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Décryptage symbolique du film « La Vie (narcissique) d’Adèle »

Décryptage symbolique du film « La Vie (narcissique) d’Adèle »

 

LE FILM « LA VIE D’ADÈLE », PASSÉ AU CRIBLE DU « DICTIONNAIRE DES CODES HOMOS »

 

La vie d'Adèle eau

 

Plutôt que de blablater sans fin sur la valeur de « La Vie d’Adèle », le 5ème film d’Abdelatif Kechiche qui a reçu en mai dernier la Palme d’or au Festival de Cannes et qui est sorti hier au cinéma en France, plutôt que de jouer les offusqués d’un tel scandale (car OUI c’est une honte qu’une « palmette » bobo d’aussi mauvaise qualité et avec un message aussi pauvre soit applaudie, OUI c’est très inquiétant qu’une « œuvre de crise » comme celle-là, où le viol et la maltraitance sont à tous les étages – y compris lors du tournage et pour les actrices qui avouent « s’être senties filmées comme des prostituées » – soit encouragée), plutôt que de rentrer dans le concert stérile des opinions de goûts « Méritée/Pas méritée/J’ai aimé/J’ai pas aimé/Ça m’a choqué/Ça ne m’a pas choqué » qui fait écran à l’analyse et qui finalement donne raison à la démarche narcissique et puérile de beaucoup de nos cinéastes pseudo « sulfureux et avant-gardistes » actuels (pour eux, en effet, ce qui compte n’est pas la qualité d’un film mais juste qu’on « en parle » ; ce n’est pas l’œuvre en elle-même mais ce qu’elle symbolise et comment elle est reçue ; ce n’est pas l’action mais ses « bonnes » et ses « mauvaises » intentions), je me suis dit qu’il serait plus constructif de passer directement à la phase de la description. Ben voui. Avant de dire « J’ai détesté » ou « J’ai adoré » ou « J’ai ressenti », c’est vraiment tellement plus intéressant de se demander « Qu’est-ce que j’ai vu et qu’est-ce que ça signifie ? ». Et même avec une daube comme « La Vie d’Adèle », il y a énormément de choses à voir, à analyser, au-delà de la qualité et des intentions de l’auteur et des comédiens (il suffit de les écouter pour comprendre qu’ils n’ont rien à dire et qu’ils n’ont pas compris ce qu’ils ont fait). On va maintenant les aider, non pas à dire que leur création est géniale parce qu’elle est truffée de symboles, mais juste qu’elle est signifiante et non-libre/non-libérante de regorger précisément d’autant d’inconscient !

 

La vie d'Adèle affiche bleue

 
 

Je vais dresser froidement la liste de ce que j’ai vu hier lors de la projection de « La Vie (narcissique) d’Adèle » (comme je l’appelle ironiquement), en passant le film au tamis de mon Dictionnaire des Codes homosexuels, pour vous montrer combien même la merde a sa logique, combien le retour du refoulé humain a sa lisibilité et sa part de génie, combien ma grille d’analyse est géniale (car je doute que l’égocentrique et imbuvable Abdelatif Kechiche ait pris connaissance de mes écrits et ait décidé de plein gré de coller aussi précisément aux codes symboliques de mon Dictionnaire).

 

Code « Eau » ou « Amant narcissique » ou « Miroir » ou « Fusion » :

– Tout le film est mis sous le signe de la couleur bleue et de l’eau (Adèle à la mer et qui fait la planche, Adèle sous la douche, les cheveux bleus d’Emma, les vêtements bleus, etc.).

– Pendant 3 heures de film, on n’a quasiment que des gros plans très resserrés sur les visages… quand ce ne sont pas des plans carrément flous d’être trop proches, ni des scènes filmées en caméra subjective (avec les tremblements qui vont avec, et qui font « trop naturalistes »). Il n’y a pas d’espace : ni entre les personnages (qui passent leur temps à s’embrasser), ni entre le réalisateur et ce/ceux qu’il filme. Cela montre bien que « La Vie d’Adèle », même dans sa forme, est un film égocentrique, narcissique, fusionnel et oppressant.

– Adèle se masturbe.

– L’importance des miroirs dans le film.

– « J’adore la couleur bleue ! » (une amie bobo beaux-ardeuse d’Emma)

– Lors d’un cours de français sur la pesanteur, il est question d’« un vice intrinsèque à l’eau ».

– Dans un musée, Emma et Adèle s’extasient devant des toiles représentant des baigneuses nues dans des bains, ou bien sur des Ophélie aquatiques et inanimées dans l’eau.

– « Tout ce qui vient de la mer, c’est vrai que j’ai un peu de mal. » (Adèle)

– À la fin du film, Adèle est le Narcisse qui s’est noyé : elle pleure dans le resto au décor bleu.

 

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la vie d'adèle double miroir

la vie d'adèle fusion

La vie d'adèle herbes

Blue Is the Warmest Colour (La Vie d'Adele) film still

la-vie-d-adele-moquette

 

Code « Éternelle jeunesse » :

– Les deux amantes vivent une idylle d’adolescence. L’une d’elle, Adèle, est en classe de première au lycée.

 

Code « Liaisons dangereuses » ou « Violeur homosexuel » ou le sous-code « Mélodrame » du code « Emma Bovary « J’ai un amant ! » » :

– Dans le discours des personnages, il est très souvent question de la défense de la « prédestination » dans les rencontres amoureuses. Celles-ci seraient déjà écrites d’avance, ne se choisiraient pas, et devraient obligatoirement se vivre. Ce film offre une vision de l’amour comme un destin tragique.

– Le premier regard lesbien que Adèle porte à Emma (quand elle se croise dans la rue) est teinté de peur, pire encore, de terreur.

– Thomas, le copain furtif de Adèle, dit que le seul roman qu’il a lu et aimé de sa vie, ce sont Les Liaisons dangereuses de Laclos.

– « La tragédie, ça touche à l’essence même de l’être humain. On ne peut y échapper. » (un des profs de littérature d’Adèle)

– « Il n’y a pas de hasards. » (Emma à Adèle)

 

Sous-code « Regards » dans le code « Amant diabolique » :

– Le regard désirant est désigné comme déterminant et est impérieux.

 

Code « Viol » ou « Poids des mots et des regards » :

– Le lesbianisme d’Adèle naît de la pression sociale à « niquer », à « faire couple » obligatoirement (les amies d’Adèle la poussent dans les bras de Thomas).

 

Sous-code « Descentes aux enfers » du code « Milieu homosexuel infernal » :

– Pendant le jeu télévisé Questions pour un champion, Julien Lepers pose la question suivante : « Quel est le nom de la femme d’Orphée qui descend aux enfers ? » (réponse : Eurydice)

 

Code « Milieu homosexuel infernal » :

– Le milieu lesbien est montré comme un milieu hostile, moqueur, narquois, grippe-fesses, puéril.

 

Code « Déni » :

– Pendant le jeu télévisé Questions pour un champion, Julien Lepers pose la question de la définition de l’« omerta », la fameuse « Loi du silence ».

– « De toutes façons, tu le sais. » (une amie lycéenne, parlant à Adèle de l’amour alors que cette dernière croit qu’il s’agit de son homosexualité : vieux quiproquo)

 

Code « Sommeil » ou « Femme allongée » :

– Les personnages du film sont souvent filmés endormis ou ensommeillés.

– L’un des tableaux que fait Emma de son amante Adèle est justement une femme allongée.

 

Code « Voyage » :

– On voit tout le temps Adèle dans les transports en commun, pile au moment où elle « se lesbianise ».

– « C’est bien de voyager : ça ouvre l’esprit. » (la phrase « profonde » de Samir)

 

Code « Amant triste » :

– Adèle et Emma sourient très rarement, et pendant tout le film, ce sont des pleureuses qui sont montrées, parce qu’elles se font énormément souffrir ensemble (après s’être bien consommées et après avoir esthétisée leur « idylle »).

 

Code « Bovarysme » ou « Poids des mots et des regards » ou « Élève/Prof » :

– Adèle est en classe de 1ère L (Littéraire) et vit à travers les livres. Elle dira elle-même qu’elle « les adore ». Elle croit quasiment tout ce que ses profs de lettres lui disent, et essaie de transposer ce qu’elle entend ou lit sur sa vie réelle et sentimentale.

– Adèle lit La Vie de Marianne, le roman à l’eau de rose de Marivaux.

– Depuis qu’Adèle sort avec Emma, elle aurait fait des progrès spectaculaires en classe.

– Ce n’est pas un hasard qu’Emma s’appelle Emma (comme Bovary).

 

Code « Faux révolutionnaires » :

– Adèle défile avec la CGT contre la privatisation de l’enseignement public, et chante « On lâche rien ». Puis, une fois en couple, elle s’excite à la Gay Pride parisienne.

– Dans l’histoire, Emma incarne la lesbienne assumée et qui a assurée alors qu’Adèle est celle qui a trahi par sa bisexualité (cf. le sous-code « L’homo combatif face à l’homo lâche »).

 

Code « Faux intellectuels » :

– Adèle, qui est en filière littéraire (waou !), qui écrit un peu et qui prétend adorer les grands chefs-d’œuvre de la littérature, se révèle être pourtant une lycéenne très passive et nonchalante en cours, une fille visiblement sans conversation (l’actrice Adèle Exarchopoulos ne semble pas faire mieux que son personnage…), une piètre institutrice.

– Adèle à la fenêtre, en train d’écrire (cf. le code « Femme au balcon »).

– Dialogues du film absolument nuls, uniquement centrés sur les goûts et sur le ressenti des héros. Aucune poésie ou philosophie là-dedans.

– Mention à l’existentialisme de Jean-Paul Sartre, montré comme le fin du fin de la pensée contemporaine… alors qu’il est juste instrumentalisé pour justifier un discours ET relativiste ET volontariste sur l’amour (le « pro-choix » déterministe et individualiste d’une Caroline Fourest, par exemple) : « On peut décider soi-même de sa vie. » dit Emma la « peintre-philosophe ».

– Adèle considère Bob Marley et Sartre comme le summum de l’engagement existentiel, comme des « prophètes » (au moins ça, oui…).

– Soi-disant Adèle aurait fait des progrès pharamineux en cours de philo grâce à ses discussions amoureuses avec Emma : en réalité, on voit que la philo dont parlent les deux filles suit l’arithmétique du plaisir sexuel (elles se moquent d’ailleurs d’elles-mêmes, en se donnant des « notes de philo » au lit et en enchaînant les métaphores filées : « Je jouis du savoir ! » s’esclaffent-elles à poil).

– Vincent (le beau-père d’Emma) confond la culture avec le simple hédonisme épicurien, puisqu’il se définit comme un « amateur de bonne chair, de bons vins… et de culture ! ».

 

Sous-code « Amant miniature » du code « Amant comme modèle photographique » :

– L’insistance sur la place de l’adjectif « petit » dans la pièce classique Antigone.

 

Code « Fan de feuilletons » ou « Jeu » :

– Les parents d’Adèle passent leur temps devant la télé à comater devant des jeux.

 

Code « Parricide la bonne soupe » :

– L’image des hommes dans ce film est pathétique : ils sont montrés comme des bourrus qui n’ont que la réussite financière en tête (exemple avec le père d’Adèle), de gentils beaufs ignorants et incultes (Thomas), des ennuyeux ou des terre à terre, des profiteurs et des tentateurs (le collègue instit). Les seuls qui trouvent grâce aux yeux du réalisateurs sont soit homos (Valentin), soit « artistes » bisexuels (Joachim), soit rebeux et volontairement instables (Samir).

 

Code « Lune » :

– Lorsque Adèle s’homosexualise, elle perd tellement pied avec le réel que sa mère, à table, lui fait gentiment remarquer qu’elle est dans la lune : « Dans la lune, Adèle… »

 

Code « Amant narcissique » ou « Bobo » ou « Plus que naturel » :

– Tous les bruitages (l’eau des canalisations dans les toilettes, le chant des oiseaux, les effleurements de peau, la salive des baisers échangés) sont décuplés… pour emprisonner le spectateur dans la sensation ou l’émotion, et donc finalement pour prouver de manière naturaliste et « sobre » à la fois, que l’amour homo est « naturel ». Il n’y a d’ailleurs pas de musique de fond dans le film (sauf pour les moments officiels de chansons, où là le réalisateur se fait plaisir en transformant son film en grand vidéo-clip).

– On joue sur le quotidien, le côté « ressenti », « tranche de vie » prise sur le vif.

– Le couple lesbien est toujours filmé dans des cadres bucoliques (parcs, jardins, mer, etc.).

– « C’est ce qu’il y a de meilleur, la texture. » (Emma la « peintre-philosophe »)

– Ce film se veut un bal de sensations « Nature et Découverte » : Je me ressens fumer. Je me masturbe verbalement, sensiblement. Je touche les peaux. J’écoute la Nature, le vent dans les arbres. Je raconte mon bien-être, carpe diem et hédonisme de bas étage : « On est bien, là, hein ? » dit Emma étendu dans l’herbe. « Un peu trop, même… » lui répond Adèle.

– Confusion (typiquement bobo) entre les goûts et l’amour, entre la simplicité et l’amour : « Elles sont délicieuses, vos pâtes, en tous cas. C’est simple mais c’est très bon. » (Emma au père d’Adèle) (Pour moi, la plus belle réplique du film. LOL)

– « Tu veux toucher ? » (Liz, la femme lesbienne enceinte avec son ventre rond, et présentant la maternité comme une sensation)

 

Code « Bobo » :

– Adèle et son bonnet péruvien (premières images du film) ou ses cours de professeur des écoles « cools Africa » (elle fait danser ses petits de maternelle sur une chorégraphie de danse africaine pour la kermesse de l’école).

– Les effets de caméra vacillante.

– Adèle est filmée en train de cuisiner.

 

Code « Duo totalitaire lesbienne/gay » :

– Valentin, le meilleur ami d’Adèle, est homo lui aussi. Ils vont dans les bars gays ensemble, mais finissent par draguer chacun de leur côté.

– Quand, au lycée, la relation amoureuse entre Adèle et Emma est devinée, Adèle engueule Valentin d’avoir cafté qu’ils étaient allés dans des établissements LGBT, le traite de traître.

 

Sous-code « Cousin » du code « Inceste entre frères » :

– Lors de leur première rencontre, dans le bar lesbien, Emma fait passer Adèle pour sa « cousine » auprès de ses camarades lesbiennes, pour mieux lui mettre le grappin dessus et se la réserver.

 

Sous-code « Lesbienne alcoolique » du code « Drogues » :

– Emma boit beaucoup de bières, et elle dit qu’elle les « adore ».

– En boutade, Emma rebaptise la bière Gulden : « Gulden : la Bière des goudous ! »

 

Code « L’homosexuel = L’hétérosexuel » :

– Emma qualifie Adèle comme l’archétype de « l’hétéro qui serait plutôt curieuse [de l’homosexualité] », de l’extérieur.

 

Code « Icare » :

– Pour draguer poétiquement et faire semblant de « se la péter » humoristiquement, Emma veut traduire le prénom « Adèle », et le premier mot qui lui sort, c’est « Soleil ».

– L’un des baisers lesbiens entre Emma et Adèle se fait sur fond solaire.

 

Code « Peinture » :

– Emma est en 4e année de Beaux-Arts, et exerce le métier de peintre (…révoltée par le « système » capitaliste qui transforme l’art en business).

– Joachim (bisexuel) est galleriste.

– On a droit, pour la fin du film, au vernissage de l’expo d’Emma avec son cercle d’artistes bobos.

 

Sous-code « Coiffeur homo » du code « Pygmalion », ou bien le code « Maquillage » :

– Adèle, pour déconner, soupçonne Emma d’être « coiffeuse » à cause de sa teinture de cheveux de celle-ci, qui est bleue.

 

Code « Pédophilie » :

– Emma sort avec Adèle, qui est mineure (au fur et à mesure de l’intrigue, cette dernière passera le cap des 18 ans : ‘ttention, c’est une film vachement moral…).

 

Code « Tout » :

– « Avec toi, c’est tout ou rien. » (Emma parlant à Adèle)

 

Code « Cannibalisme » ou « Vampirisme » :

– Dans ce film, la conception de l’amour repose uniquement sur les goûts. Elle est gustative et sensitive.

– « Je mange toutes les peaux. » (Adèle à Emma)

– « À quel âge t’as goûté une fille ? » demande Adèle à Emma. Cette dernière la corrige pour atténuer le lapsus consumériste : « Goûter une fille’ ou ‘embrasser’ ? »)

– Au lit, Emma mord vraiment Adèle, et celle-ci se laisse faire… ce qui étonne Emma : « Tu m’as fait peur. J’ai cru que tu allais crier. » Adèle lui répond avec malice : « Heureusement que tu t’es arrêtée. »

 

Sous-code « Caméléon » du code « Homme invisible » :

– « La peau du caméléon, c’est pour se cacher des autres animaux. » (Prune, en lecture de classe à l’école primaire)

 

Code « Frère, fils, père, amant, maître, Dieu » :

– « J’ai une infinie tendresse pour toi. Qui durera toute la vie. » (Emma à Adèle) La relation amoureuse sans forme…

 

Sous-code « Amant-objet » du code « Pygmalion » ou code « Amant comme modèle photographique » :

– Emma tire le portrait d’Adèle dès leur deuxième rencontre.

– « Je touche du bois ! » dit, en boutade, Emma, en claquant les fesses d’Adèle au lit.

 

Sous-code « Paradoxes du libertin » du code « Liaisons dangereuses », ou bien code « Bobo » :

– Le réalisateur du film nous fait croire qu’Emma et Adèle sont patientes, ont la sagesse de ne pas s’embrasser sur la bouche dès la deuxième rencontre, et que cette mesure prouverait la force de leur « amour ».

 

Sous-codes « Fatigue d’aimer », « Ennui » et « Infidélité » du code « Manège » :

– Tout le message du film consiste à laisser croire que « l’amour vrai ne dure pas » et que ça ce serait magnifique.

– Emma est déçue que Adèle soit une amante sans ambition, sans créativité. On voit très vite le manque de communication dans leur « couple ». D’ailleurs, elles finissent chacune par aller voir ailleurs.

 

Code « Désir désordonné » :

– Emma se qualifie « d’un peu bizarre » comme fille.

 

Code « Homosexuel homophobe » :

– La lycéenne et « pote » d’Adèle, pro-gay et indifférente à la pratique homosexuelle, insulte Adèle de « sale goudou » et l’imagine en train de se faire mater/tripoter salement par elle.

– Adèle dément qu’elle est lesbienne : « Puisque je vous dis que je ne suis pas lesbienne ! » (cf. le code « Déni »)

 

Code « Milieu homosexuel paradisiaque » ou « Mère gay friendly » ou « FAP la « fille à pédé(s) » » :

– Les amies d’Adèle la harcèlent pour qu’elle fasse son « coming out » (« Juste assume ! »), pour ensuite lui reprocher qu’elle n’obtempère pas et se retourner contre elle.

 

Code « Blasphème » :

– Pendant le cours de français, les catholiques sont associés à la bien-pensance et à une censure de la pensée. (gros LOL)

 

Code « Obèses anorexiques » ou « Drogues » :

– Tous les personnages du film sont filmés en train de manger.

– « Je mange de tout. Je pourrais manger en continu toute la journée. » (Adèle)

– Tout le monde est filmé en train de manger, en train de consommer (des pâtes et des spaghettis plusieurs fois, de la boisson alcoolisée, du tabac, du sexe, de la sensation naturelle, etc.). C’est un film sur la consommation et destiné à des consommateurs bobos.

 

Code « Humour-poignard » :

– La blague (la seule du film) potache sur les huîtres (symboles saphiques cousus de fil blanc et graveleux. Adèle, qui n’aimait pas les huîtres, finit par les aimer : ha ha ha, qu’est-ce qu’on rigole… Les bobos se payent le luxe d’être triviaux, et ça ne fait rire qu’eux.)

 

Code « Putain béatifiée » ou « Coït homo = viol » :

– Le réalisateur veut, au final, prouver l’Orgasme entre femmes, l’Orgasme sans l’homme, l’Orgasme au féminin exclusif. Il filme la jouissance, avec la crudité du porno mais sans les techniques et les cadrages caméras propres au porno (belle hypocrisie, là encore…). On voit tout. Quelle humiliation pour les actrices, qui sont à la fois obligées (et libres, pourtant) de dévoiler leur intimité profonde, sommées de jouer les putes en orgasme ou se masturbant pendant tout le film (il y a au moins 4 scènes de « pur » cul… sans compter la scène de masturbation du début, et le commencement de la scène de cul dans le restaurant). Les deux actrices soi-disant « consentantes » sont instrumentalisées comme des preuves vivantes et vibrantes que « l’orgasme est possible entre deux femmes » (au cas où le spectateur l’ignorerait ou n’aurait pas compris… C’est sûr, nous sommes d’éternels « gros prudes » judéo-chrétiens qui nous offusquons d’un rien). On a droit à assister au coït pendant près de 10 longues minutes, et malheur à celui qui trouverait ça insoutenable et avilissant. C’est de la provocation et de l’esthétisme à deux balles, d’accord, mais n’oublions pas que c’est surtout une violence faite à tout le monde.

– Emma et Adèle, pendant l’« amour », se donnent des fessées. Le spectateur a honte pour elle (ou bien rit pour masquer sa honte).

– Emma insulte Adèle de « sale pute », de « traînée », de « prostituée ».

– On voit s’instaurer entre les deux protagonistes une relation de prostitution (même si la monnaie d’échange est le sexe et les sentiments) : quand Adèle dit qu’elle veut acheter une toile à Emma, elle lui propose sérieusement de « la payer en nature ».

 

Sous-code « Princesse orientale » du code « Femme étrangère » :

– Sur un char de Gay Pride, un homme homosexuel est filmé déguisée en danseuse orientale voilée.

 

Sous-code « Parents divorcés » du code « Orphelins », ou bien code « Mère gay friendly » :

– Emma, dont les parents sont divorcés, a une mère très « open ».

 

Code « Appel déguisé » ou « Manège » :

– Lorsque Emma trinque avec sa mère, son beau-père et Adèle, « à l’Amour ! », Vincent (le beau-père) rajoute spontanément « Tout de suite les grands mots… », réaction spontanée qui fait rire jaune tout le monde.

 

Code « Haine de la famille » ou « Parodies de mômes » :

– Adèle fuit ses collègues de travail et prétexte qu’elle a des « dîners de famille » pour cacher qu’elle passe toutes ses soirées avec sa compagne.

– « Ça fait deux enfants à la maison. Ça fait beaucoup. C’est la famille. » (Emma disant qu’elle s’entend très bien avec la gamine de sa compagne Liz, et qu’elles font des conneries ensemble).

 

Code « Petits Morveux » :

– L’enfant est considéré comme un objet. « Vous jouez avec le bébé ? » (Joachim s’approchant du couple Emma/Adèle qui touche le ventre arrondi de Liz)

 

Code « Artiste raté » ou « Bobo » ou « Faux intellectuels » :

– Guirlande d’ampoules dans le jardin, et projection d’un film des années 1920 en noir et blanc (avec Louise Brooks et sa coupe au carré) en pleine nature, avec le cercle de bobos « artistes » amis d’Emma, qui s’écoutent parler de ce qu’ils ressentent et de ce qu’ils aiment esthétiquement. Une amie beaux-ardeuse d’Emma fait une thèse sur « la morbidité chez le peintre Egon Schiele ». Joachim, le galeriste bisexuel, tient un discours soi-disant érudit (il fait référence à la bisexualité « artistique » de Tirésias, le personnage mythologique grec) et prône « l’orgasme au féminin » (qui n’aurait rrrrien à voir avec la présence des mâles : « Je suis persuadé que l’orgasme féminin est mystique » ; selon lui et les autres invités bobos-bis-féministes, l’extase sexuelle serait réservé aux femmes). Emma dit qu’elle aime chez Egon Schiele la « noirceur », le côté « artiste écorché ». Discussions pseudo « intellectuelles » et pseudo « expertes » sur la différence entre Schiele et Klimt (quel haut niveau !), qui reposent sur un échange de goûts et de sensations, et qui finissent par une conclusion complètement plate et relativiste : « Des goûts et des couleurs, ça ne se discute pas : tout est une affaire de points de vue ! ». Merci. C’est hyper profond. Adèle se sent inculte devant tant d’esbroufe. Ça veut dire que même le réalisateur du film pense nous proposer de la culture de haute volée. Nan mais allô quoi ! 😉

– La scène finale : le vernissage de l’expo d’Emma (avec les interprétations psychologisantes nullissimes des Beaux-ardeux).

 

Code « Emma Bovary « Oh mon Dieu ! » » :

– L’arrêt sur image du visage expressionniste et inquiet de Louise Brooks dans le film des années 1920.

 

Sous-code « Solitude à deux » du code « Île » :

– « J’me sentais toute seule [‘avec toi’, ou ‘dans notre couple’]. » Phrase que répète plusieurs fois, éplorée, Adèle à Emma, pour se justifier de lui avoir été infidèle.

 

N’oublions pas le « Mariage pour Tous » : Il doit rester notre point non-négociable

LA DÉFENSE DU MARIAGE FEMME-HOMME EST PRIORITAIRE PAR RAPPORT À LA DÉFENSE DE LA FILIATION. Cela peut paraître provocateur de le dire mais 1) c’est une réalité ; 2) cela permet de couper court aux arguties sur les couples stériles, sur les couples trop âgés pour avoir des enfants, ou sur les célibataires consacrés.

 

Dans notre mouvement contre les lois gouvernementales prises dernièrement par les ministres de François Hollande, certains me reprochent de me fixer sur le « mariage pour tous ». Pour eux, le combat pour l’abrogation de la Loi Taubira est d’arrière-garde, vu que la loi a été promulguée, qu’il n’est pas plus important que d’autres lois à venir qui concernent la filiation.

 

Alors pourquoi on ne doit pas passer à autre chose que le mariage (c’est-à-dire les luttes pour la filiation, contre le Gender, l’euthanasie, les manipulations sur embryon, la PMA, la GPA, la Syrie, etc.) et pourquoi doit-on encore continuer à faire de notre demande d’abrogation du « mariage pour tous » notre principale revendication ? À on sens, pour trois raisons :

 

1) Parce que la défense du mariage est plus centrale que la filiation (tout comme la différence des sexes prime sur la différence des générations). Je n’y peux rien : c’est un constat. D’ailleurs, on s’en est rendu compte tout au long de l’année dernière : les Français se sont davantage mobilisés contre le « mariage pour tous » que contre l’avortement ou les « Marches pour la Vie » qui l’ont précédé. Pourquoi cela ? Parce que, comme l’expliquent par exemple Vincent Rouyer ou Guillaume Bernard, autant la pratique des avortements a de tous temps existé (malheureusement), autant jamais, comme c’est le cas aujourd’hui, des civilisations n’avaient remis en cause la différence des sexes, et donc le mariage. C’est une grande première dans l’histoire de l’Humanité que l’identité femme/homme des êtres humains soit banalisée ou détruite par une loi qui régit, à travers le mariage, la structuration de toute société humaine. Aussi bizarre que cela puisse paraître (car les deux sont liés), en touchant au mariage, on nie davantage l’Humanité qu’en touchant à la filiation, qui découle du mariage.

 

2) Parce que si nous ne choisissons pas un grand cap prioritaire (celui qui d’ailleurs a donné naissance aux Veilleurs, si on y réfléchit bien), nous risquons de transformer notre mouvement des Veilleurs en grand zapping, en fourre-tout, en grande salade qui traite de plein de sujets éthiques ratissant très large (sujets tous importants, tous indirectement liés, mais au service d’idées très abstraites : « l’éveil des conscience », « la défense de la Vie et de l’Espérance », « la lutte contre une culture de mort », etc., toutes ces idées qui démobiliseront très vite les gens). Il y a bien une hiérarchie de priorités dans notre combat. Le « mariage pour tous » n’est pas une loi comme une autre, qui vient s’ajouter à plein d’autres lois tout aussi graves (avortement, divorce, contraception, PaCS…). Elle est plus grave que les autres.

 

3) Parce que le seul facteur déstabilisant et qui fera véritablement suer nos gouvernants, c’est qu’on s’attache encore à la loi du « mariage pour tous ». Ils n’attendent qu’une chose : qu’on lâche le morceau, qu’on passe à autre chose, qu’on s’éparpille sur plein d’autres sujets qui découlent du mariage, et qui leur fera oublier leur acte honteux. Rien ne les embêtera plus que notre demande réitérée et ferme d’abrogation du « mariage pour tous ». C’est notre persévérance à réclamer toujours la même chose qui les questionnera et les déstabilisera le plus. Et si je dis cela, ce n’est pas pour prôner l’entêtement volontariste en soi (on peut s’entêter sur des bêtises), mais parce que le combat pour la différence des sexes et du mariage en vaut la chandelle.

 

Ne perdons pas la mémoire de notre combat : le MARIAGE d’amour FEMME-HOMME. N’opposons pas la défense de la filiation avec la défense du mariage femme-homme, mais gardons en tête que la défense du mariage est plus importante. Idéalement (c’est une suggestion), il faudrait qu’à chaque début de Veillées des Veilleurs, nous rappelions ce fondement de notre lutte.

 

Avec la loi Taubira, la France a touché le fond. Car le mariage fonde tout : l’identité (ou la différence des sexes corporelle) + l’amour (le couple ou la différence des sexes relationnelle) + la filiation (la famille ou la différence des sexes procréative/filiative)… là où le Gender n’aborde pas tous ces aspects (l’identité, oui ; la filiation, oui ; mais pas l’amour), là où la PMA et la GPA et l’adoption n’abordent qu’un seul de ces aspects (la filiation).

 

Ne l’oublions pas !

Sortie du livre « L’homophobie en vérité » (article du site « Le Rouge et le Noir »)

Homophobie : Le mot interdit très (mal) utilisé !

 

(Cet article provient du site-partenaire et ami Le Rouge & le Noir. Merci à eux !)

 

 

En parler bien. Sinon, ne pas en parler du tout. C’est tout le problème et l’enjeu de l’homophobie !

 

Couverture 9

 
 

Pourquoi dites-vous que c’est un mot génial et catastrophique à la fois ?

 

Aussi bizarre que cela puisse paraître, le terme « homophobie » est génial et très signifiant si et seulement s’il est pris au pied de la lettre[1] et s’il est laissé à l’état d’acte : en effet, l’homophobie est l’acte du viol porté sur une personne homosexuelle, au nom de son orientation sexuelle et – ce qu’on nous dit moins – uniquement exercé par une personne homosexuelle, soit parce qu’elle refoule excessivement son homosexualité[2], soit parce qu’au contraire elle la célèbre trop sous forme d’identité fondamentale ou d’amour merveilleux, et qu’elle la pratique[3]. L’homophobie, comme je l’ai écrit textuellement dans mes livres L’homosexualité en vérité (octobre 2012) et L’homophobie en vérité (septembre 2012), c’est la pratique homosexuelle.

Mais le mot « homophobie » devient catastrophique une fois qu’on ne parle plus de sa réalité donc de l’acte homophobe en lui-même ni en tant que relation. Il devient violent et affligeant dès qu’il se fige en insulte, en accusation de personnes, en instrument de censure (de l’homophobie même !), en scotch qu’on met sur la bouche de tout opposant qui nous gêne ou qui fait un lien jugé « douteux et effrayant » entre homosexualité et souffrance, homosexualité et violence. Bref, ce terme est dangereux à partir du moment où il se personnifie… sous forme de méchants diables immatériels et sans passé ou sous forme de gentilles victimes qui ne seraient plus libres de reproduire ou non le viol qu’elles ont subi du simple fait d’avoir été attaquées… alors qu’on sait très bien que les agresseurs homophobes sont d’anciennes victimes d’homophobie, et qu’une victime d’un viol est toujours libre de ne pas subir ! Pris dans son sens de « haine des homosexuels », le vocable « homophobie » est même en soi homophobe puisqu’il s’est discrètement choisi pour préfixe le mot « homosexualité », concept flou qui réduit les personnes homosexuelles à leurs tendances sexuelles, à leurs pratiques sexuelles, à leurs fantasmes, à une espèce à part de l’Humanité.

 
 

Comment pouvez-vous dire qu’une personne homophobe est uniquement homosexuelle ?

 

La plus grande violence à l’égard des personnes homos, je ne l’ai vue que chez les personnes homos pratiquantes et qui, après leur coming out, se disent toutes « hors milieu » et détestent leurs frères de communauté. Maintenant, concernant l’homophobie en tant que refoulement d’homosexualité, elle est très surprenante, car les agresseurs cachent bien leur jeu. Mais elle existe quand même ! Beaucoup d’anciens agresseurs font des coming out (= révèlent leur homosexualité) à la surprise générale et à quelques années d’intervalle avec leurs actes homophobes, comme le traduisent ces quelques citations de personnes homosexuelles que j’ai relevées à travers mes rencontres avec un grand nombre de personnes homosexuelles-homophobes : « Quand j’avais 16 ans, je cassais du pédé dans les parcs : à 20 ans, je couchais avec. » (Jacques Nolot dans son film autobiographique « La Chatte à deux têtes ») ; « La violence traduit la peur d’être séduit. » (Rennie Yotova, Écrire le viol (2007), p. 111) ; « Quand je vois un beau gars qui me plaît dans la rue, il faut que je change de trottoir. Je connais trop ma sensibilité. » (un témoin homosexuel refoulé, ancien violeur, cité dans l’essai Ça arrive aussi aux garçons (1997) de Michel Dorais, p. 198) ; « Bruno, malgré un discours carrément homophobe, a vraisemblablement davantage de relations homosexuelles que de relations hétérosexuelles. Il en va de même pour Éric, qui se prostitue exclusivement avec des hommes ; quoiqu’il s’affirme plus volontiers hétérosexuel qu’homosexuel, il n’a presque jamais eu de rapports hétérosexuels. » (idem, p. 241) ; « Dans leur ambivalence, certains semblent ‘jouer avec le feu’ : ils sont à la fois attirés et dégoûtés par l’homosexualité. Une grande anxiété mais aussi une curiosité certaine en amènent plusieurs à entretenir à la fois des préoccupations homosexuelles et homophobes. Le cas de Bruno, 25 ans, est à ce titre éloquent. Il dit détester les homosexuels mais hésite, au cours de promenades nocturnes, entre deux possibilités : les pourchasser ou les inviter à faire l’amour avec lui… » (idem, p. 198) ; « François, 17 ans, sympathisant des skinheads, et abusé dans son enfance, participe activement à des expéditions de ‘tabassage de tapettes’ dans le village gay de Montréal : ‘J’ai de la misère avec les homos. L’an passé, avec des amis, on allait dans le quartier gay à Montréal, le soir. J’en attirais un dans une ruelle en lui parlant puis, avec les chums [chum = mec en Québec] qui m’attendaient cachés, on lui faisait les poches, on lui râpait la face sur l’asphalte si on pouvait. C’était comme une vengeance.’ » (idem, p. 171) L’attaque homophobe est un aveu d’homosexualité trop mal/bien vécue !

 

 

Pourquoi c’est grave de ne pas parler d’homophobie, même si l’interprétation actuelle de ce mot est, vous disiez, catastrophique ? Pourquoi c’est grave de mépriser le mot ?

 
À mon sens, c’est inquiétant et choquant pour deux raisons :
 

– Parce que ceux qui réduisent l’homophobie à une accusation de personnes ou à une insulte (soit pour la sacraliser sous forme de victimes innocentes, soit pour la tourner en dérision, soit pour s’en débarrasser à tout prix) sont précisément ceux qui la pratiquent. Pensez à la majeure partie des personnes homosexuelles pratiquantes, qui ont fait de l’homophobie un monstre extérieur à elles-mêmes ; pensez aux militants de Civitas, qui se donnent le droit d’être homophobes dans leurs mots ou dans leurs actes pour donner raison à l’insulte d’« homophobie » qui pèse sur eux ; pensez à Frigide Barjot, qui cherche à tout prix à se dédouaner de la réputation d’homophobie, précisément pour cacher qu’elle se sert des personnes homosexuelles et qu’elle entretient l’homophobie sociale en encourageant et en banalisant la pratique homo, alors que c’est justement cette pratique qui est violente, homophobe et qui discrimine les autres et les différences.

 

– Parce qu’il y a de vrais actes homophobes, qui s’appellent « viols » et qui doivent plus que jamais être dénoncés, non en tant que violence appartenant spécifiquement aux personnes homos mais en tant que violence universelle, car ils font beaucoup de victimes[4]… et de plus en plus depuis que des nations entières parlent d’« homophobie » pour ne surtout jamais l’expliquer et la regarder en face. En n’analysant pas explicitement les mécanismes de la violence à l’encontre des personnes homosexuelles, nous ne les désamorçons pas. Au contraire, nous laissons s’accroître l’homophobie et la haine de soi que l’homophobie traduit dans nos sociétés. En banalisant la pratique homosexuelle, alors que celle-ci est l’homophobie, on observe une recrudescence des actes homophobes, y compris dans des pays qui se croyaient très gay friendly et à l’abris de l’homophobie (cf. je pense à la Suède, par exemple, qui possède une des plus longues traditions de mariages homos qui existe dans le monde, et qui pourtant connaît actuellement une recrudescence spectaculaire des crimes homophobes : 4 à 5 fois plus qu’au démarrage de l’application de ces lois pro-gay). C’est la promotion sociale de l’homosexualité qui encourage paradoxalement à l’homophobie puisque le désir homosexuel procède d’une haine de soi et appelle à un rejet des différences, notamment de la différence des sexes qui, elle seule, nous permet, quand elle est vraiment respectée, d’exister, d’aimer et de s’ouvrir à la vie.



[1] Il signifie étymologiquement « peur du même », avant d’avoir pris en 30 ans un tout autre sens : « peur et haine des homos ». Et c’est tout à fait ça : l’homophobie est une peur et une haine de soi.

[2] Dans les cas d’agressions homophobe, l’agresseur attaque toujours une personne homosexuelle parce qu’il ne supporte de voir reflétée en elle sa propre blessure de sexualité. Une personne qui est bien dans sa sexualité – dans sa féminité/maternité ou dans sa virilité/paternité – ne peut pas se sentir mise en danger par une personne homosexuelle au point de l’attaquer. L’homophobie a toujours lieu uniquement dans des cadres de pratiques homosexuelles, donc dans des sphères homosexualo-amoureuses ou prostitutives, quand le désir homosexuel s’actualise en acte ou bien est cru vrai (en tant qu’identité ou amour).

[3] Vous lirez les codes « milieu homosexuel infernal », « prostitution », « coït homo = viol », « viol », « témoin silencieux d’un crime », « déni », « violeur homosexuel », « couple criminel », « homosexuels psychorigides », « Hitler gay », dans mon Dictionnaire des Codes homosexuels mis en ligne sur mon blog www.araigneedudesert.fr. Et spécialement le code « homosexuel homophobe », avec toute la question de l’homosexualité des agresseurs homophobes, y compris ceux qui forcent leur virilité, ceux qui sont en couple avec une femme, ceux qui jouent les grandes folles, ceux qui rentrent dans la peau des « racailles » des cités et des skinheads. Par exemple, dans son autobiographie Un Homo dans la cité (2009), Brahim Naït-Balk confirme que ses agresseurs, même s’ils feignaient d’être les parfaits hétéros et qu’ils se retrouvent actuellement en prison pour des affaires de drogues, sont homosexuels eux aussi !

[4] À ce jour, 70 amis homosexuels m’ont avoué avoir été violés (soit avant leur coming out, soit après, et en général les deux !).

Comment envisager la suite de notre mouvement ?

COMMENT ENVISAGER LA SUITE DE NOTRE MOUVEMENT ?

État des lieux

 


Notre mouvement est beau, prometteur, historique, entend-on. C’est totalement vrai. J’y souscris complètement. Et dans la joie. Mais a-t-on vraiment mesuré en quoi ? Je ne le pense pas. Du coup, le constat optimiste se fige en auto-contentement, en esthétisme révolutionnaire… et en angoisse pour l’avenir. Il ne suffit pas de vanter l’ « Unité dans la pluralité » pour donner corps à cette assertion.

 

Alors d’emblée, je vous dis : N’ayons pas peur. Notre mouvement est déjà génial, et ne doit pas en rester à l’intuition de ce qu’il est.

 

D’où vient le flottement actuel de notre mouvement, que ce soit aux Veilleurs ou à la Manif Pour Tous et autres groupes d’opposition aux politiques du gouvernement de François Hollande ? Du fait que nous n’ayons pas encore nommé ni identifié notre ennemi : la BIPOLARITÉ HÉTÉROSEXUALITÉ-HOMOSEXUALITÉ, qui définit arbitrairement l’Humanité (depuis les Lumières et surtout depuis 1869, date de création des termes « homosexualité » et « hétérosexualité »), bipolarité qui a anesthésié les esprits de nos contemporains et qui a fait la pluie et le beau temps sur nos pratiques sexuelles depuis un siècle et demi. La majorité d’entre nous s’est habituée à celle-ci, l’a cautionnée, et s’en sent même responsable et fière ! Et pour ce qui est de notre contexte national depuis un an, la majorité d’entre nous s’est déjà résignée à enterrer le « mariage pour tous » (loi Taubira) et pense que l’urgence et le « réalisme » de notre situation nous conduit à parer au plus pressé, au plus actuel, à lutter contre l’ennemi le plus évident et le plus proche : l’idéologie du Gender (c’est l’orientation qu’ont choisi des groupes comme Civitas ou comme la Manif Pour Tous). Nous nous tournons logiquement vers les conséquences directes de la loi Taubira : la famille, la PMA, la GPA, le Gender, l’adoption, le statut de l’embryon, etc. Et bizarrement, ceux qui disaient « On ne lâche rien ! » ont déjà lâché joyeusement leur demande d’abrogation du « mariage pour tous ». Paradoxe qui m’hallucine…

 

Quand certains voient l’ennemi super proche, d’autres au contraire (et ce n’est pas mieux) voient l’ennemi super loin : Frigide Barjot dit se battre contre le fascisme, les « ultras », « pour les homos » et « contre l’homophobie » (sans chercher à définir ni à comprendre aucun de ces concepts) via l’Union Civile et la constitutionnalisation du mariage femme-homme ; l’Écologie humaine se bat contre le transhumanisme en proposant une réflexion utile sur toutes les lois de bio-éthique qui concernent la vie (vaste programme ; peut-être trop vaste et trop abstrait pour les gens de notre époque) ; les groupes plus radicaux et politisés (Printemps Français, Hommen, Prisonniers politiques, etc.) voient l’ennemi dans l’État français ou la République, et pensent que le bien-fondé de leurs actions reposera sur le fait que leurs buts deviennent leurs moyens, sur leur force de frappe et leur visibilité ponctuelle. Certains (Civitas par exemple), enfin, spiritualisent le combat en termes d’affrontement des « forces du bien » contre les « forces du mal ».

 

Si nous savions comme la pierre d’achoppement qui tient tout l’édifice idéologique de nos gouvernants c’est la bipolarité hétérosexualité/homosexualité (appelée « Amour »), si nous comprenions que notre point commun avec nos opposants c’est notre croyance aveugle en l’hétérosexualité, nous n’hésiterions pas à la dénoncer et à dire que si nous nous sommes levés contre le mariage gay, ce n’était pas seulement contre la pratique homo mais contre toutes les lois hétérosexuelles (abortives, contraceptives, infanticides, parricides, identicides et familicides) qui l’avaient précédé ! que nous nous sommes levés en réalité contre l’hétérosexualité ! Tant que nous ne nommons pas notre ennemi, jamais nous n’avancerons. Cette bipolarité hétérosexualité-homosexualité touche aux deux réalités que nos mouvements essaient de caresser timidement : l’identité humaine (à travers la lutte contre le Gender, contre le transhumanisme, contre l’euthanasie) et la parenté humaine (à travers la lutte contre l’exclusion de l’altérité des sexes dans le cas des adoptions, PMA, GPA).

 

Contrairement à ce que nous essayons de nous faire croire, ce ne sont pas « la défense de la Vie » ni « l’Espérance » (notions très belles mais qui peuvent vite devenir de grandes abstractions) qui vont nous tirer d’affaire. C’est la lutte contre l’hétérosexualité. Si nous défendons l’amour, les enfants, la vie, la filiation, la famille, figurons-nous bien que les promoteurs de l’adoption, du mariage homo, de la PMA, de la GPA pour tous, font de même ! Beaucoup, d’ailleurs, ne comprennent pas pourquoi nous nous opposons à leurs revendications car ils nous entendent soutenir les mêmes choses qu’eux : la beauté des familles, les droits de l’enfant, l’importance de l’adoption, le respect de l’amour et des identités, la grandeur des différences, etc. En revanche, eux défendent le binôme homosexualité-hétérosexualité pour ensuite rapidement l’asexualiser sous le vocable d’« Amour ». Toutes les lois inhumaines que notre gouvernement socialiste propose avec sincérité sont passées au nom de « l’amour » homosexuel, qui a d’abord été opposé à l’amour « hétérosexuel » puis universalisé et rendu neutre par le terme « Amour », et au nom du fait qu’il fallait respecter l’égalité de traitement entre « homos et hétéros ». Par exemple, il y a pile un an, le 10 septembre 2012 dans le journal la Croix, Mme Taubira justifiait qu’il fallait donner le « droit à l’adoption » aux couples de même sexe sous prétexte qu’il aurait soi-disant déjà été donné aux couples « hétérosexuels » (alors que, dans le meilleur des cas, ce droit ne doit être donné qu’aux couples femme-homme aimants, et non à tous les couples femme-homme ni encore moins aux « couples hétéros ») !

 

Nous devons donc clairement nous opposer à l’hétérosexualité, qui consolide par défaut les mythes homosexuels, et qui évacue les corps et les cœurs. Car quand on remplace la réalité des couples femme-homme aimants ou des célibataires consacrés par le mot « hétérosexualité », on gomme ET la différence des sexes, ET l’amour dans cette différence. On glisse des « Droits de l’Homme » aux « Droits des hétéros puis des homos… puis ni des homos ni des hétéros mais des Amoureux asexués », en zappant l’Humanité et la différence des sexes. On remplace un monde partagé entre hommes et femme, et entre Créateur et créature, par un monde individualiste défini selon les fantasmes identitaires, les pulsions et les tendances érotiques, les pratiques sexuelles, et non plus sur l’alliance entre sexuation et Amour. C’est très grave.

 

Alors j’ai conscience que nous partons de loin en remettant en cause cette bipolarité hétérosexualité-homosexualité sur laquelle le monde s’est assoupi maintenant à échelle mondiale et dans la sphère politico-médiatique. Je mesure que les CUCH (Cathos Unis Contre l’Hétérosexualité) et moi vous lançons dans une lutte digne d’un match entre David et Goliath. Je sais que la piste de l’hétérosexualité a tout l’air de LA fausse piste ou du sophisme. Je sais que le combat contre l’hétérosexualité paraît fou, risible, fragile, inaudible, difficile à expliquer, moins concret et sécurisant que la lutte contre le Gender ou le statut de l’embryon. Mais c’est notre seule issue. Toutes les lois gouvernementales anti-Vie et anti-Amour reposent socialement sur le consensus mou globalisé de l’hétérosexualité. La bipolarité hétérosexualité-homosexualité est la mère du Gender, du PaCS, du mariage pour tous, et sera la mère de la PMA, de la GPA, des suicides assistés, des manipulations sur embryon, etc. Tant que nous nous laissons étiqueter « hétéros », nous nous auto-désignerons tacitement comme « non-homosexuels » donc « homophobes », « fascistes », « masculinistes » ; nous défendrons sans le vouloir toutes actions se valant de l’accueil des personnes homosexuelles pour s’acheter une bonne conscience ; nous validerons tous les couples femme-homme qui ne sont pas des modèles d’amour, et nous serons toujours accusés de cautionner une structure d’identité et d’amour – l’hétérosexualité – qui n’en est effectivement pas une !

 
 

Concrètement, ça donne quoi ?

 

Maintenant que j’ai parlé du but et de notre ennemi (après, qu’on les assume ou pas, c’est un autre problème : moi, je suis juste chargé de vous les dire, et de vous montrer que sans leur dénonciation, nous n’avancerons pas et nous accrocherons aux branches fragiles du Gender ou de l’écologie), quelles méthodes concrètes pour avancer ?

 

Vous savez, je commence à côtoyer suffisamment d’Université d’été et de groupes d’opposition à la loi Taubira pour humer les ambiances, comparer les différentes conceptions d’actions et de stratégies. Tous pensent efficacité (parce qu’ils paniquent) avant durée et vérité.

 

Tous ? Non ! Les seuls qui échappent à cette règle, je trouve que ce sont les Veilleurs. Les Veilleurs sont le seul lieu humain où fond et forme, Charité et Vérité, cherchent à s’épouser. À mon sens, ce sont les Veilleurs qui peuvent le mieux nous apporter la solution à notre mouvement, tant sur le plan des idées que des méthodes.

 

Quand je dis les Veilleurs, pas n’importe lesquels. Des Veilleurs qui ne font pas que philosopher sur des abstractions (la nécessité de l’engagement, l’importance de la liberté de penser, le pouvoir de la résistance, etc.), qui ne font pas qu’organiser des kermesses entourées de CRS. Mais des Veilleurs qui pensent au sens et aux applications concrètes de notre engagement pour le contexte réel et mouvant qui est le nôtre. Des Veilleurs qui dépotent et qui commencent/continuent, sur les places publiques, en politique (syndicats, partis) et dans les médias, à dénoncer, PAR LA CULTURE ET PAR LA PAIX, les incohérences du système hétérosexuel (un système inconsciemment bisexuel et asexuel). Des Veilleurs dont les responsables doivent être mieux identifiés et mieux formés pour parler et discerner des actions à venir (le mouvement des Veilleurs n’a pas encore assumer de se choisir des « chefs » : c’est une grave erreur et son talon d’Achille, car il en a besoin. Et le pire, c’est que des chefs au service, intelligents, posés, qui ont des choses à dire, qui ne font pas potiche, les Veilleurs en ont : Axel Rokvam, Madeleine Bazin, Marianne de Lyon, Gaultier Bes, moi s’il y a besoin, etc.).

 

Vous vouliez d’une rentrée corsée ? Et bien nous y sommes ! Voilà comment je vois concrètement les choses : impliquons-nous intellectuellement, artistiquement, politiquement contre l’hétérosexualité et à travers les Veilleurs. Et ma remontrance sur la Veillée de la Concorde n’était qu’un encouragement à tout miser sur les Veilleurs.

 

J’ai dit ce que j’avais à dire.

 

Philippe Ariño, 2 septembre 2013

L’homophobie en vérité : manuel pour vraiment lutter contre l’homophobie (septembre 2013)

Description : Le livre L’homophobie en vérité sort en septembre 2013, avec les Éditions Frédéric Aimard. C’est le deuxième volet d’une trilogie qui se terminera par un livre sur l’hétérosexualité et la bobo-attitude. Il est rapide à lire (96 pages), pas cher (10.53 euro) et très accessible. Il revient sur les derniers événements du « mariage pour tous » qui ont eu lieu en France depuis l’automne 2012. Il est d’ores-et-déjà en vente dans toutes les bonnes librairies et sur le site de France Catholique.

 

Points forts : Il n’aura pas été compliqué pour nos États socialistes post-modernes soi-disant « démocratiques » d’imposer en moins de 10 ans leur hégémonie « anti-fasciste ». Il leur aura suffi d’installer confortablement leur terrorisme médiatico-sentimentalo-techniciste sur le coussin d’une étiquette toute bête et que personne n’explique : « HOMOPHOBIE ». Si vous les gêner, ils vous la collent sur le bouche pour vous empêcher de parler et de rappeler que l’homophobie est autre chose qu’une simple accusation, qu’un slogan publicitaire qui « fait bien » ou que le diable en personne : elle est un acte, porté contre une personne homosexuelle et uniquement par une personne homosexuelle.

 

Argumentaire : Le livre décrit ce qu’est véritablement l’homophobie (formes d’actualisation, moyens d’action, mécanismes, etc.) et d’où elle vient. Mais il va plus loin : il explique comment le mot « homophobie » est interprété socialement de telle manière que l’acte homophobe et l’identité des agresseurs ne soient pas identifiés. Par conséquent, un ouvrage capital pour démystifier les fausses légendes urbaines autour de ce mot, et pour lutter efficacement contre la véritable homophobie, dans un contexte national où elle est invoquée à tort et à travers lors des débats.

Diverses contributions

 

Philippe Ariño a signé la post-face du livre du père Daniel Ange Mai 2013 : Rébellion!, et a donné sa contribution à l’ouvrage collectif Tous unis pour le mariage (2013) avec Christian Flavigny, Cédric Burgun, Jean-Frédéric Poisson et bien d’autres.

 

L’homosexualité en vérité : briser enfin le tabou (octobre 2012)

 

 

 

Description : Le livre L’homosexualité en vérité est sorti le 13 octobre 2012 sous la houlette des Éditions Frédéric Aimard. Il s’est déjà écoulé à plus de 10 000 exemplaires et est décrit comme un « succès éditorial« . Il a été salué par 10 évêques et 2 cardinaux. Il est rapide à lire (96 pages), pas cher (10.53 euro) et très accessible. Il est en vente dans toutes les bonnes librairies et sur le site de France Catholique.

 

Points forts : L’actualité du futur « mariage pour tous » amène chacun à s’interroger sur le sens social de l’homosexualité. Ce langage de vérité aidera à s’y repérer, pour soi et pour ses relations avec les autres. Un langage qui peut être facilement compris par les jeunes et qui rend accessibles aux autres les codes de la culture la plus branchée. Pour les personnes qui se sentent directement concernées par le désir homosexuel, il s’agit d’un véritable guide pour orienter sa vie.

 

Argumentaire : Le livre parle de ce qu’est le désir homosexuel, et ensuite du comment « vivre avec » et comment en parler; enfin, le troisième chapitre, le plus original sans doute, concerne le discours de l’Église catholique sur l’homosexualité. Loin de toute condamnation.

 

Auteur : Jeune intellectuel, il revendique son appartenance à la culture homosexuelle dont il est un des meilleurs spécialistes, auteur notamment d’un Dictionnaire des codes homosexuels en deux volumes et d’un site Internet extrêmement fréquenté: https://www.araigneedudesert.fr/ Étant donné le franc succès de ses conférences, Philippe Ariño, habituellement professeur d’espagnol, prend une disponibilité toute l’année scolaire 2012-2013, pour sillonner la France à la rencontre de ses lecteurs.

Homosexualité intime : le couple homosexuel par-delà le bien et le mal (décembre 2008)

 

Homosexualité intime

Description : Le livre Homosexualité intime : Le Couple homosexuel, par-delà le bien et le mal est sorti en décembre 2008, avec les Éditions L’Harmattan. Il est la première partie de Homosexualité sociale, et il est accompagné du Dictionnaire des Codes homosexuels, publiés à la même époque. Il se compose de 280 pages, est vendu 25.65 euro. Il est en vente sur le site de l’Harmattan.

 

Argumentaire : Comment se fait-il qu’on rencontre de manière relativement importante dans notre entourage homosexuel des personnes qui ont été violées ou qui ont subi des attouchements sexuels dans leur enfance (…. et quand elles n’ont pas été abusées – ce qui arrive heureusement dans la majorité des cas –, elles expriment bien souvent un désir de l’être et de devenir objet sacré en choisissant la féminité fatale ou la virilité machiste comme modèles identificatoires de toute-puissance) ? Comment un tel fait désirant et parfois réel parvient-il à passer autant inaperçu dans nos sociétés actuelles où de plus en plus on tend à banaliser le désir homosexuel sous prétexte qu’on l’appelle « amour » ? Ce sont des questions importantes que l’essai Homosexualité intime : Le Couple homosexuel, par-delà le bien et le mal se propose d’aborder sous l’angle de la coïncidence et non de la causalité. Si l’instauration d’un lien causal entre viol et désir homosexuel favorise assurément le fâcheux et absurde amalgame entre homosexualité et monstruosité, et donne donc du grain à moudre à l’argumentaire homophobe, en revanche, c’est la reconnaissance du lien non-causal qui permet à la fois de lutter efficacement contre toute forme d’homophobie et qui peut rendre le couple homosexuel enfin possible, durable, et beau, quand bien même les contextes soulevés par ce travail d’identification soient parfois dramatiques, et la réalité des limites du désir homosexuel difficile à digérer…

 

Homosexualité intime, la première partie de l’essai Le Couple homosexuel, par-delà le bien et le mal, traite du désir homosexuel principalement sous l’angle de l’individu (enfance et adolescence, coming out, famille, couple homosexuel). Il est suivi d’un second tome intitulé Homosexualité sociale, et accompagné du Dictionnaire des Codes homosexuels, annexes indispensables pour illustrer et comprendre les propos de l’ouvrage principal.

Homosexualité sociale : le couple homosexuel par-delà le bien et le mal (décembre 2008)

Homosexualité sociale

Description : Le livre Homosexualité sociale : Le Couple homosexuel, par-delà le bien et le mal est sorti en décembre 2008, avec les Éditions L’Harmattan. Il est la deuxième partie qui fait suite à Homosexualité intime, et il est accompagné du Dictionnaire des Codes homosexuels, publiés à la même époque. Il se compose de 206 pages, est vendu 19 euro. Il est en vente sur le site de l’Harmattan.

 

Argumentaire : Dans les recherches actuelles sur l’homosexualité, il est rare de trouver un ouvrage de réflexion qui aborde vraiment le sens collectif et social du désir homosexuel. L’impasse sur ce sujet est habituellement opérée au profit d’une focalisation nombriliste et soi-disant « bienveillante » sur l’individu homosexuel, classé au rang d’espèce auto-créée coupée de tout lien social, puis, pour maquiller cette caricature, politisé à outrance par le militantisme gay et lesbien dans une entreprise d’universalisation souvent agressive d’une étiquette identitaire homosexuelle aux reflets d’individualisme publicitaire.

 

L’essai Homosexualité sociale de Philippe Ariño (complété par le Dictionnaire des Codes homosexuels, et qui fait suite à la première partie Homosexualité intime), tente justement d’une part de dégager la possible signification sociale du désir homosexuel (oppression à l’école et au travail, homosexualité de circonstance en milieu carcéral ou sous les régimes totalitaires, influence des guerres, homophobie, dictature d’une société voyeuriste ultra-médiatisée souhaitant la mort de l’intime…) et d’autre part de redonner à l’homosexualité la dimension relationnelle, voire nationale et internationale, qu’elle mérite, sans pour autant se servir de cet élan universaliste comme prétexte pour consolider les deux mythes sur lesquels repose la communauté homosexuelle actuelle : l’identité homosexuelle éternelle (personnifiée en « l’Homosexuel ») et la force d’amour du couple homosexuel (dite équivalente à celle du couple femme-homme non-hétérosexuel).

 

Homosexualité sociale, la seconde partie de l’essai Le Couple homosexuel, par-delà le bien et le mal, traite du désir homosexuel principalement sous l’angle de la sphère publique (crises sociales, homosexualité de circonstance en milieu carcéral ou dans un contexte politique répressif, dictateurs homosexuels, « milieu homosexuel », révolution). Il fait suite au premier tome intitulé Homosexualité intime, et est accompagné du Dictionnaire des Codes homosexuels, annexes indispensables pour illustrer et comprendre les propos de l’ouvrage principal.

Venez adorer saint Sida !

Venez adorer saint Sida !


 
 

I – Y a-t-il un lien entre Sida et homosexualité ? Concrètement et causalement NON ; coïncidentiellement OUI

 

Y a-t-il un lien entre Sida et homosexualité ? Causalement, non. Une maladie ne s’attaque pas à une personne selon son orientation sexuelle. Le contraire se saurait ! Si un lien entre eux existe, il est indirect, non-causal, fantasmé, pictural, voulu et forcé par certaines personnes. Il est de l’ordre de la coïncidence. Nous devons en tenir compte, mais il ne peut en aucun cas être généralisé, systématisé, personnalisé, homosexualisé, y compris pour le bien des personnes homosexuelles, y compris par les militants LGBT qui veulent apitoyer l’opinion publique et qui se servent du Sida pour donner une visibilité et une justification à l’homosexualité.

 

Ceux qui veulent imposer le lien causal se sont révélés historiquement pétris à la fois de bonnes intentions (« Nous/Ils sommes/sont des victimes et vous n’avez rien à nous/leur dire ! ») et d’homophobie (« Ne nous/les approchons/approchez pas ! »). Le Sida, en soi, n’a rien à voir avec l’homosexualité en tant que désir homosexuel non-acté. C’est pour ça qu’il n’y aurait même pas lieu que j’en parle sur un site comme le mien, dédié à l’homosexualité-désir. S’il y a un lien (probable mais non-causal) avec l’homosexualité, c’est uniquement avec l’homosexualité pratiquée et crue comme fondamentalement identitaire/amoureuse/vraie. Pas l’homosexualité uniquement ressentie !

 

Néanmoins, on ne peut pas dire non plus qu’il n’y a aucun lien entre Sida et homosexualité, au moins en pratique(s), au moins dans la sphère des croyances, des images, des représentations sociales, dans les mémoires, dans l’inconscient collectif mondial, dans l’histoire et le contexte de la communauté homosexuelle. En effet, on ne peut pas nier que c’est précisément dans les années 1970/1980 (« quand ça baisait de tous les côtés » nous rapportent les survivants), pile au moment où la mode du coming out et de la décomplexion/banalisation des actes homosexuels, des sentiments homos et du couple homo, émergeaient avec force, que le Sida est apparu. Et à l’évidence, même s’il n’avait rien d’une conséquence de l’homosexualité ou d’une maladie spécifiquement homosexuelle (d’où les sarcasmes indignés de quelques tenants LGBT autour de l’expression « cancer gay »), le Sida avait tout du signe ou de l’indice d’homosexualité. Il a touché en premier les personnes homosexuelles (c’est statistique : en 1983, 80 % des personnes infectées étaient homos) et a correspondu à une période de climax de débauche jamais enregistré auparavant. D’ailleurs, presque une génération entière de personnes homosexuelles a disparu dans les années 1980-1990 (certains de mes amis disent « 8 amis sur 10 »). Littéralement rayée de la carte ! Hallucinant. Autant on ne peut pas prétendre que le Sida est homosexuel, autant on peut reconnaître, sans blesser personne, qu’il est signe d’une pratique particulièrement bisexuelle/homosexuelle. Bref, qu’il est signe d’infidélité sexuelle, d’imprudence ou d’inconséquence des actes génitaux. Quand l’Abbé Pierre, pendant le Sidaction, avait sorti que le meilleur moyen pour lutter contre le Sida était la fidélité, il s’était fait huer par la salle. Mais il avait pourtant raison.

 

Le lien de coïncidence entre Sida et homosexualité est peu évident à comprendre et à recevoir. Comme le lien entre homosexualité et viol, d’ailleurs. Finalement comme tout phénomène mauvais qui surgit d’une pratique. Car l’Homme est toujours libre de ne pas pratiquer et n’est pas réductible à ses actes.

 
 

II – Le Sida n’est pas un signe d’homosexualité ; il est le signe d’une pratique bisexuelle désordonnée UNIVERSELLE :

 
 

 

Comme on vient de le voir, le Sida n’est pas un indice d’homosexualité. Il n’est que le signe d’un mode de vie universellement humain qui n’est pas le meilleur ni le plus structurant, qui ne touche pas spécifiquement au désir homosexuel, mais qui en revanche touche spécifiquement à la pratique bisexuelle libertine. Le vrai problème du Sida, c’est bien l’infidélité et une pratique sexuelle violente, dégradante, déshumanisée, consumériste : ça n’a rien à voir avec la personne qui se ressent homosexuelle mais qui garde quand même une vie équilibrée.

 

Le Sida n’appartient pas à la communauté homosexuelle : il incombe à notre responsabilité à tous. Au fond, il n’est que le reflet des actes sexuels du monde entier. Il dit un excès de l’Humanité, une débauche généralisée, dépassant largement les frontières et la responsabilité de la communauté homosexuelle. L’homosexualité n’a pas créé le Sida. Mais incontestablement elle lui a servi de première loupe ; et la pratique libertine/bisexuelle, de support. Il ne faut pas se leurrer. Il y a dans le monde homosexuel une plus forte pratique de la génitalité, une sexualité particulièrement débridée, parce que le désir homosexuel est, par essence, un élan qui fuit la structure apaisante de complémentarité de la différence des sexes.

 

Si le Sida n’illustrait pas un mode de vie mauvais, jamais il ne serait caché par les communautaires homosexuels et par les personnes bisexuelles comme une honte, jamais il ne serait interprété comme une matraque céleste punissant Sodome et Gomorrhe, jamais il ne se serait propagé à la vitesse avec laquelle il s’est propagé. Si le Sida ne posait pas un questionnement moral aux personnes par rapport à leurs pratiques sexuelles intimes, jamais il ne ferait encore l’objet d’un tel tabou encore aujourd’hui. Par exemple, dans mon cas personnel, si j’avais eu un passé génital exemplaire, jamais je n’aurais fait un dépistage à l’été 2012. Celui-ci s’est révélé heureusement « négatif ». Je n’ai pas eu de grosse surprise. Mais avant d’avoir la réponse, dans mon esprit, il y a eu l’ombre du doute qui a pesé sur certains de mes actes génitaux passés. J’ai donc fait le test car je vivais encore avec les petits démons des dernières relations sexuelles négligées que j’avais eues dans la période qui s’étale de janvier 2009 à janvier 2011.

 

Par ailleurs, le Sida concerne une pratique en rapport avec certaines parties du corps humain particulièrement contagieuses et malsaines. Il est indéniable qu’il y a du corporel, du biologique, dans ce virus, quand bien même on ne pourra jamais le personnifier ni l’incarner sous forme d’espèce (« les » homosexuels, « les » sidéens, « les » malades du Sida, etc.). Par exemple, la pénétration anale, uniquement pratiquée par les couples homos, bisexuels et hétéros, et non par les couples femme-homme aimants ni les célibataires consacrés, est une conduite à risques. Qu’on le veuille ou non. Et les lieux corporels de pratique bisexuelle (bouche, anus, etc…) sont aussi plus risqués et infectieux que les zones sexuelles choisies par les couples femme-homme aimants. Le contact entre l’appareil génital et les lieux de déjections comme l’anus sont plus susceptibles que le contact sexuel avec les trous corporels faits naturellement pour les pénétrations de vie, de propager des maladies, des microbes et des cochonneries (syphilis, blennorragie, herpès, chlamydia, morpions, etc.). Ce sont des faits et des constats scientifiques indéniables.

 

À sa décharge, le Sida est bénéfiquement choquant dans la mesure où il met chacun de nous devant la responsabilité de ses actes. Il est le miroir de notre propre pratique sexuelle et de notre fidélité. Nous ne devrions absolument pas avoir peur d’en parler. Ceux qui n’ont que le mot « Sida » en bouche (pour, par leur concert, empêcher toute analyse du sens de leurs pratiques génitales) ou qui au contraire n’ont pas envie d’en parler, passent inconsciemment aux aveux qu’ils utilisent le sexe pour ne pas aimer !

 

 
 

III – L’utilisation homophobe du Sida par certains militants LGBT et par beaucoup de personnes souhaitant pratiquer leur bisexualité sans en assumer la responsabilité :

 
 

 

Le Sida ne parle que du mauvais usage de la sexualité (dans l’infidélité et la consommation, il va sans dire), et en particulier du mauvais usage du désir homosexuel. Il ne parle pas du bon usage. C’est en cela qu’il est malhonnête, et même homophobe, de le mêler à des débats de réflexion sur l’homosexualité. Quand on mélange le Sida à l’homosexualité, en général, on ne reconnaît ni le désir homosexuel tel qu’il est, ni les personnes homosexuelles (elles sont transformées en victimes innocentes, en pestiférés, ou en dangereux transmetteurs de mort), ni la gravité des actes homosexuels, ni les belles manières de vivre son désir homosexuel en conformité avec le message d’amour de l’Église catholique. Cela est particulièrement visible lors des Gay Pride, dans lesquelles les discours préventifs politisés anti-Sida servent de cache-misère et de caution morale à un laisser-aller collectif, à une drague compulsive, à la réclamation de droits qui n’ont rien à voir avec la choucroute ( = le Sida), voire même, le pire, à la souffrance réelle des personnes infectées par le virus.

 

La plupart des militants anti-Sida se servent du Sida pour cacher et nier la gravité de la violence des actes homosexuels. Pour eux, le mal absolu, le diable, ce n’est pas de pratiquer l’homosexualité. Ce n’est même pas de tromper son copain avec un autre. Ce n’est pas l’adultère, l’infidélité. Ce n’est même pas de fréquenter assidument les backrooms ou les saunas. Non ! Le mal absolu, à leurs yeux, c’est juste de prendre des risques au lit ; c’est l’ignorance des statistiques qui disent qu’« on meurt encore du Sida aujourd’hui » ; c’est la banalisation ou l’indifférence par rapport au Sida, maladie qu’ils voudraient toute-puissante (et malheur à celui qui la relativise et qui dit qu’on vit mieux avec le Sida maintenant qu’au début des années 1980 !!! … alors que c’est pourtant objectivement vrai avec les trithérapies). Le mal absolu, selon eux, c’est de ne pas mettre systématiquement un préservatif à chaque rapport sexuel avec son partenaire régulier. Le mal absolu, c’est de ne pas faire du Sida et du safe sex une paranoïa… pardon… un mode de vie, une préoccupation de couple, une preuve supplémentaire d’amour responsable, une priorité internationale. Il faut se préserver de tout !… même de la conséquence de ses actes d’« amour » ! La diabolisation du Sida suffirait à blanchir, à accréditer l’homosexualité ! Nan mais allô, quoi…

 

L’hypocrisie de ce discours sécuritaire homosexuellement correct, appris et convenu, réside dans le fait que l’indifférence par rapport aux actes homosexuels – qui favorisent concrètement la contagion du Sida – se mute en justification du bare-backing (rarement dénoncé), du mythe du prince charmant homosexuel (jamais égratigné), en promotion des actes homosexuels et de l’identité homosexuelle (alors que ceux-ci n’ont causalement rien à voir avec le Sida). La dénonciation du Sida est devenue un slogan qui « fait bien », pour se donner une image clean de mec sérieux, engagé, militant et solidaire, qui va dire « Je suis contre le Sida » comme il di(rai)t « Je suis contre la guerre, contre l’homophobie, contre le racisme ». Pire, les militants dénonçant le Sida ont fait de la maladie une matraque pour condamner toute personne qui ne serait pas d’accord avec eux et qui remet en cause leurs actes amoureux. Certains en font une cause mondiale qui dépasserait toutes les autres grandes causes (lutte contre la pauvreté, contre les guerres, contre le chômage, contre les maladies, contre les familles disloquées et les divorces, contre les avortements abusifs, contre la pollution, etc.). Les plus lucides savent qu’en réalité, le Sida, même s’il n’est pas proprement homosexuel, remet prioritairement en cause leur propre pratique homosexuelle, pratique minoritaire qu’ils peuvent difficilement généraliser à l’ensemble de leur société… donc ils ont la décence de se taire. Mais d’autres n’ont pas ce recul. Certains militants anti-Sida sont d’autant plus violents et prosélytes qu’ils ferment les yeux sur leur souffrance, leur déception et leur culpabilité de pratiquer les actes homosexuels. Ils mettent le paquet sur la campagne de prévention pour éviter de regarder le précipice de leur malheur en amour (homo ou hétéro). Ça fait diversion. En se servant du Sida comme un alibi et un étendard dans l’unique but de ne pas voir qu’il est le reflet d’une grande part du déni des désastres de leur propre pratique amoureuse et sexuelle, ils encouragent inconsciemment sa propagation. Et cela ne trompe finalement personne, pas même eux-mêmes. C’est pour ça que la lutte contre le Sida fait aussi peu d’émules dans les rangs LGBT, que les gens se protègent de moins en moins, et que la bête continue de courir, de manière d’autant plus efficace et féroce qu’elle a pris la forme de l’ascétisme scientifique, de la routine (« Allez, mets ton ruban rouge tous les 1ers décembre. »), du militantisme télévisuel, du romantisme gay friendly.

 

Afficher le Sida de manière décomplexée, festive et clinique, sans l’expliquer ou lui donner un diagnostic moral nécessaire, c’est se donner finalement la caution morale de son libertinage, de sa déprime amoureuse, d’une pratique sexuelle qui encourage paradoxalement la pandémie du vrai Sida. Pour l’illustrer, j’ai recopié texto un article du journal Direct Matin Lyon +, daté du mercredi 15 mai 2013, « Sida : ORGAM’S WEEK : SEXE, PLAISIRS ET DÉPLAISIRS » (p. 2) sur lequel j’étais tombé par hasard, et qui illustre tout à fait les paradoxes de la campagne mondiale contre le Sida. « Débats, performances d’artistes, soirées clubbing, bal des débutantes ou encore ateliers de prévention : la première édition de l’Orgasm’ Week s’annonce riche en événements. Organisé par l’Association française de lutte contre le VIH et les hépatites virales du 18 au 26 mai au cœur de Lyon, ce nouveau rendez-vous, qui a vocation à devenir annuel, se donne pour objectif d’aborder le sexe, ses plaisirs et déplaisirs sous un angle festif et décalé. Si le public visé est d’abord la communauté homosexuelle, les hétéros seront les bienvenus sur toutes les manifestations. Et pour cause : si AIDES a souhaité cette opération festive, elle n’en oublie pas pour autant son fer de lance : la prévention et sensibilisation au dépistage du Sida. » On nique, on déprime, on s’auto-détruit… ok… mais PROPREMENT, et dans la DÉLIRE ! Ouf ! Ça va mieux ! On se crée les sécurités (les « préservatifs » sont des excellents exemples de sécurités lâches : on se préserve d’aimer et de donner la vie, on se préserve de l’autre et des conséquences de ses actes) contre les dangers que l’on prétend combattre, au lieu de déjà se prémunir des actions dangereuses qui nous dispenseraient de créer ces sécurités coûteuses et insuffisantes.

 

La sommation à l’usage systématique du préservatif est même, je le crois, un encouragement à la propagation du Sida. Le pape Benoît XVI, dans son avion pour l’Afrique en 2009, s’était fait taper sur les doigts, voire traiter de criminel, parce qu’il avait osé nommer les choses. Et pourtant, il disait vrai. Les associations de lutte contre le Sida de par le monde (dont la plupart sont catholiques et connaissent la réalité de terrain) le confirment. Ce n’est pas en forçant tout le monde à mettre un préservatif, en hurlant qu’il est la seule et la meilleure solution possible face à la pandémie de Sida, qu’on réduit le Sida. Croire le contraire relève de la même connerie et du même fondamentalisme que de soutenir que le port du casque est la seule façon de lutter contre le fléau des accidents de moto (mieux que la connaissance du code de la route, mieux que le comportement du conducteur, mieux que la consommation d’alcool, etc.). Se focaliser sur les petites solutions soulagent mais ne colmatent pas les brèches d’un problème plus profond. L’effet placebo du préservatif ne remplacera pas la conversion entière à laquelle nous appelle le Sida. Depuis le temps qu’on apprend aux jeunes comment on enfile une capote, et qu’il faut absolument mettre un préservatif à chaque rapport sexuel (sinon, gare à l’accusation de complot ou de Crime contre l’Humanité !), ça se saurait si c’était efficace ! La contamination par le Sida a même augmenté chez les jeunes. Pourquoi ? Pour une raison très simple : les militants anti-Sida expliquent à un jeune de 14 ans le Sida, le préservatif, la fellation, la grossesse, la nécessité de l’avortement, l’éjaculation faciale, toussa toussa. Quel est le premier message qu’il reçoit ? Tout simplement qu’il est censé être sexuellement actif, que la sexualité n’aura plus aucun secret pour lui (chose fausse : la sexualité est un chemin libre et mystérieux, avec des hauts et des bats, qu’on maîtrise très peu), qu’il va commander sa sexualité (quelle place alors à la confiance, à l’amour, à l’abandon, à la démaîtrise, à l’expérience d’une vraie sexualité épanouie ?), qu’il est dominateur sexuellement, que son corps et son identité sexuelle lui appartiennent, que la sexualité est réductible à la génitalité, que la sexualité est un marché personnel (rarement à deux ; encore plus rarement à plus de deux) où faire fructifier son bien-être, son orgasme, son « capital jouissance », sa performance corporelle, sa rentabilité de séduction. Donc il s’y met. Machisme et déni de la fragilité de la sexualité assurés !

 

Il ne fait aucun doute que l’oppression des « anti-Sida-et-pro-préservatifs » ne fait qu’aggraver le problème du Sida qu’ils prétendent combattre, ne fait qu’accentuer la culpabilité des jeunes, la peur de l’engagement chez eux, la banalisation du partenaire sexuel (réduit à l’état d’objet de consommation). À l’image de la manière dont le Sidaction ne fait qu’inciter à la fornication tout en prétendant lutter contre le Sida.

 

 
 

IV – Ce qui est fait du Sida : un sceptre-matraque, un sanctuaire clos et sacré, en l’honneur de l’extermination de soi et de ses ennemis

 
 

 

Mais est-ce que ceux qui parlent du Sida et qui se montrent comme ses pires pourfendeurs la dénoncent ? Absolument pas. Ils l’affichent en slogan : « Je suis contre le VIH. Il n’y a que nous qui avons le droit d’en parler, et ne comptez pas sur nous pour le faire. Respectez nos morts ! » Ils hurlent pour ne pas en parler, et dans un même mouvement, ils se taisent. Ils refusent de parler de souffrance ou de responsabilité en lien avec le Sida. Et ils découragent toute personne de le faire (attention au dolorisme homophobe !). Ils n’abordent le Sida que sous un jour universitaire, publicitaire, aseptisé, lisse, ou, dans l’extrême inverse, sous la bannière de la culpabilisation, de l’accusation des indifférents, de la violence militante révoltée, de la sensiblerie ultra-émotionnelle et victimisante. Parler d’amour, du sens de l’acte homosexuel, du choc des pratiques dans le « milieu homo », de ce que cache le préservatif, jamais de la vie ! Espace sacré et privé ! Leur usage et compréhension du préservatif, ce sont ceux de la censure, en réalité. Le préservatif préserve de dire la vérité et de donner du sens à la sexualité. Et peut-être pire encore : il est une preuve qu’on ne fait plus confiance aux gens. On les prévient tellement qu’ils sont responsables de tout dans leur sexualité qu’ils se sentent enserrés dans un discours préventif qui ne promeut pas l’essentiel : la liberté. On ne leur parle plus d’Amour et de fidélité. C’est très grave.

 

De manière pernicieuse, le Sida est même devenu un instrument d’État pour accéder à l’intimité des gens (et en particulier des jeunes), pour violer leur jardin secret, contrôler leurs relations privées, s’introduire dans leur univers fantasmatique, de manière « éducative », discrète voire même « progressiste » et capitaliste. Le Sida a fini par transformer les nouvelles générations en parfaits consommateurs, qui se médicalisent eux-mêmes. Il arrive comme un prince, un label marketing jouant sur notre corde sensible et qu’on ne pourrait plus refuser, puisqu’il serait à la source de notre bien-être, de notre civisme, du bien-vivre ensemble, à la pointe de la solidarité sociale idéale.

 

Les anti-Sida instrumentalisent les malades invisibles qui les entourent, disent que seuls le personnel qui les soignent et ceux qui les côtoient ont voix au chapitre, peuvent les connaître en vérité. Il faut leur montrer le badge d’AIDES pour qu’ils nous donnent le droit de parler du Sida, alors qu’eux n’en parlent pas mieux : les malades ne leur appartiennent pas, que je sache. Ces bons samaritains auto-proclamés ont transformé la maladie et le discours sur celle-ci en trophée et en propriétés privées, pour bâillonner les explications et la souffrance autour d’eux. Moyen de s’auto-victimiser, d’apitoyer, de museler, de culpabiliser, de condamner, de terroriser les autres. Savent-ils que la souffrance, même si elle explique beaucoup de choses, est injustifiable, ne justifie rien (surtout pas la violence) et qu’elle ne fournit aucun passe-droits ??

 

Tandis que le Sida doit, selon ces idéologues-pleureurs anti-Sida, être l’horreur absolue, l’aile Ouest interdite, il est transformé en divinité sans laquelle il serait impossible de vivre des « moments forts », en bénédiction. Le Sida : Il faudrait dire « merci » et « adorer » ! ; dire que c’est lui qui aurait donné aux jeunes générations homosexuelles leur liberté de vivre leur « bonheur d’être homo ». Ils exercent un véritable chantage aux sentiments que j’ai pu constater lors d’une conférence que je donnais début 2013 à Reims. En effet, alors que je répondais aux questions posées sur papier par l’assistance, un papier d’un homme homo du public me demandait de remercier l’ensemble des militants homosexuels des année1980-1990 qui avaient/auraient lutté pour mes droits de m’exprimer sur l’homosexualité en 2013. Je l’ai fait sans rechigner. Mais cette demande résonnait comme un avertissement-menace à justifier ma légitimité à parler. En filigrane, je comprenais qu’on me disait que, parce que je n’aurais pas connu directement d’amis homos morts du Sida ou seulement malades du Sida (ce qui, dans les faits, est faux, en plus ! J’en vois personnellement un certain nombre dans mon entourage), parce que j’ai pour seul défaut de ne pas être né à la bonne époque (c’est alors un défaut partagé par beaucoup de personnes homosexuelles !), je n’aurais pas le droit de parler d’homosexualité, n’ayant pas connu la « décennie noire ». Je serais un enfant pourri gâté. Qu’est-ce que c’était que cette censure ?!? Je n’ai pas relevé, et ai même remercié poliment celui qui avait écrit cette question qui n’en était pas une (plutôt un cri de souffrance censurant).

 

 

Rien qu’en voyant le piédestal (d’indifférence) sur lequel le sujet du Sida a été posé socialement et médiatiquement, rien qu’en regardant le traitement esthético-politique dont cette maladie bénéficie dans mon ancien établissement scolaire de Longjumeau (préservatif géant au centre de la cour du lycée Jacques Prévert chaque 1er décembre, pour « sensibiliser », « prévenir » et rendre hommage aux victimes qu’on ne connaît pas et qu’on ne rencontre pas : agenouillez-vous devant le préservatif géant ! Il ne manque plus que l’autel…), je me permets de parler d’un culte païen au « Dieu-Sida », sans pour autant minorer la souffrance qu’engendre le Sida dans certaines vies.

 

On nous fait croire que parler du Sida, c’est « aimer », ça revient à « parler d’amour profondément », à « respecter l’autre », à « s’engager vraiment ». C’est faux : personne ne parle d’amour, du sens de la sexualité, lors de ces journées mondiales commémoratives, dans ces associations de « prévention Sida », dans ces interventions en milieu scolaire. On prévient, au contraire, que l’acte génital, qui peut « à de rares occasions » dire l’amour, est dangereux, et que ce qui sauve de ce danger, c’est le préservatif et la présence au Grand Carnaval anti-Sida (Gay Pride et Journée Mondiale Contre l’Homophobie). On nous fait défiler à des pèlerinages (avec des bougies : accessoires indispensables). On remplace les croix christiques à accrocher à la boutonnière par des rubans rouges jetables. On nous somme d’écouter sagement les hommes maquillés consacrés à Saint Sida – les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence – qui ont fait de la lutte contre le Sida le paravent de leur anticléricalisme et de leur déprime amoureuse. Attention : il faut les applaudir et trouver leurs caricatures anticléricales super drôles, super engagées, super culotées. Et celui qui ne va pas à la messe de saint Sida, on s’en fout et on le traite d’ignoble « homophobe » !

 

 

Le préservatif est véritablement devenu l’instrument/le cache de l’idolâtrie sociale pour le Sida et pour la mort. Tout le monde s’en fout, et ils ont bien raison. Les gens ne s’intéressent qu’à l’importance de la fidélité pour être heureux. Ils ne s’intéressent qu’aux personnes malades du Sida, à la souffrance qui entoure le sujet du Sida. Et de la souffrance liée au Sida, il y en a ! Autrement, et peut-être même plus qu’en 1980. Sauf qu’elle est encore moins dénoncée, car elle est moins visible, elle est sclérosée de bons sentiments et de catastrophisme publicitaire.

 

 
 

V – Une souffrance pas prête de se refermer :

 

 

Un jour en 2004, alors que je vivais à Rennes, j’avais invité Bernard, un ami homo angevin de 20 ans de plus que moi, à assister à une soirée-débat dans un bar gay (le Bon Accord) où était diffusé le documentaire Bleu, Blanc, Rose (2002) d’Yves Jeuland, retraçant l’histoire du militantisme homosexuel des années 1970 à nos jours. La projection se passait normalement. Quand soudain, au moment où ont retenti les premières notes du générique « effrayant » des Dossiers de l’Écran (émission-phare des années 1980-1990), j’ai senti tous les membres de Bernard se crisper d’un seul coup. Il m’a avoué après la soirée que le documentaire que nous avions regardé lui avait flanqué le cafard. Le souvenir de cette période noire, que j’étais trop jeune pour comprendre, lui était revenu à la figure, et il avait passé un très mauvais moment. Le Sida n’a pas fait l’objet d’un véritable débat social autour du sens de la sexualité. Il est donc logique que les plaies qu’il a laissées soient encore à vif.

 

Le Sida fait beaucoup de mal : non seulement parce qu’il a fait mourir, mais parce qu’il continue de faire un autre type de mal : maintenant qu’il se soigne relativement bien (en Occident et avec de l’argent) et qu’on vit mieux avec, il met les personnes homosexuelles nez à nez avec l’insatisfaction et le non-sens de leur propre pratique amoureuse. Dans les premiers temps de l’émergence de la maladie, où celle-ci était moins maîtrisée, il a empêché les personnes homosexuelles de toute une génération de se voir vieillir, et de tirer les conclusions positives de leur vieillissement, conclusions qui sont possibles maintenant, et qui pourraient les conduire aujourd’hui à la continence. Il fait beaucoup de mal parce qu’il est soumis à la même censure, à la même banalisation, et pour le coup, le discours sur le Sida provoque le même rejet des personnes (dites « plombées »), encourage à une pratique sexuelle qui rend malheureux – et parfois même, dans le pire des cas, malade.

 

À nous de désacraliser le Sida, pour mieux lui reconnaître sa gravité réelle et son rôle de révélateur du caractère mauvais de la pratique bisexuelle/homosexuelle. Ainsi, le Sida, même si nous regrettons sa présence, peut nous rappeler, en positif, l’importance d’aimer véritablement dans la fidélité et dans la différence des sexes aimante.