon Miam, mon papa Miam, je ne t’oublie pas. » (Julien à son amant Pascal Sevran, dans l’autobiographie Le Privilège des jonquilles, Journal IV (2006) de Pascal Sevran, p. 169)

 

FRÈRES 5

 

Si vous regardez les photos de Virginia Woolf avec Violet Dickinson, il est assez frappant de voir leur posture et leurs attitudes : on dirait que la première est une petite fille fragile se réfugiant sous les jupes de sa maman. Woolf semble avoir reproduit le même schéma avec ses autres amantes : « J’aime être avec elle, j’aime sa splendeur. […] Il y a sa maturité et sa poitrine épanouie : le fait qu’elle navigue, toutes voiles dehors, en haute mer, alors que je me contente de caboter le long des côtes ; son aptitude, je veux dire, à prendre la parole devant n’importe quel auditoire, à représenter son pays… à surveiller l’argenterie, les domestiques, et les chows-chows, sa maternité aussi… bref, le fait qu’elle est (ce que je n’ai jamais été) une vraie femme. » (Virginia Woolf en parlant de Vita Sackville-West dans son Journal, le 15 septembre 1922)

 

FRÈRES 4

 

Dans son essai autobiographique La Vie dure : Éducation sentimentale d’une lesbienne (2010), Paula Dumont parle d’un couple d’amies lesbiennes à elle, Martine et Huguette, dans lequel s’est instauré un rapport de fille/mère très prononcé : elle évoque chez Martine « son besoin de trouver une mère poule qui la protège » (p. 117). Dans le documentaire « Homos, et alors ? » de Florence d’Arthuy de l’émission Tel Quel diffusée sur la chaîne France 4 le 14 mai 2012, Charlotte appelle son amante Marion « bébé ». Dans l’essai Le Rose et le Brun (2015) de Philippe Simonnot, on nous raconte la rencontre entre Nicolaus Sombart et son amant beaucoup plus âgé que lui Carl Schmitt. « Est-ce pour cette raison qu’il a cherché en Schmitt, son amant beaucoup plus âgé que lui, un père de substitution ? Il aurait pu être son fils. » (p. 273)

 

Souvent, l’amant est aimé par la personne homosexuelle comme cette dernière imagine qu’un fils aime sa mère : « J’aimerais être nourri par vous, c’est-à-dire que j’aimerais être nourri par vous comme par ma mère. » (un patient homo dans l’article « Le Complexe de féminité chez l’homme » (1973) de Félix Boehm, Bisexualité et différence des sexes (1973), p. 442) ; « C’était une relation maternelle entre elles deux. » (Marie-Jo Bonnet parlant de la relation « amoureuse » entre Yvonne de Bray et Violette Moriss, lors de sa conférence « Violette Moriss, histoire d’une scandaleuse » le 10 octobre 2011 au Centre LGBT de Paris) ; « Je t’ai protégé de tout, probablement trop. » (Pierre Bergé s’adressant à Yves Saint-Laurent, dans la biopic « Yves Saint-Laurent » (2014) de Jalil Lespert) ; etc.

 

Cette configuration relationnelle particulière est explosive. Dans son essai Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970), Jean-Louis Chardans parle des couples lesbiens et des fréquentes « associations d’une partenaire jeune et d’une autre plus âgée » (pp. 48-49) : « Dans un cas, la personnalité de la jeune femme est étouffée, jusqu’à la rendre incapable ‘éprouver les sentiments naturels d’amour et le désir d’un foyer normal ; dans l’autre, si elle parvient à s’arracher à l’emprise de la plus âgée, elle laisse dans la vie de celle-ci un vide qui ne pourra jamais être comblé. »

 
 

e) Mon amant homosexuel est mon maître et mon Dieu :

Dans les discours de beaucoup de personnes homosexuelles, si on prête un peu l’oreille, on a l’occasion d’entendre que le verbe « aimer » est régulièrement remplacé par le verbe « adorer ». La relation d’homme à homme (ou de femme à femme) est souvent envisagée comme une relation d’Homme à Dieu : « J’aimais vraiment Alfred. Ce n’est pas assez dire que je l’aimais, je l’adorais. » (Marcel Proust en parlant d’Alfred Agostinelli, son amant qui se tua en avion, cité dans l’article « Chronologie » de Jean-Yves Tadié, dans la revue Magazine littéraire, n°350, Paris, janvier 1997, p. 22) ; « C’est une famille qui s’aime. Non. Qui ne s’aime pas ; qui s’adore. » (un amie de Francesca, parlant de la « famille recomposée » du couple lesbien Francesca-Olga + Florence l’enfant obtenue par PMA, dans le documentaire « Homos, et alors ? » de Florence d’Arthuy de l’émission Tel Quel diffuséesur la chaîne France 4 le 14 mai 2012) ; « Tout au fond de moi, je suis figée d’amour. Paralysée par l’adoration. » (Cathy Bernheim, L’Amour presque parfait (2003), p. 45) ; « Ernestito tomba à genoux devant Nacho comme il aurait pu le faire devant un saint d’une religion inconnue. » (Alfredo Arias, Folies-Fantômes (1997), p. 260) ; « Mon corps était devenu ton corps. Mais tu voulais encore et encore plus. Quoi, plus ? Je ne savais plus quoi te donner… Tu exigeais que je sois là pour toi, tout le temps. Je l’ai fait. Avec plaisir. Avec amour. Avec dévotion, je t’aimais. Je t’adorais. J’ai quitté les autres, ma vie, mon chemin dans Paris, mes projets, pour toi. » (Abdellah Taïa s’adressant à son « ex » Slimane, dans son autobiographie Une Mélancolie arabe, 2008) ; « Mon ancien camarade de classe me met sous les yeux deux photos de Janson, cinquième et quatrième, toute la classe. […] Moi, mince, l’air silencieux, innocent d’une innocence évidente. Cela m’a ému, car depuis… Et tout à coup, le visage de Durieu que j’avais oublié et qui m’a arraché un cri : un visage d’ange résolu. Silencieux aussi celui-là, on ne le voyait pas, il disparaissait, je ne pouvais pas m’empêcher de ressentir sa beauté comme une brûlure, une brûlure incompréhensible. Un jour, alors que l’heure avait sonné et que la classe était vide, nous nous sommes trouvés seuls l’un devant l’autre, moi sur l’estrade, lui devant vers moi ce visage sérieux qui me hantait, et tout à coup, avec une douceur qui me fait encore battre le cœur, il prit ma main et y posa ses lèvres. Je la lui laissai tant qu’il voulut et, au bout d’un instant, il la laissa tomber lentement, prit sa gibecière et s’en alla. Pas un mot n’avait été dit dont je me souvienne, mais pendant ce court moment il y eut entre nous une sorte d’adoration l’un pour l’autre, muette et déchirante. Ce fut mon tout premier amour, le plus brûlant peut-être, celui qui me ravagea le cœur pour la première fois, et hier je l’ai ressenti de nouveau devant cette image, j’ai eu de nouveau treize ans, en proie à l’atroce amour dont je ne pouvais rien savoir de ce qu’il voulait dire. » (Julien Green, L’Arc-en-ciel, Journal 1981-1984, avril 1981, pp. 23-24) ; etc.

 
 

f) Mon amant homosexuel est un peu tout et rien à la fois :

La relation entre amants homosexuels est en général ludiquement/amoureusement indéfinie : « Adieu aux baisers de mon tonton, pardon, de mon parrain. » (Kamel en parlant à/de son amant Christian, dans l’autobiographie Parloir (2002) de Christian Giudicelli, p. 164) ; « Manolo a toujours été mon père, mon frère, mon compagnon, mon mari, toute ma vie. » (Juan Rodríguez parlant de son copain décédé, Manolo, dans le documentaire « Católicos Gays » de l’émission Conexión Samanta sur la chaîne Play Cuatro, juin 2011) ; « Hubert fut mon ami, mon amant, le grand frère bienveillant qui m’a tant manqué lorsque j’étais enfant, et, qui sait ?, le père qui a disparu, qui sermonne et protège. » (Jean-Luc Romero, On m’a volé ma vérité (2001), p. 40) ; « Je pense à lui comme le grand frère qui m’a manqué, comme l’ami protecteur qui aurait pu m’aider. » (Kim Pérez Fernández-Figares, homme transsexuel, à propos de son amant Philippe, cité dans l’essai El Látigo Y La Pluma (2004) de Fernando Olmeda, p. 254) ; « La recherche d’un ami, d’un héritier spirituel, d’un compagnon et amant choisi à la fois pour sa beauté, son talent et sa distinction l’obsède. » (Michel Larivière parlant de l’écrivain français Robert de Montesquiou, dans le Dictionnaire des homosexuels et bisexuels célèbres (1997), p. 252) ; « Les hommes que j’érotisais ressemblaient à mon père, à mon frère surtout. » (Justin, 34 ans, abusé dès l’âge de 4 ans par son père, son oncle, et son frère aîné, cité dans l’essai Ça arrive aussi aux garçons (2008) de Michel Dorais, p. 249) ; « J’ai fini par adopter les codes des garçons : marcher comme un mec, parler comme mon père et mes frères, regarder les filles comme mon père et mes frères les regardaient, me battre avec les copains comme un vrai mâle. » (une amie lesbienne, Stéphanie, 31 ans, en 2012) ; « Pierre est un compagnon. Et il est devenu un partenaire avec le PaCS. Et ensuite il sera mon mari. » (Bertrand dans l’émission Infra-Rouge du 10 mars 2015 intitulée « Couple(s) : La vie conjugale » diffusée sur France 2) ; « Comment t’appeler ? Frère de sang ? Frère de lait ? Copain, ami, amour ? » (c.f. la chanson « Copain ami amour » de Dave) ; etc.

 

Au départ, ça a l’air « fort », ce lien amoureux qui s’étire à foison dans l’envolée lyrique (« Tu es mon Tout, mon Roi, ma Lune, mon Ciel étoilé… »), qui semble exprimer une profonde plénitude. En réalité, quand on regarde les faits et ce que vivent véritablement les amants homosexuels, on se rend compte qu’il existe une forme de compromis incestueux, d’arrangement qui ressemble à de l’amour parce qu’en apparence il contente les deux membres du couple, mais qui au final est une paix bancale : « Martine, qui cherchait désespérément la mère qui l’avait abandonnée à trois jours, m’avait rencontrée fort à propos. Sous cet angle, nous étions complémentaires, moi qui jouais le rôle de l’adulte sérieuse et responsable et elle qui était perpétuellement en quête de protection. » (Paula Dumont dans son essai autobiographique La Vie dure : Éducation sentimentale d’une lesbienne (2010), p. 231) ; « Je voudrais rapporter le cas, que j’ai pu observer récemment, d’un jeune homme, fiancé à une jeune femme de la façon la plus bourgeoise, et qui tombe amoureux d’un homme plus âgé que lui, qu’il prend de son propre aveu d’abord pour modèle, puis pour maître et enfin pour amant. Cet amant lui-même, bien que ‘purement homosexuel’, me racontera plus tard que, nullement attiré par mon malade au départ, il n’avait été intéressé que par la présence de sa fiancée et la situation triangulaire créée lors d’un dîner. Lorsque le malade, jaloux de son amant, abandonna pour lui sa fiancée, cet amant se désintéressa complètement de lui. Interrogé par moi sur les raisons de ce revirement, il me dit : ‘L’homosexualité, croyez-moi, c’est vouloir être ce que l’autre est.’ » (Jean-Michel Oughourlian cité dans l’essai Des choses cachées depuis la fondation du monde (1978) de René Girard, pp. 469-470) ; etc. En fait, ce n’est pas parce qu’il y a consentement mutuel pour s’exploiter l’un l’autre, ou pour jouer vis à vis de son partenaire un rôle qui ne nous revient pas mais qui anesthésie pour un temps les problèmes, que l’exploitation et la comédie disparaissent et cessent d’entretenir le couple homosexuel dans le mensonge identitaire. Bien au contraire ! La barque se charge petit à petit.

 

FRÈRE 6

Christopher Isherwood et Don Bachardy


 

Bien souvent, sans même qu’elle puisse en parler directement à son partenaire, la personne homosexuelle se demande quelle est sa place dans son couple, quel rôle elle joue, quelle importance elle a aux yeux de son « chéri ». Cela peut engendrer en elle un questionnement très obsédant (j’ai connu personnellement ces bouffées d’angoisse quand je me voyais infantilisé ou traité de « petit écureuil » ou de « Titi » par certains de mes ex-amants !), mais aussi très libérant si elle se pose les bonnes questions. Elle peut mesurer qu’en donnant différents masques inappropriés à son amant, elle est entrée dans une comédie amoureuse qui flatte deux narcissismes, mais qui ne permet à aucun des deux partenaires du couple homo de se sentir pleinement à sa place : « Bien élevé. Énarque. Suffisamment jeune. Suffisant riche. Suffisamment beau. Supérieur. C’est pour ça qu’avant j’avais choisi Quentin. Supérieur, il l’était dans tous les domaines, enfin c’était ce qui me semblait à l’époque. Il avait 26 ans, moi 23. Il était beau. Il savait ce qu’il y avait de meilleur. Il suffisait de le suivre. Le seul problème c’est que Quentin avait si peur des gens qu’il se sentait obligé de les détruire. Moi, je n’avais pas de moi. J’étais vide. Il me remplissait. » (Guillaume Dustan, Nicolas Pages (1999), p. 112) ; « Aux côtés d’hommes, je m’ennuie très rapidement. Même en présence d’homosexuels. Je les considère comme des pères ou frères. Je dois coucher avec des hommes qui n’affrontent pas la vie. » (cf. le mail d’un ami homo, Pierre-Adrien, 30 ans, reçu en juin 2014)

 

Beaucoup de personnes homosexuelles, en revenant sur les fonctionnements complexes de leur couple, parle de ce décalage engendré par l’accumulation de rôles, et qui surcharge la structure conjugale homosexuelle sur la durée, au point de la rendre soit impossible et non-viable, soit hyper compliquée et lourde-dingue : « J’ai tenu comme j’ai pu. J’ai arrêté de travailler. Je suis devenu une petite femme. Ta conception de la femme. Je suis devenu Saâd, ton copain d’enfance. Je suis devenu une sculpture entre tes mains. » (Abdellah Taïa parlant de son amant Slimane, dans son autobiographie Une Mélancolie arabe (2008), p. 117) Dans l’essai autobiographique La Vie dure : Éducation sentimentale d’une lesbienne (2010) de Paula Dumont, Catherine est très ambiguë et torturée avec son amante Paula, alors que pourtant elle se veut d’une grande sincérité et d’une totale franchise. On a l’impression qu’elle ne sait pas ce qu’elle veut. À la fois elle revient chroniquement vers Paula pour lui dire qu’elle l’aime d’amour (« C’est une forme d’amour, tu es de ma famille. », p. 167), mais elle refuse de lui appartenir et ne veut pas s’engager parce qu’elle ne se sent pas exactement amoureuse (« Ce que j’éprouve et éprouverai toujours pour toi, c’est de la tendresse », p. 184) Si elle fait un pas, c’est pour mieux reculer de trois pas ensuite. À quel jeu joue-t-elle ? Au fond, ce n’est pas tant qu’elle ne sait pas ce qu’elle veut, ni qu’elle serait vraiment compliquée par nature ; il y a chez elle comme un mécanisme vital de résistance à l’entreprise homosexuelle de travestissement de l’amour, un juste rejet du contrat préétabli de la félicité homosexuelle tendu par une personne en face qui la couve du regard et qui prétend l’aimer à condition qu’elle endosse la pile très pesante de masques qui ne lui vont pas : le masque de la sœur, de la bonne copine, de la mère de substitution, de la sœur, de la fille, de la maîtresse, de la déesse, de la star, de l’amie.

 

Cette indécision de l’amant homosexuel qui se dérobe, qui glisse des doigts comme un savon, et qui fait vivre les montagnes russes émotionnelles à son compagnon qui veut le faire rentrer dans son jeu de rôles incestueux/amoureux pour mieux le posséder, semble insupportable, égoïste, insensée. Mais au fond, elle vaut de l’or, car elle nous rappelle qu’on ne peut pas tricher longtemps en Amour, et que le désir homosexuel est un désir tellement « touche-à-tout d’Humanité » qu’il finit par ne plus toucher grand-chose ni grand monde.

 
 

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Code n°93 – Icare (sous-code : Chute)

Icare

Icare

 

 

NOTICE EXPLICATIVE :

 

Vertige de « l’amour »

 

rancinan-2

 

Icare, héros très connu de la mythologie grecque, ayant voulu être l’égal de Dieu et cherché en vain à voler de ses propres ailes de cire pour atteindre le soleil, apparaît de temps en temps dans les œuvres artistiques homosexuelles. Le personnage homosexuel s’identifie en effet à cette figure de l’amour déçu. Cela illustre que le désir homosexuel est à la fois un élan irréaliste, limité, particulièrement humain, orienté davantage vers la mort angéliste que vers la vie, mais aussi un signe d’orgueil démesuré. Avec lui, le risque de chute – concrète autant que sentimentale – est prévisible, sinon incontournable : on tombe homosexuellement amoureux, et on tombe tout court !

 
 

N.B. : Je vous renvoie également aux codes « Artiste raté », « Femme allongée », « Destruction des femmes », « Femme au balcon », « Animaux empaillés », « Se prendre pour Dieu », « Aigle noir », « « Un Petit Poisson, Un Petit Oiseau » », « Lunettes d’or », « Extase », « Funambulisme et Somnambulisme », « Innocence », à la partie « Pont » du code « Symboles phalliques », à la partie « Décadence » du code « Entre-deux-guerres », et à la partie « Descente aux enfers » du code « Milieu homosexuel infernal », dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels.

 
 

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FICTION

 

a) La chute (libre ?) de l’ange :

B.D. "Icare" de Moebius et Jiro Taniguchi

B.D. « Icare » de Moebius et Jiro Taniguchi


 

Dans sa prétention à vivre l’extase, à fuir sa carcasse corporelle pour devenir Dieu (cf. je vous renvoie aux codes « Se prendre pour Dieu », « « Un Petit Poisson, Un Petit Oiseau » » et « Planeur » dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels), le héros homosexuel, déguisé en oiseau mythique, souhaite souvent arriver à des hauteurs irréelles où ses fantasmes, à son grand désarroi, ne pourront pas s’incarner… à moins de forcer les choses et de les vider d’amour, comme l’a fait un certain Lucifer, prince de la lumière : cf. le roman Histoires de vertige (1920) de Julien Green, la chanson « Le Vol d’un ange » de Céline Dion, le film « Free Fall » (2013) de Stephen Lacant, le film « Dallas Buyers Club » (2014) de Jean-Marc Vallée (avec le personnage transsexuel M to F surnommé « Rayon ») ; etc. « Plus loin, plus haut, j’atteins mon astre, j’ai l’vertige de vivre. » (cf. la chanson « Vertige » de Mylène Farmer) ; « Je suis né dans le soleil. » (le héros de la pièce L’Autre monde, ou les états et empires de la lune (1650) de Savinien de Cyrano de Bergerac) ; « Notre enfant n’a pas de sexe, il est le fils de la Terre, elle-même fille de la lumière. » (Ahmed et Lou en parlant de leur bébé, dans la pièce Les Escaliers du Sacré-Cœur (1986) de Copi) ; « Ça a commencé toute petite. Quand j’étais petite je ne voulais surtout pas être actrice. Je voulais être dieu. Je voulais être une super-héroïne. Une sorte de comics… une sorte de rêve éveillé pour vous, une sorte de muse, d’enchantement pour vos yeux… Ce soir, je suis dieu. Puisque c’est moi qui dis. Et comme ce soir c’est celui qui dit qui est… Chacun pense ce qu’il veut, mais moi je sais qui je suis… Je suis dieu. […] Comment vous convaincre que je suis dieu ? […] Je peux tout demander, ça arrive. Je peux faire qu’il pleuve sur cette scène (didascalies : un bruit de fond et un jeu d’eau)… Je peux faire le soleil, je SUIS le soleil. » (Lise dans la pièce La Fesse cachée (2011) de Jérémy Patinier) ; « Et toi, t’étais assis dans ce rayon toute la journée. Je me souviendrai longtemps de ce rayon. » (Rudolf parlant de son amant Pierre, dans le film « Boys Like Us » (2014) de Patric Chiha) ; « La plus grande chute est celle qu’on fait du haut de l’innocence. » (Merteuil dans la pièce Quartett (1980) d’Heiner Müller) ; « Vous êtes une fille étrange. Tombée du ciel. » (Carol, l’héroïne lesbienne s’adressant à son amante Thérèse, dans le film « Carol » (2016) de Todd Haynes) ; « Mon ange. Tombé du ciel. » (idem) ; etc.

 

Par exemple, dans le film « La Vie d’Adèle » (2013) d’Abdellatif Kechiche, pour draguer « poétiquement » Adèle en boîte, Emma feint de donner la signification étymologique du prénom « Adèle », et le premier mot qui lui sort, c’est « Soleil » ; ensuite, après être sorties ensemble, les baisers lesbiens que s’échangent les deux filles se font sur fond solaire ; leur liaison finira par capoter. Dans le film « Hoje Eu Quero Voltar Sozinho » (« Au premier regard », 2014) de Daniel Ribeiro, Léo, l’un des deux héros homosexuels, s’est pris des coups de soleil. Dans le film « Call me by your name » (2018) de Luca Guadagnino, Oliver lit Les Fragments cosmiques d’Héraclite.

 

Certains personnages homosexuels semblent buter contre une paroi solide ou un mur invisible (la paroi de leur vitrine narcissique ?) qui les empêche d’aller plus haut. « Et c’est ainsi que l’on se cogne au plafond. » (Madame de Polignac, l’amante secrète de la Reine Marie-Antoinette, dans le film « Les Adieux à la Reine » (2012) de Benoît Jacquot) ; « La mouette entre par la fenêtre et vient se cogner contre un meuble. » (cf. les didascalies de la pièce La Tour de la Défense (1974) de Copi)

 

Par exemple, dans la pièce La Dernière Danse (2011) d’Olivier Schmidt, Jack, le célèbre danseur étoile homosexuel, découvre dans les journaux son destin d’Icare, suite à son éjection de l’Opéra et à son envoi en retraite anticipée : « Jack Spencer, après avoir touché la lune, touche le fond. »

 
 

b) L’oiseau humain foudroyé en plein vol :

Le héros homosexuel s’écrase parfois comme un oiseau touché par la foudre (ou par le coup de foudre) : cf. le film « L’Oiseau de feu » (1970) de Maurice Béjart, le roman Les Aigles foudroyés (1997) de Frédéric Mitterrand, le roman Les Mouettes volent bas (1995) de Joseph Hansen, etc.

 

« Qui arrête les colombes en plein vol, à deux au ras du sol ? Une femme avec une femme. » (cf. la chanson « Une Femme avec une femme » de Mecano) ; « Moi, mon père est mort dans un accident d’avion. » (Vincent, l’un des héros homosexuels du film « Les Yeux fermés » (2000) d’Olivier Py) ; « Comme un igloo farouche et empesé, ultracivilisé, j’me tiens bien en surface. Mais qui me foudre et qui me branle bas, se lâcher sans effroi pour le grand don de soi. Je déconne, vos idées sur le bien m’assomment. Je ne crains plus le regard de personne. À cette fièvre je m’abonne pour découvrir où l’amour se love. Un doux poison dans la fibre nerveuse qui me met en deçà en dessous mais au-dessus. Étrange flux, vertige ascensionnel qui pénètre mes sens et s’y diffuse jusqu’au ciel. […] Comme un igloo électrocuté qui fond sous ta chaleur, combustion assurée. Je mets au clou tous mes préjugés, abondance d’émois n’a jamais rien gâté. Je me la surdonne. » (cf. la chanson « Comme un igloo » d’Étienne Daho) ; « Oh, la mouette, là-bas ! Elle tourne autour du feu ! Hé, la mouette ! Connasse ! Elle va se brûler ! Elle est comme un papillon qui va s’écraser contre le feu ! » (cf. une réplique de la pièce La Tour de la Défense (1974) de Copi) ; « Elle voulait toucher le soleil. Rien ne sera pareil, perdu dans son sommeil. Et puis les nuages étincellent sur des étangs de miel, et mes larmes s’emmêlent. J’ai toujours su qu’elle allait partir en fumée. […] Au bord du quai, doucement elle a sauté. Ses cheveux, lentement, dans l’eau ont flotté. » (cf. la chanson « Soleil d’hiver » de Niagara) ; « Ces petites plumes voletaient dans les rayons du soleil… » (Jarry évoquant son petit canard « Canardo » dans le one-man-show Entre fous émois (2008) de Gilles Tourman) ; « Elle est libre, elle a deux vies mais pas de chance. Pas d’équilibre, mais elle fait de son mieux, elle penche. Aimer et fondre l’or, faire de la mort une immortelle, rêver jusqu’à l’aurore, aimer encore, gagner le ciel. » (cf. la chanson « Lonely Lisa » de Mylène Farmer) ; « Ça brûle tellement le monde qu’on se jette en parallèle, ça brûle tellement qu’on cherche à se fondre. » (l’Actrice dans la pièce Parano : N’ayez pas peur, ce n’est que du théâtre (2011) de Jérémy Patinier) ; etc.

 

Tableau "Bird Wing" de Matt Mahurin

Tableau « Bird Wing » de Matt Mahurin


 

Dans les œuvres de fiction traitant d’homosexualité, il est d’ailleurs très souvent fait référence au personnage mythologique grec d’Icare, cet humain qui a voulu atteindre vainement le soleil avec ses ailes de cire, et qui en est mort, comme un ange déchu : cf. la pièce Une Rupture d’aujourd’hui (2007) de Jacques-Yves Henry, le roman El Salto Del Ángel (1985) d’Eduardo Mendicutti, le film « Flying With One Wing » (2004) d’Asoka Handagama, le roman El Palomo Cojo (1991) d’Eduardo Mendicutti, la pièce Les Amers (2008) de Mathieu Beurton (avec le personnage de Kévin), le film « Vingarme » (1916) de Mauritz Stiller, le film « Herme’s Bird » (1979) de James Broughton, le tableau Les Griffes du dormeur (1995) de Michel Giliberti, le tableau Envol d’elle (1995) de Michel Giliberti, le roman Un Ange est tombé (2000) de Claude Neix, le tableau Icare (2003) de Philippe Peseux, la pièce Confidences entre frères (2008) de Kevin Champenois, la pièce Nietzsche, Wagner, et autres cruautés (2008) de Gilles Tourman, le ballet Alas (2008) de Nacho Duato, le poème « Icare rime avec choir » (2010) de Steven, le roman Les Bagages d’Icare (1991) de Joseph Bialot, la B.D. Icare (2005) de Jirô Tanigushi et Moebius (avec des scènes d’homosexualité), la pièce Le Choc d’Icare (2013) de Muriel Montossey, etc.

 

« Les ailes vous en tombent. Plombé en plein vol, déplumé, le peu d’espoir qui reste. Sans plus rien dans le dos pour redresser la dégringolade, l’oiseau mystique s’affale à voir ces ignares égarés, tronçonneuse en mains, saccager les plus belles forêts de métaphores de l’humaine création. » (Vincent Garbo, le narrateur se parlant à lui-même à la deuxième personne du pluriel, dans le roman éponyme (2010) de Quentin Lamotta, p. 19) ; « En époussetant le buffet qui se trouve dans le salon, je fais tomber un bibelot. Une petite statuette en bronze qui représente un personnage ailé et qui heureusement touche le parquet sans s’ébrécher. » (Théo, le narrateur du roman À mon cœur défendant (2010) de Thibaut de Saint-Pol, p. 68)

 

Par exemple, dans la pièce Un Mariage follement gai ! (2008) de Thierry Dgim, Marcy, l’héroïne lesbienne, se compare à un oiseau qui s’écrase au sol. Dans le film « Footing » (2012) de Damien Gault, Marco, le protagoniste gay, chute dans la benne à ordures en déchargeant un chauffe-eau : « J’adore tomber dans les bennes à ordures » dit-il ironiquement à son père qui lui reproche sa maladresse ; Marco vit le syndrome homosexuel du poignet cassé : « J’ai un peu mal au poignet, mais ça va. » Dans la pièce Mon frère en héritage (2013) de Didier Dahan et Alice Luce, Alex, le héros hétéro, fait une blague (inachevée) sur un « pédé qui fait un saut en parachute ». Dans la pièce La Journée d’une rêveuse (1968) de Copi, les cinq hommes-oiseaux – qui sont en réalité les facteurs – tombent du chêne au fur et à mesure ; un peu plus tard, le « vrai facteur » nous apprend qu’« un boeing s’est écrasé dans le Colorado » et qu’il a « brûlé ».

 

Bien souvent, le personnage homosexuel effectue une grosse chute (elle lui est quelquefois fatale) : cf. le film « Memento Mori » (1999) de Kim Tae-yong et Min Kyu-dong (avec la chute suicidaire de Hyo-Shin), le film « L’Ennemi naturel » (2003) de Pierre-Erwan Guillaume (avec la chute mortelle de Nicolas Luhel du haut d’une falaise), le roman Un Garçon d’Italie (2003) de Philippe Besson (avec Luca, tombé mortellement dans l’Arno), le film « Fotostar » (2002) de Michele Andina (avec Jonas qui a fait une chute mortelle dans un précipice montagneux), le film « Accatone » (1961) de Pier Paolo Pasolini, le film « Nés en 68 » (2008) d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau, le film « Un Amour à taire » (2005) de Christian Faure (avec Philippe tombant du haut de la cage d’escalier), la chanson « L’Amour n’est rien » de Mylène Farmer, le film « Je t’aime toi » (2004) d’Olga Stolpovskay et Dmitry Troitsky (avec la chute de l’acrobate Ulumji sous les roues de la voiture de Timofei), le film « Thelma et Louise » (1991) de Ridley Scott (avec les deux amantes fugitives qui se jettent dans le ravin), le film « Thomas trébuche » (1998) de Pascal-Alex Vincent, le spectacle musical Un Mensonge qui dit toujours la vérité (2008) d’Hakim Bentchouala (avec la chute de Maxime), le film « Prayers For Bobby » (« Bobby, seul contre tous », 2009) de Russell Mulcahy (avec le suicide de Bobby par une chute sur la quatre voies), le vidéo-clip de la chanson « Don’t Tell Me » de Madonna (avec la chute à cheval), le vidéo-clip de la chanson « Libertine » de Mylène Farmer, le roman Accointances, connaissances, et mouvances (2010) de Denis-Martin Chabot (avec la chute en vélo de Marcel Cantin, l’un des héros homosexuels), le film « Au ras du sol » (2012) de Filippo Demarchi, etc. Par exemple, dans le film « Sils Maria » (2014) d’Olivier Assayas, Henryk, à propos du personnage lesbien d’Helena, remarque qu’« Helena est fascinée par sa propre chute ». Dans le film « Love Is Strange » (2014) d’Ira Sachs, Ben le peintre homo peignant sur les toits de Manhattan, fait une chute dans l’escalier après avoir réalisé sa plus belle toile. Dans le film « Portrait de la jeune fille en feu » (2019) de Céline Sciamma, Héloïse, l’héroïne lesbienne qui fuit son mariage hétérosexuel, a pour habitude de courir au bord de la falaise pour s’y jeter : « Ça fait des années que je rêve de faire ça. » Dans le film « Plus on est de fous » (« Donde caben dos », 2021) de Paco Caballero, Raul, le héros gay, a chuté par terre et s’est fracturé le nez lorsque son mec l’a quitté.

 

« Soudain, je le savais, je m’y attendais, le sol s’ouvre sous mes pieds. Le Roi rit plus fort. La salle, toute la salle, l’imite alors. Je tombe… Je tombe… Je tombe dans l’abîme. Je quitte la terre. Je rejoins les ténèbres. Avant le monde. Le noir pour toujours. Je suis aveugle. Une voix m’accompagne dans cette chute interminable, cette mort seul. Vers l’enfer éternel. ‘Bye-bye… Tu n’es plus marocain… Bye-bye… Tu n’as plus de père… bye-bye… Tu n’as plus de Roi…’ Je suis toujours dans la chute. J’ai peur. J’ai peur. » (Khalid, l’un des héros homosexuels du roman Le Jour du Roi (2010) d’Abdellah Taïa, pp. 21-22) ; « Je serais immanquablement tombé. » (Lacenaire dans la pièce éponyme (2014) de de Franck Desmedt et Yvon Martin) ; « Jane perdit l’équilibre. Pendant un moment étourdissant, elle sentit le poids de la gravité, le néant entre elle et le sol, et elle se représenta parfaitement sa chute à la renverse dans l’escalier. » (Jane, l’héroïne lesbienne du roman The Girl On The Stairs, La Fille dans l’escalier (2012) de Louise Welsh, p. 122) ; « Anna bascula et tomba dans la cage d’escalier. Elle se cogna au mur une fois dans sa chute, puis atterrit sur le sol avec un bruit sourd discret et définitif. » (idem, p. 245) ; « T’as basculé, en fait. » (Stan s’adressant à Ninon, l’hétérosexuelle qui est en train de virer sa cutie, dans la pièce Les Favoris (2016) d’Éric Delcourt) ; « Arthur est tombé, tombé, tombé. » (Hall parlant de son frère homo Arthur, dans le roman Harlem Quartet (1978) de James Baldwin, mis en scène par Élise Vigier en 2018) ; etc.

 

On retrouve souvent le motif de la chute d’eau dans les œuvres homo-érotiques : cf. la pièce L’Ombre de Venceslao (1999) de Copi (avec les chutes d’Iguazú), le film « Le Zizi de Billy » (2003) de Spencer Lee Schilly (avec les chutes du Niagara), le film « Happy Together » (1997) de Wong Kar-Wai, etc. « Aujourd’hui, les enfants, nous allons étudier les chutes d’eau, annonça Mrs Thaityallam. Je veux que vous tiriez un trait vertical dans vos cahiers. D’un côté, inscrivez ‘cascade’ et de l’autre ‘chutes d’eau’. » (Abha Dawesar, Babyji (2005), p. 56)

 

La chute – notamment celle de la reine carnavalesque aussi vite détronisée qu’elle avait été intronisée – est un leitmotiv de la fantasmagorie homosexuelle : cf. le film « Les Adieux à la Reine » (2012) de Benoît Jacquot (avec Sidonie Laborde, la conteuse lesbienne qui trébuche dans sa robe), le film « The Hours » (2003) de Stephen Daldry (avec la défenestration), le film « Chloé » (2009) d’Atom Egoyan (avec la chute finale de Chloé, l’héroïne lesbienne), le film « Los Abrazos Rotos » (« Étreintes brisées », 2009) de Pedro Almodóvar (avec Lena chutant dans les escaliers), le roman La Hora De La Caída (L’Heure de la chute, 1912) d’Antonio de Hoyos, la pièce L’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer (1967) de Copi (avec Irina qui s’est cassée une jambe en tombant dans l’escalier), etc. Par exemple, dans la pièce Les Gens moches ne le font pas exprès (2011) de Jérémy Patinier, le personnage de Lourdes, la Marilyn Monroe obèse, chute sans arrêt : « On n’est pas toujours en équilibre avec son corps. […] Encore un mythe qui s’écroule. » Dans la comédie musicale Se Dice De Mí En Buenos Aires (2010) de Stéphan Druet, le transsexuel M to F Octavia se casse la figure dans les escaliers. Dans le one-(wo)-man show Désespérément fabuleuses : One Travelo And Schizo Show (2013) du travesti M to F David Forgit, le comédien se ramasse plusieurs fois sur scène, et ce, dès l’entrée (et ce n’est pas un hasard si la chanson « Tombé du ciel » de Jacques Higelin sert d’intermède). Dans le film « Xenia » (2014) de Panos H. Koutras, Ody dévale les escaliers en même temps qu’il écoute à fond sa chanteuse italienne préférée (et tragédienne) dans les oreilles.

 

La chute, toute accidentelle qu’elle puisse paraître, peut être le fruit d’un désir inconscient sublimé par l’esthétique ou le sentiment. Le héros homosexuel tombe de sa chaise comme il tombe amoureux : cf. le roman Une Chute infinie (2009) de Mohamed Leftah, le film « Miracle de la chute » (2008) de Denis Guéguin, le film « Chute libre » (1993) de Joel Schumacher, etc. « J’suis hétéro. J’ai dérapé. J’allais pas bien. Il était là. » (Didier, l’un des deux héros homosexuels de la pièce À quoi ça rime ? (2013) de Sébastien Ceglia) ; « Qu’y a-t-il de plus beau qu’une chute ? Qu’un beau destin raté ? » (Denis D’Arcangelo dans la pièce Le Cabaret des hommes perdus (2006) de Christian Siméon) ; « Dans l’escalier, vais-je me décider à m´laisser monter,monter… monter l´envie de…tomber. » (cf. la chanson « Dans l’escalier » d’Élodie Frégé) ; « Laure et Lise s’enlisent encore. » (cf. la chanson « Laure et Lise » de Renaud Hantson) ; « Au fond, seule issue protégée par une barrière extensible, un escalier en colimaçon grimpait jusqu’au grenier. J’attendis que les employés bleus eussent atteint le point le plus éloigné de leur boustrophédon, et le trou béant m’engloutit à mon tour. » (le narrateur homosexuel de la nouvelle « Au musée » (2010) d’Essobal Lenoir, p. 109) ; « Je te pousserai de la falaise. » (Hervé Nahel lors de son concert parisien au Sentier des Halles, le 20 novembre 2011) ; « Une dégringolade sans splatch. Vincent Garbo tombait, tombait et sentait que rien ne l’arrêtait. C’est pour ça qu’il écrit, sûrement. Pour calmer le tournis et l’effet de brouillage qu’en la chute le défilement haut en bas du décor impose à sa vue. » (Quentin Lamotta, Vincent Garbo (2010), p. 16) ; « C’est toujours drôle, les gens qui tombent, surtout les vieux. » (Jean-Paul, le dandy homosexuel du film « On ne choisit pas sa famille » (2011) de Christian Clavier) ; « Je tombe déjà du haut de la falaise. » (la figure de Sergueï Eisenstein, homosexuel, dans le film « Que Viva Eisenstein ! » (2015) de Peter Greenaway) ; « Quand j’ai vu Patrick, littéralement, je me suis vautré dans l’escalier. » (Hugo, le héros gay, dans le téléfilm « Un Noël d’Enfer » – « The Christmas Setup » – (2020) de Pat Mills) ; etc. Par exemple, dans le film « Children Of God » (« Enfants de Dieu », 2011) de Kareem J. Mortimer, le saut de la falaise est voulu comme une métaphore du saut vers l’amour vrai. Johnny ose finalement se jeter dans le vide pour rejoindre son Roméo.

 

Les sentiments du personnage homosexuel semble obéir à la loi de la gravité, mais une gravité pas du tout ascensionnelle ni positive : il s’agit plutôt d’une gravité abyssale. Par exemple, dans le film « La Mouette » (1996) de Nils Tavernier, Valéria, au moment de déclarer sa flamme, dit à Laurence : « Laurence… J’ai peur de tomber… ». Laurence lui demande étonnée : « De tomber ? » Valéria finit : « …de tomber amoureuse. »

 

Dans le roman L’Amant des morts (2011) de Mathieu Riboulet – racontant comment Jérôme s’est fait violer par son propre père –, Jérôme, le héros homosexuel, tombe amoureux de son voisin de pallier précisément quand il voit chuter ce dernier dans les escaliers (À l’antenne de l’émission Homo Micro sur Radio Paris Plurielle, le 28 mars 2011, l’auteur en personne qualifie cette chute de « révélation visuelle », quasi érotique…).

 

La chute gravitationnelle est le contre-coup des montagnes russes que font vivre les sentiments amoureux homosexuels : « Dès lors, Stephen [l’héroïne lesbienne] pénétra dans un monde complètement nouveau, qui tournait sur l’axe de Collins [l’amante]. C’était un monde plein de continuelles et émouvantes aventures : des ivresses, des joies, d’incroyables tristesses, mais aussi un bel endroit pour s’y précipiter, comme un papillon qui courtise une chandelle. Les jours allaient de haut en bas ; ils ressemblaient à une balançoire qui s’élève au-dessus du faîte des arbres, puis retombe dans les profondeurs, mais rarement, sinon jamais, tient le milieu. » (Marguerite Radclyffe Hall, The Well Of Loneliness, Le Puits de solitude (1928), p. 27) ; « Dans les escaliers, je demande ‘Mais nous deux, on est quoi ? Des amants ? Un couple ?’ Il me regarde en levant les yeux au ciel. » (Mike à son amant Léo dans le roman Des chiens (2011) de Mike Nietomertz, p. 100) ; « Je suis tombé avec toi dans un puits sans fond. » (William s’adressant à son amant Georges, dans la pièce Sugar (2014) de Joëlle Fossier) ; etc. Par exemple, dans le film « Boys Like Us » (2014) de Patric Chiha, Rudolf, homosexuel, écrit un roman dans lequel il se met dans la peau de sa grand-mère, une femme des hauteurs : « Elle regarde la vallée. Son village est minuscule vu d’ici. » L’échappée intérieure (et surtout narcissique) de Rudolf s’achève en larmes devant la vitre de sa fenêtre, et sur un défilement d’images de chutes (saut d’un plongeoir, saut à ski, chute en tire-fesses…). Le héros saute lui-même de sa fenêtre.

 

Plus qu’un motif esthétique, la mention d’Icare dans les œuvres homosexuelles désigne le désir homosexuel comme un fantasme d’inceste ou de viol, voire un désir diabolique : « Emmène-la au sommet. Je veux la voir tomber de haut. » (Vera l’héroïne lesbienne machiavélique s’adressant à son amante Lola par rapport à Nina, la maîtresse de celle-ci, dans la pièce Géométrie du triangle isocèle (2016) de Franck d’Ascanio) ; « Malcolm [l’amant d’Adrien] se leva et fit signe à Adrien de le suivre. Il le conduisit dans une petite pièce adjacente. Il alluma la lumière et tendit le bras : ‘Regarde, c’est beau non ? Tu vois, ça c’est celui je préfère !’ Adrien s’approcha. Un enfant dont le visage n’était pas vraiment celui d’un enfant, plutôt celui d’une créature sortie d’un monde fantastique, mi-homme mi-volatile, chevauchait une bicyclette aux roues enflammées. La chevelure abondante, prise au vent, ressemblait à un plumage d’oiseau. Le plumage d’oiseau qui vole à contresens. Le rouge et l’orange dominaient. » (Hugues Pouyé, Par d’autres chemins (2009), p. 30) ; « Ça doit être mon père qui m’a fait ainsi ! Il était trop beau lui aussi ! Comme un gamin-papillon, j’étais fasciné par sa beauté d’homme solitaire. Peut-être que je m’y suis brûlé les ailes ! Je devrais jeter toutes ces photos que j’ai de lui ! Cesser de penser que j’aurais hérité de lui cette attirance pour les garçons. Un désir refoulé qu’il m’aurait transmis en quelque sorte. Et tout cela, parce qu’il nous prodiguait, à moi et à mon petit frère, la tendresse de la mère perdue. » (Adrien, le narrateur homosexuel, op. cit., p. 60) ; « Je refais le rêve du cirque. Si… tu sais bien… le numéro de trapèze. Mon père, ma mère et moi… » (la psy racontant sa chute avec ses parents, dans le one-woman-show Psy Cause(s) (2011) de Josiane Pinson) ; « Accrochez-vous à vos rêves très fort. Car si les rêves meurent, la vie n’est qu’un oiseau aux ailes cassées qui ne peut pas voler. » (Adam, le héros homo citant Langston Hughes, dans l’épisode 6 de la saison 1 de la série Sex Education (2019) de Laurie Nunn) ; etc.

 

À en croire le héros homosexuel, chuter, c’est comme succomber à la tentation : cf. le vidéo-clip de la chanson « Que mon cœur lâche » de Mylène Farmer (avec la thématique de l’ange déchu), le film « La Caída De Sódoma » (« La Chute de Sodome », 1976) de Pedro Almodóvar, la pièce La Descente d’Orphée (1957) de Tennessee Williams, le film « Paradis perdu » (1939) d’Abel Gance, le film « Prinz In Hölleland » (« Prince en enfer », 1992) de Michael Stock, etc. Mais cette tentation, visiblement, fournit quand même quelques compensations qui font oublier pour un temps sa violence : « Mais j’ai glissé avec délice… Certes ! » (cf. la chanson « Les Attractions-désastre » d’Étienne Daho) ; « Si je dois tomber de haut, que ma chute soit lente. » (cf. la chanson « Désenchantée » de Mylène Farmer) ; « Cette pente était si belle. N’allez pas regretter. La descente était de celles qu’on ne peut éviter. J’ai succombé à cette avalanche. » (cf. la chanson « La Pente » des Valentins) ; etc. Par exemple, dans la pièce Dépression très nerveuse (2008) d’Augustin d’Ollone, il est question de « l’orgasme de la chute libre ».

 

La réalité de la chute est en général une issue tragique : elle se matérialise soit par une mort physique, soit par une mort identitaire (= schizophrénie, transidentité). « J’avais l’impression qu’une partie de moi était tombée par terre, et l’autre accrochée en haut de l’arbre. » (Damien, le héros travesti M to F, dans le pièce Brigitte, directeur d’agence (2013) de Virginie Lemoine) Par exemple, dans le film « Cloudburst » (2011) de Thom Fitzgerald, Stella fait tomber son amante Dotty de leur lit « conjugal », et la chute se révèlera, sur la durée, grave et mortelle. Dans le film « Camionero » (2013) de Sebastián Miló, Randy meurt après une chute volontaire et suicidaire. Dans le film « Call me by your name » (2018) de Luca Guadagnino, les personnages homos se cassent la gueule : Oliver tombe à l’horizontale dans le plan d’eau, il tombe également à vélo et se fait une entaille dans l’aine, et à la fin lui et son jeune amant Elio vont voir les chutes d’eau.

 
 

FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION

 

PARFOIS RÉALITÉ

 

La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :

 
 

a) La chute (libre ?) de celui qui se prend pour un ange :

Dans leur prétention à vivre l’extase, à fuir leur carcasse corporelle pour devenir Dieu (cf. je vous renvoie aux codes « Se prendre pour Dieu », « « Un Petit Poisson, Un Petit Oiseau » » et « Planeur » dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels), certains individus homosexuels, déguisés mentalement en oiseau mythique, souhaitent souvent arriver à des hauteurs irréelles où leurs fantasmes, à leur grand désarroi, ne pourront pas s’incarner… à moins de forcer les choses et de les vider d’amour, comme l’a fait un certain Lucifer, prince de la lumière. « Sur la scène par exemple, la chemise du danseur espagnol avec ses manches si abondantes font penser à des ailes. Tout le monde décide que c’est un efféminé. Mais pour moi, ces manches sont un signe de cette nécessité d’un supplément, qui s’exprime ici par un excès de tissu et de fronces. Cette façon d’envisager la vie, personne ne doit l’arrêter. Quand on doit donner, on donne. La mère du danseur a tout fait pour stopper l’élan généreux de son fils. » (Alfredo Arias, Folies-fantômes (1997), p. 161) ; « En enfant de bourgeois éclairés, j’avais été élevée dans l’idée que tout m’était possible. Et chaque renoncement me faisait dégringoler d’un échelon dans l’estime de moi-même. Quand je pense que mon livre préféré de Camus était La Chute ! » (Cathy Bernheim, L’Amour presque parfait (2003), p. 74)

 

La hauteur désincarnée de la mégalomanie donne parfois le vertige, au sens propre comme au sens figuré et existentiel : cf. je vous renvoie à l’autobiographie Impotens Deus (2006) de Michel Bellin.

 
 

b) L’oiseau humain foudroyé en plein vol :

Icare foudroyé

Icare foudroyé


 

Et fatalement, la chute peut arriver ! Curieusement, dans le discours d’un certain nombre de personnes homosexuelles, il est parfois fait référence au personnage mythologique grec d’Icare. Je vous renvoie aux photographies d’homme-oiseau de Jacques Crenn. Par exemple, la romancière lesbienne Marguerite Yourcenar débuta sa carrière littéraire par un drame en vers, Icare (devenu par la suite Le Jardin des Chimères en 1921). Dans la biographie Saint Genet (1952), Jean-Paul Sartre évoque un certain « complexe d’Icare » (p. 127) chez l’écrivain homosexuel Jean Genet, c’est-à-dire l’existence d’un dynamisme de la chute, et la vanité d’un orgueil. Par ailleurs, une lecture homo-érotique sur l’androgynie « Renaissance » de l’Icare de Philippe Desportes a déjà été faite. Je vous renvoie également au site suivant sur Icare.

 

Il n’est pas anodin que dans leur quête amoureuse et vitale, certains sujets homosexuels se comparent à des jumeaux d’Icare, au destin prométhéen : « Je convergeais aux alentours de la maison, tel un aigle sans repères, en me rafraîchissant le visage brûlé par le soleil […]. » (Berthrand Nguyen Matoko, Le Flamant noir (2004), p. 76) ; « J’ai commencé à faire bouger mes p’tites ailes. Des p’tites ailes qui sont devenues démesurées. » (Thérèse, une femme lesbienne de 70 ans, en parlant de mai 1968 et de sa découverte de la pratique homosexuelle, dans le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz)

 

La chute – notamment celle de la reine carnavalesque aussi vite détronisée qu’elle avait été intronisée – est un leitmotiv de la fantasmagorie homosexuelle, très axée sur la reproduction des icônes de la féminité fatale (supposées « belles dans la chute »), de la décadence bourgeoise, ou des amours romantiques qui vont decrescendo. Par exemple, à ce jour, le roman La Chute (1956) d’Albert Camus est un de mes romans préférés.

 

 

L’attrait homosexuel pour la chute, toute accidentelle qu’elle puisse paraître, peut être le fruit d’un désir inconscient de (faire) tomber, sublimé par l’esthétique ou le sentiment (exemple : Laura Ingalls chutant dans sa prairie). Les personnes homosexuelles tombent de leur chaise comme elles tombent amoureuses ou comme elles découvrent les ambiguïtés de leur désir homosexuel.

 

Par exemple, dans son autobiographie Libre : De la honte à la lumière (2011) (titre ô combien icarien !), Jean-Michel Dunand raconte « l’incident de l’escalier » quand il était au collège, à savoir l’outing surprenant dont il a fait les frais : il s’est fait insulter de « pédé » par un camarade, devant tout le monde. La chute, ici, c’est la honte : c’est à la fois la révélation de l’homosexualité et l’acte homophobe : « J’aurais tellement souhaité disparaître de la surface de la terre, me fondre dans le béton des marches de l’escalier et ne plus exister. » (p. 22)

 

Et en amour, les sentiments des personnes homosexuelles semblent obéir à la loi de la gravité, mais une gravité pas du tout ascensionnelle ni positive au final. Il s’agit plutôt d’une gravité abyssale : « Vous avez un diamant brut [= l’amant] dans les mains et ça ne sert à rien de brusquer les choses, you know the drill, il suffit de tenir sur le cheval et lui montrer que vous lui faites confiance en serrant bien les jambes pour lui montrer que vous êtes bien en équilibre sur la selle et de là haut vous voyez bien, au loin, vous regardez l’horizon et le cheval vous suit mais en fait c’est lui qui fait tout le travail. Ça vous revient naturellement, après toutes les chutes du passé quand le cheval s’emballe parce qu’il a peur ou qu’il veut vous tester mais là c’est pas la peine car il est sympa et il voulait une promenade lui aussi… » (cf. l’article « Moi vs le Roi des rois » de Didier Lestrade, publié sur son blog, en mai 2012)

 

Pièce "Les Oiseaux" d'Icare

Pièce « Les Oiseaux » d’Icare


 

Plus qu’un motif esthétique, la mention d’Icare dans les discours des sujets homosexuels tend à désigner le désir homosexuel comme un fantasme d’inceste ou de viol, voire un désir de mort : « Je redoutais cependant, que seul l’avenir, sans appel, perdit ses perspectives comme un oiseau en plein vol, qui perd son altitude pour s’écraser sur une surface bitumée. » (Berthrand Nguyen Matoko par rapport à son refus de la proposition d’un « travail » de prostitué, dans son autobiographie Le Flamant noir (2004), p. 118)

 

Certains militants pro-gay appellent leurs chutes amoureuses ou existentielles « homophobie » pour ne pas analyser les trous d’air et les dépressions icariennes du couple homosexuel en général… mais ils nous mettent quand même en garde contre la chute vers laquelle il peut entraîner l’individu qui s’y adonne. Par exemple, en regardant le docu-fiction « It Could Happen To You » (« Ça pourrait vous arriver », 2011) de Shane Crone Bitney, on a l’impression que la mise en garde concerne la menace homophobe ; en réalité, Tom Bridegroom, l’un des deux amants, est mort en faisant une chute mortelle en tombant d’un toit ; la fin du couple n’a rien à voir avec l’homophobie ni avec l’homosexualité en elle-même. Elle est, je crois, indirectement liée à l’histoire des couples homosexuels, et au désir homosexuel essentialisé et actualisé.

 

 

La crainte esthétisée de la chute est typique de la bourgeoise ou du bourgeois décadent (décadent = qui tombe), qui vit dans la superficie, le paraître, la vanité du libertinage.

 
 

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Code n°159 – Se prendre pour Dieu (sous-codes : Transsexuel divin / Pied cassé / Divine)

se prendre pour Dieu

Se prendre pour Dieu

 

NOTICE EXPLICATIVE

 

Le fameux « Orgueil gay », parlons-en, justement ! (et pas seulement dans le sens hispanique ou anglosaxon du terme « orgueil ») Socialement, beaucoup de personnes homosexuelles se prennent pour des modèles d’humilité, des victimes immaculées de l’ignoble Monstre homophobe. Mais qu’en est-il vraiment dans les faits et les mots ? Exactement le contraire. Elles veulent se faire passer pour les nouveaux Christs. Par complexe d’infériorité, par énorme manque d’humilité, par gros manque d’amour.

 

DIEU Gays for God

 

Pourquoi l’homosexualité pose-t-elle tant problème à notre société ? Pourquoi les actes homosexuels sont-ils décrits comme une « abomination » dans la Bible ? Pour une raison toute simple : ils sont signes de blasphème, d’un orgueil humain démesuré. Pour Dieu, mais aussi pour n’importe quel être humain (même athée), il n’y a pas de plus grand mal que de se prendre pour Dieu alors qu’on ne l’est pas (nous ne sommes que des dieux en miniature, des créatures), de vouloir échapper à sa condition et à ses limites humaines, de nier son statut de créature et de s’auto-proclamer Créateur. C’est le péché d’orgueil d’Adam que de s’être cru maître de lui-même, de partir de sa petite subjectivité humaine pour décider de ce qui est bon ou mauvais pour lui et pour le monde, d’avoir renoncé au chemin de perfection proposé par Dieu sous prétexte d’être humble et réaliste. Et c’est exactement ce que reproduisent la plupart des membres de la communauté homosexuelle, qui proposent actuellement un christianisme laïcisé qui s’appelle tantôt Queer, tantôt Gender et surtout « sentiment amoureux ».

 

Regardons donc maintenant en face le véritable Orgueil homosexuel !

 
 

N.B. : Je vous renvoie également aux codes « Super-héros », « Se prendre pour le diable », « Moitié », « Éternelle jeunesse », « Planeur », « Homosexuels psychorigides », « Extase », « Tout », « Quatuor », « Homme invisible », « Frère, fils, père, amant, maître, Dieu », « Poupées », « Frankenstein », « « Plus que naturel » », « Attraction pour la ‘foi’ », « Mère Teresa », « Curé gay », « Innocence », « Vierge », « Lunettes d’or », « Icare », « Magicien », « Femme au balcon », « Amant diabolique », « Blasphème », « Jardins synthétiques », « Bobo », « « Je suis différent ! » », à la partie « Divin artiste » du code « Pygmalion », à la partie « Désir est considéré comme un dieu » dans le code « Désir désordonné », à la partie « Saint Sébastien » du code « Adeptes des pratiques SM », et à la partie « Peur de la sexualité » du code « Symboles phalliques », dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.

 

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1 – PETIT « CONDENSÉ »

DIEU Zero

Revue gay en Espagne


 

Le désir homosexuel conduit les individus qu’il habite à se prendre pour Dieu et à formuler un vœu incestueux de coïncidence avec leur origine. Ce point culminant de la volonté de toute puissance est appelé le fantasme d’auto-genèse. Souvent, dans leurs discours, les personnes homosexuelles disent qu’elles se créent elles-mêmes, qu’elles inventent l’Amour toutes seules.

 

Le fantasme de divinité chez les personnes homosexuelles est visible dans leurs créations fictionnelles à travers leur identification à Jésus, aux anges, aux saints, aux supers-héros. Certaines se pensent les héritières d’une race divine « appelée » (Marie-Jo Bonnet, Qu’est-ce qu’une femme désire quand elle désire une femme ?, 2004, p. 123). Elles annoncent, comme Elaine Marks, la substitution officielle entre elles et Dieu : « Dieu est mort ; la lesbienne féministe est née. » (Elene Marks, Homosexualities And French Literature, dans la revue Lesbia Magazine, n°222, mars 2003, p. 29) La révélation de la royauté humaine et divine, merveilleuse quand elle est vécue en partage avec Dieu et tous les Hommes, elles la convertissent généralement en secret, en propriété privée, en exception solitaire. « J’ai enfin compris : je suis un ange et personne ne le sait. » (cf. la première phrase de Thomas dans le film « Thomas trébuche » (1998) de Pascal-Alex Vincent) Pour Monique Wittig, par exemple, « la lesbienne » est l’avant-garde d’un troisième genre qui a échappé au sort du « deuxième sexe » (les femmes) et à la domination du « premier sexe » (la classe des hommes). Certains réalisateurs veulent nous faire croire en l’existence des dieux humains du « troisième sexe » (autrement dit « des » homosexuels) : parfois, leurs personnages homosexuels commandent au soleil, font des miracles, arrivent d’une autre planète, imposent à leur meilleure amie la virginité pour qu’elle les confirme dans leur statut christique, s’entourent de « disciples » et considèrent qu’on peut les « blasphémer » (cf. Loïc dans le film « Garçon stupide » de Lionel Baier, 2004), meurent comme des saint Sébastien, etc. L’image du martyr crucifié est source de fantasme chez beaucoup de personnes homosexuelles. Elles s’identifient fréquemment au Christ, comme l’illustrent ces paroles du réalisateur italien Pasolini : « Dans mes rêveries, apparut explicitement le désir d’imiter Jésus. […] Je me vis suspendu à la croix, cloué. Une foule immense me regardait. Ce martyre public finit par devenir une image voluptueuse. » (Pier Paolo Pasolini cité dans l’article « Pier Paolo Pasolini » de Gian-Luigi Simonetti, dans le Dictionnaire de l’homophobie (2003) de Louis-Georges Tin, p. 306) À l’âge adulte, l’homosexualité, l’autre nom de la sexualité quasi-autosuffisante, semble leur offrir un cadre à la réalisation de soi par soi-même, une voie d’accès à l’idéal gémellaire de l’ange asexué qui refuse de reconnaître humblement ses limites humaines : autrement dit l’Androgyne, décrit par Platon dans le Banquet (380 av. J.-C.), cet être mythe coupé en deux (ou en 4) et recherchant sa moitié pour retrouver sa plénitude toute-puissante et divine.

 

Beaucoup de personnes homosexuelles d’aujourd’hui font partie des gens qui perpétuent en désir et parfois en acte le culte à l’Androgyne, même si elles ne l’identifient pas clairement en tant que tel. Elles parlent quand même de ce personnage comme si elles le connaissaient personnellement et que, par l’intime expérience schizophrénique et leur difficulté à le décrire, elles le vivaient à nouveau en elles. « Il n’est ni homme, ni femme. Il se produit là quelque chose qui a à voir avec la reconnaissance. C’était cela qu’on recherchait, que l’on espérait sans le savoir. Quelque chose d’éternel descend ici, qui existait déjà dans une autre dimension, et qui devient concret, labile, incroyable, mais effectif. » (cf. l’article « Géneros De Vida Y Literatura » de Paula Siganevich, dans l’essai Arte Andrógino : Performance, Género Y Transgénero (2000) de Roberto Echavarren, p. 360) Elles n’osent pas définir l’Androgyne comme un extra-terrestre (alors qu’il n’est pas autre chose !) parce qu’on leur rirait au nez. Elles préfèrent auto-valider secrètement leur croyance en Lui sans se l’énoncer explicitement à elles-mêmes, à travers la poésie, l’art, la science, et les media. L’Androgyne deviendra alors l’actrice « qui en a », ou bien un Superman féminisé.

 

En adoptant une conception fusionnelle et conflictuelle de l’amour, beaucoup de personnes homosexuelles se lancent à la recherche de leur moitié androgynique. Alfred Jarry, notamment, invente le concept d’« adolphisme » qui n’est pas la communion de deux êtres différents fusionnant en Un, pas même de deux jumeaux, mais l’union des deux moitiés d’un même Moi. À en croire la majorité des personnes transgenres, cette osmose serait concrètement possible grâce à la chirurgie. En recousant en elles leur moitié, elles se donnent l’illusion de résurrection et de divinité. « Je me suis relevée de la table d’opération tel Lazare sortant de la fosse » affirme par exemple Hedwig, l’homme transsexuel triomphant, dans le film « Hedwig And The Angry Inch » (2001) de John Cameron Mitchell. C’est pour cela qu’on retrouve beaucoup de transsexuels christiques dans les créations artistiques traitant d’homosexualité.

 

Beaucoup de personnes homosexuelles préfèrent ne pas reconnaître en elles ce désir de se prendre pour Dieu, d’une part parce que la plupart d’entre elles se disent athées, et d’autre part parce qu’elles n’attribuent cette perversion qu’aux personnalités ultra fières d’elles-mêmes, possédant avec un égo surdimensionné. Qu’elles se détrompent : c’est bien souvent celui qui se juge comme un moins que rien, qui sera tenté de se croire extraordinairement minable/génial. Les extrêmes sont liés. Le complexe d’infériorité se marie tout à fait avec le complexe de supériorité. La réalité humaine et les dictateurs qui nous ont précédés nous en fournissent de funestes preuves !

 
 

2 – GRAND DÉTAILLÉ

 

FICTION

 

a) Le personnage homosexuel s’identifie au Christ ou à un ange :

Film "Évangile selon saint Matthieu" de Pier Paolo Pasolini

Film « Évangile selon saint Matthieu » de Pier Paolo Pasolini


 

Pour voir cette récurrente identification homosexuelle à Dieu, je vous renvoie entre autres au film d’animation « L’Ombre d’Andersen » (2000) de Jannik Hastrup, au film « Le Sexe des anges » (1976) de Lionel Soukaz, au one-man-show Les Histoires d’amour finissent mal (2009) de Jérôme Loïc (le héros arrive sur scène avec des ailes de Cupidon), au film « Farrah, l’Être Ange » (2012) d’Alain Burosse, à la comédie musicale Mon ange au masculin (2013) de Marie-Claire D’Or et Alexia Vé, au roman Jésus la Caille (1914) de Francis Carco, au film « Jésus de Nazareth » (1978) de Franco Zeffirelli, au roman Le Sang des dieux (1882) de Jean Lorrain, au one-(wo)-man show Désespérément fabuleuses : One Travelo And Schizo Show (2013) du travesti M to F David Forgit (avec la chanson-intermède « Tomber du Ciel » de Jacques Higelin), à la chanson « Welcome Me To The City Of Angels » de Joan Baez et des Indigo Girls, à la chanson « Jesus » du groupe Queen, à la chanson « Losing My Religion » du groupe R.E.M., à la pièce Et puis j’ai demandé à Christian de jouer l’intro de Ziggy Stardust (2009) de Renaud Cojo (avec « Angel Costaud »), au film « The Pink Angels » (1971) de Larry G. Brown, au film « Anges gardiens » (1974) de Richard Rush, au film « Saint » (1996) de Bavo Defurne (avec le martyr d’un saint Sébastien dans une forêt), au film « Angels ! » (2000) de Rico Martinez, au film « Angel » (2006) de François Ozon (avec un bébé ailé), à la chanson « Retour à toi » d’Étienne Daho (il est question des « anges déchus » homos), au film « L’Évangile selon saint Matthieu » (1964) de Pier Paolo Pasolini, au film « La Vie de Brian » (1979) de Terry Jones (des Monty Python), au film « Nazarín » (1959) de Luis Buñuel (avec un Christ imposteur), au film « Niño Pez » (2009) de Lucía Puenzo (où dès le départ les homos sont divinisés), au film « Cowboy Jesus » (1996) de Jamie Yerkes (avec la sœur de Jésus, une lesbienne), à la chanson « Jesus To a Child » de George Michael, au film « Tu marcheras sur l’eau » (2005) d’Eytan Fox, au tableau Golgotha (2005) de Thierry Brunello, au roman La Crucifixion (1946) de Jean Cocteau, au roman El Ángel De Sodoma (1928) d’Alfonso Hernández Catá, au roman Divino (1994) de Luis Antonio de Villena, au film « Le Quatrième Homme » (1983) de Paul Verhoeven, au roman Divino (1994) de Luis Antonio de Villena, au film « Festen » (1998) de Thomas Vinterberg (avec le personnage de Christian), au roman Une Favorite des dieux (1963) de Sybille Bedford, au vidéo-clip de la chanson « Dégénération » de Mylène Farmer (avec une femme morte qui revient à la vie et qui dirige les vivants à distance), au film « Making Love » (1982) d’Arthur Hiller, au film « Le Sexe des anges » (1964) de Pasquale Festa Campanile et Massimo Franciosa, au film « Angelos » (1982) de Yorgos Kataguzinos, au film « Cowboys And Angels » (2003) de David Gleeson, au film « Ceci est mon corps » (2000) de Rodolphe Marconi, aux photos Adam et Adam (1997) et Comme un ange (1986) d’Orion Delain, aux tableaux de Bruno Perroud (2003) dépeignant des anges, aux tableaux Barricades mystérieuses (1979) et Essor (2006) de Jacques Sultana, à la chanson « Gay Messiah » de Rufus Wainwright, à la chanson « Jesus Is Gay » de Gaël, à l’affiche du concert de Fred Morvan avec l’homme ailé, à la pièce Burlingue (2008) de Gérard Levoyer (avec Janine crucifiée), au roman When God Was A Woman (1976) de Merlin Stone, au film « Angélique » (2012) de Pascal Atil, le film « El Sexo De Los Ángeles » (« Le Sexe des anges », 2012) de Xavier Villaverde, au film « Insects In The Backyard » (2010) de Tanwarin Sukkhapisit (dans lequel « l’autodétermination sexuelle » est prônée), au film « Teslimiyet » (« Other Angels », 2010) d’Emre Yalgin, au film « The Boys In The Band » (« Les Garçons de la bande », 1970) de William Friedkin (avec Michael, le héros homo catho citant cyniquement des phrases du Christ : « Pardonnez-le. Il ne sait pas ce qu’il fait. »), au film « Les Amours imaginaires » (2010) de Xavier Dolan (avec Nicolas, avec sa couronne d’épines, ses cheveux bouclés et son look d’androgyne), la pièce Hétéro (2014) de Denis Lachaud (avec les personnages homosexuels pourtant tous sur le dos, comme des ailes, des bois de cerfs), le film « Mommy » (2014) de Xavier Dolan (avec Steve, sur son longboard, les bras en croix), la chanson « Camille » de Jean Yann, au roman L’Évangile selon Yong Sheng (2019) de Dai Sijie, etc. Par exemple, dans le one-man-show Thomas joue ses perruques (2023) de Thomas Poitevin, le frère beauf friendly (donc finalement homophobe) fait un discours en l’honneur du « mariage » de son frère gay Valentin qui officialise son union avec Nicolas. Il les compare à « deux Jésus ».

 

L’identification à Dieu peut être chez le personnage homosexuel le résultat d’une projection parentale incestueuse, et d’une obéissance aveugle à un formatage familial idéalisant mais aussi très pesant : « Tu es parfaite. » (le père s’adressant à sa fille lesbienne Claire, dans la pièce Le Mariage (2014) de Jean-Luc Jeener) Par exemple, dans la pièce Perthus (2009) de Jean-Marie Besset, Marianne compare son fils Jean-Louis à un dieu. On retrouve le même cas de figure dans le dialogue entre Jeanne et le marchand de melons dans la pièce La Journée d’une rêveuse (1968) de Copi : « Je crois que vous êtes Dieu. […] Mon fils aussi, il est Dieu. » Dans le film « Ma Mère » (2003) de Christophe Honoré, Pierre pousse un cri de révolte contre sa maman qui l’idéalise : « Pourquoi est-ce qu’on demande toujours aux fils d’être des dieux ? » Dans le film « Kaboom » (2010) de Gregg Araki, le père de Smith (le héros homosexuel), est un dieu de pacotille, un chef de secte… et par élection, Smith devient « L’Élu ».

 

Plus tard, le personnage homosexuel commence par souhaiter devenir un petit surdoué : « Qu’allais-je faire après le bac ? Comment devenait-on un génie ? » (Anamika dans le roman Babyji (2005) d’Abha Dawesar, p. 137) ; « Je hais l’humilité. Chez moi et chez les autres. » (l’un des deux héros anonymes de la pièce Dans la solitude des champs de coton (1985) de Bernard-Marie Koltès) ; « Vous devez exceller partout pour réussir. » (le narrateur homosexuel du roman N’oubliez pas de vivre (2004) de Thibaut de Saint Pol, p. 17) ; « Votre idole, c’est vous-même. » (idem, p. 57) ; « C’est moi qui détiens la vérité. » (Cyril dans le roman Pavillon noir (2007) de Thibaut de Saint Pol, p. 15) ; « Et si j’étais réellement l’Élu ? » (idem, p. 62) Au moment du salut final de son spectacle Charlène Duval… entre copines (2011), la diva travesti M to F présente ses danseurs, et dit avec malice : « Merci aux quatre garçons qui travaillent à la gloire… de moi-même. »

 

Quand le héros proustien d’À la recherche du temps perdu (1913) mange une madeleine, il se sent divin : « Ma mère […] me proposa de me faire prendre un peu de thé. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines. […] À l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait autour de moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse : ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle était moi. J’avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D’où avait pu me venir cette joie puissante ? » (p. 51)

 

Le personnage homosexuel commande peu à peu aux éléments naturels. Par exemple, dans le film « Drôle de Félix » (1999) d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau, Félix commande au soleil. Dans le film « Nés en 68 » (2008) des mêmes auteurs, certains personnages régissent les nuages rien qu’en effectuant une miraculeuse « Danse de la Pluie ». Dans la pièce Hétéro (2014) de Denis Lachaud, le monologue final du fiancé de Gatal, qui ressuscite, est celui d’un homme qui se prend pour le Cosmos, et qui dit qu’il a tout vu et tout créé : « Je suis une montagne. J’ai vu les soleils se lever, se coucher. […] On ne m’aura pas comme ça. »

 

Il arrive même au personnage homosexuel de penser qu’il s’est créé tout seul, sans l’aide de Dieu ni de ses parents : « Je m’enfante moi-même ! » (la voix narrative du roman La Voyeuse interdite (1991) de Nina Bouraoui, p. 44) ; « Je me dis qu’avec les gènes que j’ai, je n’ai pas le droit de ne pas me reproduire. » (Pierre, le héros homosexuel de la pièce Le Fils du comique (2013) de Pierre Palmade) ; « Toute influence est immorale. Accomplir parfaitement notre nature, voilà notre raison d’être. » (Lord Henry, dans le roman Le Portrait de Dorian Gray (1890) d’Oscar Wilde) ; « Je veux trouver par moi-même ce qu’il me faut, ne dépendre de rien d’autre que de mon propre désir. » (Alexandra, la narratrice lesbienne du roman Les Carnets d’Alexandra (2010) de Dominique Simon, p. 38) ; « Peut-être qu’après m’être nommée moi-même du prénom que j’ai choisi je recevrais de cette nouvelle identité la force qu’il faut pour vivre selon sa préférence. » (idem, p. 58) ; « Nous ne sommes reliés qu’à nous-mêmes. » (cf. chanson « Nous souviendrons-nous… » de Mylène Farmer) ; « Je souhaite renaître tel un Phoénix de mes propres cendriers. » (Océane Rose Marie dans son one-woman-show La Lesbienne invisible, 2009) ; « Dieu a dit à la Lune de se renouveler chaque mois. C’est une couronne de splendeur pour ceux qui naissent des entrailles, car eux aussi, ils sont destinés à se renouveler, comme elle. » (cf. une citation du Kiddoush levana, dans le roman La Désobéissance (2006) de Naomi Alderman, p. 126) ; « Quelle œuvre est l’homme ! Noble est sa raison. Infinies sont ses facultés, instruit, et émouvant, tellement expressif et admirable, dans l’action… tel un ange. Une appréhension… tel un Dieu. » (David à son amant Set devant un feu sur la plage, dans le film « And Then Came Summer… », « Et quand vient l’été… » (2000) de Jeff London) ; etc. Par exemple, dans le roman Portrait de Julien devant la fenêtre (1979) d’Yves Navarre, Julien Brévaille se prend pour Prométhée et souhaite posséder le feu ; de son côté, le juge Brévaille revendique le droit d’être son propre maître : « Le juge se justifie. » (p. 143) Dans le roman Le Portrait de Dorian Gray (1890) d’Oscar Wilde, il s’agit selon Dorian Gray lui-même (queer avant l’heure !) de « multiplier les identités, de se ré-inventer ».

 

C’est alors que le personnage homosexuel se prend vraiment pour Dieu ou pour un ange : « J’ai enfin compris : je suis un ange et personne ne le sait. » (cf. la première phrase de Thomas dans le film « Thomas trébuche » (1998) de Pascal-Alex Vincent) ; « Moi, tout ce qui m’intéresse, c’est le sexe des anges. Hein, mon ange ? » (Rodin, le pote gay, à son ami homo Thierry, dans la série Joséphine Ange-gardien (1999) de Nicolas Cuche, épisode 8 intitulé « Une Famille pour Noël ») ; « Appelle-moi Dieu. Appelle-moi Gode. » (un des protagonistes de la comédie musicale Encore un tour de pédalos (2011) d’Alain Marcel) ; « On se prenait pour Dieu, on n’avait pas vingt ans. » (la Religieuse et Preciosa dans la comédie musicale La Nuit d’Elliot Fall (2010) de Vincent Daenen) ; « Mais vous, qui êtes-vous vraiment ? Vous, c’est un peu Dieu. » (la voix narrative du roman N’oubliez pas de vivre (2004) de Thibaut de Saint Pol, p. 247) ; « Tu n’es pas un lycéen mais un ange. Je ne suis pas un pauvre mec, je suis le roi et j’ai tous les pouvoirs ! » (Bryan s’adressant à son amant Kévin dans le roman Si tu avais été… (2009) d’Alexis Hayden et Angel of Ys, p. 144) ; « C’est à ce moment que j’ai compris que j’étais le Roi du Monde. […] C’est moi le Roi ! » (le protagoniste homo de la pièce Happy Birthday Daddy (2007) de Christophe Averlan) ; « Il est à moi, le Monde ! Il est à moi, le Monde ! » (cf. chanson « Dessine-moi un mouton » de Mylène Farmer) ; « Je suis le roi élu. » (Dominique dans le roman Les Julottes (2001) de Françoise Dorin, p. 15) ; « Redonne-moi l’amour et le choix, tout ce qui fait qu’on est roi. » (cf. la chanson « Redonne-moi » de Mylène Farmer) ; « Il avait développé un individualisme passionné, radical, convaincu. ‘Ni Dieu ni maître, hormis moi-même.’ C’était là son orgueilleux credo. » (Mourad, l’un des deux héros homos du roman L’Hystéricon (2010) de Christophe Bigot, pp. 327-328) ; « Chaque mois, ça me fait un agenda digne de Dieu en personne. » (Jarry dans le one-man-show Entre fous émois (2008) de Gilles Tourman) ; « Moi, j’aurais adoré être Dieu. » (Jarry dans son one-man-show Atypique, 2017) ; « Je suis le Gay Créateur. […] Et je suis le roi de mai. Et j’incarne les cheveux d’Adam. […] Tout homme est un ange. » (une réplique de la pièce Howlin’ (2008) d’Allen Ginsberg) ; « Moi qui me suis dit mage ou ange » (la voix narrative de la pièce Une Saison en enfer (1873) d’Arthur Rimbaud) ; « Y’a que toi que ça dérange d’être en face d’un ange. Moi, c’est à Mademoiselle que je vole mes ailes. » (Kevin dans la pièce Les Amers (2008) de Mathieu Beurton) ; « Il m’est poussé des ailes. » (la narratrice lesbienne du roman Mathilde, je l’ai rencontrée dans un train (2005) de Cy Jung, p. 29) ; « Et oui, Dieu était une femme… allez y touchez, touchez… Je comprends, vous êtes impressionnés… Moi, aussi, à chaque fois que je me regarde dans une glace… Ça me fait pareil… C’est tellement beau. J’comprends que vous ayez tous les yeux fixés sur moi. […] Quand j’étais petite je ne voulais surtout pas être actrice. Je voulais être dieu. Je voulais être une super-héroïne. Une sorte de comics… une sorte de rêve éveillé pour vous, une sorte de muse, d’enchantement pour vos yeux… Ce soir, je suis dieu. Puisque c’est moi qui dis. Et comme ce soir c’est celui qui dit qui est… Chacun pense ce qu’il veut, mais moi je sais qui je suis… Je suis dieu. […] Comment vous convaincre que je suis dieu ? […] Je peux tout demander, ça arrive. Je peux faire qu’il pleuve sur cette scène (un bruit de fond et un jeu d’eau)… Je peux faire le soleil, je SUIS le soleil. » (Lise dans la pièce La Fesse cachée (2011) de Jérémy Patinier) ; « Je suis le dieu-déesse avec elle. […] Elle est mon idole ! » (la voix narrative féminine dans la pièce Arthur Rimbaud ne s’était pas trompée (2008) de Bruno Bisaro) ; « [Je viens ici.] Moi, parce que j’ai des problèmes d’égo. Je veux être vénéré. » (un client du bar, expliquant pourquoi il fréquente le club, dans le film « Cruising » (« La Chasse », 1980) de William Friedkin) ; « Elle est dure avec moi, je vous jure. Je lui lave les pieds comme si elle était Jésus et elle m’engueule, elle me parle mal. » (Polly parlant de son amante Claude, dans le roman Des chiens (2011) de Mike Nietomertz, p. 115) ; « Que laisserons-nous de nous, moitié-anges moitié-loups, quand nos corps seront dissous dans la langueur monotone du premier frisson d’automne ? » (le narrateur homosexuel du spectacle musical Luca, l’évangile d’un homo (2013) d’Alexandre Vallès) ; « J’ai l’âge du Christ. » (la figure de Sergueï Eisenstein, homosexuel, dans le film « Que Viva Eisenstein ! » (2015) de Peter Greenaway) ; « Je suis Bernadette Soubirous. » (Hugues, le héros homosexuel, dans la pièce Le Cheval bleu se promène sur l’horizon, deux fois (2015) de Philippe Cassand) ; « Si je pouvais me glisser sur le balcon du Pape, et donner ma bénédiction ! » (Pierre Fatus dans son one-man-show L’Arme de fraternité massive !, 2015) ; « J’ai vu celle que je suis, un nom de Dieu. » (c.f. la chanson « Désobéissance » de Mylène Farmer) ; « Y’a pas meilleur Dieu que Bacchus. » (c.f. la chanson « Les Uniques » de Nicolas Bacchus) ; etc.

 

Par exemple, dans la pièce Le Gai Mariage (2010) de Gérard Bitton et Michel Munz, Henri porte un peignoir sur lequel est marqué « I’m an angel ». Dans le film « Kaboom » (2010) de Gregg Araki, Smith, le héros homosexuel, reçoit le titre de « Fils élu ». Dans son one-woman-show Sandrine Alexi imite les stars (2001), Sandrine Alexi imite l’humoriste homosexuel Élie Kakou en le déguisant en ange. Dans le film « Mon arbre » (2011) de Bérénice André, la jeune Marie se prend pour la Vierge car elle réalise qu’elle a été conçue sans amour… donc par l’Opération du Saint-Esprit ! Dans la chanson « Les Uniques » (2009), le chanteur Nicolas Bacchus conclut son air en disant que « y’a pas meilleur Dieu que Bacchus »… Dans le roman Vincent Garbo (2010) de Quentin Lamotta, le héros homo se lance dans un projet d’écriture qui prend exactement le rythme de la création du monde : « Je veux me donner trois ou quatre jours ; six ce serait mieux. Une semaine, l’idéal. Oui, sept jours, ce serait parfait. Sept jours pour tout dire, se reposer le huitième, et disparaître après. » (p. 22) ; Garbo se présente comme un Jésus accidentel : « Le jeûne assis durera quarante jours et prendre fin comme il aura commencé, sans que je le décide vraiment. » (idem, p. 111) Dans le one-man-show Cet homme va trop loin (2011) de Jérémy Ferrari, la « fiotte de Gabriel » veut « organiser une Spirit Gay Pride ». Dans la pièce Bill (2011) de Balthazar Barbaut, Lucifer est l’amant homo SM de l’archange Raphaël, défini comme « une pédale », et qui est super efféminé. Dans le film « Hellbent » (2005) de Paul Etheredge-Ouzts, l’amant homosexuel porte des ailes d’ange tatouées sur le dos. Les protagonistes de la pièce Les Oiseaux (2010) d’Alfredo Arias portent eux aussi des ailes angéliques, et le Camarade Constance « promet un bel avenir à l’espèce ailée ». Dans le spectacle musical Érik Satie… Qui aime bien Satie bien (2009) de Brigitte Bladou, Satie se compare à la Déesse Isis. Dans le film « Métamorphoses » (2014) de Christophe Honoré, Orphée est le nouveau Christ des Cités, barbu, en blanc, à la fois un peu Jésus, à la fois un peu Bouddha (il prétend notamment « briser le cercle des réincarnations »). Il prophétise au milieu des tours : « Je vais dire des choses vraies. […] Je vous demande de ne pas commettre de meurtres. » Dans le film « Plaire, aimer et courir vite » (2018) de Christophe Honoré, Marco, l’un des héros homos, est transformé en Christ sidéen dans la baignoire.

 

Film "Tu marcheras sur l'eau" d'Eytan Fox

Film « Tu marcheras sur l’eau » d’Eytan Fox


 

Il arrive fréquemment au personnage homosexuel de s’identifier au Christ : « Je me sentais paralysé dans ma pose de crucifié au milieu du lit. » (Jean-Marc dans le roman Le Cœur éclaté (1989) de Michel Tremblay, p. 19) ; « Je me suis cru un crucifié. » (un des protagonistes de la comédie musicale Encore un tour de pédalos (2011) d’Alain Marcel) ; « Je suis écartelée sur la croix, en solitaire. » (la voix narrative féminine dans la pièce Arthur Rimbaud ne s’était pas trompée (2008) de Bruno Bisaro) ; etc.

 

Par exemple, dans le vidéo-clip de la chanson « College Boy » d’Indochine (réalisé par Xavier Dolan), le héros homosexuel finit par être crucifié par ses camarades de classe. Dans le one-woman-show Karine Dubernet vous éclate ! (2011), Karine se présente d’emblée comme un condensé d’Adam et Ève : « Et au sixième jour, Dieu créa Karine. » Plusieurs fois dans le film « The Prom Queen » (« La Reine du bal » (2004) de John L’Écuyer), Marc, le héros gay, est filmé allongé sur son lit, dans sa chambre, puis désigné, par un jeu de lumière éclairant une croix sur lui, comme le nouveau Christ, le sauveur des homos en détresse. Dans le film « Toto qui vécut deux fois » (1998) de Daniele Cipri et Francesco Maresto, Paletta se prend pour le Christ. Dans le roman The Well Of Loneliness (Le Puits de solitude, 1928) de Marguerite Radclyffe Hall, Stephen, l’héroïne lesbienne, s’imagine être Jésus en voulant s’incorporer en son amante (et nourrice) Collins : « Je voudrais l’avoir attrapé… Je voudrais avoir attrapé votre épanchement de synovie, Collins, parce qu’ainsi je pourrais le subir à votre place. J’aimerais souffrir terriblement pour vous, Collins, comme Jésus a souffert pour les pécheurs. En supposant que je prie fortement, ne pensez-vous pas que je puisse l’attraper ? Ou supposez que je frotte mon genou contre le vôtre ? » (p. 30) ; « Stephen recourant aux histoires pour enfants de l’Histoire Sainte, étudia l’image du Seigneur Jésus sur Sa Croix, et elle sentit qu’elle Le comprenait. » (idem, p. 30) ;  « ‘J’aimerais beaucoup être un Sauveur pour Collins… Je l’aime et je désire être blessée comme vous l’avez été ; […] Je désire être opérée à sa place.’ […] Elle s’endormit pour rêver que, par quelque étrange transposition, elle était Jésus. » (idem, p. 31) Dans le roman L’Uruguayen (1972) de Copi, le narrateur est considéré comme un élu de Dieu, et se prend au jeu de feindre qu’il est un grand « saint, même bidon » (p. 50) : « Il m’a demandé de lui montrer comment je faisais des miracles. » (idem, p. 47) ; « La petite fille se jette aux pieds du président et le prie de me canoniser. » (idem, p. 49) ; « Ma canonisation doit rester anonyme. » (idem, p. 50) Il prend même le Pape de haut : « Je lui ai rétorqué qu’il a beau être pape, moi je suis saint. » (idem, p. 56) Dans le roman Le Bal des folles (1977) du même auteur, Pierre, l’amant du narrateur, se considère comme le Messie : « Pierre m’annonce qu’il devient gourou. Il détient la vérité éternelle. » (p. 70) ; « Il croit qu’il est devenu Jésus-Christ et il trouve normal que les bonnes sœurs viennent le changer quand il pisse sur lui ou lui donner de la nourriture d’enfant à la petite cuillère. Il a les stigmates dans les mains et les pieds que les bonnes sœurs nettoient bien à fond avec de l’alcool et couvrent de gazes. » (idem, p. 94) Dans le roman Je suis vivant dans ma tombe (1975) de James Purdy, Daventry devient le Christ qui donne son sang à boire à Quintus et à Garnet. Dans le roman El Anarquista Desnudo (1979) de Luis Fernández, l’homosexuel est le fils de l’Immaculée Conception. Dans le roman Michael Tolliver est vivant (2007) d’Armistead Maupin, Michael compare son amant Ben à Jésus (en plus, celui-ci a 33 ans). On voit une scène de crucifixion dans le roman Narrow Rooms (1978) de James Purdy. Dans la pièce L’Opération du Saint-Esprit (2007) de Michel Heim, le Christ et Dieu-le-Père sont tous les deux homosexuels. Dans le film « Boy Culture » (2007) de Q. Allan Brocka, le personnage de « X », gay, dit avoir douze disciples. Dans le film « Garçon stupide » (2003) de Lionel Baier, Loïc se prend pour Jésus, comme le lui fait remarquer à juste titre sa meilleure amie Marie (femme qu’il souhaiterait éternellement vierge pour qu’elle le confirme dans son statut christique) puisqu’il considère que les autres peuvent le « blasphémer ». Dans la comédie musicale Sauna (2011) de Nicolas Guilleminot, Benji, le héros homo avec les bras en croix, est prié à genou par ses trois comparses, comme s’il était Jésus. Dans le film « Mezzanotte » (2014) de Sebastiano Riso, Rettore et Davide, les deux héros homosexuels, entonnent des chansons des chanteuses italiennes des années 1960-1970 où ils répètent à tue-tête « Je pourrais être Dieu ». Rettore se voit même accuser de « blasphème ». Dans le film « Le Naufragé » (2012) de Pierre Folliot, Adrien, le héros homosexuel décédé, apparaît visible après sa mort, comme un mystérieux revenant, et seuls les êtres vivants de son entourage incarnant la virginité arrivent à le voir : la petite voisine, sa mère (qui s’appelle comme par hasard Marie), etc. Dans le film « Contracorriente » (2011) de Javier Fuentes-León, Santiago, l’un des héros homosexuels, est une pâle imitation du Christ : il est barbu, ressuscite à la vue de son amant Miguel, est célébré dans un chemin de croix.

 

C’est toute son homosexualité que le personnage homosexuel interprète comme une résurrection christique, une seconde naissance, une révélation profonde. Lors de son concert parisien Petits Secrets (2007) au Palais des Glaces, Christophe Moulin raconte son coming out effectué le jour de Noël, faisant ainsi de « l’homosexuel » présent en lui le nouveau Christ. Dans la comédie musicale Sauna de Nicolas Guilleminot (précédemment citée), Benji fait aussi son coming out à sa famille le jour de Noël. Dans le one-woman-show La Lesbienne invisible, Océane Rose Marie est née le jour de Noël. Stephen, l’héroïne lesbienne du roman The Well Of Loneliness (Le Puits de solitude) de Marguerite Radclyffe Hall, raconte sa naissance simultanée avec Jésus : « Il advint qu’à la veille de Noël, Anna Gordon accoucha d’une fille : un petit têtard de bébé aux hanches étroites, aux larges épaules, et cela hurla et hurla sans cesse pendant trois heures, comme si cela était indigné de se retrouver projeté dans la vie. » (p. 19) Karine Dubernet, dans son one-woman-show Karine Dubernet vous éclate !, poursuit sur la même lancée déifiante : « Je suis née un 24 décembre, dans une famille de blaireaux incultes. » Dans le film « C.R.A.Z.Y. » (2005) de Jean-Marc Vallée, Zac est né le jour de Noël, a des dons de guérisons, affirme avoir ressuscité deux fois, et rêve qu’il s’élève dans l’église (on le voit d’ailleurs en lévitation au milieu des fidèles). Dans le film « Love, Simon » (2017) de Greg Berlanti, Simon choisit de faire son coming out à sa famille le jour de Noël, en déballant les cadeaux. Un peu avant, Nick, un pote de Simon, pense que Simon est habillé en « Jésus stylé » quand en réalité il s’est déguisé en John Lennon.

 

Le personnage homosexuel adopte une conception très égocentrique et sensitive de Dieu, au point de se prendre pour Celui-ci et de croire que tous les membres de l’assemblée qui se trouvent sur le lieu de culte qu’il fréquente se réunissent finalement autour de lui, rien qu’en son honneur : « Esti se projeta en pensée à travers la synagogue, de plus en plus loin, jusqu’à en habiter le moindre recoin au rythme de sa respiration mesurée. […] En respirant, elle sentait la synagogue inspirer et expirer en même temps qu’elle. […] Elle souriait, s’adressait aux gens, au passage, leur disait, Ah oui, vous me trouvez étrange. Mais je suis une chose que vous ignorez. » (Esti, l’héroïne lesbienne du roman La Désobéissance (2006) de Naomi Alderman, pp. 128-129)

 

Le personnage homosexuel se rêve souvent éternel : « Je ne mourrai jamais. » (Roy dans la pièce Angels In America (2008) de Tony Kushner) ; « J’voulais être immortel. » (J.-P. Elvis dans la pièce Elvis n’est pas mort (2008) de Benoît Masocco) ; « Quentin rêvait d’être un Immortel. Il ne pouvait pas mourir. » (la voix narrative du roman N’oubliez pas de vivre (2004) de Thibaut de Saint Pol, p. 248) Dans le ballet Alas (2008) de Nacho Duato, le protagoniste principal se demande pourquoi il n’est pas infini.

 

Le personnage homosexuel se compare au Lazare de la Bible, qui ressuscite grâce à une action divine puissante : cf. le film « Hedwig And The Angry Inch » (2001) de John Cameron Mitchell, le roman Le Syndrome de Lazare (2006) de Michel Canesi et Jamil Rahmani, le film « Œdipe (N + 1) » (2001) d’Éric Rognard (avec l’allusion au « Syndrome de Lazare »), etc. Dans la pièce Angels In America (2008) de Tony Kushner, Prior est comparé à Lazare ; Harper le surnomme d’ailleurs « le Prophète ». Dans le film « L.A. Zombie » (2010) de Bruce LaBruce, le zombie gay a le pouvoir de ressusciter les morts. Dans le one-woman-show Mâle Matériau (2014) d’Isabelle Côte Willems, lorsque la narratrice transgenre F to M se travestit, elle rentre dans la peau de différents personnages masculins, et croit s’enfanter elle-même : « Elle quitte le tombeau du monde. » Elle lit au public des extraits de l’Épître de saint Paul, se prend pour « l’égal des apôtres » et pour l’hermaphrodite, fait une litanie des saints en les travestissant. « Comme ces femmes se sont travesties pour se dévouer à Dieu, elles ont quand même été sanctifiées. »

 

Quand survient l’amour dans sa vie, le personne homosexuel se plaît à imaginer qu’à lui seul (et parfois avec l’aide de son compagnon), il sera le Créateur de l’Amour : « Finalement, la seule chose qui a définitivement crevé en moi, au cours de cette crise, ça a été ma foi. Je me suis réveillé affamé d’une bonne faim, assoiffé d’une bonne soif, et réconcilié avec la vie. Je ne croyais plus en Dieu. Je ne croyais plus qu’à la force de mon amour. » (Mourad, l’un des personnages homos du roman L’Hystéricon (2010) de Christophe Bigot, au moment de s’assumer en tant qu’homo, p. 339) ; « Quand est-ce qu’on refait l’amour ? On le réinvente maintenant comme à chaque fois. L’amour est le facteur exponentiel des corps. On se multiplie l’un l’autre. Rien de tout ça ne nous a été transmis, appris. Tout ça on l’avait dedans. » (les trois voix de la pièce Mon Cœur avec un E à la fin (2011) de Jérémy Patinier) ; « Nous nous faisons maçons de nous. » (le Comédien dans la pièce Les Hommes aussi parlent d’amour (2011) de Jérémy Patinier) ; « On va faire l’amour entre nous. On va réinventer l’amour. » (Valéria à son amante Laurence dans le film « La Mouette » (1996) de Nils Tavernier) ; « Nous sommes des dieux, Scrotes, et ces deux jeunes hommes sont nos jouets. » (Anthony s’adressant à son amant, par rapport au jeune couple homo naissant Jim/Doyler, dans le roman At Swim, Two Boys, Deux garçons, la mer (2001) de Jamie O’Neill) ; etc.

 

Par exemple, dans la comédie musicale La Belle au bois de Chicago (2012) de Géraldine Brandao et Romaric Poirier, pendant que Philippe se fait draguer par Bertrand, il tient ses ailes d’ange dans les mains. Dans le roman At Swim, Two Boys (Deux garçons, la mer, 2001) de Jamie O’Neill, Jim et Doyler couchent ensemble le matin de Pâques 1916 : « Nous, on n’a rien à craindre parce qu’on est immortels. » (Jim s’adressant à son amant Doyler) Dans le film « Fried Green Tomatoes » (« Beignets de tomates vertes », 1991) de John Avnet, Idgie dit à son amante Ruth qu’elle est « le plus courageux des anges ».

 

Souvent, le personnage homosexuel se met à la place de Dieu pour décréter que Celui-ci l’a voulu et l’a créé homosexuel (cf. la pièce Et Dieu créa les folles (2009) de Corinne Natali) : « Dieu aime ma liberté au point, je crois, qu’Il accepte de ne pas regarder où elle me mènera. » (Adrien dans le roman Par d’autres chemins (2009) d’Hugues Pouyé, p. 36) ; « Je sais désormais que Dieu aime ce que nous sommes. N’en déplaise à tous ces frustrés de l’Église qui ont érigé la chasteté en valeur suprême ! » (idem, p. 105) ; « Tu m’as fait gay ! » (un personnage s’adressant à Dieu, dans la comédie musicale Encore un tour de pédalos (2011) d’Alain Marcel) ; etc.

 

Par exemple, dans le « musical » Adam et Steeve joué dans le film « The Big Gay Musical » (2010) de Casper Andreas et Fred M. Caruso, il est dit « Dieu a créés les homos » ; le couple homo remplace et répare le péché originel d’Adam et Ève : ce nouvel amour, restaurant l’Humanité, est qualifié de « Vérité du Ciel » même s’il n’est pas écrit dans la Bible.

 

En somme, selon le héros homosexuel, comme il serait originellement créature de Dieu, et que « les » homos formeraient une espèce divine à part entière, son homosexualité et les actes qu’elle lui font poser deviennent inattaquables et forcément bons. Pareil pour ses amours homos : elles seraient un « plan de Dieu » pour lui, un cadeau qu’il ne peut refuser (l’expression « plan de Dieu » aurait, à ses yeux d’athée, plus de poids encore que celle de « destin », « hasard », ou « coup de foudre »…) : « Je n’ai jamais été quelqu’un de religieux, mais j’ai le sentiment qu’une puissance qui dépasse le seul hasard a réuni nos vies. » (Bob à son amant Félix dans le roman La Synthèse du camphre (2010) d’Arthur Dreyfus, p. 237) ; « Est-ce que tu crois à la réincarnation ou aux rêves prémonitoires ? Moi non, mais aujourd’hui je ne peux que douter. » (Randall à Ernest, idem, p. 239)

 
 

b) Le transgenre est montré comme la réincarnation christique des temps modernes :

Le personnage homosexuel découvre la plupart du temps que le « devenir Dieu » et le « devenir ange » sont des chimères : on ne change pas de sexe et on n’évacue pas son « appareil génital » d’un claquement de doigt ! Mais on l’entend parfois fantasmer d’un monde asexué : « Mais je n’étais pas un homme, pas plus que les hommes eux-mêmes. » (Laura dans le roman Deux femmes (1975) de Harry Muslisch, p. 154) ; « Désexuez-moi ! » (Lady Macbeth dans la pièce Macbeth (1606) de William Shakespeare) ; « La différence, c’est que toi tu n’es pas stigmatisée. » (Adineh l’héroïne transsexuelle F to M s’adressant à Rana la femme mariée, dans le film « Facing Mirrors : Aynehaye Rooberoo », « Une Femme iranienne » (2014) de Negar Azarbayjani) ; etc.

 

Alors, certes, il rêve d’être unisexué, ou asexué comme les anges, mais sans renoncer pour autant à la génitalité : c’est la sexuation qu’il veut neutraliser, non la génitalité ni la débauche de pratiques coïtales : « Nous avons assez parlé du sexe des anges ! » (cf. une réplique de la pièce Une Visite inopportune (1988) de Copi, p. 71) ; « J’voulais vérifier si les anges avaient un sexe. » (Hugo, désignant l’homme nu allongé à l’étage et avec qui il vient de coucher, dans le film « L’Homme de sa vie » (2006) de Zabou Breitman) Globalement, le fantasme du sexe unique traduit chez lui une phobie de la sexualité.

 

Il arrive que le personnage homosexuel assigne lui-même la sexualité aux autres. Par exemple, dans la pièce La Pyramide ! (1975) de Copi, le Rat décrète que les Jésuites sont des femmes. D’ailleurs, à force de vouloir faire tout seul le travail de sexualité qui revient originellement à Dieu – c’est-à-dire trancher l’Humanité en deux, femmes ou hommes – le héros gay finit par devenir violent : « Je lui [Jean-Marie] défonce le crâne d’un coup de hache. » (la voix narrative du roman Le Bal des folles (1977) de Copi, p. 112)

 

Film "Tu n’aimeras point" d'Haim Tabakman

Film « Tu n’aimeras point » d’Haim Tabakman


 

D’autres personnages, transsexuels cette fois, décident carrément d’incarner à eux seuls la différence des sexes. Du point de vue de la fiction et du mythe, il faut reconnaître que ce miracle, impossible dans le Réel, est un succès. La figure du transsexuel est littéralement magnifiée et déifiée dans les œuvres artistiques homosexuelles. Cet androïde, sorti tout requinqué de la table d’opération, avance dans la ville, complètement nu, tel le nouvel Adam christique inaugurant une autre ère civilisationnelle (cf. le film « Hedwig And The Angry Inch » (2001) de John Cameron Mitchell, « Tu n’aimeras point » (2009) Haim Tabakman, la performance Golgotha (2009) de Steven Cohen, la performance Nous souviendrons-nous (2015) de Cédric Leproust, etc.). Il est rendu semblable à Jésus : je vous renvoie au film « Pigalle » (1995) de Karim Dridi (avec Divine, trans M to F au grand cœur), au Christ transsexuel crucifié dans le film « Freak Orlando » (1981) d’Ulrike Ottinger, aux photos du Christ transsexuel chaussé de talons aiguilles (1999) d’Élisabeth Olsson, à la chanson « Disco Queen » de la Palma dans le spectacle musical Cindy (2002) de Luc Plamondon (La Palma est appelée « La Divine »), au film « Divine, l’Évangile des Merveilles » (1998) d’Arturo Ripstein, au Christ des photographies de Robert Recker, au film « 30° couleur » (2012) de Lucien Jean-Baptiste et Philippe Larue (et Zamba, le travesti M to F avec des ailes d’ange), à la comédie musicale Se Dice De Mí En Buenos Aires (2010) de Stephan Druet (avec le trans M to F Ottavia la Blanca, véritablement auréolé de gloire), au film « Z Chromozome » (2012)  de Manfred T. Mugler (avec le héros principal appelé « The Goddess »), au film « Romeos » (2011) de Sabine Bernardi (avec le chanteur transsexuel M to F magnifié en sirène, battu par le vent d’un ventilateur), etc.

 

On peut constater que ce sont souvent les personnages transsexuels qui, dans les films, délivrent – parfois à leur insu – le plus de paroles de Vérité, à l’image des bouffons des auto-sacramentales de Calderón : cf. le film « Billy’s Hollywood Screen Kiss » (1998) de Tommy O’Haver, le film « Hedwig And The Angry Inch » (2001) de John Cameron Mitchell, le film « Tableau de famille » (2002) de Ferzan Ozpetek (où le trans dit constamment la vérité), le film « Todo Sobre Mi Madre » (« Tout sur ma mère », 1999) de Pedro Almodóvar (avec Agrado et son speech émotionnel « profond »), le film « Satreelex, The Iron Ladies » (2003) de Yongyooth Thongkonthun (avec Piya, personnage qui dit des paroles redoutablement vraies), etc.

 

Il est fréquent que les trans fictionnels possèdent (ou croient posséder) des pouvoirs divins (c’est d’ailleurs pour cela qu’ils sont surnommés très souvent « Divine ») : « Le jour où María-José se rendit compte de ses pouvoirs, marqua un tournant décisif dans sa vie. » (María-José, le transsexuel M to F de la nouvelle « Le Travesti et le Corbeau » (1983) de Copi, p. 29) ; « Touche-moi le cul encore une fois et c’est à Jésus-Christ que tu auras affaire ! » (David Forgit, le travesti M to F, dans son one-(wo)-man show Désespérément fabuleuses : One Travelo And Schizo Show, 2013) ; « Dieu, quand je te rencontrerai, je serai un ange magnifique. » (Rayon, le trans M to F, dans le film « Dallas Buyers Club » (2014) de Jean-Marc Vallée) ; « Willy, c’était mon miracle à moi. » (Éa parlant de Willy, le gamin transgenre M to F qui se prend pour une fille, dans le film « Le Tout Nouveau Testament » (2015) de Jaco Van Dormael) ; etc. Ils font de temps en temps des miracles. Dans le film « Extravagances » (1995) de Beeban Kidron, les muets retrouvent la parole grâce aux dragqueens. Dans le film « Prends-moi » (2005) d’Everett Lewis, le drag queen noir est messager divin. Dans la pièce Transes… sexuelles (2007) de Rina Novi, Ludo le transsexuel est surnommé « Lu-Divine » par ses camarades : Jules dira d’ailleurs que « Divine, ça lui va très bien ». Jean Genet baptise également son travesti de Notre-Dame des Fleurs (1946) « Divine ». Dans le film « The Rocky Horror Picture Show » (1975) de Jim Sharman, la scène de la piscine dans laquelle le Dr Frank-N-Furter, transsexuel, assure le lien entre l’Homme et Dieu, avec pour toile de fond la fameuse Création d’Adam de Michel Ange, montre que le transsexualisme est assimilé à l’incarnation divine du Christ. Dans le film « Mezzanotte » (2014) de Sebastiano Riso, la cantatrice trans M to F Louvre est fêtée pendant son concert comme une diva divine. Davide, le jeune héros homosexuel, s’y identifie complètement.

 
 

c) Le personnage homosexuel a le pied blessé ou le détruit afin d’accéder à une essence mythique :

N.B. : Je vous renvoie également aux codes « Talons aiguilles » et « Planeur » dans le Dictionnaire des Codes homosexuels.

 

Le pied semble être le fétiche sacré du désir homosexuel : « Tu avais le pied émouvant. » (Vera l’héroïne lesbienne s’adressant à son amante Lola, dans la pièce Géométrie du triangle isocèle (2016) de Franck d’Ascanio) ; « Toute ton odeur, ça m’a rendue folle depuis que je te connais, quoi. L’odeur de tes aisselles, de tes pieds. […] Ça m’a absorbée complètement, je suis devenue folle… » (Daphnée à Luc dans la pièce La Tour de la Défense (1974) de Copi) ; « Je n’étais pas habituée à ce qu’on me touche les pieds. […] À cette partie du corps s’attachait une lourde signification symbolique. Je ne touchais que les pieds de mes grands-parents et les représentations de certains dieux dans les temples. Je ne touchai les pieds que des dieux que j’aimais. […] Que Rani me touche les pieds était un don d’amour. Un don si grand que je ne savais que faire. » (Anamika dans le roman Babyji (2005) d’Abha Dawesar, p. 109) ; « Quel homme parmi vous n’a jamais rêvé de s’embrocher un cul-de-jatte, de s’empaler sur un unijambiste ? » (la voix narrative de la nouvelles « Mémoires d’un chiotte public » (2010) d’Essobal Lenoir, p. 89) ; « ‘Tu les aimes, mes pieds ? […] Prends celui de gauche… Prends-le… Il est à toi…’ […] La situation me semblait irréelle tout à coup. Je paniquais. Que faire de ce pied gauche sur mes genoux ? […] Sidi était ravi. Il m’avait cédé son pied. » (Sidi et Hadda dans le roman Le Jour du Roi (2010) d’Abdellah Taïa, pp. 190-191) Dans le film « Benzina » (« Gasoline », 2001) de Monica Stambrini, la première image que l’on voit de Stella, l’héroïne lesbienne, c’est son pied botté qu’elle enflamme au briquet. Dans le film « Les Amitiés particulières » (1964) de Jean Delannoy, Alexandre a trouvé une excuse pour rejoindre incognito son amant Georges dans leur serre secrète : il prétexte une entorse au pied. Dans la pièce Les Amours de Fanchette (2012) de Jean-Baptiste Sieuw, Fanchette, l’héroïne lesbienne, est courtisée par son pied d’une exceptionnelle beauté. Dans le film « Que Viva Eisenstein ! » (2015) de Peter Greenaway, Sergueï Eisenstein, homosexuel, fait l’éloge des pieds.

 

Pour observer les pieds cassés dans les œuvres homosexuelles, je vous suggère de jeter un œil sur le conte Cendrillon d’Hans Christian Andersen, le film « Strangers On A Train » (« L’Inconnu du Nord-Express », 1951) d’Alfred Hitchcock, le film « Les Filles du botaniste » (2006) de Daï Sijie, le film « Memento Mori » (1999) de Kim Tae-yong et Min Kyu-dong, le film « A Family Affair » (2003) d’Helen Lesnick, le one-man-show Jérôme Commandeur se fait discret (2008) de Jérôme Commandeur, le film « Mon Fils à moi » (2006) de Martial Fougeron, la pièce Arthur Rimbaud ne s’était pas trompée (2008) de Bruno Bisaro, le roman El Palomo Cojo (1991) d’Eduardo Mendicutti, le one-man-show Entre fous émois (2008) de Gilles Tourman (avec la cheville tordue), le film « Le Roi et le Clown » (2005) de Lee Jun-ik (avec la jambe cassée), le roman Journal de Suzanne (1991) d’Hélène de Monferrand, le film « L’Homme aux colts d’or » (1958) d’Edward Dmytryck, le film « Mondo Trasho » (1970) de John Waters, le film « Polyester » (1981) de John Waters, le film « La Rage de vivre » (1996) de Nancy Meckler, les photos et la sculpture Le Cinquième élément du fétiche d’amour de Tony Riga, le one-man-show (2008) d’Alex Lutz, la pièce Ma double vie (2009) de Stéphane Mitchell, le film « Ander » (2009) de Roberto Castón (où Ander marche avec des béquilles dès qu’il s’homosexualise), le film « Rose et Noir » (2009) de Gérard Jugnot (Saint Loup se fait piétiner le pied par le prince Frédéric de Montmirail), la pièce Coloc’ à taire ! (2010) de Grégory Amsis (avec Fred et son pied cassé), le roman La Cité des Rats (1979) de Copi (avec l’Émir des Perroquets qui n’a plus qu’une patte), le roman Le Bal des folles (1977) de Copi (avec l’unijambiste), la pièce Les Miséreuses (2011) de Christian Dupouy (avec Fauche-le-Vent qui se casse le pied), le roman Accointances, connaissances, et mouvances (2010) de Denis-Martin Chabot (avec Marcel aux jambes paralysées, ou bien Brigitte la lesbienne qui se fait une entorse au pied), le film « Devotee » (2008) de Rémi Lange (avec le héros privé de bras et de jambes), le roman Le Jour du Roi (2010) d’Abdellah Taïa (avec Omar qui pisse sur la blessure de son mollet pour qu’elle cicatrise), la pièce L’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer (1971) de Copi (Irina s’est cassée une jambe en tombant dans l’escalier), le film « Die Frau » (2012) de Régina Demina (avec l’amante-fillette à la jambe « cassée », bandée), etc.

 

B.D. "Femme assise" de Copi

B.D. « Femme assise » de Copi


 

Souvent dans les fictions traitant d’homosexualité, le personnage homosexuel casse son pied, ou bien le coupe : « Laura courut derrière son amant qui l’abandonnait. Elle tomba, se cassa la cheville. Pour le culpabiliser, elle prétexta la gangrène, se fit couper la jambe. » (cf. un extrait du scénario qu’écrit Pablo Quintero, dans le film « La Ley Del Deseo », « La Loi du désir » (1986), de Pedro Almodóvar) ; « J’ai de plus en plus de mal à marcher, je m’aperçois que je n’ai plus de pieds, on me les a coupés. » (Ernst racontant son rêve, dans le roman J’apprends l’allemand (1998) de Denis Lachaud, p. 86) ; « Pourquoi faut-il toujours que je me bousille un pied dans les moments clés ? » (idem, p. 121) ; « J’ai coupé un pied à la dame négresse et je me le suis glissé dans une poche. » (la voix narrative dans le roman L’Uruguayen (1972) de Copi, p. 40) ; « Je vous fous une balle dans une jambe, dans le cas où vous auriez envie de danser un peu avant votre mort ! Ordure ! » (Leïla à Fougère dans la pièce Les Quatre jumelles (1973) de Copi, p. 36) ; « Dans le mouvement de confusion, quelqu’un marcha sur le pied de Solange. Elle hurla de douleur. » (Copi, La Vie est un tango (1979), p. 146) ; « J’aurais mieux fait de me casser une jambe le soir de notre rencontre. » (Thomas s’adressant à son amant François, dans la pièce L’un dans l’autre (2015) de François Bondu et Thomas Angelvy) ; etc. Par exemple, dans le film « Xenia » (2014) de Panos H. Koutras, Dany, le héros homosexuel, se tord le pied. Dans le film « Mommy » (2014) de Xavier Dolan, Diane, la mère de Steve (le héros homosexuel), a coupé son fils et lui a fait des « bobos sur la cuisse ». Dans le one-woman-show Mâle Matériau (2014) d’Isabelle Côte Willems, le pied est le symbole de l’asexuation : « Tu vois mes pieds ? Ils font fille ou garçon ? » Plus tard, la narratrice transgenre F to M brise à coup de sabre la jambe droite d’un soldat. Dans la pièce La Famille est dans le pré (2014) de Franck Le Hen, l’animateur qui devait présenter l’émission de télé-réalité Stars chez eux s’est coincé le pied dans la 4/4 de Graziella. Dans le roman At Swim, Two Boys (Deux garçons, la mer, 2001) de Jamie O’Neill, Doyler, Doyler, d’un des héros homos, boîte car il s’est blessé à la jambe gauche à la guerre. Dans le film « Mon Père » (« Retablo », 2018) d’Álvaro Delgado Aparicio, Segundo se flagelle le pied.

 

À force de prendre homosexuellement son pied, le personnage ne le retrouve plus ! « À peine j’essaie de remuer dans le lit je sens une très forte douleur au pied gauche. J’écarte les draps : il n’y a plus de pied gauche. » (le narrateur homosexuel du roman Le Bal des folles (1977) de Copi, pp. 59-60)

 

DIEU jambes

 

Avoir le pied tranché, c’est une manière de se déifier, de ne plus appartenir à la Terre, de rejoindre les Cieux… et surtout l’orgueil de Lucifer. Le pied coupé ou cassé renvoie très certainement à l’éloignement du Réel du personnage homosexuel, et donc souvent à des réalités fantasmatiques violentes : « Lâche ma botte, putain ! » (Glen racontant un de ses « plans cul », dans le film « Week-End » (2012) d’Andrew Haigh) ; « Votre pied a-t-il résisté à mon talon ? » (Mathilde dans le roman Mathilde, je l’ai rencontrée dans un train (2005) de Cy Jung, p. 13) ; etc.

 

Par exemple, dans la comédie musicale Se Dice De Mí En Buenos Aires (2010) de Stephan Druet, Ottavia la Blanca, le héros transsexuel M to F, pour cacher qu’il vient de se faire battre, fait croire qu’elle a un problème au pied : « Non non, rien… Je me suis cassée un talon. » Dans le film « The Bubble » (2006) d’Eytan Fox, Yali perd l’usage de ses jambes après un attentat palestinien : lui, le rêveur homosexuel qui n’avait pas les pieds sur terre, ne remarchera plus. Dans le film « Freak Orlando » (1981) d’Ulrike Ottinger, les soldes des chaussures sont annoncées comme par hasard sous le slogan « Liquidations des Mythes ». Dans le film « Strella » (2009) de Panos H. Koutras, par exemple, au moment où Yiorgos a voulu venger son fils Strella en tuant l’oncle de celui-ci avec un fer à repasser parce qu’il avait abusé de son neveu, il a blessé Strella au pied. Dans le film « Shortbus » (2005) de John Cameron Mitchell, Sofia, la psy, prend une jambe de mannequin en plastique et, de rage, la fracasse contre une bouche d’égout… car elle ne sait plus où elle en est en amour. Elle se venge d’avoir cru vainement en la toute-puissance de l’extase divine par le sexe, sur ce fétiche en forme de pied. Dans le film « Prora » (2012) de Stéphane Riethauser, Jan, repoussé violemment par son amant Matthieu, se coupe la jambe à cause d’un éclat de vitre de fenêtre. Dans la série Joséphine Ange-gardien (1999) de Nicolas Cuche (épisode 8, « Une Famille pour Noël »), la toute première scène est comme par hasard celle où le jeune Julien (le fils de Thierry, le héros homosexuel) se coince le pied dans la portière du train duquel il descend. Dans la pièce Folles Noces (2012) de Catherine Delourtet et Jean-Paul Delvor, le kozak Karltschusski se coupe les dix doigts de pieds.

 
 

FRONTIÈRE À FRANCHIR AVEC PRÉCAUTION

 

PARFOIS RÉALITÉ

 

La fiction peut renvoyer à une certaine réalité, même si ce n’est pas automatique :

 
 

a) Certaines personnes homosexuelles se prennent pour Dieu, des anges, ou le Christ :

 

Par souffrance et orgueil, beaucoup de personnes homosexuelles expriment le désir de s’auto-créer, de devenir leur propre origine ou des anges asexués auto-suffisants, quand bien même elles ne croient pas en Dieu. « Être queer, c’est se forger sa propre identité. » (Jan Noll, un chanteur homosexuel interviewé dans le documentaire « Somewhere Over The Rainbow » (2014) de Birgit Herdlitschke, diffusé en juillet 2014 sur la chaîne Arte) Par exemple, en interview, le romancier Eddy Bellegueule déclare à propos de son autobiographie En finir avec Eddy Bellegueule (2014) qu’il a souhaité « rompre avec ce qu’on avait fait de lui pour se réinventer. » Tout au long de sa vie, le couturier homosexuel Yves Saint-Laurent s’est auto-détruit tout en se présentant comme un génie divin (cf. certains slogans de ses produits – « OPIUM : pour celles qui s’adonnent à Yves Saint-Laurent » – l’illustrent tout à fait)… et son amant officiel Pierre Bergé le lui fera remarquer : « Tu te prends pour le Christ aux outrages ? » Je vous renvoie aux documentaires « Des Hommes et des dieux » (2002) d’Anne Lescot et Laurence Magloire, « Tiny And Ruby : Hell Divin’Women » (1988) de Greta Schiller et Andrea Weiss, « Not Angels But Angels » (1994) de Wiktor Grodecki, « Mr Angel » (2013) de Dan Hun (avec Buck Angel, la femme transsexuelle F to M), à l’essai Parce que les Lesbiennes ne sont pas des femmes… (2004) de Marie-Hélène Bourcier et Suzanne Robichon, etc.

 

Lors de l’émission Les Enfants d’Abraham du 1er décembre 2009 diffusée sur la chaîne Direct 8, traitant de l’homoparentalité, Haïm Korsia, le porte-parole juif, parle de la « négation des limites humaines » qu’impulse l’homosexualité. Il n’a, en effet, pas tort du tout quand il aborde les fantasmes de toute-puissance de la communauté homosexuelle, car les exemples ne manquent pas observer la folie des grandeurs du désir homosexuel !

 

Un garçon à la Gay Pride

Un garçon à la Gay Pride


 

On observe dans la réalité que ce fantasme d’être Dieu dépasse bien souvent les écrans et les livres, pour se concrétiser partiellement mais fréquemment dans les modes de vie des individus homosexuels. « Oscar Wilde… la tentation démoralisante de se prendre pour une sorte de petit dieu, en vertu d’une culture qui ne devrait être considérée que comme tout à fait ordinaire. » (Bernard Shaw, cité dans l’essai Histoire et anthologie de l’homosexualité (1970) de Jean-Louis Chardans, p. 173) ; « Je suis hétéro et homo… hétéromo ! Les animateurs c’est comme les anges, ça n’a pas de sexe ! » (l’animateur homosexuel Olivier Minne, au micro de RMC en août 2014) ; « La Maison des Saints Anges – nom de ce monastère – avait la réputation d’être un havre pour plusieurs membres de l’Ordre ayant une orientation homosexuelle. » (Père Malachi Martin, La Maison battue par les vents (1996), pp. 448-449) ; « Je suis ma propre fan. Je m’adore. » (Linn, jeune homme brésilien travesti en femme, dans le documentaire « Bixa Travesty » (2019) de Kiko Goifman et Claudia Priscilla) ; etc.

 

Il suffit de faire un petit tour sur Internet et sur les sites de rencontres gays où fourmillent les pseudonymes à consonance religieuse et mystique (« Angeoudemon », « Godblessyou », « Jesusisgay », etc.) pour constater l’ampleur du phénomène. Ce n’est certainement pas parce que la majorité des personnes homosexuelles se dit athée qu’elle a renoncé à ce désir de se prendre pour Dieu. Actuellement, l’athéisme, en tant que nouveau fanatisme profane, fait d’ailleurs plus d’orgueilleux que l’adhésion à une religion telle que le catholicisme, où les notions de service et d’humilité sont centrales !

 

Ce souhait d’être « Dieu à la place de Dieu » débute gentiment par un discours eugéniste pro-gay classant l’homosexualité dans l’exceptionnalité surnaturelle, et faisant « des » homosexuels une race à part : « Je pense que l’homosexualité, ça développe l’intelligence. Non pas qu’on soit plus intelligents que les autres. Mais on est plus sensibles. » (Françoise, une femme lesbienne, dans l’émission Dans les yeux d’Olivier d’Olivier Delacroix et Mathieu Duboscq, diffusée sur France 2 le 12 avril 2011)

 

Le délire mégalo et sincère se poursuit après dans le jeu de mots sympathique et presque anodin. Par exemple, à Montpellier, il existe une association LGBT pour les jeunes gay, lesbiennes, bis, trans de 16 à 25 ans, qui s’appelle A.N.G.E.L. (si on décompose : Association des Nouveaux Gays Et Lesbiennes) ; elle a été créée en 1997, et bien évidemment, dans ses statuts, elle se dit « laïque et apolitique ». Autre exemple : certains amis homos à moi m’ont confié que, lorsqu’ils étaient petits, ils s’amusaient à modifier phonétiquement leurs noms de famille pour les rendre plus « angéliques » ; ou bien qu’ils se prenaient pour des anges.

 

Puis à l’adolescence et à l’âge adulte, l’identification fusionnelle à Jésus se fait en général par les goûts et les loisirs (plus rarement par une pratique religieuse au sein de l’Église catholique). Il n’est pas du tout rare de retrouver, du côté des icones gay, des artistes qui jouent les saints profanes. En premier lieu, on pensera bien sûr à Mylène Farmer, qui se prend pour Mère-Nature en sortant du crâne de la statue d’Isis lors de son concert Mylenium Tour (1999). Par exemple, dans la biopic « Ma Vie avec Liberace » (2013) de Steven Soderbergh, le pianiste virtuose gay Liberace raconte que suite à un malaise qui l’a conduit à l’hôpital, il a eu une vision d’une religieuse immaculée au chevet de son lit ressemblant à une infirmière, et qui en réalité était une vision privée qui lui confirmait non pas l’existence de Dieu ou de Marie mais son « élection » homosexuelle… Par ailleurs, la diva se crucifie dans les vidéo-clips des chansons « Je te rends ton amour », « Optimistique-moi », « XXL », et interprète un ange envoyé sur Terre dans le vidéo-clip de la chanson « Que mon cœur lâche ». Lors de son concert Rodéo Tour (2005), la chanteuse Zazie arrive suspendue dans un linceul. L’égérie de la communauté homo, Madonna, qui avait déjà endossé le rôle de Marie-Madeleine dans le vidéo-clip de sa chanson « Like A Prayer », récidive dans le blasphème sincère et puéril en entonnant lors de ses concerts (tournée 2006) « Live To Tell » crucifiée sur une croix disco, avec une couronne d’épine sur la tête. Quant à la chanteuse Kilye Minogue, elle joue la Vénus aérienne et la grande prêtresse grecque dans son album Aphrodyte. Pour refermer cette parenthèse des icones gay ré-employant les symboles religieux classiques pour mieux les détourner à leur propre gloire, je citerai le groupe de rock gothique français Indochine, qui s’est choisi pour logotype la croix du Christ.

 

Et quand ce sentiment d’être divin est pris davantage au sérieux, se forment des groupes de franc-maçonnerie homosexuelle secrets. On peut citer le cercle britannique Bloomsbury, composé entre autres par Bertrand Russell, Lytton Stachey, E. M. Forster ou encore J. M. Keynes, qui, au début du XXe siècle, célébrait l’homosexualité comme une forme d’amour plus élevée (Higher Sodomy) que les « vulgaires » amours femme-homme ; ou bien au fait divers réel qui secoua l’Allemagne dans les années 1920, et que le film « Un Parfum d’absinthe » (2004) de Achim von Borries retrace (des étudiants homosexuels de la bonne société se retrouvaient entre eux pour fonder un club de suicide) ; ou enfin au clan très underground et ésotérique de la Beat Generation formé par William Burroughs, Jack Kerouac, Allen Ginsberg, et d’autres artistes nord-américains soucieux de construire une élite spiritualo-homosexuelle, censée recréer/préserver la pureté divine des amours platoniciennes.

 

En ce moment, c’est l’idéologie du Gender et du Queer qui a le vent en poupe et qui traduit le mieux la tendance des personnes homosexuelles pratiquantes à se prendre pour leur propre origine et leurs propres désirs. « C’est, je pense, l’intérieur qui commande. […] Dieu, c’est rien. » (Pierrot, le papy fermier de 83 ans dans le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz) C’est finalement la « bourgeoise-bohème attitude ». Car, qu’est-ce qu’être bobo, sinon vouer un culte maladif à la simplicité, au naturel, à l’authentique, et se prendre pour un dieu innocent, qui créerait du génie par accident, sans le désirer, et par lui-même ? (cf. je vous renvoie au code « Bobo » de mon Dictionnaire des Codes homosexuels).

 

Le fait de se prendre pour Dieu crée une schizophrénie. D’ailleurs, il existe dans le mouvement queer un sous-groupe de personnes qui se revendiquent « bispirituels » et s’autoproclament « Deux-Esprits ». Cette nouvelle dénomination communautaire est apparue lors de la Troisième Conférence annuelle des gays et lesbiennes des Premières Nations à Winnipeg (États-Unis) en 1990. Ses adeptes (par exemple Gina Metallic) prétendent « s’éloigner de l’aspect purement sexuel pour se rapprocher de la dimension spirituelle ».
 

Tableau de Pierre et Gilles

Tableau de Pierre et Gilles


 

Concernant les cas plus isolés de délires mystiques homosexuels, on sait par exemple que le Marquis de Sade aimait à se faire appeler « le Divin Marquis », que l’écrivain britannique Malcolm Lowry s’est pris très sérieusement pour le Christ quand il pensait qu’il pouvait changer l’eau en vin (cf. le documentaire « Le Volcan » (1976) de Donald Brittain). Le danseur Nijinski se prenait également pour Dieu : il l’écrit noir sur blanc dans ses Carnets qu’il rédige en 1919 : « L’exaltation de Nijinski le poussait aussi à courir la montagne qui faisait dos à la villa, où il entendait Dieu lui dicter ses ‘commandements’. Endossant le rôle du prêcheur, la poitrine barrée d’un large crucifix, Nijinski exhortait les habitants de Saint-Moritz à fréquenter l’église et à mener une ‘vie droite’. » (Christian Dumais-Lvowski, dans l’avant-propos des Cahiers (1919) de Vaslav Nijinski, p. 11) En 1973, Michel Journiac a réalisé un moulage d’après son propre visage : Journiac Travesti en Dieu. Dans le docu-fiction « Howl » (2010) de Rob Epstein et Jeffrey Friedman, Allen Ginsberg se décrit comme « prophétique ». Yves Saint-Laurent, lui, s’est photographié en Jésus. Des femmes féministes et lesbiennes se crucifient dans le documentaire « Mamá No Me Lo Dijo » (2003) de Maria Galindo, ou bien se font passer pour des prêtres. L’écrivain japonais Yukio Mishima s’est photographié dans des postures très christiques. Monique Wittig, de son vivant, déclare que les femmes lesbiennes ne sont pas des femmes, mais des êtres sans vagin, asexués, quasi divins : « Il serait impropre de dire que les lesbiennes vivent, s’associent, font l’amour avec des femmes, car la femme n’a de sens que dans les systèmes de pensée et les systèmes économiques hétérosexuels. Les lesbiennes ne sont pas des femmes. » (Monique Wittig lors d’une conférence à New York en 1978). Le poète espagnol Luis Cernuda, quant à lui, écrit son désir d’être « éternel » (Armando López Castro, Luis Cernuda En Su Sombra (2003), p. 11). En 1997, Alfredo Arias se fait photographier avec des ailes d’ange par Michel Sedan. Le poète argentin Néstor Perlongher veut, par l’extase et la consommation de drogues, « se sentir Dieu » (cf. son article « Poesía Y Éxtasis », 1990). Dans le documentaire « Les Garçons du Lido » (2010) de Louis Dupont, certains Lido Boys Dancers portent des ailes d’ange en plumes. Michou, le célèbre créateur du cabaret transformiste parisien Chez Michou, au moment d’être photographié devant la Basilique de Montmartre, ose se comparer à l’édifice : « Je serai aussi célèbre que le Sacré-Cœur ! » (cf. le journal Direct Matin, n°904, le 17 juin 2011, p. 12) Les partisans de la Queer Theory actuelle défendent une conception très ésotérique, éthérée, et désincarnée, de l’être humain, comme si l’espèce humaine toute entière était angélique.

 

Si l’on écoute les propos de certaines personnes homosexuelles, on ne doute pas du fait qu’elles se soient vraiment prises pour Dieu : « Dans mes rêveries, apparut explicitement le désir d’imiter Jésus. […] Je me vis suspendu à la croix, cloué. Une foule immense me regardait. Ce martyre public finit par devenir une image voluptueuse. » (Pier Paolo Pasolini cité par Gian-Luigi Simonetti, « Pier Paolo Pasolini », dans le Dictionnaire de l’homophobie (2003) de Louis-Georges Tin, p. 306) ; « Puisqu’il me fallait choisir entre Dieu et moi, je me suis préférée à lui car j’étais certaine de mon existence alors que bien des gens parmi les plus instruits et les plus estimables doutaient de la sienne. » (Paula Dumont, Mauvais genre (2009), p. 70) ; « Même si je vivais cent ans, cela ne me suffirait pas. » (James Dean cité dans la biographie James Dean (1995) de Ronald Martinetti, p. 105) ; « Je sens que je deviens Dieu. » (Gilles Deleuze et Félix Guattari, L’Anti-Œdipe (1972/1973), pp. 100-101) ; « C’est donc moi, le roi ! C’est donc à moi que revient le royaume ! » (idem, p. 106) ; « Je crois qu’être lesbienne c’est appartenir à cette catégorie d’‘appelés’. » (Marie-Jo Bonnet, Qu’est-ce qu’une femme désire quand elle désire une femme ? (2004), p. 123) ; « Je suis Brüno, l’Ange de la Paix. » (Brüno dans le film « Brüno » (2009) de Larry Charles) ; « Je suis le Jésus autrichien. » (idem) ; « Et le troisième lieu était le grand théâtre classique : l’amphithéâtre antique avec ses pierres. […] Tes représentations, tu les donnais après la pluie, quand, dans le creux des dalles, des flaques apparaissaient. Là, tu apparaissais grandiose, avec ta croix en bois. Tu adorais jouer ta Via Crucis. Tu te laissais tomber avec délices dans les flaques. » (la grand-mère d’Alfredo, lui racontant son enfance, dans l’autobiographie Folies-fantômes (1997) d’Alfredo Arias, p. 159) ; « Mais pourquoi diable, Dieu ne serait-il pas une lesbienne noire ? » (Albert Le Dorze, La Politisation de l’ordre sexuel (2008), p. 108) ; « Est-ce que les lesbiennes noires seront un jour des dieux… pas des déesses, mais des dieux ? » (Lise dans la pièce La Fesse cachée (2011) de Jérémy Patinier) ; « J’ai commencé à faire bouger mes p’tites ailes. Des p’tites ailes qui sont devenues démesurées. » (Thérèse, une femme lesbienne de 70 ans, en parlant de la « Libération sexuelle » de mai 1968, dans le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz) ; « Par les pouvoirs que nous nous sommes octroyés… » (les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence dans le documentaire Et ta sœur (2011) de Sylvie Leroy et Nicolas Barachin) ; « On rejoue la crucifixion et le sacrifice de Jésus. Mais ce n’est pas qu’un jeu. Il serait dommage de ne voir tout cela que comme une mascarade. C’est bien mieux d’en voir une version authentique et concrète. Tout ceci forme un grand jeu bien réglé. Un jeu sacré. Et le sacré accentue encore le caractère orgiaque de cette mise en scène. » (David Berger, homosexuel attiré par le sadomasochisme et ancien clerc, dans le documentaire « Du Sollst Nicht Schwul Sein », « Tu ne seras pas gay » (2015) de Marco Giacopuzzi) ; etc.

 

DIEU Morrissey

 

Pour préserver ses utopies identitaires et amoureuses, la communauté homosexuelle a tendance à encenser certaines de ses célébrités – surtout les plus atypiques et les plus iconoclastes – et à distribuer des diplômes de divinité à tout va : « Il suffit d’avoir vu les dessins de Copi pour savoir qu’il ne voit pas, ne pense pas comme tout le monde. » (cf. l’article « Copi, le survolté » de Guy Dumur, dans le journal Le Nouvel Observateur, le 11 avril 1986) David Halperin, le sociologue nord-américain, rédige en 1995 un essai mi-ironique mi-laudatif en l’honneur de son maître à penser Michel Foucault : Saint Foucault : Towards A Gay Hagiography. Nous, spectateurs, sommes de plus en plus conviés à célébrer la béatification des martyrs homosexuels de l’homophobie lors de veillée aux flambeaux, comme celle qui est organisée à la fin du film « Harvey Milk » (2009) de Gus Van Sant, à la mémoire de saint Harvey Milk. Ce sont certains rituels (le coming out, la formation du couple homo, le « mariage », l’acte homophobe agissant comme le sacre du martyr, etc.) qui peu à peu donneraient aux personnes homosexuelles le statut de saints. Par exemple, dans le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz, la fille de Thérèse dit que sa mère (lesbienne) est née à 42 ans, au moment de son coming out. Michael Zolciak, quant a lieu, tresse théâtralement une auréole de saint à Arthur Rimbaud : Et Dieu créa Rimbaud (2015)

 

Par ailleurs, on entend régulièrement de la bouche de certains croyants homosexuels – ceux-là mêmes qui ne vivent pas concrètement ce que demande leur Église, d’ailleurs… – que Dieu les aurait créés homosexuels : « Dieu nous a créés comme ça. » (cf. les témoins homos du documentaire Ouganda : au nom de Dieu (2010) de Dominique Mesmin) Dans le documentaire « Católicos Gays » de l’émission Conexión Samanta sur la chaîne Play Cuatro, (juin 2011), Vicente dit que c’est Dieu qui l’a voulu gay ; et quasiment tous les témoins croyants homosexuels affirment très sincèrement que « Dieu les aime tels qu’ils sont ». Bref, « l’homosexuel » serait divin, naturellement divin !

 

Au-delà de l’aspect carnavalesque risible, le déguisement de l’innocence divine sert concrètement de matraque idéologique encore plus puissante et censurante qu’une attaque ouvertement hostile. Qui veut faire l’ange fait la bête. Par exemple, pendant l’affaire Shepard aux États-Unis en 1998, Romaine Patterson, une amie de Matthew, organise l’« Action de l’Ange », à savoir que des militants pro-gay, déguisés en angelots, ont encerclé leurs opposants (décrétés « homophobes ») pour les faire taire. Et en France, lors des Gay Pride et des Manifs Pour Tous, ce sont les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence, les gentils « Antifas » ou « Anti-homophobie », ou encore les FEMEN (déguisées en religieuses, le 18 novembre 2012), qui sont finalement les plus violents.

 

les FEMEN "anti-fascistes"

les FEMEN « anti-fascistes »


 

La croyance qu’on est « Dieu tout seul », au-delà de l’égocentrisme mégalomaniaque qu’elle semble démontrer, est finalement la marque d’un gros manque d’amour ou d’un manque de reconnaissance qu’on est aimé. Dans le documentaire « Le Genre qui doute » (2011) de Julie Carlier, la femme transsexuelle F to M qui témoigne nie la réalité de la/sa sexuation humaine, comme si en matière de sexualité tout n’était qu’une affaire de paraître et de ressenti : « Qu’est-ce que c’est un homme ? une femme ? C’est ce qu’on en voit. » On constate très vite qu’elle essaie par le travestissement de combler une blessure d’orgueil, narcissique : « Au niveau de l’égo, ça me fait toujours du bien. » Un grand manque d’amour : « Jamais personne ne me dit que je suis belle. »

 
 

b) Le transgenre est montré comme la réincarnation christique des temps modernes :

DIEU bears vrais

 

Les personnes transgenres ou transsexuelles, tout comme dans les fictions, sont au départ applaudies comme les grandes saintes de la communauté LGBT… même si, concrètement, leur victoire résurrectionnelle est moins effective et miraculeuse que dans les films (c’est le moins qu’on puisse dire !). Elle réside davantage dans les intentions et les croyances que dans les faits : le documentaire « I Am Divine » (2013) de Jeffrey Schwartz, etc.

 

« Elle, c’est María José et lui, José María. […] Quelque chose de profondément religieux. Que l’on ne peut confesser. » (Luisa Valenzuela, « Leyenda De La Criatura Autosuficiente », 1983) ; « Lito [un M to F] avait fait converger toutes ses forces dans le but unique d’imiter sa mère. Dans l’intimité, il s’habillait comme elle. Il interprétait le répertoire lyrique qui avait fait la gloire de Katia. Elle acceptait volontiers cet hommage filial et le miroir qu’il lui tendait : elle se voyait plus jeune et, grâce à ce subterfuge, elle parvenait à se croire éternelle. » (cf. l’autobiographie Folies-fantômes (1997) d’Alfredo Arias, p. 291) ; « Plus ta perruque est haute, plus tu te rapproches de Dieu. » (Lady Bunny, le drag queen new-yorkais, cité dans la revue Têtu, n°127, novembre 2007, p. 90) ; « Je suis le seul être humain à pouvoir être en même temps père et mère. » (Jorge Pérez, le transsexuel M to F dit « Concha », dans l’autobiographie Folies-fantômes (1997) d’Alfredo Arias, p. 49) ; « Camp is gender without genitals. » (Philippe Core, cité dans l’essai Folles de France (2008) de Jean-Yves Le Talec, p. 79) ; « Nous savons que, dans l’univers de Copi, Dieu est (ou peut être) un transsexuel. » (cf. l’article « Cerca De La Revolución » de Daniel Link, sur le site http://www.elortiba.org/copi.html, consulté en février 2010) ; « C’est lui qui nous a montré le chemin. » (le père de Lucas, femme F to M, pendant le débat « Transgenres, la fin d’un tabou ? » diffusé sur la chaîne France 2 le 22 novembre 2017) ; « J’ai cassé la côte d’Adam. Je suis la Nouvelle Ève. » (Linn, jeune homme brésilien travesti en femme, dans le documentaire « Bixa Travesty » (2019) de Kiko Goifman et Claudia Priscilla) ; etc.

 

Les personnes transgenres/transsexuelles sont-elles vraiment les dieux du « milieu homo » ? Il est clair qu’elles font sensation pendant les Gay Pride, ou durant les meetings politiques. Le temps d’un spectacle, elles subjuguent les assemblées dans lesquelles elles se produisent artistiquement, tellement elles savent rendre l’artifice très réaliste. D’où l’impression temporaire qu’elles donnent d’être des magiciennes, des déesses. « Des transsexuelles me prirent sous leur coupe, persuadées qu’elles avaient la solution à mon chagrin. Amour divin, amour profane, nous entretenions les sentiers d’une relation juste et sensible. Mais, ces ébats qui ne me procuraient aucun plaisir, ne faisaient qu’aggraver le trouble existant de la scène de violence vécue avec mon frère. Cette scène qui me hantait et réveillait ces horribles douleurs au ventre. Et puis pour moi, c’était des filles ; Et les filles, franchement, ne m’attiraient pas. » (Berthrand Nguyen Matoko, Le Flamant noir (2004), p. 119) En plus, elles ont le mérite d’être ultra minoritaires (y compris au sein de la communauté homosexuelle : elles ne sont pas toujours bien intégrées dans les associations LGBT, d’ailleurs…). Elles ont le courage surhumain de défier la mutilation que représente leur opération de changement de sexe, une opération coûteuse qu’elles n’auront jamais finie de réaliser entièrement. La démarche de ces personnes, même si elle n’est pas concrètement divine, tend, en intentions (et parfois en actes), quand même à la déification. Dans son étude Horsexe, essai sur le transsexualisme (1983), Catherine Millot explique que le désir transsexuel consiste à échapper à la dualité des sexes, à appartenir au sexe des anges, à être hors-sexe (p. 133). Et force est de constater que dans l’attitude et le discours de la grande majorité des personnes transsexuelles, il y a un mime, un pastiche (inachevé, toujours raté) du Christ. Je pense en particulier au documentaire « Boy I Am » (2006) de Sam Feder et Julie Hollar, dans lequel Nicco (née fille) est carrément filmée crucifiée sur la table d’opération, avec les bras en croix, pour être « transformer » en garçon. Je pense aussi au discours très christique de l’acteur John Cameron Mitchell, mais aussi à toute cette tyrannie corporelle (régimes, maquillage, piqûre d’hormones, ablation du sexe, etc.) que s’infligent les personnes transsexuelles, comme si elles s’offraient en sacrifice à l’autel de la science. Par ailleurs, Harry Glenn Milstead s’est mis toute sa vie dans la peau de son personnage mythique de « Divine », grâce au travestissement. Et la figure du transsexuel, même dans des ouvrages théoriques présentés comme scientifiques, continuent d’arborer un discours profane mais « religieux à la sauce libertine ». Par exemple, dans l’article « Crónica Auténtica De Lo Acontecido En Un Pub De Chueca Una Noche De Verano » (inclus dans l’ouvrage collectif Primera Plana (2007) de J. A. Herrero Brasas), Marisol, l’homme transsexuel, est présenté comme un Messie qui annonce la Bonne Nouvelle de l’Hédonisme à la Terre entière (« Aimez qui vous voulez ! »)… ou plutôt à tous les clients du bar La Licorería de Madrid. Et là encore, la volonté de mimer Dieu est très claire et très sincère chez la personne transsexuelle.

 
 

c) La suppression des pieds exprime un désir de devenir Dieu, de se mythifier et de mourir :

Se retirer les pieds, c’est s’homosexualiser. « Je me réveille à 3h30 avec la jambe gauche lourde. Je me souviens du rêve dans lequel je disais que j’allais me mettre en couple avec un homme à ma famille, parce que je suis homosexuel ou crois l’être. » (cf. le mail d’un ami homo, Pierre-Adrien, 30 ans, reçu en juin 2014) Par exemple, dans l’émission Toute une histoire spéciale « Mon père est parti avec un homme » (diffusée sur la chaîne France 2 le 5 décembre 2013), Jacques Vialatte, le romancier de 61 ans, a découvert son homosexualité à 34 ans – alors qu’il était marié avec 4 enfants – avec le coiffeur (marié et homo) de sa femme : « Je rentre dans ce salon de coiffure… et bingo ! Je vois cet homme. Ce coiffeur. […] J’ai plus mes jambes. Je commence à transpirer des mains, alors que même sur ce plateau, je transpire pas des mains. Un coup de foudre. » Dans le documentaire « Les Invisibles » (2012) de Sébastien Lifshitz, Pierrot, le vieux papy fermier homosexuel, raconte un épisode d’enfance personnel : l’audace d’avoir désobéi à sa grand-mère en coupant son pantalon et en se taillant un short.

 

Film "La Vierge des tueurs" de Barbet Schroeder

Film « La Vierge des tueurs » de Barbet Schroeder


 

Le philosophe Roland Barthes, dans son essai Mythologies (1957), explique que le désir de se déifier implique que l’on devienne « casse-pied » (au sens littéral de l’expression !), que l’on se filme sans jambe et sans pied, tout comme les vedettes de cinéma ou les présentateurs télé que l’on voit en gros plan et qui ne semblent jamais toucher le sol : « Marcher est peut-être – mythologiquement – le geste le plus trivial, donc le plus humain. Tout rêve, toute image idéale suppriment d’abord les jambes, que ce soit par le portrait ou par l’auto. » (p. 25)

Le pied est parfois célébré par la communauté homosexuelle comme le fétiche sacré qui la rendra divine. Je vous renvoie au pied massacré dans l’article « El Deseo De Pie » (1986) de Néstor Perlongher. Il n’est pas anodin que l’un des premiers journaux homosexuels français s’appelle Gai Pied. Certaines personnes homosexuelles, en coupant symboliquement le pied de leur partenaire amoureux, ont l’impression d’accéder à sa divinité, de le posséder complètement : « Comme j’aimais, quand il faisait froid, te laver les pieds avec de l’eau très chaude dans la petite bassine rouge que nous avions achetée ensemble du côté du métro Strasbourg-Saint-Denis. Je le savais, je les essayais et je les embrassais : ils étaient à moi. » (Abdellah Taïa à son amant Slimane, dans l’autobiographie Abdellah Taïa, Une Mélancolie arabe (2008), p.114) Par exemple, dans le documentaire « Cocteau/Marais : un couple mythique » (2013) Yves Riou et Philippe Pouchain, il est raconté que Jean Cocteau a vraiment baisé les pieds du boxeur Al Brown.

 

Mais symboliquement, perdre ses pieds, c’est s’imaginer divin, et se diriger vers la mort, comme le montrent ces quelques lignes de l’autobiographie Une Mélancolie arabe (2008) d’Abdellah Taïa : « Je cours de plus en plus vite. Je cours longtemps. Par la bouche grande ouverte, j’avale l’air. Je ne sens plus mes grands pieds. Je ne sens plus mon nez encore petit. Je ne me sens plus tout entier. Je me dépasse. Je n’ai plus de consistance. Je vais bientôt voler, survoler les frontières des mondes. Disparaître dans les nuages, revenir et voir, me voir. » (p. 10)

 

L’absence progressive des pieds indique également qu’une personne nous fait violence parce qu’elle se mythifie, perd son humanité face à nous : « Quand le type s’est mis à me tripoter, il était derrière moi. J’ai regardé entre mes jambes en baissant la tête et j’ai vu que le type lévitait. Oui… Les pieds du mec flottaient en l’air. J’ai cru que mon cul le faisait léviter. […] J’ai découvert, en relevant la tête, que le type, qui était petit, s’était suspendu à un tuyau pour mieux baiser. » (Coco dans l’autobiographie Folies-fantômes (1997) d’Alfredo Arias, pp. 102-103) ; « New York me désespérait avec une grâce certaine où, la sereine langueur de la pollution piquée par le bruit et la chaleur, apportait un bonheur furtif et réparateur mais où, planaient irrémédiables, mon angoisse de vivre et l’attente de la mort. Damné jusqu’à la fin des temps, encombré de mes grandes jambes inutiles, j’étais seul, la nuit, plein de désirs inexaucés, sans savoir que mes seuls amis étaient les étoiles, émues, anonymes, de ma présence. » (Berthrand Nguyen Matoko, Le Flamant noir (2004), p. 118) ; etc.

 

Le pied cassé peut être la particularité de la personne née garçon qui joue à se travestir, ou bien de la femme-objet transsexuelle : en effet, les talons hauts sont propices aux entorses. Par ailleurs, le passage au bloc opératoire des futurs transsexuels peut avoir des conséquences irrémédiables sur les pieds. « J’ai une obsession folle pour les pieds, genre folle ! En fait, c’est mal. Quand je dis bonjour, c’est genre ‘Hey, enchanté’ (en faisant mine de regarder vers le bas). » (le chanteur Ricky Martin parlant de son amant Jwan Yosef, artiste londonien d’origine syrienne, mars 2017) Dans le documentaire « Nous n’irons plus au bois » (2007) de Josée Dayan, par exemple, on apprend que l’opération de changement de sexe laisse parfois de graves séquelles : notamment la phalloplastie (la chirurgie du sexe masculin), qui condamne certains hommes à passer le restant de leurs jours sur fauteuil roulant.

 

Dans le film biographique « Girl » (2018) de Lukas Dhont, Lara/Victor, garçon trans M to F de 16 ans, s’impose le martyre en essayant de devenir une danseuse-étoile de l’Opéra, alors qu’il n’a pas des pieds de ballerine. Il mène ces derniers à rude épreuve, les fait saigner en faisant ses pointes. Sa prof-chorégraphe, Marie-Louise Wilderijckx, en voit les limites : « On ne peut pas te couper un bout de pied. »
 
 

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Galère d’être catho !

Parfois, je me fais cette réflexion quand j’assiste à des messes avec une assemblée éteinte, ou quand je me vois parler à Jésus et à Marie apparemment dans le vide. Combien Dieu doit être touché par notre foi d’enfants aveugles, maladroite, scolaire, apprise, toujours « à côté de la plaque », déconcentrée, pas assez joyeuse et consciente des gestes qu’elle pose, robotique, peu priante, ignorante de ce qu’elle célèbre ! Car Il sait bien, Lui, qu’Il nous demande un exercice humain difficile : celui de jouer la comédie vraie de la prière, de concrétiser le « faire semblant qu’Il est là », d’adorer Quelqu’un qui a tout du fantôme, de contempler Sa discrétion et Son invisibilité aimante, d’endurer Son absence, de demander des choses qu’on ne verra pas exaucer exactement comme on les attend, de nous auto-persuader que nous ne sommes pas fous ou que nous ne satisfaisons pas notre propre narcissisme en appuyant l’Église catholique. L’effort de Le faire advenir pour réaliser qu’en fait c’est Lui qui vient à nous. Bref : galère d’être catho ! Mais beauté unique et supérieure de cette galère !

 

Prière pour mes frères homosexuels

Mon Seigneur et mon Dieu,

Toi qui a toujours préféré les plus fragiles, les plus blessés, les plus ignorés,

Les plus orgueilleux, les plus mal-aimés, les plus imparfaits,

Je te confie mes frères et mes sœurs homosexuels,

Toi qui m’as appris qu’à ceux qui ont reçu peu d’amour, il sera peu exigé,

Je te demande la clémence et l’indulgence pour mes frères homosexuels et moi,

Surtout ceux dont la vie est marquée par le vice et la débauche,

Ceux qui en ce moment traversent une nuit noire et qui ne trouvent plus de sens à leur vie,

Ceux qui sont insatisfaits en amour et qui doutent de pouvoir être aimés et d’aimer un jour,

Ceux qui angoissent de vieillir et qui se sentent déjà vieux à 20 ans,

Ceux qui sont las et mélancoliques,

Ceux qui cherchent désespérément des amis et qui se sentent très peu compris,

Ceux qui enchaînent les partenaires sexuels, ou ceux qui expérimentent l’isolement même en couple,

Ceux qui sont malades,

Ceux qui sont se trouvent moches, quelconques ou trop beaux,

Ceux qui passent leur temps sur les sites internet,

Ceux qui sont morts du Sida, ou morts sans te connaître vraiment, sans avoir découvert ton amour pour eux parce que personne ne le leur a annoncé ou parce qu’ils n’étaient pas prêts à le recevoir.

Prépare leur cœur, Seigneur, à accueillir ta Lumière. Accueille dans ta douceur toutes les personnes homosexuelles, même celles dont les actes ne méritent pas ton Ciel.

Et à mes frères homosexuels et à moi qui sommes encore vivants, apporte-nous la bonheur de donner notre homosexualité aux autres sans la pratiquer et la justifier sous la forme d’une identité qui n’est pas nous, d’un amour qui ne nous comble pas.

Donne-nous la joie d’être accueillis dans tes bras de Père, de frère, d’ami ; de rire de bon cœur de notre homosexualité, de te l’offrir en cadeau pour la vie éternelle.

Amen.

 

Faut-il ressentir le besoin de Dieu pour croire en Lui ?

Certaines personnes non-croyantes me disent qu’elles ne voient pas pourquoi croire en Dieu étant donné qu’elles « n’en ressentent pas le besoin ». Elles ont raison, quelque part : on peut très bien aimer les autres et résider sur Terre sans avoir conscience de Dieu et sans croire en Lui. On vit juste moins bien, moins plein, moins fort, et moins heureux… mais on vit quand même! L’existence avec la foi, après LA Rencontre avec Jésus, ça me fait penser aux couples femme-homme qui, depuis l’accueil d’un petit d’homme dans leur espace, se rendent compte qu’avant cette naissance, ils vivaient un peu sur eux-mêmes, en vase clos. La découverte de Dieu, c’est exactement pareil. Avant de L’avoir accueilli dans son coeur, on ne mesure pas qu’on vit en égoïste, sans boussole. Et ce n’est qu’après avoir goûté à Son amitié que notre vie prend un sens nouveau, s’éclaire, et que notre existence d’avant nous apparaît comme une hibernation.

 

Dieu voyeur ?

Dieu voit tout ce que nous faisons dans le secret. Tout finira par être dévoilé. Bonne nouvelle pour les justes ! Et pas de pression d’être constamment « sur écoute », sur cette écoute-là !